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332 pages
Charpentier (01/01/1898)
5/5   1 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La passion du Pasteur Naudié.
Mais quelle merveille ce roman ! Quelle richesse dans le contenu, quelle profondeur et quelle grandeur d'âme ! On n'en ressort pas indemne. 🌺
C'était une autre époque...

" (...) et le bonheur qu'il avait cru saisir, s'effritait au jour le jour. L'accès de dévouement et de piété de Jane n'avait pas survécu trois mois à leur mariage : les devoirs acceptés avec tant d'allégresse, elle s'en déchargeait simplement, avec une égale légèreté. Au premier heurt avec les enfants, elle avait arrêté de les aimer; elle n'aimait plus les pauvres ni les affligés ; elle n'aimait pas son mari ; elle n'aimait qu'elle. Une de ces métamorphoses qui inquiétaient le bon sens rassis de son oncle, l'avait transformé en un être frivole et personnel, attentif avec excès aux menus choses de la vie, capricieux, mobile, indifférent, qui gardait au fond de ses grands yeux les mêmes promesses de bonheur, qui respiraient l'amour d'aimer, la joie de vivre : marbre superbe dont un artiste maladroit ne sait pas tirer un chef d'oeuvre, ou bloc inerte de pierre vulgaire que nul ciseau ne pourrait ennoblir; fleuve mystérieux dont les eaux insondées roulent des paillettes d'or ou des poisons amers..."

Edouard Rod. le ménage du Pasteur Naudié
Deuxième partie
Chapitre I
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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
— (...)Toute sa vie n'est-elle pas un hommage à cette belle vertu ? Son intelligence n'a rien ignoré ; il a fait le tour de tous les systèmes, il a sondé toutes les doctrines ; la foi qu'il a conservé, par un effort de sa volonté, était grand, indulgente et modeste. J'ai tout à l'heure ouvert un de ses livres ; voici ce que j'y ai lu.

Guillaume prit sur la cheminée un volume à couverture jaune, et il lut avec lenteur et respect:

« Si notre foi n'est plus celle qui transporte les montagnes, si nous sommes attirés vers Dieu sans le distinguer avec certitude, si notre croyance est faible, et s'il ne subsiste en nous que le sentiment du devoir, sachons du moins garder le peu que nous possédons. C'est encore une base à l'effort : effort de la pensée vers la vérité, effort de l'action vers le mieux, n'est-ce-pas la leçon qei dégage toute morale, qui se trouve au fond de toute croyance ? Utile et modeste, lorsque nous la comprenons, elle nous enseigne du moins à respecter, à l'égal de la nôtre, la conscience étrangère : car la conscience est le vrai temple du vrai Dieu... »

Quatrième partie
Chapitre I
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La crise que Henri venait de traverser — et dont la sollicitude maternelle avait surpris déjà certains symptômes — renversa ces projets. Cette crise n'est point rare parmi ces jeunes gens rompus à la dialectique, lâchés tôt à travers une science qui se débat entre le fini et l'inconnaissable, guidés dans ce labyrinthe par des esprits très philosophiques, dont la pensée libre ne connaît d'autres freins que ses propres freins intérieurs. Beaucoup d'entre eux sont partis par « vocation », obéissant aux voix d'En- Haut qu'écoutent volontiers les adolescents rêveurs et fervents. Ils sont partis, l'âme pleine de Dieu, résolus à lui vouer leur vie, dédaigneux des promesses du siècle, sourds aux paroles des sceptiques et des athées. Mais des bruits du dehors leur parviennent: contenue d'abord par l'imagination, puis par la volonté, leur raison commence son œuvre — petite bête inquiète, rongeuse, qu'on ne chasse pas. Souvent, son travail sourd s'accomplit sans qu'ils s'en doutent, comme celui des termites dans les vieilles maisons, pendant le sommeil des propriétaires.
Quand ils découvrent ses dégâts, ils tâchent de les ignorer, ou demandent à la prière la fin de leur tentation.Parfois la grâce les sauve : l'Esprit souffle où il veut. Parfois aussi, un dernier coup de tempête emporte sur l'océan du doute la frêle barque avarice de leur croyance. Les uns restent au limon, tenant d'une incertaine main la barre entamée, pendant que le vent achève d'arracher leurs voiles déchirées : ils naviguent ainsi, à demi submergés. D'autres parviennent à peine à sauver quelques planches de leur chaloupe : ils s'y cramponnent pourtant. Les mieux trempés, les plus nobles, les plus vaillants, ne comptent plus que sur leurs propres forces : l'esquif s'enfonce, ils nagent vers un autre port. Henri Defos était de ceux-là : sa foi naufragée, il n'entendait pas tirer des épaves une carrière. Il avait donc résolu de renoncer au saint ministère. Mais, pour exécuter cette résolution, il fallait compter avec la volonté de son père.

