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EAN : 9781022606395
176 pages
Editions Métailié (20/04/2017)
3.75/5   8 notes
Résumé :
Journaliste sportif au Sol de Hoy, Hilario Godínez a des relations ambiguës avec le monde de sa petite ville de la province mexicaine. Une inconnue lui écrit des lettres d'amour depuis dix ans, il n'a aucune idée de son identité. Lui qui rêvait d'être écrivain et dont la carrière littéraire semble définitivement compromise conquiert des admirations encombrantes chez les tueurs du cartel local grâce à ses chroniques de foot.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pour continuer le mois latino-américain, voici un polar venu du Mexique. Son personnage principal, Hilario Godinez, est journaliste sportif au Sol de Hoy, le quotidien d'une petite ville mexicaine. Après des études de lettres, il se serait bien vu écrivain, mais a du se contenter de ce job alimentaire, où il fait merveille en commentant les matches de foot. Même les gros bras du cartel local apprécient ses chroniques.
Le lecteur partage rapidement l'existence d'Hilario Godinez, quelques pas le matin pour se rendre à son bureau et il tombe, nous tombons, sur le tabassage en règle de l'un de ses collègues. Il a juste le temps de noter la cicatrice qui balafre l'un des truands qu'ils sont déjà partis. La police n'est bien sûr d'aucun secours pour essayer de comprendre ce que les membres du cartel avaient contre le collègue envoyé à l'hôpital. Hilario sait juste qu'il s'agissait d'un article sur un jeune étudiant retrouvé mort dans une décharge. Des faits similaires se reproduisent peu de temps après, mais il s'agit cette fois d'un footballeur très apprécié.

Malgré le contexte anxiogène de cette ville mexicaine, La femme de tes rêves, le seul polar de l'auteur, je crois, est très plaisant à lire. Cela tient à plusieurs raisons, l'humour un peu corrosif d'Hilario, ses ambitions littéraires avortées, et aussi les mystérieuses lettres qu'il reçoit chaque semaine depuis des années, d'une amoureuse inconnue, qui signe « La femme de tes rêves ». Un brin d'autodérision de la part d'Hilario, donc, l'écriture à la deuxième personne du singulier et le contexte bien posé de cette ville de province sont des atouts non négligeables aussi. La fin arrive un peu trop rapidement, c'est le seul léger reproche que j'aurais à faire à ce polar sympathique.
Mais vraiment, c'est une découverte savoureuse, tant pour le style que pour l'intrigue, qui fait regretter que l'auteur n'en ait pas fait une série !
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'ignorais tout de l'auteur mais l'idée d'être transportée au Mexique, pas trop loin de Guadalajara me tentait bien ! Et quelle bonne idée ai-je eue. J'ai dévoré ce roman, très court il faut l'avouer, en moins de trois petites heures. Mais quel plaisir ce fut. Je ne connais pas l'auteur, Antonio Saraba, l'éditeur m'apprend qu'il a vécu à Paris, à Guadalajara et vit dorénavant à Lisbonne. Qu'il a publié des romans historiques raffinés et érudits non traduits. Deux de ses romans ont été publiés en France, j'ignore s'ils sont du même acabit.

Passons aux choses sérieuses, on avale une petite gorgée de tequila et on s'installe bien dans son fauteuil – si possible au soleil, comme je l'ai fait, pour avoir bien chaud comme au Mexique. Hilario Godínez est journaliste sportif au Sol de Hoy dans une petite ville de province mexicaine. A bientôt quarante ans, lui qui rêvait d'être écrivain doit admettre que sa vie est assez morne, même si ces chroniques d'après-match sont très appréciées. C'est que choisir des études littéraires à la faculté ne l'a pas mené loin, ses amis sont docteurs, entrepreneurs, banquiers et tous mariés. Hilario vit un peu comme si le temps était suspendu. Suspendu depuis quinze ans en fait, depuis le jour, où étudiant en dernière année, il a reçu la carte postale d'une jeune femme qui semblait bien le connaître et a signé son mot par « la femme de tes rêves » – depuis lors, elle lui écrit une fois par semaine une lettre d'amour sans jamais rien dévoiler de son identité.

