AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782709672238
J.-C. Lattès (23/08/2023)
3.87/5   15 notes
Résumé :


Lise Deharme ne fut pas une femme facile.

André Breton s’est consumé d’amour pour elle. Louis Aragon, Jean Cocteau, Antonin Artaud, Paul Eluard, Robert Desnos, l’adorèrent, suspendus à son jugement lapidaire. Lise Deharme, née en 1898, régna sur les cœurs des artistes avec l’aplomb d’une duchesse médiévale. Mécène de Giacometti et de Man Ray, elle organisa dans son salon des réunions mémorables, sous l’œil amusé de ses copines Marie-La... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Lise Deharme, cygne noirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 15 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quelle femme extraordinaire Nicolas Perge a fait surgir d'un oubli incompréhensible à mes yeux ! Car si Lise Deharme m'était inconnue, ce que j'ai appris sur elle m'a passionnée et donné l'envie de lire son journal, sa poésie, ses romans, et ses courtes nouvelles publiées dans les journaux de l'époque sans oublier ses interventions dans les émissions de télévision..
Justice est rendue à cette grande et belle femme, au long cou, comparée à un cygne noir. Lise Deharme signait ses créations et nouvelles, à l'époque de la clandestinité, « Cinq Cygnes », et l'égérie des Surréalistes parmi lesquels Breton compta le plus pour elle, fréquenta longtemps ce cénacle où elle s'épanouissait et en même temps gardait ses distances. Car elle fut rebelle, égoïste, adorant les animaux, aimant peu ses deux enfants, éprise de son second époux Deharme qui mourut d'une pneumonie à 35 ans et la laissa désarmée tout le long de sa vie.
Enfant la petite fille est déjà un cas unique, évoluée, attirée par le sexe et toutes les expériences de la vie, les bonnes comme les mauvaises - peut-être vicieuse et ingénue à la fois. Elle n'est pas féministe comme on le croit, elle estime que voter pour les femmes n'apporte rien, mais elle recommande à ses lectrices de prendre du temps et du soin pour elles-mêmes. le ménage et la cuisine, les enfants, cela n'est pas tout, dans la vie !
Toute sa vie la curieuse Lise Deharme souffre et rit, proche et distante et pourtant charmante, d'une grande élégance. Elle est remarquablement douée pour écrire de la poésie, admire Baudelaire et Jean-Jacques Rousseau, voudrait vivre comme lui dans la Nature bienfaitrice et régénérante, avec une maison semblable à la sienne. La Nature eet son temple.
Lise est riche, généreuse avec ses amis, et se fera…. censurer fin des années 60 avec un roman sur l'inceste. Elle adore les contes de fées, l'invisible, la boue d'une flaque, l'étrangeté, les plantes de toutes sortes, les fleurs ; les livres sont sa Bible qui lui a appris le monde dès ses premières années. Son écriture est exotique, très personnelle, détaillée, amusante, sensuelle, artiste. L'ange du Bizarre commande et règne !
Fragile et forte en même temps, elle a souffert du peu d'intérêt que lui aurait apporté sa mère. Sur une photo où elles posent toutes deux, le visage de la mère de Lise est rayée de traits d'encre. Quelle tristesse aussi d'apprendre que Hyacinthe, la fille de Lise, reprochait à sa mère sa ladrerie et que leurs rapports étaient froids.
Tristesse aussi cette mort de Lise, notre pauvre oiseau, dans une clinique, toute seule sans personne pour l'assister dans ses derniers instants. Elle avait compris depuis toujours que seuls la poésie les fées, les chats, les chiens et les oiseaux valaient plus que les humains.
Nicolas Perge excelle dans ce récit prenant la forme d'une pièce de théâtre en 5 actes avec une chronologie non linéaire, prolepses et analepses donnant de l'énergie et de la couleur au récit
Le style d'écriture est alerte et touchant, le travail de recherche complet, avec des photographies et aussi des liens pour consulter des sortes de reportages et des auteurs qui ont consacré quelques études à notre « Cygne »
Après avoir lu ce livre numérique, j'ai à présent l'envie de lire des romans et des poésies de cette grande Muse, qui a quelque chose au fond de ses yeux de mélancolique, un grand besoin d'amour qui n'a pas été comblé. Ainsi, quand elle s'exprime à la télévision à propos de Breton, elle apparaît fortement émue et naturelle, son charme, sa beauté, et son intelligence vont droit au coeur.. .
On comprend pourquoi Nicolas Perge s'est comme épris de cette grande excentrique, et c'est un bonheur d'avoir mis à l'honneur une curieuse Fée qui donne envie d'être aimée et mieux comprise, considérée enfin comme un véritable écrivain.
On espère voir un jour un beau film sur sa vie. Comme c'était le cas pour Coco Chanel qui avait avec Lise quelques points de ressemblance et qui aimait elle aussi le noir et les colliers de perles !
Commenter  J’apprécie          164
Voici un portrait (enfin !) de l'une des femmes inflenceuses (dirait-on aujourd'hui) de son époque : mécène d'art, mais surtout poétesse et écrivaine primée, Lise Deharme ne fréquente que du beau monde (Aragon, Eluard, Cocteau, Vian, Desnos, et j'en passe), elle est de celle qu'il faut avoir dans son cercle mais gare à ses phrases qui piquent, elle est intelligente, et selon ses propres mots orgueilleuse et insolente. Sexuellement, pas envie d'être classée non plus. Différente, elle finira abandonnée ; même la littérature l'a oubliée. On retrouve ici avec délectation tous ces bons mots, cette belle langue, de ces années là, qu'on ne sait plus faire. J'ai découvert un(e) sacré(e) personnage, et je vais sans doute, aller me perdre dans ses oeuvres.
Commenter  J’apprécie          260
Lise...

