Emir R. Monegal a connu
Borges pour lequel il avait de l'admiration et une sympathie perceptible au fil de ces pages, dans lesquelles il est autant question de la vie de l'auteur que de son oeuvre et de la culture qui l'alimenta ; car
Borges resta un lecteur insatiable et un passeur hors norme, amoureux des mots et des langues. Celui qu'une timidité excessive empêchait de s'exprimer en public allait développer, alors qu'il était frappé d'une cécité héréditaire, un style oral quasi incantatoire qui marquait profondément son audience, et lui donnait de plus en plus les airs d'un vieux barde. Inspiré par
Poe, Wells,
Stevenson, Chesterton, Kafka, ou bien encore les mille et une nuits, obsédé par les thèmes du double, du miroir , du labyrinthe, du rêve et du cauchemar, il devint un maître de la nouvelle fantastique, à laquelle il ajouta des considérations métaphysiques, un sens évident de la mystification en même temps que des éléments de son érudition.