"Savonarole" est le fragment d'une pièce incomplètement écrite par
Romain Rolland.
Son texte est disponible dans le double-numéro spécial 109 et 110 de la revue "Europe" paru en janvier 1955.
Il y est additionné de quelques notes de l'auteur et d'une chronologie de la vie du célèbre dominicain.
"Savonarole" est un drame en dix-sept scènes dont certaines ne sont que résumées.
Il se joue en Toscane, entre 1482 et 1498.
Le rideau se lève sur une scène de tempête.
Sur les pentes solitaires de l'Appenin, au dessus de Florence, Hieronimo - Savonarole - et son frère Aurelio marchent péniblement.
Ils sont malmenés par la pluie et torturés par les misères qui écrasent l'Italie, par ces guerres qui la déchirent.
Frate Hieronimo - Savonarole - est un nouveau venu qui, pour son arrivée dans la belle ville de Florence, va accabler ses habitants de malédictions et d'horribles menaces.
Il est laid. Il est chétif. Il est malingre.
Il n'a pas de galanterie. Il ne dit pas de douceurs aux dames.
C'est un rustre qui joue la franchise et tâche d'effrayer...
Romain Rolland met en scène des personnages prestigieux.
Botticelli, le jeune
Michel-Ange,
Laurent de Médicis sont les principales marionnettes d'un ballet dont le personnage central est le trouble Savonarole et le point d'orgue sa chute.
Savonarole est-il une de ces brutes monastiques qui font l'épouvantail pour se rendre maître de la foule ?
Il est exalté. Il a tonné contre l'art, contre la volupté, contre les peintres entremetteurs et contre leur bordel : Florence.
Est-ce un hypocrite gonflé de fiel ?
Que veut Savonarole ? Il souffre du mal, de l'injustice, de la corruption.
Il voudrait sauver son pays de la ruine imminente, et ceux qu'il aime de la damnation....
On retrouve dans l'ébauche de cette pièce, signée en 1896, toute la finesse, toute la puissance, toute l'intelligence qui distingue le théâtre de
Romain Rolland.
C'est un morceau de théâtre écrit, très beau, trop court, incomplet, à la fois désespéré et évocateur.
Il se lit avec beaucoup d'attention et de plaisir.