Ce petit ouvrage est la restitution synthétique du travail d'enseignant et chercheur de Jean-Noël Robert à la tête de la chaire philologie de la civilisation japonaise du Collège de France de 2011 à 2022.
Il montre au travers de l'étude des grandes oeuvres fondatrices de la littérature japonaise comment elles se sont nourries de la langue chinoise, mais aussi du sanskrit, au gré de l'imprégnation par la religion, en premier lieu bouddhiste, avec ses flux et reflux, et l'influence de ses sectes comme Tendai.
Dans ce survol de plus d'un millénaire de tradition littéraire sont évoqués les poèmes bouddhiques japonais du Sûtra du Lotus de Son.en, dont le maître était Jien, poète moine et historien, les poèmes médiévaux, le moine zen Dôgen et son Shôbô-genzo,
le roman de Genji de
Murasaki Shikibu, le Kojiki qui célèbre les Dieux créateurs de l'archipel, mais aussi la période plus moderne avec le romanesque voluptueux de Saikaku et l'anti-bouddhisme de la période Edo.
Ce voyage est intéressant, mais s'adresse ouvertement à des étudiants spécialistes, car rien n'est fait pour vulgariser un propos particulièrement abscons, histoire d'employer un mot un peu complexe pour qualifier ce livre qui en est truffé. Car honnêtement, il m'a été très difficile de saisir le sens du texte sans avoir un dictionnaire à portée de main, sous peine de buter sur chaque paragraphe, quand ce n'est pas sur chaque phrase.
On comprend en tout cas ce que la tradition littéraire et religieuse au Japon doit à la culture écrite chinoise, que le pays a su à la fois assimiler tout en construisant une langue propre qu'il a prêté à ses Dieux autochtones.
Merci à babelio et au Collège de France de m'avoir permis de découvrir cette production très érudite de cette grande institution, dans le cadre d'une opération Masse critique.