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3,67

sur 1569 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Montse est une très jeune fille, lorsque son village, Lérima, se déchire au début de la guerre civile espagnole en 1936. Son frère José, a opté pour le camp des anarchistes , il s'oppose à Diego, le fils du notable de la région, qui lui s'est engagé au côté des communistes. le roman est construit sur les souvenirs de l'été 36 que la mère de Lydie Salvayre raconte à sa fille, dans son français mâtiné d'espagnol. Pour montrer sa révolte contre les exactions commises par les nationaux avec la bénédiction de l'église, Lydie Salvayre entrecoupe les paroles de sa mère avec celle de Georges Bernanos dont elle lit le puissant livre " les grands cimetières sous la lune ". Il a été le témoin de la terreur, lui le catholique fervent, dont la pensée va basculer pour dénoncer les massacres, prise de position qui le fera condamné à mort par Franco et l'obligera à s'exiler, avec sa famille, lors de l'invasion allemande. En nous faisant pénétrer, à la fois, dans l'intimité de sa famille, et dans les pensées de Bernanos, elle montre avec force, les divisions, les désillusions, les horreurs perpétrées par les franquistes sans omettre de relater celles des républicains vis à vis des prêtres, le rôle des ennemis d'alors, l'Allemagne nazis, l'Union soviétique bolchéviques, et les traces indélébiles que la guerre laissent non seulement, sur ceux qui s'y engagent, mais également sur ceux qui la subissent.
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En ce temps présent où les démons se réveillent, où on nomme "décomplexés" ceux qui brandissent les étendards nationaux où l'on ose affirmer que Dieu est avec nous, il est peut être temps de revenir à la Guerre d'Espagne, triste prélude de la conflagration générale qui a embrasé l'Europe et le monde entier.

Alors que je croyais que l'Europe était le rempart contre les nationalismes (qu'on a rebaptisé souverainisme pour ne pas effrayer) puis qu'on affirme haut et fort - décomplexé, vous dis-je, je vois l'idée européenne ne plus séduire, l'Internationalisme passer au rang de vieille lune, et les égoïsmes nationaux resurgir. Ecouter la parole de ceux qui bientôt ne pourront plus témoigner.

La parole de Montse, la mère, se mêlent à celles de Lydie la fille

"Ne persiste en sa mémoire que cet été 36; où la vie et l'amour la prirent à bras-le-corps; cet été où elle eut l'impression d'exister pleinement et en accord avec le monde, cet été de jeunesse totale comme eût dit Pasolini et à l'ombre duquel elle vécut peut-être le restant d ses jours..."

Ces paroles trouvent un écho, en miroir avec le récit de Bernanos :



En plus de l'aspect historique, Pas pleurer est un beau roman, une histoire touchante avec des personnages variés. C'est aussi un ton original. Un style qui mêle le français et l'Espagnol de la mère. Je l'ai lu aux Canaries, entendant la musique de la langue espagnole autour de moi. Et j'ai trouvé ce mélange naturel et charmant.





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Je n'avais pas lu Lydie Salvayre depuis un bon moment et j'ai renoué avec elle à travers ce roman qui a obtenu le Prix Goncourt 2014. Je gardais le souvenir de textes assez froids et caustiques, aussi ai-je été surprise par la joie et la vie qui règnent dans celui-ci, malgré un sujet dramatique, la guerre d'Espagne.

L'auteure nous raconte ce tragique évènement à travers le récit de sa mère Montse. A 75 ans, elle ne se souvient plus de grand chose, sauf de l'été 36, où elle a découvert une certaine liberté et l'amour avec un jeune Français. le frère de Montse, Josep, est un libertaire, porté par un idéal exalté et c'est lui qui l'entraîne à la ville cet été là, au grand dam de la mère.

