Un vrai coup de coeur que ce roman de
Richard Russo, qui a d'
ailleurs reçu le grand prix de littérature Américaine 2017.
Un récit qui prend corps dans la petite ville de Bath, éternelle deuxième de la classe face à sa concurrente Schuyler Springs, qui attire les investisseurs et un développement économique plus vertueux, faisant passer Bath comme désuète, peuplée de péquenauds à la ramasse.
Mais peu importe en finalité, car cette intrigue, qui se déroule sur 48h seulement, est peuplée d'une foultitude de personnages a qui un chapitre est dédié alternativement pour au fur et à mesure en faire monter l'intensité pour le plus grand plaisir d'un lecteur déjà sous le charme d'une telle maîtrise d'écriture.
C'est drôle, cynique, tragique, violent, pathétique, schizophrénique même, et
Richard Russo grâce à une panoplie de personnages tous plus cabossés les uns que les autres, nous fait pénétrer avec brio dans la peau et le ressenti de chacun, force majeure du roman pour moi.
On suit donc Douglas Raymer, chef de la police, ayant perdu sa femme quelques années plutôt et ayant une tendance manifeste à n'en faire qu'à sa tête. Tête qu'il a d'
ailleurs un peu dans le brouillard depuis ce tragique épisode, à tel point qu'il apparait n'être plus vraiment lui même.
Et puis il y a aussi Sully, le gars du cru, le pilier de comptoir, rusé, malin, et que tout le monde connait à Bath. Les années ont passé et bien qu'il n'ai plus sa vigueur d'antant, son esprit
et sa bonté n'en on pas pris un coup.
La liste est longue mais Roy est celui qui va véritablement faire basculer cette histoire. Repris de justice au caractère impitoyable et vil, il est celui qui va déclencher les hostilités et entrainer tout ce petit monde dans une atmosphère de tensions et de pressions psychologiques insoutenables.
Ce roman tient vraiment de la satire sociale, avec un réalisme sociologique des plus efficaces, qui nous fait vraiment visualiser cette ville, ces personnages et cette ambiance de plus en plus délétère.
On ne s'ennuie pas un seul instant, et les dialogues, savamment mis en place donnent un vrai rythme qui donne l'impression au lecteur d'en vouloir toujours plus et d'être difficilement rassasié, non pas parce que ce n'était pas bon, mais simplement parce qu'on voudrait de cet humour, de cette réalité des bas fonds de l'Amérique profonde.