Tu es très âgée Maman, tu vas bientôt mourir. Je n’ai pas peur de ta mort, tu ne la crains pas non plus. Tu es d’une sérénité qui me semble solide. Et la mort n’est pas triste. Elle est, et puis c’est tout.
Si vieillir est inéluctable, vieillir mal n'est pas obligé.
Au début, tu avais des sourires en me voyant entrer, des larmes quand je repartais.......Les sourires sont devenus rares, mais les larmes ne coulaient plus.
Je ne m’en suis pas réjouie.
Une source qui se tarit, ce n’est pas une bonne nouvelle. »
Et toi qui te perds inexorablement dans ta journée d’hier, tu me récites La Fontaine sans te tromper d’une virgule.
Si vieillir est inéluctable, vieillir mal n’est pas obligé.
Quel que soit son visage, la mort de ceux que nous aimons nous saisit à la gorge. Pour beaucoup d'entre nous, c'est la violence ultime.
Tant que tu respirais, tu étais immortelle.
On m’a dit que tu étais partie dans ton sommeil. C’est ce que l’on dit à tout le monde, pour ne pas aviver la profonde blessure. N’avoir pas été là.
Si vieillir est inéluctable, vieillir mal n’est pas obligé.
Jusqu’à la fin de ta vie, je ne cesserai de regarder dans les vitrines les foulards et les bagues que j’aurais aimé pouvoir t’offrir.
Je les regarde encore aujourd’hui. (p.86)