AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 284 notes
5
38 avis
4
37 avis
3
14 avis
2
4 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'étais curieuse de voir où m'emmènerait ce premier roman de Laurine ROUX, le dernier lu pour moi, après avoir adoré « Sur l'épaule des géants » et « L'autre moitié du monde » ; et très moyennement "Le Sanctuaire".
Ici, Laurine Roux propose une histoire étrange dans une écriture puissamment évocatrice et poétique.

« Car nous sommes tous de passage. Simplement de passage ».

Une jeune fille raconte sa rencontre avec Igor peu après qu'elle ait perdu sa grand-mère – sa Baba a rejoint le Grand-Sommeil après avoir survécu à la guerre.

Atmosphère de chamanisme, évocations glaciales, minérales, dès le début du roman sur des chemins de solitude et d'efforts dans la forêt et le froid, les cicatrices de la guerre et la peur. Un côté animal et lunaire, intense et sauvage, fantastique et sombre, où l'amour côtoie intimement la mort.

Découverte d'un monde aux traditions ancestrales, dans des territoires isolés auréolés de légendes et de croyances, dans une nature souveraine.
Une ambiance onirique de conte noir et de roman initiatique.

Commenter  J’apprécie          124
Une histoire simple, un style simple.
Une histoire dure mais un sentiment de quelque chose d'apaisé.
Des personnages extraordinaires au coeur d'événements étouffés par une politique de l'oubli.
Des humains sombres dans un paysages de montagnes et de bois magnifiques.
Une ourse.
Beaucoup de silences, de neige, des herbes qui soignent, de solitude et de poids sur les épaules.
Un conte ou une poésie aride.
Des personnages presque comme des sculptures.
On garde des images en tête.
Ce roman-conte m'a fait penser au roman Le Puits de Iván Repila .
Commenter  J’apprécie          110
Je suis tombée en amour de cette écriture, de ce premier roman d'une grande simplicité, d'une poésie folle, d'une profondeur rassérénante. On y découvre une jeune fille, puis Igor, leur amour silencieux et intense, la montagne qui les tient, les habitent, le passé qui les accompagne, la mort qui les guette. Dans le froid, les histoires que l'on transmet, les corps qui s'abîment et demeurent, les saisons qui se succèdent, Laurine Roux dépose l'amour des mots, le passage de la vie. Un conte fabuleux.
Commenter  J’apprécie          94
Étrange et fascinant petit premier roman rédigé par Laurine Roux qui nous entraîne dans un monde sauvage, onirique, cruel et beau à la fois. Nous sommes dans un pays nordique probablement, froid et ancré dans des traditions ancestrales. le mot « karja » - qui désigne ici une boisson - fait aussi référence à un village d'Estonie. C'est une sorte d'indice.
En fait le lieu n'a d'importance que pour l'évocation de paysages grandioses faits de forêts septentrionales, majestueuses et terrifiantes, de montagnes et, finalement, la mer qui se révèle dans toute sa force attractive.

Le temps non plus n'est guère précisé : il y a un « avant », dont se souviennent quelques vieilles qui gardent le silence sur ces temps, à jamais abolis par l'arrivée de « grands oiseaux » d'acier qui ont lancé le feu et le soufre. Des hommes sans yeux en sont les témoins : les Invisibles. Il y a cet « aujourd'hui » raconté par la narratrice, entre passion fougueuse, illimitée pour un homme secret, Igor, relations avec la la Guérisseuse Grisha, chassée du village parce que sans doute sorcière. Tout le récit repose sur des sentiments extrêmes guère exprimés verbalement, une relation fusionnelle à l'amour, à la mort , à la nature, relation qui emporte la jeune fille dans un maelström de sensations, de troubles et de questions.

Une femme-poisson, une ourse dressée qui nourrit un bébé, des Romanichels qui dansent et meurent de la dysenterie, des orphelins jetés comme déchets (les « Va-au-Diable »), des villageois cruels et bornés, et, petite fée bienveillante, une jeune fille amoureuse qui découvre la vie : le roman est une sorte de conte philosophique qui nous mène à l'acceptation.

