Ecrire la critique d'un prix Goncourt est toujours un exercice délicat. Par principe, le roman doit être bon ! Apporter quelques bémols devient un acte risqué, à la limite du crime de lèse-majesté… C'est pourquoi je ne peux me délivrer d'une certaine anxiété à le faire. Néanmoins, ne pas se prêter à cet exercice serait une forme de lâcheté à laquelle je me refuse à céder. Aussi, mettons-nous au travail !
Cette année, le Goncourt récompense le roman de
Lydie Salvayre, roman intimiste et autobiographique d'une longue conversation entre l'auteur et sa mère, Montsé, qui a vécu dans sa chair les évènements de la guerre civile espagnole dans la fin des années trente.
Parfaitement narrée, cette aventure, car il s'agit bien de cela, navigue entre souvenirs personnels et familiaux et commentaires sur le vécu de
Bernanos, grand écrivain catholique qui se désespère de voir l'Eglise espagnole complice de méfaits inadmissibles en regard de sa foi profonde.
Montsé a un langage coloré, elle navigue entre l'Espagnol et le Français approximatif qui rend parfois le propos cocasse et humoristique, alors que les phrases en Espagnol laissent le lecteur ignorant de la langue de
Cervantès souvent dubitatif voire un peu frustré. Mais la critique s'arrête à ce désagrément vite envolé en regard de la force des propos évoqués : la guerre civile, l'exil, l'amour, la mémoire et ses limites…
Lydie Salvayre vise juste. Elle nous touche au plus profond car elle parle de ce qui fait la grandeur ou l'ignominie de l'Humanité, et elle le fait avec virtuosité, avec une qualité d'écriture incomparable qui fait les grands auteurs dignes de recevoir un prix de la qualité du Goncourt.
Michelangelo 2014
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