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3,48

sur 647 notes
J'ai (re)découvert une part sombre de l'Histoire française, les années 70 et 80 avec la violence des mouvements anarchistes et ultra-gauchistes. Ce roman s'intéresse plus particulièrement à Action directe et ses principaux protagonistes et notamment l'assassinat d'un patron français au pied de son domicile parisien.
En parallèle, l'auteure revisite son enfance en Suisse, au sein d'une famille déstructurée, source d'un désespoir d'adulte gluant.
Ces allers retours construisent intelligemment le récit. Des passerelles renforcent les liens entre ces deux histoires, la grande et la petite. Et tant mieux, car l'auteure est assez sinistre, et elle m'aurait perdue dans les seuls méandres de sa propre histoire.

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Les années 80 sont une charnière de notre époque. Avec l'avènement des paillettes et de l'ultralibéralisme incarné par un Bernard Tapie bronzé, souriant et sûr de son fait, s'invitait une nouvelle ère pour l'homme moderne dont l'horizon n'était plus collectif, mais individualiste et consumériste. En ces années là, l'économie inventait un processus de délocalisations qui allait laisser sur le carreau des milliers de travailleurs.
Ce long préambule pour introduire Jean Marc Rouillan, Nathalie Menigon, Joëlle Aubron, figures tutélaires du mouvement syndicaliste révolutionnaire Action Directe. C'est sur leurs traces que nous emmène Monica Sabolo. Patiemment, elle tire les fils, détricote les images et fait émerger une bandes de gosses épris d'idéaux légitimant la violence pour transformer radicalement l'ordre social dominant. Braquages, attentats, et puis les meurtres de René Aubran et de Georges Besse qui allaient faire d'eux les ennemis publics les plus recherchés de France.
Cette plongée en spéléologie de l'anarchisme avait tout pour séduire.
Mais... Mais dans cette oeuvre très intimiste, Monica Sabolo nous entraîne en parallèle dans un autre gouffre, celui de sa propre histoire familiale et des failles terrifiantes qui la fissurent.
C'est là que mon adhésion se cogne. J'ai vu une forme d'indécence à cette identification au forceps. S'il est vrai que L'Histoire est pavée d'histoires individuelles, les histoires individuelles ne font pas L Histoire.
Toute ma lecture s'est accompagnée d'un profond malaise; une forme de voyeurisme imposé et projeté sur un écran trop grand. Un peu comme si, dans cette plongée en clandestinité, l'auteure se donnait l'illusion d'un passage à l'acte rédempteur, une forme de catharsis dans l'acceptation aristotélicienne du terme, la purgation de l'âme par le spectacle de destinées tragiques.
Sur mon épaule, se tenaient Rosa Luxemburg, Voltairine de Cleyre, Louise Michel, Emma Goldman, toutes perplexes et songeuse quant à ces lignes qui n'écrivent rien d'autre qu'un travail analytique individuel et forcément narcissique.
Il reste que La vie clandestine est un livre de belle écriture où la tendresse côtoie la fragilité.
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En commençant de lire La Vie Clandestine, j'ai pu comme d'autres être dérouté par ces deux récits menées en parallèle. le premier, pudique, est autobiographique et nous parle de blessures familiales profondes. le second, plus clinique, relève plus de l'enquête et remonte les traces d'Action Directe, groupuscule terroriste des années 80.

C'est en avançant dans le livre que l'on comprend mieux ce qui l'unifie. La vie clandestine me parait d'abord être un livre sur le pardon : pardon que l'on demande ou que l'on ne demande pas, pardon que l'on donne ou ne donne pas, qu'on entend demander ou qu'on n'entend pas demander. Chez Monica Sabolo, le besoin d'entendre demander pardon semble aussi pressant que le besoin de pardonner, mais ces deux besoins se heurtent aux limites humaines.

