AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782374750200
58 pages
Editions Rhubarbe (25/08/2017)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Un journal de bord, tenu à l’occasion d’une recherche de nouvelle maison à habiter, faisant ainsi état des visites infructueuses, des faux espoirs. Mais bien plus est en jeu. Choisir une maison, un environnement, anticiper la répartition et l’aménagement des pièces, c’est se rêver autre, entourée d’images, odeurs, bruits inconnus qui déconcertent. C’est accepter de perdre, aussi. Les livres sont comme les maisons, on en voit tout le temps, on passe devant, jouant pa... >Voir plus
Que lire après Celles qui regardent : Carnet des maisonsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Qu'est-ce qu'habiter ? Pas seulement l'affaire d'un toit et quatre murs. Celles qui regardent est l'histoire d'un couple et de sa maison. le texte s'ouvre sur la recherche du logis et la tenue du carnet par la femme, l'écrivain qui rendra compte des visites, des hésitations, de l'acquisition et de l'installation.
« Ils » cherchent le lieu qui les abritera, dans lequel ils nicheront leur présent et leur futur. Ils ne demandent pas la lune, seulement un espace qui deviennent leur, une petite habitation, un jardin, un atelier. le texte s'enrichit d'autres logements, celui de l'enfance, où l'on abandonnait la narratrice endormie le temps de quelques achats nécessaires, ceux occupées temporairement pendant des vacances. Des résidences d'écrivains, Deleuze, Duras surtout.
Une femme plasticienne accompagne la femme du carnet. Elle grave à la pointe sèche de petites bicoques toutes simples, des cabanes, dans des paysages un peu instables en rondeurs, en spirales. Elles occupent à deux le carnet, comme un second gîte rêvé. le livre nous donne à voir quelques-unes de ces gravures.
A deux pas de la Seine, ils font leur nid. Elle est celle qui plante graines et bulbes au jardin. Celle aussi qui interroge les gestes ancestraux et quotidiens : le soin du linge, la cuisine, l'approvisionnement. Comment réinventer les rituels quotidiens pour ne pas tomber dans l'ennui ? le texte se construit sur le « je » de la femme, et le lecteur comprend que ce territoire est le sien. Que la narratrice prolonge en cela une lignée de femmes. « Comment être une femme aujourd'hui dans une maison ? ». L'homme est là, mais peu présent. Il occupe moins, ou moins bien. Un espace lui est réservé, sous les toits, peu accessible.
Dès les premières pages, Marcelline Roux laisse deviner des fêlures dans ce couple identifié par le seul pronom « ils ». Jamais le « nous » n'est écrit, et l'homme, lorsqu'il est désigné seul est « lui ». On surprend aussi avec la narratrice une conversation sur les ventres-maisons de femmes portant des enfants qui ne naîtront jamais. Un couple n'est pas une construction durable. Il arrive qu'il se fissure, puis se brise.
« ‟ Ils ” n'a jamais fondé de ‟nous”. La faille couvait dans mes lignes et les spirales de la femme peintre n'ont pas réussi à l'endiguer. Marguerite Duras elle-même avait voulu m'alerter : ‟les hommes viennent dans les maisons, s'y arrêtent”, et j'aurais pu continuer sa phrase : n'y restent pas. »
La plume de Marcelline Roux est délicate. Elle sait dire les blessures invisibles, les doutes et les échecs en les suggérant en quelques mots sans s'appesantir.
Ecrire l'intime ne signifie pas nécessairement s'exposer frontalement au regard du lecteur. L'écrivain peut user de détours, d'intercesseurs. Se raconter par le corps, des objets ordinaires ou une histoire collective. Marcelline Roux porte son regard sur les maisons, et l'une d'elle en particulier, pour nous délivrer une vie.



Commenter  J’apprécie          10
Celles qui regardent, Marcelline Roux, gravures Francepol – éditions Rhubarbe 2017
Le sous-titre comme souvent précise le sujet : Carnet des maisons. Celles qui regardent sont deux femmes, l'une écrit, l'autre grave pour fabriquer un livre à deux mains qui parlera des maisons. Au commencement un couple est en quête d'un nouveau domicile et tous les deux en ont une idée précise. Elle sera près d'une gare et il y aura un atelier. Il est difficile de trouver du premier coup le nid idéal et l'auteure nous entraîne avec elle dans ses recherches concrètes et aborde la question de point de vue matériel. Mais très tôt le propos se modifie et nous voyons apparaître d'autres demeures, des souvenirs. Nous croisons le peintre Eugène Leroy, Marguerite Duras, chacun occupant sa maison à sa manière.