Lydie Salvayre met en parallèle à son histoire familiale "Les grands cimetières sous la lune" de Georges Bernanos. En 1936, l'écrivain résidait à Palma de Majorque. Tout le rapproche du camp franquiste, il est pourtant rapidement horrifié par les exactions commises, largement encouragées par l'Eglise espagnole "qui tapinait avec les militaires

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Ecrire la critique d'un prix Goncourt est toujours un exercice délicat. Par principe, le roman doit être bon ! Apporter quelques bémols devient un acte risqué, à la limite du crime de lèse-majesté… C'est pourquoi je ne peux me délivrer d'une certaine anxiété à le faire. Néanmoins, ne pas se prêter à cet exercice serait une forme de lâcheté à laquelle je me refuse à céder. Aussi, mettons-nous au travail !
Cette année, le Goncourt récompense le roman de Lydie Salvayre, roman intimiste et autobiographique d'une longue conversation entre l'auteur et sa mère, Montsé, qui a vécu dans sa chair les évènements de la guerre civile espagnole dans la fin des années trente.
Parfaitement narrée, cette aventure, car il s'agit bien de cela, navigue entre souvenirs personnels et familiaux et commentaires sur le vécu de Bernanos, grand écrivain catholique qui se désespère de voir l'Eglise espagnole complice de méfaits inadmissibles en regard de sa foi profonde.
Montsé a un langage coloré, elle navigue entre l'Espagnol et le Français approximatif qui rend parfois le propos cocasse et humoristique, alors que les phrases en Espagnol laissent le lecteur ignorant de la langue de Cervantès souvent dubitatif voire un peu frustré. Mais la critique s'arrête à ce désagrément vite envolé en regard de la force des propos évoqués : la guerre civile, l'exil, l'amour, la mémoire et ses limites…
Lydie Salvayre vise juste. Elle nous touche au plus profond car elle parle de ce qui fait la grandeur ou l'ignominie de l'Humanité, et elle le fait avec virtuosité, avec une qualité d'écriture incomparable qui fait les grands auteurs dignes de recevoir un prix de la qualité du Goncourt.