Et quand arrive « l'immense sensation de calme », nous aussi nous reprenons notre souffle, partageant avec elle la paix intérieure enfin conquise et, surtout, cette sensation d'avoir trouvé notre place, dans un déroulement de moments qui ne sont, finalement, que des « passages ».

C'est un joli moment de lecture, fort, poétique, d'une écriture ciselée, dans lequel on ne fait finalement que se laisser porter par la voix calme et poétique de l'auteure. Un texte à « dire », peut-être.
Commenter  J’apprécie          80
Étrange et envoûtant ! C'est tout à fait ce que je me suis dit à propos de ce livre. Au fil des pages, l'auteure nous tient en haleine et nous raconte une folle histoire d'amour, de destinée familiale.
Je suis toujours fascinée par les premiers romans et je trouve que celui-ci est fort réussi tant par la maîtrise de l'écriture que par l'intensité de l'histoire.
Belle découverte !
Commenter  J’apprécie          70
Une histoire envoûtante dans un monde sans passé. Intense et merveilleux.

« À présent il faut que je raconte comment Igor est entré dans ma vie. » Ainsi débute le premier roman de Laurine Roux, texte d'une intensité somptueuse publié en mars 2018 aux éditions du Sonneur, comme si la narratrice avait déjà beaucoup parlé, comme si sa parole s'inscrivait dans la continuité d'autres voix plus anciennes.

En un temps indéfini, dans une Sibérie réelle ou métaphorique qui en tout cas n'est jamais nommée, le vocabulaire comme tant d'autres aspects de la civilisation ayant été dissous dans un conflit apocalyptique et dans la volonté qui a suivi d'effacer le passé, les traces de la guerre restent néanmoins visibles. Pourtant la vie semble presque redevenue paisible après le déchaînement des armes, une existence archaïque dépendante d'un rapport étroit avec une nature puissante, loin cependant de l'atmosphère exclusivement menaçante du « Poids de la neige » de Christian Guay-Poliquin. Dans ce nouveau monde largement dénué d'explications, après que l'histoire ait été gommée, la vie semble surtout faite de décisions instinctives, de gestes et de peu de mots.

« Un soir, Baba m'avait parlé de l'ancien monde. D'habitude, ceux qui l'avait connu se taisaient. La guerre avait laissé tellement de cicatrices qu'ils faisaient comme si rien n'était arrivé. Comme si personne n'avait disparu. Pourtant, au détour des forêts, on tombait encore sur des carcasses de tanks que le Comité avait oublié de déblayer. Les cours d'histoire ne remontaient pas au-delà de cinquante ans. Avant, ce n'était que légende. Notre génération était la première née après le Grand-Oubli. Nous supposions que beaucoup de réponses aux mystères du monde se terraient là.
Un soir, pourtant, Baba avait parlé. Ses mots étaient plein d'épines et s'épuisaient à sortir de sa bouche. A cette époque, elle était proche du Grand-Sommeil. Je m'occupais d'elle comme on s'occupe d'un enfant car elle avait commencé à se dérégler – sans cela, elle serait sans doute partie avec son secret. Les mots étaient tombés dans mon oreille avec la douleur du poison. »

Longtemps élevée par sa grand-mère Baba aujourd'hui disparue, dont le souvenir et l'esprit ne la quittent cependant jamais, la narratrice vit du fruit de la pêche, dans la cabane de la famille Illakov qui l'a recueillie au bord du lac Taïgal. Sa rencontre avec Igor sur les bords du lac la foudroie ; elle reconnaît d'emblée la singularité et la puissance des instincts de cet être mystérieux, mi-homme mi- animal, dont la filiation surnaturelle lui sera révélée bien des années plus tard.