La vie humaine est aussi un livre sur la dualité : "Le bien et le mal enlacés à la façon des racines noires plantées dans mon coeur", écrit-elle à la dernière page.
J'ai souvent pensé à Modiano, en lisant Sabolo. On retrouve la même sensation de flou, de mystère. La capacité à cerner la vérité sans jamais pouvoir la saisir à travers les simples faits. Mais Modiano se repait de ce mystère, de ce flou. C'est en évitant une lumière trop crue qu'il parvient à ne pas réveiller les vieilles blessures, à les engourdir et à ne pas juger. Cette posture ne convient plus à Monica Sabolo. Elle a au contraire besoin de faire la lumière, de comprendre. Et comme elle n'y arrive pas dans sa propre histoire, elle s'y attache en essayant de comprendre ailleurs l'incompréhensible, l'impardonnable. Elle n'y parvient d'ailleurs pas tout à fait, se heurte au mystère de la dualité, et de l'altérité. Des espagnols peuvent ils comprendre des chinois? Mais elle parvient à toucher chez chacun - ou presque (car il y a des absents dans le livre) - une part d'humanité palpable, parfois profondément enfouie, qui lui permet de faire quelques pas dans sa propre histoire.

La vie clandestine n'est pas une enquête, un livre politique ou judiciaire. C'est juste un livre qui dit le besoin de comprendre, de pardonner, d'aimer malgré tout. Un livre qui dit la complexité de l'âme humaine. de la littérature.
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Grande Histoire et récit intime.🤩
"Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de tout ce qui me constitue : le silence, le secret et l'écho de la violence. »
En écoutant "Affaires sensibles" sur France Inter, Monica Sabolo est happée par l'histoire des membres de l'organisation Action directe, sévissant dans les années 80. Elle croit tenir là son prochain sujet de roman.
Très vite, le récit se dédouble, la vie clandestine des uns déborde sur celle de l'auteure qui replonge malgré elle dans son passé. Sa vie bourgeoise au côté de sa jeune mère et d'un père aux activités obscures, souvent absent, jusqu'à disparaître définitivement.
Monica enquête, s'informe, interview, prend des notes. Rapidement, elle se rend à l'évidence : les thématiques autour d'Action directe font écho à sa propre histoire : secret, violence, clandestinité, silence, incompréhension. Et fuite aussi, mise à distance nécessaire comme mode de défense. Se cacher, se taire, rester fort. Toujours.
Elle questionne son écriture, ses méthodes, ses projets. Elle relève les incohérences dans sa vie comme dans les faits rapportés et s'interroge : connait-on vraiment ceux qui vivent à nos côtés ? Comment vivre quand on comment l'irréparable ? Comment affronter, avancer, pardonner ?
Si les chapitres journalistiques et historiques m'ont passionné, car l'écriture juste, précise et incisive nous transporte dans cette captivante histoire, je reste perplexe sur ce récit gigogne, ce récit prétexte.
Dans cette rentrée littéraire, Monica Sabolo n'est pas seule à conjuguer collectif et individuel, histoire personnelle et Grande Histoire. Lola Lafon en est un autre exemple.
Je suis ici victime de mes attentes, une envie de glissement marqué entre le sujet intime et l'enquête. Il n'y en aura pas.
Admirative du colossal travail accompli et du style de l'auteure, je referme pourtant ce roman avec la désagréable impression de ne pas avoir su l'apprécier à sa juste valeur.
Un rendez-vous manqué.
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Un nouveau livre de Monica Sabolo est toujours un événement.
Celui ci est un peu déconcertant, puisqu'il est question de terroristes, les membres d'Action Directe.
Cette bande inondait les ondes dans mon enfance, je les avais oubliés.
J'avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans ce récit, mais rapidement la poésie de l'écriture m'a permis de continuer. C'est écrit de façon subtile, sans juger mais également sans sympathie. On retrouve le contexte de l'époque , les année 80, les graces présidentielles étonnantes. Et cela permet à l'auteure de se retourner vers son passé, très particuliers , étonnant et douloureux, avec son style si fragile.
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Me voilà bien perplexe face à la rédaction de cet avis. C'est évident, je me suis laissée embarquer par ce livre, entre autofiction, récit, roman, quête.... Pour autant je n'arrive à définir mon sentiment réel sur cette lecture.
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Un livre qui va nous raconter Action Directe et plus particulièrement Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron, les deux assassins (pas de féminin pour ce mot....) de Georges Besse, le patron de Renault.
