Je crois que tout individu essentiellement né pour l'art devient artiste, en dépit de toutes les difficultés, de toutes les embûches de l'existence, et cela sans que l'école puisse le former à autre chose qu'à la grammaire, et un peu à la syntaxe manuelle de son art. Il n'en va pas de même du goût à percevoir utilement des sensations esthétiques ; ce goût a besoin, chez ceux qui ne seront jamais des créateurs, d'être développé, encouragé ; il faut que, de force, il pénètre partout et à tout moment ; qu'il soit un aide constant et souriant à la parure matérielle de la vie, afin de devenir l'agent le plus puissant et de la beauté morale et de l'harmonie sociale.
Aujourd'hui, quiconque possède chez soi un Rembrandt authentique, vrai, muni de son état civil, possède du même coup un patrimoine de gloire : celui-là sent autour de lui le respect; on le considère comme le gardien, comme le dépositaire de quelque chose de très auguste ; et, lorsqu'ils sont admis à contempler ce dépôt sacré, certains croient affirmer plus complètement leur dévotion au génie, en se refusant à toute critique et en multipliant les marques d'une admiration aveugle. Il est juste d'ajouter que pour beaucoup de ces admirateurs le prix atteint par le tableau, bien plus que la valeur d'art de l'oeuvre, est de nature à les impressionner.
Chez les Primitifs, la figure de la Vierge est bien la figure d'une mère, jeune, au cœur débordant de tendresse. Ils ont eu le sens de l'humanité, et c'est pour cela que les symboles sont par eux magnifiquement exprimés.
Si l'interprétation de l'eau doit nous donner une sensation de profondeur, que doit-on exiger de l'interprétation du ciel ?
— Une sensation d'infini.
Ce qui prouve que tout, dans les arts plastiques, doit se ramener à une harmonie, c'est que le langage, pour parler de peinture, emprunte à la musique ses termes de comparaison.
Par contre, on se plaît à juger la musique avec le vocabulaire spécial de la couleur.