Ce tome est le premier d'une nouvelle époque pour Wonder Woman. Il fait suite à la version New 52 qui s'est terminée avec Wonder Woman, Déesse de la guerre Tome 3 (épisodes 48 à 52, Rebirth 1). Celui-ci contient les épisodes
Wonder Woman: Rebirth 1, et
Wonder Woman 1, 3, 5, 7, 9 et 11, écrits par
Greg Rucka, dessinés et encrés par Liman Sharp, avec une mise en couleurs de Laura Martin. L'épisode Rebirth a été dessiné par
Matthew Clark, encré par
Sean Parsons et mis en couleurs par Jeremy Colwell. le tome 1
Wonder Woman Rebirth, tome 1 (épisodes 2, 4, 6, 8, 10, 12, 14) est dessiné par
Nicola Scott, et
Bilquis Evely, et propose une nouvelle version des origines de Wonder Woman. Cette séparation entre épisode pair et impair s'explique par le rythme de parution bimensuel qui a conduit à les répartir sur 2 équipes artistiques différentes.
Rebirth - Diana (Wonder Woman) éprouve des doutes quant à son identité, son histoire personnelle et la réalité qui l'entoure. Elle a l'impression d'un mouvement de balancier entre deux histoires différentes, sans qu'elle ne sache laquelle est plus réelle que l'autre. Elle rentre chez elle et observe le casque d'Ares qui est sur sa commode. Elle finit par se rendre à Olympus. Épisodes impairs - Wonder Woman s'est rendue dans la jungle d'Urzari, dans la région d'Okarango dans le pays du Bwunda. Elle est à la recherche d'une personne bien précise : la docteure Barbara Ann Minerva, actuellement sous sa forme de Cheetah. Dans un premier temps, elle se heurte à des êtres mi-homme mi-lycaon, qui l'empêchent de progresser.
Dans le même temps, Steve Trevor se trouve en mission dans le même pays à quelques kilomètres de là, pour mettre un terme aux exactions du colonel Andres Cadulo. Il s'agit d'une opération commanditée par le projet A.R.G.U.S. (Advanced Research Group Uniting Super-Humans), sous la responsabilité d Etta O. Candy. Elle-même en réfère à sa supérieure hiérarchique Sasha Bordeaux. Sur le terrain, Steve Trevor et son équipe sont amenés à se diriger vers cette même jungle Urzari. Diana a établi le contact avec Cheetah et essaye d'échanger avec elle. Elle comprend qu'elle est toujours sous le coup d'une forme de malédiction (celle qui a transformé Minerva en Cheetah) qui l'éloigne de plus en plus de son humanité. Qui plus est, le groupe de Bouda (les créatures garou) ne sont pas au service de Cheetah mais d'une déité appelée Urzkartaga.
En 2011, dans Flashpoint,
Geoff Johns &
Andy Kubert mettent un terme à la continuité interne de l'univers partagé DC, établie depuis 1985, après
Crisis on infinite earths de
Marv Wolfman & George Perez. À partir de 2011, l'ensemble des séries et des personnages DC redémarrent à zéro dans une opération baptisée The New 52. le personnage de Wonder Woman a lui aussi droit à sa série et à son redémarrage avec
Wonder Woman, Tome 1 : Liens de sang de
Brian Azzarello &
Cliff Chiang. En 2016, l'éditeur DC Comics annonce un nouveau redémarrage, l'opération appelée Rebirth, mais il ne s'agit pas d'une remise à zéro. Lorsque ce présent tome d'une nouvelle série de Wonder Woman paraît, le lecteur ne sait pas encore ce que recouvre Rebirth, ni quels changements il va amener aux personnages datant de New 52. Par exemple la nouvelle série Superman (par
Peter J. Tomasi &
Patrick Gleason) mélange des personnages pré Flashpoint et post Flashpoint.
En ayant à l'esprit cette dichotomie entre les 2 versions, le lecteur comprend mieux ce qui se joue dans l'épisode Rebirth. le personnage Wonder Woman ne sait plus trop à quelle version se vouer pré ou post Flashpoint.
Greg Rucka en profite pour intégrer la notion de vérité, valeur directement liée au personnage principal par le biais de son lasso de vérité, sorte de transposition du détecteur de mensonge à la création duquel
William Moulton Marston (le créateur de Wonder Woman) aurait participé.
Matthew Clark réalise des dessins descriptifs propres sur eux, aux contours bien nets, en respectant l'allure du costume New 52 de Diana, sans exagérer sur ses courbes. le lecteur termine cet épisode de transition pré-Rebirth / post-Rebirth, un peu décontenancé, sans avoir appris grand-chose, sans aucune idée de la direction de la série mensuelle.