Hilario sait bien qu'elle a, en quelque sorte, enfermé le jeune homme qu'il était dans une cage de verre. Mais les choses vont se mettre à bouger bien malgré lui. Un jeune homme de bonne famille est enlevé, chose courante au Mexique mais contrairement aux kidnapping crapuleux, Jorge est assassiné et son corps est retrouvé atrocement mutilé. Son collègue, spécialiste des faits divers accuse la mafia locale et voit Tino, un tueur du cartel et ses hommes débouler au journal. Ils le tabassent fort aux yeux de tous, Hilario est choqué. Mais quelques jours plus tard, c'est l'espoir du club de foot local et de tout le Mexique, Torito Medina qui est à son tour enlevé. Son corps démembré est retrouvé dans le même dépotoir quelques jours plus tard. Hilario ne peut s'empêcher d'aller trouver Tino, qui est aussi un grand fan de ses chroniques de foot pour lui demander des infos. L'homme le met en garde mais Hilario est pris d'une soudaine soif de vérité – car il est le seul à avoir fait le lien entre le joueur de foot, Tino et un artiste local, au nom néerlandais (mais à l'accent affreusement portugais). Celui-ci est le protégé de l'oncle de Susanita, la jeune chroniqueuse mondaine de bonne famille qui plait beaucoup à notre journaliste sportif.
Dans ce petit polar, où les cadavres démembrés tombent comme des mouches, où le journaliste finit par accorder plus de confiance à un tueur du cartel qu'à la police elle-même, Antonio Sabaria dresse un portrait saisissant du Mexique d'aujourd'hui. Un pays où les enlèvements, les corruptions, les matches truqués sont choses normales – ainsi notre journaliste sportif est blasé mais malgré tout, le pays est encore capable de rêver et d'aimer.

J'ai adoré cet équilibre fragile entre la violence et l'amour – ces lettres anonymes, les rêvasseries de notre héros qui se voyait déjà en haut de l'affiche et se réveille assis face à un tueur de cartel à parler football. On ne s'ennuie pas une seconde. Et surtout le choix narratif de l'auteur : un narrateur omniscient véridique mais qui s'adresse directement à notre héros, en employant le « tu « . J'ai, à la fin de ma lecture, pensé qu'il aurait pu s'agir de Dieu, mais ce n'est pas ça, c'est juste qu'il regarde notre protagoniste velléitaire avec un regard bienveillant mais aussi réaliste.

Hilario sait bien qu'elle a, en quelque sorte, enfermé le jeune homme qu'il était dans une cage de verre. Mais les choses vont se mettre à bouger bien malgré lui. Un jeune homme de bonne famille est enlevé, chose courante au Mexique mais contrairement aux kidnapping crapuleux, Jorge est assassiné et son corps est retrouvé atrocement mutilé. Son collègue, spécialiste des faits divers accuse la mafia locale et voit Tino, un tueur du cartel et ses hommes débouler au journal. Ils le tabassent fort aux yeux de tous, Hilario est choqué. Mais quelques jours plus tard, c'est l'espoir du club de foot local et de tout le Mexique, Torito Medina qui est à son tour enlevé. Son corps démembré est retrouvé dans le même dépotoir quelques jours plus tard. Hilario ne peut s'empêcher d'aller trouver Tino, qui est aussi un grand fan de ses chroniques de foot pour lui demander des infos. L'homme le met en garde mais Hilario est pris d'une soudaine soif de vérité – car il est le seul à avoir fait le lien entre le joueur de foot, Tino et un artiste local, au nom néerlandais (mais à l'accent affreusement portugais). Celui-ci est le protégé de l'oncle de Susanita, la jeune chroniqueuse mondaine de bonne famille qui plait beaucoup à notre journaliste sportif.

Voilà, j'ai adoré cette parenthèse mexicaine, j'ai aimé les personnages et le regard de l'auteur sur ses concitoyens – un regard amoureux. Comme la femme de ses rêves envers Hilario. Un très bon moment de lecture rafraichissant et réjouissant !