Deuxième partie
Chapitre IV
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J'ai vu crouler successivement, dit-il, l'inspiration, le miracle, le dogme. Inquiet, j'ai cru d'abord que, derrière ces ruines, l'édifice idéal restait debout. Avec quelques-uns de mes maîtres les plus éminents, j'ai renoncé au Dieu objectif des anciennes traditions, de l'ancienne alliance, pour chercher le Dieu intérieur, plus vrai, plus pur, dont la parole est supérieure aux formules humaines, dont le verbe est vraiment créateur. Je croyais ainsi rompre avec la part de superstition qui subsiste dans la religion, m'élever sur l'échelle de la piété. Mes forces m'ont trahi ! Dieu s'est perdu pour moi en aspiration vaines, en de vagues promesses, en un non-être prestigieux. La pensée religieuse n'était plus qu'un soupir de l'âme vers un idéal fluide, insaisissable force d'être immatériel : Dieu s'est dissipé, Dieu s'est fondu comme un nuage... Pourtant, j'ai conservé, aussi ardent, le goût du bien et de la vérité Ce qu'ils sont au juste, je ne le sais plus ; Mais je compte sur ma conscience pour me l'apprendre au jour le jour, à travers les obscurités d'un chemin où elle est maintenant mon seul guide. Et je ne puis en ce moment me tromper sur ses ordres: elle m'affirme que je serais un mauvais ministre de ce Dieu dont je n'entends plus la voix ; elle me défend de prendre du service dans son Église; ma consécration et ma vie entière ne serait plus qu'un mensonge !

M. Defos, fils fils aîné, sa femme écoutait, comprenant à demi. Dieu existe-t-il dans nos cœurs ou dans son ciel ? ils ne se le demandaient guère ; mais la mère voyait que son fils souffrait, et souffrait avec lui. Quant au père, sentant menacé ses arrangements de famille, il ne songeait qu'à parer au mal, le mieux possible.

Deuxième partie
Chapitre IV
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Après son Histoire de l'apôtre Pierre, on le crut proche de Rome, et de vives inquiétudes agitèrent les hautes sphères de l'Église réformée; Mais, dans une élude sur les Humanistes chrétiens, il se posa en champion zélé du rôle historique de la Réforme — attitude qu'il accentua plus tard dans sa retentissante Réponse à Jean Janssen. Entre-temps, ses Dialogues sur les questions actuelles firent craindre qu'il ne tombât dans la libre pensée, que cependant il condamna violemment dans son Essai sur la Foi. Pendentif bien des années, celte instabilité apparente lui valut d'âpres reproches; puis, quand, au bout de sa carrière, son œuvre apparut dans son ensemble, on s'aperçut enfin de sa robuste unité : avec ses contradictions passagères, ses retours, ses virements inattendus, ses audaces, ses timidités, elle formait un cercle complet, le vaste cercle où peut s'enfermer une pensée inquiète et riche, qui s'efforce vers la vérité sans reculer devant aucun obstacle, mais en reflétant les aspects chan geants des choses. Seuls, les plus clairvoyants parmi ses lecteurs ou ses élèves reconnus alors que, si ce dangereux périple l'avait ramené à son point de départ, c'est qu'il tenait au protestantisme par tradition plus que par conviction : le ciment d'un long passé le rivait aux croyances de ses ancêtres, malgré les liens de son imagination et les manœuvres hardies de sa logique.

Première partie
Chapitre Il
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Comme chef de famille, il était rigide, autoritaire, inflexible et maussade, mais en même temps bienveillant à sa manière, respectueux du droit de chacun, prêt à tous les explications pour l'intérêt commun. Comme patron, sa sévérité rigoureuse ne l'empêchait pas de veiller au bien de ses employés : en échange des sacrifices qu'il faisait volontiers pour améliorer leurs logements, leur nourriture, les conditions de leur vieillesse, il exigeait d'eux tous leur effort, une stricte régularité dans l'accomplissement de leur tâche, et même des convictions religieuses; car la foi entrait dans son économie, machine comme une autre, indispensable à l'outillage complet d'une bonne maison. Dieu apparaissait au haut de son système comme une sorte de magistrat supérieur. On lui doit, pensait-il, une part de son activité à peu près égale à celle qu'un bon citoyen doit à l'Étal : il était donc membre du Consistoire comme il était membre du Conseil général, comme il eût été député si les électeurs de son département l'eussent permis. Nul n'aurait pu concilier avec une équité plus rigoureuse les droits du siècle et ceux de l'au-delà, rendant, après avoir pesé les proportions dans un équilibre infaillible, à Dieu ce qui est à Dieu, à César ce qui est à César, peut-être même — car les temps nouveaux ont des exigences nouvelles — à Mammon ce qui est à Mammon.

Première partie
Chapitre I
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