"Les ahurissantes de Benjamin Blackstone".
C'est certain qu'elles sont ahurissantes.
Un chien sarcastique qui parle, le fantôme d'un manoir assoiffé de littérature et d'aventure, Benjamin devait recomposer avec ce nouvel univers depuis la disparition de ces parents.
Lord Shenbock, le fantôme du défunt époux de sa tante
lui avait appris à basculer magiquement dans les livres et à côtoyer les personnages de fiction.
Vivre ses aventures improbables, la disparition non accidentelle de ses parents, tout cela était lié.
Les auteurs Rivière/ Perge nous démontrent bien en ouvrant le tome 2 que le temps passe et que les héros ont bien mieux à faire que de nous attendre, ils laisseront derrière eux Rouletabille le reporter de
Gaston Leroux pour bondir dans l'Odyssée du poète
Homère et beaucoup d'autres.
Rappelez-vous, les prétendants avides faisaient pression sur la régente Penelope, femme d'Ulysse et reine d'Ythaque, pour qu'elle prenne nouvel époux sans plus tarder.
L'exemplaire de Lord Shenbock présente quelques corrections, le rival maléfique de ce dernier qui peut également plonger dans les fictions, a imposé sa propre histoire au livre.
Attention, ne riez pas!
Ce Docteur Kramm n'est pas un rigolo, un malfrat de seconde zone.
Je le vois là, inscrit sur Wikipédia:
..."docteur Cornélius Kramm, « le sculpteur de chair humaine » inventeur de la carnoplastie, une technique qui permet à une personne de prendre l'apparence d'une autre".
Cela donnera l'occasion aux jeunes lecteurs et à moi-même d'ailleurs d'entendre parler de ce classique et son auteur dit dans la veine de
Jules Verne, "Le Mystérieux Docteur Cornélius (1911-1912, 5 vol.) de Gustave le Rouge.
Mais pourquoi redouter ce personnage, ce Kramm, puisqu'il s'agit d'un monde de fictions?
Tout simplement parce que la fiction rejoint parfois la réalité et que le docteur Cornélius pourrait être responsable de la disparition des parents du jeune Benjamin.
Il ne
lui faudra que cela pour replonger sans réfléchir et avec l'intention d'en découdre.
Les univers continuent ainsi de se mêler et le rapport décomplexé des personnages face à cette anomalie quelque fois anachronique est amusante.
Ainsi, la chenille vapoteuse d'
Alice au Pays des Merveilles de
Lewis Caroll peut suivre les héros sans que rien ne dérange.
Les bascules littéraires seront divertissantes, l'auteur usant habilement de tous les ressorts de chacun pour alimenter son aventure.
Les références ne seront pas toujours à la portée des plus jeunes mais Rivière/Perge se feront plaisir dans la dédicace, du "Cirque du docteur Lao" de
Charles Finney au "Cthulhu" de
H.P. Lovecraft.
J'apprécie particulièrement le travail graphique de Javier Sanchez Casado, me rappelant l'excellent "Green Manor" de
Denis Bodart dans l'esthétique.
Une suite qui se parcourt avec plaisir.