Morts sans sépulture : Pièce en trois actes

Deux oeuvres majeures sur la conscience de l'individu et la détermination de ses actes.
La Putain respectueuse est une pièce inspirée d'une histoire vécue par les Scottsboro Boys. C'est une dénonciation de la ségrégation aux Etats-Unis à travers le mensonge organisé d'une prostitué, qui provoque le lynchage d'un homme noir injustement suspecté d'un viol dans le but d'innocenter l'agresseur blanc, protégé par un sénateur.
Cette pièce est pleine d'actualité, en traitant de la force de la pression sociale (et aujourd'hui médiatique) et de la manipulation qui conduit a abdiquer sa liberté devant la pensée normée qu'impose la société. Pour répondre à la contrainte sociale, l'individu abandonne ses valeurs et son devoir moral et permet à une minorité d'imposer ses volontés à la majorité, au nom d'une prétendue défense du bien.
Morts sans sépulture, a pour contexte l'incarcération d'un groupe de résistants qui attendent le moment de leur torture puis de leur mort. Ne détenant aucune information, la torture n'a pour eux aucun sens jusqu'à l'arrivée de leur chef dont ils doivent cacher la responsabilité à leurs tortionnaires.
En résulte des postures individuelles pour résister, par orgueil pour certains, pour la défense de la communauté pour d'autres...allant jusqu'au suicide et au meurtre du plus fragile.
Les bourreaux, peu investis pour une cause mais qui prennent plaisir à torturer, souffrent du silence auquel ils font face et s'inquiètent de leur fin prochaine en suivant l'actualité du conflit. Entre humanité et déshumanité, les actes pris par chacun des deux groupes interrogent sur la responsabilité et le libre arbitre.

Hommage de Sartre à la résistance durant la seconde guerre mondiale? Peut-être ou plutôt une analyse de l'humain lorsque l'honneur et un idéal glorieux sont confrontés à la barbarie de la torture. On pense inévitablement à Malraux, pourtant l'antithèse de Sartre, quand il évoque "ceux qui n'ont pas parlé et, plus atroce encore, ceux qui ont parlé." La pièce est en tout cas magnifique, lyrique malgré son auteur et toujours d'actualité.