Michelangelo 2014

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Ce témoignage très personnel donne un éclairage fort intéressant sur la guerre civile de l'été 1936 en Espagne. L'expérience familiale hors norme, habilement mêlée aux réactions de G. Bernanos lors de son séjour à Majorque, donne une idée assez précise du déchirement de la société espagnole entre les rêves libertaires de certains et la répression terrible des nationaux franquistes en particulier à Palma de Majorque. La prouesse de Lydie SALVAYRE est de rendre relativement légère la lecture de cette période monstrueuse unique en Europe.Certes, les hispanophones prendront beaucoup plus de plaisir à la lecture des dialogues savoureux entre la mère qui ne peut oublier son langage imagé espagnol et sa fille qui la reprend doucement. L'auteur maîtrise parfaitement cet excercice difficile sans nous faire perdre le fil, bien au contraire, c'est de ce point de vue une belle performance littéraire.C'est aussi un témoignage poignant de l'histoire d'une filiation douloureuse. Un très bon livre qui sort du lot.
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Dans ce récit, qui se déroule durant la Guerre d'Espagne, deux voix se font entendre. Celle de Bernanos, d'abord du côté franquiste, avant d'être bouleversée par leurs crimes exercés contre les "mauvais pauvres". Et celle de Montse, propre mère de l'auteur, qui lui raconte comment l'été 1936 a changé sa vie. Outre la guerre civile, elle a découvert l'amour.
Ce récit est très bien écrit et très réalise. Ce n'est pas pour rien qu'il a obtenu le prix Goncourt en 2014. Il analyse très bien les causes qui ont abouti à la guerre civile espagnole. de plus, le tout sonne juste, sans jamais tomber dans le pathos. Enfin, il s'agit d'un roman neutre, puisque les crimes aussi bien franquistes que communistes sont dénoncés. Cette neutralité permet également de mieux comprendre la mentalité des espagnols à cette époque. Vraiment un grand bravo à l'auteur. Bien que née de parents républicains en exil, elle a su garder une objectivité remarquable. Vraiment à lire.
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Pour comprendre la guerre civile en Espagne, l'espoir des révolutionnaires, les horreurs perpétrées par les nationalistes, la trahison de l'Eglise, Lydie Salvayre donne la parole à sa mère qui a 15 ans en 1936 et dont la mémoire actuelle n'a conservé que les événements survenus lors de cet été libertaire et notamment le souvenir du grand et seul amour de sa vie. A ses côtés, se mêle la voix de Bernanos, également témoin de cette guerre et pour qui l'évidence du désastre va l'obliger à écrire et à décrire la terreur exercée par les nationaux. On sort ébranlé de cette lecture majestueuse empreinte de violence, de beaucoup de justesse, avec souvent une pointe d'humour malgré la gravité des faits.
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Pas pleurer est une oeuvre littéraire difficile à qualifier, à classer : ce n'est pas un roman car pour une bonne part il s'agit des souvenirs de la mère de l'auteur. Ce n'est pas un livre historique, le vécu des personnages (mère, père, oncle et plus généralement la famille de l'auteur et ses proches) l'emporte sur les événements historiques ; aucune analyse de l'époque sinon les nombreuses références à Georges Bernanos, à son oeuvre "Les cimetières sous la lune". Ce n'est pas un essai, ni une biographie. Ce qui qualifierait le mieux cette oeuvre, c'est un livre sur la mémoire de Montse, la mère de Lydie Savayre, l'auteur. Il est étonnant que l'auteur n'ait pas interrogé sa maman plus tôt alors qu'à présent la mémoire est altérée par la maladie. Aussi l'auteur semble-t-elle ignorer les événements de la mémoire perdue ? Sa maman nous fait découvrir outre ses choix personnels de jeune fille de 16 ans et ses mésaventures, la véritable complexité de cette époque en Espagne des années 1936 à 1939. Au début ce ne sont que quelques courants de pensées, au sein même de la famille, qui s'expriment pour une Espagne meilleure, plus juste, plus heureuse puis rapidement ces oppositions se fragmentent et deviennent des rivalités puis une guerre civile effroyable. On mesure bien à travers ces vécus et les référence à Bernanos les atrocités commises par les franquistes contre les communistes et de mêmes celles des communistes contre les pauvres curés de campagne. On assiste aussi aux règlements de compte entre factions d'un même village, dont l'un d'eux affecte la famille de Montse. Finalement Montse accomplit un exode pour la France sous les bombardements, au péril de sa vie, pour sauver la vie de sa petite fille qu'elle portera attachée à son cou. C'est un témoignage poignant qui nous fait aimer Montse, et avec elle tous les réfugiés espagnols et puis plus proche de nous tous les réfugiés de tous les pays considérant la France comme terre d'asile. Je regrette que les nombreux textes en Espagnol n'aient pas été traduits et pour cette raison je limite la note à 4/5 et je m'étonne en conséquence de l'attribution du Prix Goncourt 2014.
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Récit personnel, familial, pour tenter de reconstituer la mémoire égarée de la mère, et mise en relief de la vision éclairée de Bernanos qui réussit à sortir de sa propre cécité pour annoncer le mal à venir, la catastrophe en marche, les haines fratricides, la brutalité de tous les partis : les monarchistes, les miliciens, les nationaux, les républicains, les anarchistes, la complicité inexcusable des représentants de l'Eglise avec les hommes de Franco.
L'auteur présente toutes les mouvances dans les aspirations d'une jeunesse éprise de liberté et porteuse d'espoir, le conservatisme des parents, le rigorisme des religieux, la lâcheté des uns et l'orgueil ou l'ambition des autres, l'incompréhension, la condescendance des nantis...
J'aime beaucoup Lydie Salvayre, mais ce grand cri de colère, de rage, contre le mal, la barbarie, l'absurdité de la guerre, la folie et l'aveuglement méritait-il vraiment le Goncourt ? J'ai été gênée par le langage outrancier et amnésique de Montse.
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Ecrit en **frangol** un mélange de catalan,de castillan,de français & déformé ( ou réapproprié) par la maladie d'Alzheimer.

C'est un livre à deux voix, deux points de vue: celui de sa mère, celui de Bernanos. Beaucoup de personnages, décrits avec finesse, gravitent autour de la Mère, personnage central.



Lydie Salvaire nous donne un très beau portrait de femme: sa mère
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