L'Impératrice de Pierre

Chronique en partenariat avec Gleeph qui a eu la gentillesse de m'envoyer ce livre. Merci pour cette découverte !

L'impératrice de Pierre par l'autrice lituanienne Kristina Sabaliauskaité raconte à la première personne, dans un style plutôt contemporain, les dernières heures de la première impératrice russe.

La première partie de ce roman historique révèle une femme respectueuse, critique, à la soif de vivre. Catherine est une femme qui accomplit son dessein sans jamais (pour l'instant ! On verra ce qu'en dira la seconde partie) tromper ses valeurs et sa propre personne. A travers ses yeux se dessine une Russie qui cherche sa place et son destin entre l'Orient et l'Occident, à force de conquêtes mais aussi dans le développement culturel et économique.

C'est par ailleurs un roman qui érige la Lituanie en modèle, et, en contraste, tourne souvent la Russie en dérision : « La Lituanie avait plus de dix jours d'avance sur la Russie où le temps lui-même était en retard. Ce retard, ce passé redevenaient notre présent. » L'Ukraine, à travers la ville de Kiev, est aussi mentionné. Cette phrase en dit long sur l'appropriation, de droit, des territoires limitrophes à la Russie : « Peter [nom du tsar] [a] toujours soutenu qu'il s'agissait de terres russes. A l'en croire, toutes les terres qu'il convoitait étaient ‘russes depuis des temps immémoriaux' »

Il faut s'accrocher lors des premiers chapitres, le temps que le décor et les personnages soient posés. Honnêtement, j'ai cru que je n'y arriverais pas à cause des multiples noms d'un seul personnage et du ton auquel il faut s'habituer. Les passages sur les batailles sont parfois ardus (une carte n'aurait pas été de trop pour se repérer plus facilement dans l'immensité de ces territoires évoqués). Ensuite, ça passe très vite et on adore le développement des personnages – pour ma part, c'est ce que j'ai préféré. Plus que le triangle amoureux, plus que l'histoire des guerres et de la diplomatie russes. Il y a en effet de très beaux passages sur le déracinement et l'identité quand cette dernière est prise entre plusieurs cultures. Je lirais la seconde partie avec plaisir !

L'impératrice de Pierre

Voici que je plonge, dans, dans le deuxième tome de ce récit historique de l'autrice lituanienne, Kristina Sabaliauskaité, retraçant l'agonie de l'impératrice Catherine, épouse de Pierre le Grand.

Dans ses derniers instants, la tsarine se remémore sa vie, et si la première partie s'attachait à sa jeunesse et à la manière dont elle était devenue la maîtresse de l'empereur, le second tome nous narre leur vie maritale. Car la roturière est devenue la femme légitime du tsar russe.

Pourtant, ce statut légitime ne signifie en rien une victoire de Catherine. Bien au contraire, tout se compliquque pour elle : son statut reste précaire et elle demeure entourée d'ennemis. Sans compter que son époux, passé à la postérité comme Pierre le Grand, est un homme instable et violent.

Ce deuxième volet est tout aussi réussi que le premier. Il offre un divertissement, plein de rebondissements. le contexte historique est présenté sans lourdeur et le tout offre une peinture très vivante de l'époque.

J'ai aimé découvrir le portrait de cette jeune femme qui, née pauvre est parvenue à se hisser jusqu'au trône, mais qui réalise que sa vie, malgré le confort matériel qu'elle a ainsi obtenue, ne sera jamais qu'une lutte perpétuelle pour la survie.

A quelques heures de son trépas la tsarine Catherine à demi éveillée songe à ce que fût sa vie et les tourments de sa belle âme aux côtés du tsar Pierre le Grand, favorite, épouse , mère et amante puis impératrice veuve régnante et bientôt souffrante. Dans ce Tome 2 , bien que la trame reste toujours la grande histoire , les guerres et les alliances du Nord puis les campagnes en Circassie ,témoignant à nouveau de la grande érudition historique de l'auteur, c'est la relation de l' intime du couple, du domestique, de. la vie de cour et de ses combats qui caractérise l'ouvrage. A cet égard le récit est d'une acuité vibrante, si bien que, comme au cinéma, on s'y croirait et, aujourd'hui plus qu'hier, ça fait froid dans le dos. C'est en particulier le cas pour les atroces épisodes relatifs à la fin du tsarévitch Alexis, du procès et de l'exécution de la servante Mary et d'autres proches.
Si certains rayons brillants et joyeux illuminent quelques fêtes et évènements officiels ou privés en famille, à Moscou, à Saint-Pétersbourg sortant des eaux ou dans d'autres heureuses circonstances ,que dire des ignobles scènes des synodes pochard , des mises à sac , par seul bon plaisir, des palais de puissances européennes invitantes, autant de marques de sauvagerie et fissures civilisationnelles de nos mondes que l'auteur nous fait toucher dans la quête de liberté de son héroïne Catherine. Dommage que des références bibliographiques ne soient pas données pour en justifier l'authenticité.et confirmer nos effrois.