Il découvre ensuite les dessins de Liam Sharp, artiste ayant travaillé sur des séries comme Testament de
Douglas Rushkoff, ou réalisé une histoire des Aliens Fast track to Heaven. Il réalise également des dessins dans un registre descriptif, mais avec une utilisation de l'encrage plus poussée pour représenter la texture de chaque surface et pour sculpter plus finement chaque forme. Cette approche donne une consistance impressionnante à la jungle, à la fourrure des animaux et des créatures bouda. Elle rend compte du fait que les uniformes militaires du groupe de Steve Trevor ont été déjà portés maintes fois. L'usage de ces petits traits secs confère un âge de trentenaire aux personnages, ce qui change des protagonistes ayant tous une petite vingtaine d'années. Wonder Woman a l'air crédible en guerrière, malgré son bustier et ses épaules dénudées, en particulier grâce à une forme de jupette qui évite une apparence trop pin-up en maillot de bain. Sharp n'a d'autre possibilité que de respecter l'apparence de Cheetah : un corps de femme dénudé, recouvert de fourrure, avec bien sûr une grosse poitrine, mais aussi des griffes et des dents acérés, rappelant qu'il s'agit d'un félin sauvage et dangereux. Il conserve l'apparence de petite boulotte à Etta Candy, tout en lui donnant une autorité naturelle. La première apparition de Sasha Bordeaux dans sa cuisine laisse le lecteur avec la bouche bée, devant sa beauté et son naturel. Veronica Cale est un peu moins convaincante, avec un visage trop lisse, et une beauté trop froide.
Au fil des pages, le lecteur finit par regretter que
Liam Sharp maîtrise trop bien l'art et la manière de masquer l'absence d'arrière-plan, en particulier avec des personnages occupant toute l'aire de la case. du coup, certains environnements ne semblent plus qu'une collection de décors sans réussir à donner une impression de lieu avec une topographie consistante. Il apparaît aussi régulièrement que le dessinateur a pris grand plaisir à réaliser certaines cases. Il y a un dessin pleine page ou presque dans lequel Steve Trevor et ses 2 acolytes progressent dans des ruines, prêts à riposter au moindre signe d'agression. Les créatures bouda se lançant sur Wonder Woman sont pleine d'entrain pour aller dépecer leur proie. le lecteur admire Cheetah se déplaçant à toute allure, ou encore montrant ses griffes ou ses crocs. le dessinateur réalise une page poignante sur fond noir, dans laquelle les bordures de cases ont la forme de barreaux de cellule, avec les visages des prisonniers qui sont mangés par l'obscurité de la prison. Dans l'avant dernier épisode, Diana sort pour saluer la foule dans un gigantesque centre commercial à l'occasion d'un dessin en double page, où Sharp s'est fortement investi pour montrer chaque individu formant la foule de badauds.
En entamant cette nouvelle phase des aventures de la princesse amazone, le lecteur en attend beaucoup.
Meredith Finch n'avait pas vraiment enthousiasmé le lectorat dans la série précédente, et
Greg Rucka avait laissé une impression plutôt positive lors de son précédent passage sur la série, commencé en 2002, voir
Wonder woman, tome 1. Il doit composer avec le contexte éditorial assez particulier de Rebirth, entre 2 incarnations du personnage. Il met en scène plusieurs des personnages réguliers de la série : Steve Trevor (une version soldat baroudeur, sans beaucoup de personnalité), une version d'Etta Candy qui fait penser à Amanda Waller (avec un meilleur caractère) dans sa version pré-Flashpoint, Cheetah sans beaucoup de personnalité non plus, Veronica Cale (pas assez de temps d'apparition pour se faire une idée), Sasha Bordeaux dans une version très intrigante (personnage créé par
Greg Rucka en 2000 dans la série Detective Comics).
Le lecteur éprouve quelques difficultés pour se sentir impliqué par l'intrigue. La recherche de Cheetah conduit Wonder Woman à se battre contre des créatures garou sans identité, puis à affronter une déité à usage unique sans grand intérêt. du coup, il se sent plus intéressé par les manigances de Sasha Bordeaux et par le degré d'implication d'Etta Candy. le pauvre village africain visité par Steve Trevor sent bon aussi le carton-pâte et les clichés d'une vision occidentale superficielle. le retour sur Themyscira peine à retenir l'attention parce que finalement cette fluctuation entre 2 versions, 2 historiques n'a pas beaucoup d'incidence sur Diana en tant qu'individu. Les retrouvailles entre Diana et Steve Trevor baignent dans un romantisme factice, avec un coucher de soleil sur l'océan en arrière-plan, et un dialogue manquant de coeur.
Greg Rucka revient à Wonder Woman après 15 ans. Il réussit à présenter une Diana en mode guerrière, sans être trop bourrine, ou obsédée par la paix, avec une consistance visuelle certaine, grâce à des dessins sérieux et impliqués de Liam Sharp. Néanmoins ce dernier ne sait pas toujours conserver une substance suffisante aux environnements, et la sensation d'immersion du lecteur varie en fonction des pages. le scénariste doit gérer une phase de transition assez hermétique pour les lecteurs occasionnels, assez anecdotique pour les lecteurs réguliers qui préféreraient passer rapidement à une histoire de fond.