Un livre qui va raconter aussi l'enfance de l'auteure, sa mère de 18 ans, son beau-père qui va la reconnaître.
Les deux thématiques vont aller s'imbriquant. Enfin "sont censées aller s'imbriquant" car personnellement, leur lien, leur imbrication m'ont échappé.
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Clairement c'est bien écrit, même très bien. C'est sans doute ce qui m'a fait continuer le livre. Sans bien comprendre le lien entre les deux récits....
Quant à Action Directe, en dépit des précautions d'usage, on peut sentir dans tout le texte une certaine fascination.... morbide ? Pas un partage des idéaux, non.... mais une appréciation...
J'en suis restée dubitative.... Heureusement qu'apparaît à la fin Régis Schleicher qui semble s'être un peu plus interrogé (que les autres, que l'auteure) sur sa vie passée.... Ces pages m'ont intéressée, mais elles étaient trop courtes.....
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Quelle est la différence entre vérité et véracité ?"
[page 284]
Le roman de Monica Sabolo oscille entre les deux. L'autrice interroge la mémoire des militants d'Action directe, et en parallèle son histoire personnelle. 
La plupart des faits avérés remontent aux années 80. Quarante années séparent les faits et les témoignages récents des protagonistes. La mémoire des hommes est fluctuantes, entre déni et souvenirs de souvenirs. 
Ces militants d'Action directe hors du commun sont aujourd'hui des vieilles personnes. 
Si je pensais les avoir oublié, ses pointures du terrorisme sont remontées à ma mémoire. Elles appartiennent à notre récit national, du temps où le terrorisme s'incarnait dans la lutte armée de l'ultra-gauche.
Au-delà des histoires de vie incroyables, ce roman parallèle est saisissant d'humanité et de sincérité. 
Une sensation d'effroi et de fragilité.
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J'attendais certainement beaucoup trop de choses de ce livre. J'en ai apprécié l'écriture et souvent le ton, mais je n'ai trouvé aucun intérêt à ce livre. Après un prologue fort sympathique l'auteur se décide à écrire un livre sur Action Directe et l'assassinat de Georges Besse. Elle ne peut s'empêcher de se plonger, en parallèle, sur sa propre histoire. A priori j'aime bien ce genre de livre si ce n'est que pendant les trois-quart du livre, il ne se passe rien ; elle n'apprend pas grand-chose de plus sur sa famille (le lecteur, si, heureusement !) et pour ce qui est d'Action Directe, honnêtement, elle ne fait que rassembler de la documentation accessible à tout un chacun. Je n'ai commencé à accrocher qu'à partir du moment où elle rencontre Hellyette, puis Claude, surtout, mais aussi La Galère, Nathalie Ménigon et Régis Schleicher. Mais de lien entre la vie personnelle de l'auteur et la vie des membres d'Action Directe, je n'en vois aucun. Il y a beaucoup d'introspection, un brin nombriliste, c'est un peu une tempête dans un verre d'eau, même si on est content pour l'auteur qu'elle aille mieux à la fin. Quant à Action Directe, on apprend un peu de ce que sont devenus les survivants mais l'auteur n'a obtenu finalement aucune réponse aux questions essentielles. Franchement, je ne conseillerais pas ce livre sauf si vous adorez l'introspection ou si vous êtes fan de Monica Sabolo.
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J'avoue ne pas avoir d'appétence particulière pour l'autofiction mais, force est de constater que j'en lis pas mal ces derniers temps. Il faut dire aussi que la rentrée littéraire de septembre 2022 en publiait beaucoup (en tout cas plus que d'habitude, de mon point de vue).
Comme beaucoup je pense, j'avais vu ce roman – c'est en tout cas ce qui est marqué sur la couverture du livre – en bonne place dans beaucoup de librairie. Pourtant, je n'avais pas envie particulièrement de le lire, d'autant que j'avais déjà un ou deux romans de l'auteure dans ma PAL. Mais, téléspectatrice plutôt assidue de l'émission La grande librairie, j'y ai vu le passage de Monica Sabolo qui expliquait qu'elle cherchait à l'époque un sujet « facile » pour son prochain livre et qu'elle était tombée sur l'émission de France Inter « Affaires sensibles » qui relatait alors l'assassinat de Georges Besse par le groupuscule d'extrême gauche "Action directe". Ecoutant moi-même cette émission en podcast pour m'endormir (oui, je sais, c'est particulier), je me suis davantage intéressé à cette histoire qui s'avère être finalement plus qu'un récit ou compte-rendu sur le groupe terroriste. En effet, Monica Sabolo en profite pour parler d'elle, de sa propre « vie clandestine ».