J'ai l'impression que l'auteur tout comme moi d'ailleurs, tout comme l'équipage de poètes qui l'entourait à son firmament est d'abord séduit par ce prénom..
(quitte à rendre la prose un peu plate, l'imposant presque au début de chaque paragraphe)

Dans mon étymologie personnelle, cela se comprend aisément ; j'associe à ce prénom une étrangeté (il vient de loin...), une forme de simplicité, le déshabillage d' "Elizabeth" signifiant le contraire de la banalité, une extraordinaire pureté, l'éclat recouvré d'une pierre précieuse

Que signaler encore à propos de cette "curieuse personne" ?
Ce drôle de regard... Noir
Et le sourire des amoureux de l'Art
enfantin sans trivialité
Ravi de tout ce qui existe (tout !) pour ce que cela suggère d'existence parallèle, d'inconnu
Commenter  J’apprécie          140
L'écriture de Nicolas Perge est à la fois fluide, romanesque et cinématographique mais pas étonnant vue la vie qu'a mené Lise Deharme. Son travail de recherches est colossal et précis sans jamais tomber dans une banale énumération des faits.

C'est une magnifique immersion dans l'univers des surréalistes et des intellectuelles des années 20 jusqu'aux années 80.

Cet hommage est étonnant, incongru et palpitant, on y plonge comme dans un roman d'où se télescopent plusieurs genres. J'ai adoré être effrayée à l'apparition récurrente de l'homme au haut de forme qui fait penser à Poe et à l'ambiance de The Haunting of Hill House et m'embarquer dans les aventures pleines d'amitiés et de création délirantes, de joyeuses des fêtes excentriques, des amours contrariés et manipulés…

L'auteur ne la juge jamais, il la raconte et essaie de la comprendre. Car Lise est une femme très ambiguë, très antipathique ne supportant pas la laideur, égoïste, et pourtant attachante, entière et subversive qui rejette les convention et brûle la vie !

J'ai adoré tout au long de cet essai les réflexions sur l'art comme la différence entre le merveilleux et le fantastique, l'existence,  la « relation contrariée au réel », la maternité ou encore la spiritualité et l'extralucide qui flottent dans le livre sans jamais prendre position mais je pense que j'aurai aimé un peu plus poussées.

L'écriture de Nicolas Perge est à la fois fluide, romanesque et cinématographique mais pas étonnant vue la vie qu'a mené Lise Deharme. Son travail de recherches est colossal et précis sans jamais tomber dans une banale énumération des faits.

C'est une magnifique immersion dans l'univers des surréalistes et des intellectuelles des années 20 jusqu'aux années 80.

Cet hommage est étonnant, incongru et palpitant, on y plonge comme dans un roman d'où se télescopent plusieurs genres. J'ai adoré être effrayée à l'apparition récurrente de l'homme au haut de forme qui fait penser à Poe et à l'ambiance de The Haunting of Hill House et m'embarquer dans les aventures pleines d'amitiés et de création délirantes, de joyeuses des fêtes excentriques, des amours contrariés et manipulés…

L'auteur ne la juge jamais, il la raconte et essaie de la comprendre. Car Lise est une femme très ambiguë, antipathique ne supportant pas la laideur, égoïste, et pourtant attachante, entière et subversive qui rejette les convention et brûle la vie !

J'ai adoré tout au long de cet essai les réflexions sur l'art comme la différence entre le merveilleux et le fantastique, l'existence,  la « relation contrariée au réel », la maternité ou encore la spiritualité et l'extralucide qui flottent dans le livre sans jamais prendre position mais je pense que j'aurai aimé un peu plus poussées (rien que pour satisfaire mon plaisir de lectrice sur ces thématiques).

**Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE - selection du mois de septembre dans la catégorie Essai

Commenter  J’apprécie          30
Nicolas Perge, réalisateur, producteur et auteur du roman “Agatha, es-tu là ?” a écrit une étonnante biographie romancée, bien qu' extrêmement documentée, sur la muse malheureusement un peu oubliée des plus grands noms du mouvement surréaliste: Lise Deharme.
Cette femme issue d'un milieu de la haute bourgeoisie, qui avait souffert du manque ‘amour de ses parents, s'est montrée aussi fantasque que souvent cruelle, d'où le titre de cygne noir de la biographie. Celle-ci nous la dépeint avec ses diverses facettes et non dans un ordre chronologique. Elle fut proche, aimée ou admirée de Paul Eluard, Louis Aragon, Max Ernst, Robert Desnos usant et abusant de son pouvoir de séduction. Son premier contact avec les surréalistes fut André Breton, qui se consumait d'amour pour elle, mais qui n'a jamais obtenu ses faveurs alors que ses amants furent très nombreux; elle lui a inspiré la dame au gant de Nadja.
Ce fut aussi une poétesse et une romancière sur le tard, mais surtout une salonnière qui, grâce à son pouvoir de séduction, réunissait à Paris dans les années trente une impressionnante liste de célébrités artistiques ou littéraires allant de Jean Cocteau, à Picasso,Salvador Dali, Jean-Louis Barrault,Eugène Ionesco, Malraux, luis Bunuel, Julien Gracq,Françoise Sagan, Jacques Lacan, Boris Vian et encore bien d'autres.
NIcolas Perge nous brosse un portrait captivant, en kaléidoscope, avec un cahier photos où le lecteur la découvre aux côtés de Jean Cocteau, Antonin Artaud ou Max Ernst. Ses écrits marqués d'une magnifique étrangeté, sont tombés dans l'oubli mais révèlent ce qui a pu rendre fous les surréalistes. En réalité Lise Deharme cachait ses fêlures intérieures et préférait, à la fin de sa vie pour fuir la vieillesse au lieu de l'accepter, vivre avec ses animaux, ses fantômes et ses plantes plutôt que d'affronter la réalité. C'est un livre à conseiller à ceux qui se passionnent pour la vie artistique et littéraire de l'entre deux guerres jusque dans les années 1970.
Commenter  J’apprécie          60


critiques presse (2)
LeMonde
27 octobre 2023
Cette biographie rédigée de façon assez romanesque explore avec finesse les fulgurances comme les terribles failles de celle que Cocteau appelait son « bel héliotrope » – odeur suave, envie de soleil, couleur parfois très sombre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
26 octobre 2023
Cette biographie rédigée de façon assez romanesque explore avec finesse les fulgurances comme les terribles failles de celle que Cocteau appelait son « bel héliotrope » – odeur suave, envie de soleil, couleur parfois très sombre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
En 1966, Lise fait un rêve. En remontant le boulevard Saint-Germain, elle tombe sur André Breton qui s'apprête à entrer dans la galerie d'art Roudillon. Il est pourtant mort depuis quelques mois mais il se trouve devant elle. Et, de sa voix puissante, lui lance :
"Lise, la mort n'existe pas."
Elle en pleure d'émotion.
"André... Vous êtes là près de moi... Qu'est-ce que vous faites ?
- Ne soyez pas triste. Oui, c'est bien moi."
Et, comme s'il s'époussetait, André Breton s'enlève des morceaux de chair. Lise est fascinée.
"Dites-moi. Est-ce que le passage vers la mort est affreux ?
- C'est beaucoup plus que ça, mais ça ne dure pas. Après, c'est merveilleux."
Commenter  J’apprécie          20
Ce petit tabouret n'est ni trop haut ni trop large, constellé de pierreries qui brillent dans les lueurs orangées des flammes. Délicieusement installée, réchauffée, l'enfant commence à somnoler.
Lorsque, juste avant l'endormissement, pareille à un serpent se dressant sous le chant d'une flûte, une tête reptilienne surgit entre les jambes de Lise. Elle ne crie pas, ne bouge pas, stupéfaite, charmée. Le tabouret est une tortue. Tout est normal. Et inspirant : c'est en voyant de Montesquiou et sa tortue que Joris-Karl Huysmans a écrit une scène fameuse avec une tortue aux écailles incrustées de pierres précieuses, dans "A rebours".
Commenter  J’apprécie          20
Elle pourrait rester allongée sous le soleil pour toujours. Elle écoute la rumeur des feuilles, le piaillement délicat de la fauvette qui perce l'air. La poétesse se sait cernée par le merveilleux. Elle ne le craint pas. Elle le désire, ce monde invisible qui abat le vulgaire quotidien, abolit la médiocrité et dissout le matériel dans quelque chose de plus grand. Oui, il y a une vie par-delà la vie apparente, Lise en est convaincue. La fauvette s'époumone dans les futaies. Un geai s'empresse de lui répondre. A ce moment-là, Lise en est certaine : tout doit être sourire et liberté, adieu les larmes. L'existence n'est que poésie.
Commenter  J’apprécie          20
Lise et les surréalistes rejettent le fantastique car il désigne une irruption inopinée du surnaturel dans un réel bien établi. Il souligne donc l'impermeabilité des deux univers. Alors que le merveilleux les réconcilie. Lorsque le surnaturel et le réel se frôlent, que leurs dimensions s'unissent, voici ce que la poétesse appelle l'invisible.
Commenter  J’apprécie          40
Avec ces grands murs que sont l'art et les sentiments, elle a espéré repousser la mort. Les visiteurs se sont souvent trompés. Ils ont perçu Lise terrifiante, ricaneuse, redoutable. Colérique. Dure. Un peu folle. Et si, au fond, elle était seulement désemparée.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Nicolas Perge (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Perge
Lise Deharme, cygne noir - Nicolas Perge - Rentrée Littéraire 2023
autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3206 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}