Il y a un visage de tendresse (la Vierge Mère) qui justifie tout l'art médiéval. Nous trouvons savoureux les monstres, les «grotesques » des gargouilles ou des chapiteaux, mais nous retiennent-ils vraiment? Il en va autrement pour ce visage qui se penche vers la tête d'un enfant ou d'un supplicié. Ici, la beauté n'apparaît pas « malgré » la douleur, elle exprime la douleur, la tendresse blessée, sans se renier, remplissant son office car il n'y a pas de beauté qui ne délivre un message.
Unamuno dit que ce n'est pas celui que nous croyons être ni celui que l'on croit que nous sommes mais celui que nous voulons être qui importe. Il me semble que c'est dans ce sens que l'on peut interpréter la parole du Christ rapportée par Matthieu (6, 21): «Car où est ton trésor, là aussi sera ton ceur.» (Le «trésor» serait ce que nous voulons être.)
Ce n'est pas le très grand ciel découvert des sommets, c'est la route difficultueuse et abrupte qui ouvre le cœur du voyageur: d'en bas, de l'étroite fenêtre du faubourg le même ciel s'offre, c'est en toi qu'il faut que tu montes et te déchires aux ronces du chemin pour découvrir enfin le soleil, la lune et les étoiles.
Paradoxalement, c'est de la qualité de la solitude vécue par un homme que dépend la qualité de ses rapports avec autrui, qu'ils soient amicaux ou amoureux. À chacun d'entre nous de découvrir le bon usage de sa solitude.
Les nuages, à la fenêtre :" Nous sommes là, et vous, que devenez-vous? Vous avez bien mauvaise mine."
Nous nous abandonnons, mais n'avons pas été abandonnés. Le soleil, la lune, les étoiles, les nuages, en quoi nous ont-ils abandonnés? Nous n'avions que la terre à gâcher et, dans la mesure du possible, nous y sommes parvenus.
Paul de Roux : Fantin Latour figures et fleurs
Olivier BARROT présente "Fantin-LATOUR, figures et fleurs" par
Paul DE ROUX : un
biographie du
peintre Henri FANTIN-LATOUR avec la reproduction de 38 de ses toiles analysées en détail ; BARROT fait une courte
biographie artistique du
peintre.