J'ai réussi à ressentir chez l'auteure le conflit intérieur qui l'anime, ou animait, concernant Action directe. Elle semble vouloir leur rendre une certaine « justice », une certaine légitimité même, tout en insistant sur le fait que les crimes de sang dont des membres du groupe ont été reconnus coupables sont injustifiables. Et je comprend pour ma part tout à fait ce déchirement interne qu'elle a dû ressentir entre sa conscience, sa morale et ses valeurs, d'un côté, et l'amitié et la loyauté qui peuvent naître, de l'autre côté, quand on passe beaucoup de temps sur un sujet qui nous passionne et, surtout, quand on a tissé des liens avec certains membres. Mais, ce qui ressort quand même, et qui personnellement me gêne beaucoup, est la fascination qu'exerce lesdits membres, vivants ou disparus, sur Monica Sabolo, c'est en tout cas ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre. Cela me ferait quelque peu penser, si j'ose une comparaison douteuse, à ce français emprisonné à Guantanamo, depuis ressorti et se disant repenti d'al Qaïda, et qui ne pouvait s'empêcher d'être encore exalté lorsqu'il parlait de sa rencontre avec Ben Laden. Ou alors à ces femmes qui écrivent à Guy Georges et le demandent en mariage. Cette fascination morbide, mortifère, je ne la comprends pas.

Je ne comprends pas non plus le parallèle qu'elle fait entre Action directe et sa propre existence, ce qu'elle a vécu enfant, cela m'a fait un peu penser aux soeurs de Cendrillon qui tentent désespérément d'entrer leur pied dans la pantoufle de vair, l'une en se coupant les orteils, l'autre en rabotant son talon. Ce serait comme vouloir faire entrer un carré dans un rond, et c'est un peu ce que fait Monica Sabolo ici : elle veut tellement faire entrer son histoire dans une autre histoire qu'elle force, force, force... Et cela m'a ennuyée.

Reste quand même une écriture fluide, agréable, presque séduisante. Si seulement cela avait été un roman, un vrai...

En bref, un livre qui me laisse au final une impression amère, que je n'ai que très moyennement apprécié, mais porté par une très jolie plume.



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J'avoue que lors de ma lecture, je me suis posé énormément de questions.
Lorsque j'étais enfant, j'ai beaucoup entendu à la télévision ou lors de discussions entre les adultes, parler du groupe “Action Directe” qui revendiquait plusieurs dizaines d'attentats, des “Brigades rouge” qui semaient la terreur, et de bien d'autres groupes terroristes qui sévissaient entre les années 70 et 80…

Ce livre m'a complètement happé, déconcerté parfois, mais je n'ai pas pu le lâcher… Émotion, admiration, mais que de questionnements…

Monica est en manque d'inspiration. Elle se dit qu'il serait intéressant d'écrire sur un sujet qui lui serait complètement étranger : “Les années sanglantes du terrorisme”.
Elle est obligée de faire énormément de recherches, de recoupements, d'études sur la clandestinité, et sur toute cette culture du terrorisme qu'elle ne connaît pas du tout, pour finalement cibler le cheminement d'un quatuor assassin. Deux hommes et deux femmes qui ont fait la une et fait frissonner de peur toute la France, “Action Directe”…

L'écriture de Monica est puissante, belle et cruelle, mais aussi empreinte de douceur et de délicatesse, le récit va petit à petit se superposer à son propre vécu, à sa jeunesse. Mais cela pourrait tout aussi bien être la nôtre. L'histoire d'une famille qui pour moins souffrir, oublie, efface les traumatismes çà et là, pour finalement enterrer tous les secrets de familles qui pourraient remonter au-delà des générations et qui refusent systématiquement de se taire. Si l'histoire d'action directe était une nouvelle excuse pour oublier, le passé rattrape tout de même l'auteure… Elle-même apprend assez tard que son père, diplomate n'est pas son géniteur. Monica est née “de père inconnu”, de là, elle essaie d'y voir clair dans sa propre vie depuis sa naissance. Elle a été elle-même élevée dans le mensonge et par un beau-père (Yves S), qui lui a rétorqué des années plus tard, lorsque Monica ose enfin lui en parler : “Ce genre de choses arrive tout le temps, dans les familles…”. Alors, elle va s'interroger à double titre sur les crimes et le passage à l'acte, sur la culpabilité et le pardon…

C'est un livre qui ne s'adressera pas à tous les lecteurs, mais assurément un très beau livre.
Deux histoires percutantes qui vont s'entrelacer ainsi jusqu'à la fin du récit, enquête documentaire et introspection personnelle, pour le pire et le pardon…
Lien : http://leressentidejeanpaul...
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