J'avoue ne pas avoir d'appétence particulière pour l'autofiction mais, force est de constater que j'en lis pas mal ces derniers temps. Il faut dire aussi que la rentrée littéraire de septembre 2022 en publiait beaucoup (en tout cas plus que d'habitude, de mon point de vue).
Comme beaucoup je pense, j'avais vu ce roman – c'est en tout cas ce qui est marqué sur la couverture du livre – en bonne place dans beaucoup de librairie. Pourtant, je n'avais pas envie particulièrement de le lire, d'autant que j'avais déjà un ou deux romans de l'auteure dans ma PAL. Mais, téléspectatrice plutôt assidue de l'émission La grande librairie, j'y ai vu le passage de
Monica Sabolo qui expliquait qu'elle cherchait à l'époque un sujet « facile » pour son prochain livre et qu'elle était tombée sur l'émission de France Inter « Affaires sensibles » qui relatait alors l'assassinat de Georges Besse par le groupuscule d'extrême gauche "Action directe". Ecoutant moi-même cette émission en podcast pour m'endormir (oui, je sais, c'est particulier), je me suis davantage intéressé à cette histoire qui s'avère être finalement plus qu'un récit ou compte-rendu sur le groupe terroriste. En effet,
Monica Sabolo en profite pour parler d'elle, de sa propre « vie clandestine ».
J'ai réussi à ressentir chez l'auteure le conflit intérieur qui l'anime, ou animait, concernant Action directe. Elle semble vouloir leur rendre une certaine « justice », une certaine légitimité même, tout en insistant sur le fait que les crimes de sang dont des membres du groupe ont été reconnus coupables sont injustifiables. Et je comprend pour ma part tout à fait ce déchirement interne qu'elle a dû ressentir entre sa conscience, sa morale et ses valeurs, d'un côté, et l'amitié et la loyauté qui peuvent naître, de l'autre côté, quand on passe beaucoup de temps sur un sujet qui nous passionne et, surtout, quand on a tissé des liens avec certains membres. Mais, ce qui ressort quand même, et qui personnellement me gêne beaucoup, est la fascination qu'exerce lesdits membres, vivants ou disparus, sur
Monica Sabolo, c'est en tout cas ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre. Cela me ferait quelque peu penser, si j'ose une comparaison douteuse, à ce français emprisonné à Guantanamo, depuis ressorti et se disant repenti d'al Qaïda, et qui ne pouvait s'empêcher d'être encore exalté lorsqu'il parlait de sa rencontre avec Ben Laden. Ou alors à ces femmes qui écrivent à
Guy Georges et le demandent en mariage. Cette fascination morbide, mortifère, je ne la comprends pas.
Je ne comprends pas non plus le parallèle qu'elle fait entre Action directe et sa propre existence, ce qu'elle a vécu enfant, cela m'a fait un peu penser aux soeurs de Cendrillon qui tentent désespérément d'entrer leur pied dans la pantoufle de vair, l'une en se coupant les orteils, l'autre en rabotant son talon. Ce serait comme vouloir faire entrer un carré dans un rond, et c'est un peu ce que fait
Monica Sabolo ici : elle veut tellement faire entrer son histoire dans une autre histoire qu'elle force, force, force... Et cela m'a ennuyée.
Reste quand même une écriture fluide, agréable, presque séduisante. Si seulement cela avait été un roman, un vrai...
En bref, un livre qui me laisse au final une impression amère, que je n'ai que très moyennement apprécié, mais porté par une très jolie plume.