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Sans vouloir faire de généralité, il me semble que les polars américains en langue espagnole, du moins ceux qui ne veulent pas copier le modèle anglo-saxon, ont un supplément d'âme, peut-être latin. Ils ont le don de vous intégrer dans l'histoire, une propension à la connivence avec le lecteur. A grand renforts d'humour et d'auto – dérision, cette collusion avec le lecteur crée une certaine proximité, intimité qui fait de ces polars de bien bons compagnons.
Et les Mexicains, que ce soit Rolo Diez, Enrique Serna et beaucoup d'autres, sont des spécialistes pour vous conter des horreurs et tout le malaise d'une société mexicaine totalement gangrénée par les narco-trafiquants et leurs affaires tout en utilisant un ton presque patelin comme pour démystifier le malaise général ambiant. On pourra donc ainsi intégrer dans la liste Antonio Sarabia dont le propos particulièrement rude d'une sordide histoire de corps démembrés n'exclut néanmoins pas de nombreux moments souriants et d'autres étonnamment romantiques. le mode narratif de courts chapitres où le héros s'apostrophe pourra surprendre au départ mais contribue pleinement à créer un peu de légèreté et d'intimité dans une histoire bien puante.
Alors, ce n'est pas le roman de l'année mais c'est une histoire qui se lit avec beaucoup de plaisir de par la qualité de l'antihéros créé et par les mystères qui entourent sa vie sentimentale. Hilario Godinez aussi peu à l'aise avec les femmes qu'avec les truands mène, presque malgré lui une enquête que personne ne lui a demandé de résoudre. Ainsi, de par ses déambulations et ses errances affectives, on aperçoit un peu de la vie des Mexicains et surtout leur amour pour le football.
Ca cause ballon rond un peu comme dans l'excellent « la peine capitale » de Santiago Roncagliolo mais, ici aussi, ce n'est juste qu'un cadre où transparaissent rapidement délinquance, magouilles et corruption tout en laissant de la place à une très belle histoire de correspondance secrète où l'auteur apporte des sujets de réflexion plus hauts, loin des élucubrations morbides de quelques graves malades mentaux.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Tout a commencé, Hilario Godínez, ce matin où, en te rendant au journal, tu es tombé sur Loco Mendizábal en train de mendier sur la Plaza de Armas, abrité du soleil matinal non par les branches des arbres squelettiques mais par l’ombre dilatée de la cathédrale. Il avait récolté quelques menues pièces de monnaie dans ce qui avait été un jour la partie inférieure d’un petit carton ayant contenu des paquets de chewing-gum. Tu en as rajouté quelques-unes. Il t’a regardé de ses yeux vides, sans te dire merci, peut-être même sans te voir, totalement absorbé par le refrain délirant qu’il chantonnait en faisant la manche.

– La matière… le doute… murmurait-il en regardant les passants avec un sourire idiot. Il n’y a que des atomes… rien que des atomes… la matière… le doute… le doute… c’est des atomes, des atomes, encore et toujours des atomes… répétait-il inlassablement comme si lui seul avait eu la possibilité de les observer avec ses yeux dans le vide.

De temps à autre il interrompait son discours, le regard fixé sur une apparition invisible dans un point quelconque de l’espace, et il s’exclamait d’un ton stupéfait :

– Une molécule !… une molécule !

Cette délirante obsession pour les corpuscules invisibles qui composent l’univers t’amusait, Hilario Godínez, et tu ressentais même un certain respect pour la profonde vérité cachée derrière ce galimatias insensé. Tu avais fini par l’apprécier. Un fou philosophe. Il ne manquait plus que cela dans cette ville improbable régie par des politiciens véreux et saignée à blanc par une guerre sauvage entre les prétendues forces de l’ordre et les différentes bandes rivales de narcotrafiquants.

Par ailleurs, Loco Mendizábal n’avait pas la dégaine d’un poivrot ou d’un drogué et tu n’avais encore jamais vu de mendiant aussi propre. Ses vêtements, usés jusqu’à la corde, étaient d’une humilité sans tache. Son visage hagard ne montrait aucune trace de saleté et te rappelait quelque chose, ou quelqu’un, sans que tu puisses préciser quoi ou qui. Mais tu n’avais pas non plus passé beaucoup de temps à y réfléchir, Hilario Godínez. Pas encore.

Tu n’avais cependant jamais perdu de vue une chose : tu étais bien conscient que, en plus d’être constitué par les particules qui avaient rendu fou Mendizábal, le sang dans ton corps, quand personne ne le voit, est noir. Il coule dans les rivières de tes veines, entre les muscles, les viscères, les os, avec des détours imprévus, au-dessus d’abîmes inconnus, à la recherche d’un océan qui n’existe peut-être pas. Car, en fin de compte, cette lettre qui te parvenait ponctuellement semaine après semaine et que tu confondais parfois avec le rythme de ton cœur battant le tambour, que signifiait-elle ? Quelle main anonyme, en te l’écrivant, mettait en branle le muscle enterré dans ta poitrine ? Dans quel but inconnu ? Quelle syllabe, quel mot répétait-elle inlassablement ? Qui était l’expéditeur ? Parviendrais-tu à comprendre son langage, Hilario Godínez, avant que sa main ne tremble, avant que le rythme ne se brise ?