« Un matin, un homme arrive près du lac où je ramasse les nasses. C'est lui. A une centaine de pas de moi, il s'immobilise. Un oiseau aux larges ailes traverse le ciel, Igor sourit. Mille ans de solitude et de détermination frémissent à ses lèvres. Il se tient au bas de la falaise et regarde là où les hommes ne peuvent aller. Je le vois se plaquer à la paroi. Sa main est grise comme le caillou, son esprit dur comme le calcaire. J'ai l'impression qu'il va être avalé par la montagne, appelé par ses rondeurs de femme. Lui la comprend avec ses doigts. Bientôt ils évoluent ensemble, amants sauvages que la nature réunit clandestinement. »

Lancée sur les chemins aux côtés d'Igor, elle vit au coeur de la nature et dans la puissance de l'instant, déploie ses souvenirs et prolonge les traditions chamaniques de Baba, recueille des bribes d'un passé au goût d'épines révélées par la vieille Grisha, souvenirs de la sauvagerie des hommes, écho à la fable cruelle du «Théâtre des oiseaux» de Christophe Ségas.

Pourtant le sentiment qui domine le récit n'est pas celui de la menace d'une nature aux humeurs extrêmes, mais une sérénité fondée sur la puissance et l'imbrication intime de l'homme avec cette nature superbe. «Une immense sensation de calme» semble avoir des racines multiples et invisibles, au-delà des contes russes et du fantastique, et forme une création hors du temps comme «Les saisons» de Maurice Pons. Avec ce roman qui pourrait figurer dans la «Bibliothèque de l'Entre-Mondes» de Francis Berthelot et qui joue de ce motif classique de l'effondrement de l'humanité, Laurine Roux ne nous offre pas un roman de survie post-apocalyptique mais un récit plus vaste, une histoire fascinante sur le rapport de l'homme à la nature, au passé et au merveilleux.

Retrouvez cette note de lecture sur le blog de Charybde 27 ici :
https://charybde2.wordpress.com/2018/07/27/note-de-lecture-une-immense-sensation-de-calme-laurine-roux/
Commenter  J’apprécie          70
Dans un monde devenu si différent du nôtre, dans lequel le Grand-Oubli est venu soulager la mémoire des survivants après une tragédie innommable.

Une jeune femme tombe amoureuse. Normalité au coeur de l'étrangeté. Car Igor est un homme mais aussi un instinct. Un homme intrinsèquement lié à la nature.

Leur amour va permettre de renouer avec ce passé occulté, va chambouler cette jeune femme mais asseoir aussi autre chose. Une sensation de calme, de continuité, d'apprentissage du présent.

Ce récit est une merveille. Un diamant clair et ciselé, où chaque mot résonne d'une poésie incroyable.

Un conte, un hommage à une nature sauvage et sublime, à la vie et son enchaînement d'amour et de mort, de gaieté et de renoncement.

Ce roman réussit l'équilibre périlleux entre noirceur et espoir, servi par une plume d'une grande beauté.

L'on ressort de ce texte ébloui, relié à quelque chose de plus grand, d'apaisant.