L'endroit enfin trouvé, les questions importantes surgissent : habitent-ils la même maison ? Et « Comment être femme aujourd'hui dans une maison ? »Marcelline Roux revient sur le rôle traditionnel de la femme chargée de maintenir en ordre son intérieur, de veiller à ce que tout fonctionne. Elle se souvient du film de Chantal Akerman et de l'actrice Delphine Seyrig pour illustrer ses mots. L'homme suit de loin les opérations, la maison n'est pas sa préoccupation principale. Il n'est pas « homme de maison » mais plutôt, et en cela il rejoint la majorité de la gente masculine un homme d'atelier, de bureau, de jardin, là où il peut exercer une activité. L'homme n'est attaché aux murs et aux tâches domestiques que par la famille et ses talents de bricoleur. Cette double spécialisation perdure de nos jours. Elle est la source de beaucoup de malentendus.

L'auteure se pose la question de l'adéquation d'un couple avec son domicile. Chacun son coin. Chacun trouve sa place, lui dans son atelier, elle dans sa chambre avec sa bibliothèque. Cette dernière est un immeuble peuplé de nombreux locataires, chaque livre est une sorte d'appartement avec personnages et histoires.

Ce carnet est un refuge pour les mots et les images. Les gravures se succèdent, soulèvent d'autres pistes. Des maisons à la campagne, des maisons escargots, des images simples qui traduisent à la fois la quiétude d'une demeure et ses angoisses. Francepol ne verra pas le livre achevé, l'homme a déserté. le rêve de la cabane s'éloigne. le rythme de la narration accélère, maison, solitude, souvenirs, le trajet s'achève. Marcelline Roux pense à toutes ces habitations qui changent d'occupants, aux vestiges. Mais finalement ce livre lui-même est la maison qu'elle a construite en même temps qu'elle réalisait une partie de sa demeure intérieure.

Jacky Essirard/ octobre 2017
Commenter  J’apprécie          10
Une manière originale de choisir sa maison, un parcours à travers soi et la littérature
Commenter  J’apprécie          00


Video de Marcelline Roux (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcelline Roux
Avec Husnia Anwari & Belgheis Alavi accompagnées de Kengo Saito (rubâb)
Nous, femmes poètes, nous n'avons d'armes que nos mots, de moyens de résistance et de liberté de parole que par nos poèmes, le plus souvent. Pour soutenir dans un élan solidaire les femmes afghanes qui sont, depuis longtemps déjà mais particulièrement dans le contexte actuel, réduites au silence dans leur pays, nous souhaitons faire entendre leurs voix : des landays de femmes pachtounes exilées ou appartenant au cercle littéraire clandestin de Kaboul, le Mirman Baheer, aux poèmes en dari de femmes souvent assassinées d'avoir écrit comme Nadia Anjuman à qui Atiq Rahimi a dédié son livre Syngué sabour. Pierre de patience. Pour que sur la scène emblématique de la Maison de la Poésie, toutes accueillies, nous puissions dire la force qui nous unit en poésie à travers le monde, un ensemble de femmes poètes françaises est en train de se constituer autour d'Husnia Anwari, journaliste franco-afghane et poétesse féministe, et Belgheis Alavi, enseignante chercheuse à l'Institut national des langues et civilisations orientales, qui liront sur scène accompagnées au rubâb par le musicien Kengo Saito.
Avec : Laure Gauthier, Laurence Werner David, Sophie Loizeau, Judith Chavanne, Véronique Pittolo, Rim Battal, Zoé Besmond de Senneville, Marie-Hélène Archambeaud, Sanda Voïca, AC Hello, Julia Lepère, Orianne Papin, Virginie Poitrasson, Anne Savelli, Marcelline Roux, Lika Mangelaire, Séverine Daucourt & Maud Thiria
Manifestation à l'initiative de Maud Thiria, organisée avec l'aide de Séverine Daucourt
+ Lire la suite
autres livres classés : récitsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Allemagne à la portée de tous

J'ai un chien loup ou

berger teuton
berger germain
berger d'outre Rhin
berger allemand

10 questions
70 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}