.......

– Te mêle pas de ça, connard !

Ça, même toi tu aurais pu te le dire, Hilario Godínez. Surtout à cette époque où tu avais commencé à prendre l’habitude de te parler à toi-même, comme si un autre moi à l’intérieur de ta tête avait remis en cause tes propres actions et pensées, mais l’avertissement venait du dehors, de l’homme avec l’épaisse veste en cuir noir et une cicatrice sur le visage. En te disant cela, il t’avait à peine lancé un regard méprisant en coin, tout en contemplant le Gros Patiño, journaliste du service des faits divers, en train de se tordre au sol sous les coups de pied des types qui, après avoir neutralisé les gardes de l’entrée, avaient fait irruption dans les locaux de la rédaction du Sol de Hoy, en envoyant valser les papiers et en multipliant bourrades, cris et insultes. Patiño protégeait son visage et sa tête avec ses bras, et il était recroquevillé pour ne pas exposer son estomac, mais les coups de pied volaient implacablement autour de lui. À la fin du passage à tabac, l’un des agresseurs tira de sa ceinture un pistolet semi-automatique et appuya le canon sombre sur le front du journaliste à moitié évanoui. Tu as presque pu sentir la dureté et la froideur du métal contre sa peau. Les salopards, as-tu pensé, ils vont le tuer, et tu as fermé les yeux dans l’attente d’une détonation qui, heureusement pour l’homme allongé au sol, ne vint pas. Au lieu du coup de feu, la voix froide et posée qui t’avait condamné à l’inaction se fit entendre :

– Voilà ce qui arrive, pauvre con, aux gros bavards qui écrivent des conneries.

La cicatrice qui défigurait ce visage t’est soudain apparue plus profonde et plus rouge qu’avant, tandis que le sinistre personnage se penchait vers l’oreille de l’homme recroquevillé à ses pieds pour être bien sûr qu’il entende ce qu’il avait encore à dire :

– La prochaine fois, pauvre con, ce sera pas des coups de pied, ce sera une balle entre les deux yeux, et tu pourras pas dire qu’on t’a pas prévenu.

Sur ce, lui tournant dédaigneusement le dos, il se dirigea vers la sortie. Les autres le suivirent, déployant sur leur passage la même violence qu’à leur arrivée, renversant par terre un autre bureau et lançant contre les murs deux ou trois ordinateurs. Quand enfin la porte se referma brutalement derrière eux, toute la rédaction demeura encore de longs instants sans bouger, paralysée de terreur. Personne ne fit la moindre tentative pour les suivre ou pour décrocher un téléphone et demander, même tardivement, l’assistance de la police.

Tu as été le premier à réagir en te penchant sur le Gros Patiño pour vérifier son état. Il respirait difficilement et avait le visage et la tête baignés de sang. Susanita, la jeune rédactrice des pages people, te regardait, livide de peur, et on entendait sangloter dans un coin doña Leonor, la secrétaire de direction.

– Appelez l’hôpital de la Luz pour qu’ils nous envoient une ambulance, ordonna don Arcadio Ríos, le directeur du journal, qui rompit le silence et lui prit le bras pour la tirer de son hébétude. Sa voix, altérée et inquiète, tentait d’imposer son autorité au milieu de la consternation générale.

..........

La police mit un certain temps à arriver jusqu’aux locaux de la rédaction du Sol de Hoy, et les ambulanciers de l’hôpital de la Luz avaient déjà emmené, non sans peine, le Gros Patiño, toujours à moitié inconscient, sur une étroite civière qui ployait sous son poids. Il était inévitable, Hilario Godínez, même si personne ne souhaitait les voir là, que les soi-disant représentants de la loi débarquent au journal pour déclencher officiellement l’enquête. Il ne vous restait plus qu’à arborer les mines de circonstance en répondant aux interrogatoires de rigueur. Personne ne prit le risque d’en dire plus que les autres. Tu as été le seul à mentionner le type avec la cicatrice sur le visage. Comment as-tu pu être aussi bête ? C’est plus fort que toi. Tout le monde savait que les notes prises par l’un ou l’autre de ces méticuleux serviteurs de l’ordre pouvaient ensuite être utilisées pour prévenir les assaillants du matin et personne ne voulait leur fournir un prétexte pour revenir se livrer à une nouvelle version, peut-être revue et augmentée, du passage à tabac dont leur collègue avait été victime.