Je n'irais pas plus loin dans ma chronique au risque d'en dire trop mais vraiment c'est un très beau récit, un premier roman de Laurine Roux couronné par le Prix SGDL révélations 2018.
Commenter  J’apprécie          60
Certains livres ont des titres évocateurs, une épaisseur qui attire et une couverture qui finit de convaincre. Tout un imaginaire et un folklore se dessinent. Déjà, le fantasme de la solitude extrême prenait ses quartiers dans mon esprit, une immense sensation de calme c'était le livre à lire en décembre. Ça n'a pas loupé. Je l'ai lu en janvier...
.
Laurine Roux est dotée du talent de la conteuse, en plus de celui de la romancière. Savoir raconter une histoire c'est déjà un défi en soi. En moins de 150.p réussir à tenir en haleine le lecteur avec seulement trois personnages principaux, dont un à l'article de la mort c'est l'exploit. Évidemment on va parler de solitude et de calme, voyager à travers un pays qui dépasse l'imaginaire tant il est perdu et en proie à une affreuse violence. Celle de l'Homme, de la cupidité, celle qui fera naître en son sein les oubliés.
.
Tout dans ce récit est sec, rêche, taillé dans le bois du cercueil. le froid frappe les sens et les engourdis, la glace épaisse logée sur notre peau, qui fait pâle figure devant la rigidité du matériau. Même un bon feu de cheminée ne suffit plus à réchauffer. Quand les légendes naissent de la violence des hommes et qu'elles se meurent, il suffit de les conter pour leur promettre une mort apaisée et silencieuse.
.
L'autrice nous fait voyager dans une terre hostile, indomptable et indomptée. Seul ceux qui sont nés de cette glace dure et épaisse peuvent trouver un moyen de survivre, à condition d'accepter son seule et unique cadeau : une immense sensation de calme.
.
Commenter  J’apprécie          50
Dans une nature sans pitié, un peuple survit, hiver après hiver, malgré le froid, le gel, la neige...Mi-conte, mi-poème en prose, ce petit roman a un peu un goût de trop peu mais transporte le lecteur dans les étendues enneigées où l'homme n'a d'autre choix que d'accepter sa nature de mortel. le peuple s'est reconstruit après le Grand-Oubli (n'en disons pas trop), mais il reste les babas, les vieilles femmes qui ont survécu à leurs hommes et élever les enfants qui sont devenus la génération suivante, qui ont reconstruit le peuple, et cette mémoire-vivante a encore des secrets. Mettant nos pas dans les traces dans la neige de notre narratrice, nous allons nous aussi aimer Igor et surtout nous glisser dans la forêt gelée.
Un très joli texte.
Commenter  J’apprécie          50
Une immense sensation de calme est un texte troublant, à bien des égards. Perdus dans l'immensité hostile de la taïga, un couple fantomatique, presque désincarné, traverse le temps, de couche éphémère en refuge salvateur. Au fil de leurs errances, les légendes ancestrales façonnent les êtres croisés par les deux âmes vagabondes, ni tout à fait bêtes, ni complètement hommes. Conte boréal et mystique, le premier roman de Laurine Roux sonde les profondeurs de l'âme humaine, tréfonds obscurs exacerbés par les assauts d'une nature implacable et somptueuse.

Le récit est bref, la lecture enchanteresse. Une jeune femme anonyme croise sur sa route enneigée celle d'Igor, Igor auréolé d'un surréalisme révélé par la tempête qui fait surgir l'animalité des coeurs. Igor qu'elle va aimer, éperdument. Igor pour qui elle va s'aliéner, aux pieds de qui elle se fera ombre. Indivisible, le couple arpente silencieux une étendue glaciale, majestueuse. Et lorsque les éléments se déchaînent, les récits ancestraux de ceux qui peuplent encore ces terres mortes se réveillent, les légendes prennent corps.

Dans le coton de la neige impérieuse, la toundra rejoint la danse des amants esseulés et transforme leur histoire d'amour en un triangle tortueux. Sans verser dans le naturalisme outrancier, Laurine Roux fait de la nature sa protagoniste, du blizzard son élément déclencheur.
Laurine Roux, une écrivaine hors du temps
Il faut passer outre les premières pages pour découvrir tout le talent de Laurine Roux. L'autrice parvient en quelques phrases taillées au cordeau à insuffler une ambiance glacière, à entraîner le lecteur dans un univers qui échappe à toute pesanteur, hors de l'espace et hors du temps. Hors du monde. Elle fait voguer sa plume vers de lointaines contrées, peuplées de mythes et nourries d'un folklore séculaire qui ressurgit en plein hiver.

Une immense sensation de calme est une fable charnelle, inquiétante et envoutante. C'est un récit qui sort des sentiers battus en évitant les écueils avec brio. le style de Laurine Roux est affuté comme la pointe d'une flèche, rassurant comme un foyer rougeoyant. Elle signe aux Editions du Sonneur un premier roman pointu et prometteur.
Lien : http://opuscules.net/une-imm..
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (584) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5266 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}