Une fois les flics partis, non sans avoir réaffirmé l’appui des autorités et réitéré l’illusoire promesse d’arrêter au plus tôt les auteurs du délit, journalistes et employés entreprirent de réparer les dégâts et de remettre en état leur lieu de travail dévasté.

Tandis que la direction du journal s’enfermait pour discuter des événements, tu t’es retiré dans le petit bureau où tu travaillais. Le service des sports avait été miraculeusement épargné par le chaos et tout était à sa place. La poitrine et les manches encore maculées du sang du reporter blessé, tu as ouvert un exemplaire du journal du matin pour voir si son contenu était susceptible de t’éclairer un tant soit peu sur les motifs de l’agression. “Voilà ce qui arrive quand on écrit des conneries”, avait dit le sinistre personnage à la cicatrice, et tu as cherché dans les dernières pages, celles habituellement consacrées aux faits divers.

Un seul article était signé par le Gros Patiño. Il se contentait de rendre compte d’un enlèvement en s’en tenant apparemment au déroulement des faits. Deux camionnettes circulant avec des plaques volées avaient bloqué le passage du coupé décapotable de Jorge Ibarra, jeune membre de la bonne société locale, et une demi-douzaine d’hommes en armes étaient aussitôt descendus des véhicules pour arracher de son siège le conducteur qui ne s’y attendait pas et circulait même avec la capote baissée. Les témoins effrayés avaient tous déclaré la même chose. Un enlèvement express dans le plus pur style du crime organisé. La routine dans cette ville où personne ne pouvait sortir en voiture sans regarder attentivement dans son rétroviseur. La victime, un brillant étudiant en médecine, était le fils unique d’une veuve assez fortunée. À la fin de l’article, le Gros Patiño se contentait de mentionner que le délit avait été commis dans un quartier chic, où les patrouilles de police étaient nombreuses et la surveillance habituelle. Pourtant, exactement comme ce matin dans les environs du Sol de Hoy, au moment précis où les faits s’étaient déroulés, aucun policier n’était dans les parages.
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Ton grand-père n’avait qu’un défaut, Hilario Godínez : il admirait toute devise dictée par les anciens philosophes chinois, invétérés inventeurs de proverbes. Ceux-ci disaient et, en bon imprimeur qu’il était, il y croyait les yeux fermés, que la mémoire la plus riche n’arrive jamais au niveau de l’encre la plus pauvre. C’est sûrement pour cela que tu as hérité aussi bien de l’amour pour l’odeur de l’encre que pour la texture du papier. Rien ne te fait plus plaisir que de caresser et sentir un livre fraîchement imprimé. Même s’il ne te sera peut-être jamais donné de faire l’expérience avec un livre écrit par toi, quelque chose de cela se matérialise tous les jours quand tu vois sortir le journal des rotatives, avec ta chronique sportive à l’intérieur, le matin de très bonne heure.
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La Femme de tes Rêves, Hilario Godínez, était une perfectionniste en tout. Tant sur la forme que sur le fond. Ses rares adjectifs, bien choisis, soulignaient la belle et précise expression des idées et des sentiments. Une ribambelle de mots exacts qui jaillissaient d’un courant souterrain qui débouchait sur toi, Hilario Godínez, mais dont l’origine se perdait là-bas au loin, remontant à un mystère aussi ancien qu’épais.
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On dit que la justice est aveugle, Hilario Godínez, et que c’est pour cela qu’on la représente les yeux bandés mais, dans ton pays, la justice consiste surtout à éviter d’avoir les yeux bandés et à les garder toujours grand ouverts pour repérer le moment exact où il vaut mieux regarder ailleurs.
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La sphère comme représentation allégorique de l’atome et du monde. Toute boule est en somme une minuscule planète qui oscille de-ci et de-là, en un incessant et frénétique va-et-vient, entre les pieds des joueurs ou les pattes des chevaux, tour à tour triturée, frappée, malmenée. Tout comme le globe terrestre, entre guerres ouvertes et cachées, menaces atomiques, catastrophes ethniques, espèces en voie de disparition, raz-de-marée et réchauffement climatique.
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