-Tu fais quoi dans la vie?
-Oh moi je suis en colère, et toi?
Mon cadeau d'anniversaire est arrivé et je souhaite le recommander, en particulier aux féministes. Celles qui sont en colère ou bien celles, comme moi, qui sont moins vindicatives.
Elles y apprendront pourquoi nous avons le conflit facile et la haine jubilatoire. Elles comprendront ce qui nous pousse à focaliser notre attention et notre rancoeur sur des ennemis fantasmés. Peut-être, verront-elles que l'engouement pour une noble cause, ici celle de l'égalité des sexes, est parfois motivé par la vanité et l'imposture, plus généralement par des mécanismes qu'explique la psychologie évolutionnaire. Particulièrement en ces temps modernes et dans nos contrées où le féminisme a déjà en partie obtenu gain de cause. Par ailleurs, elles apprendront que nous sommes tous dupés par nos perceptions et avons l'impression que les épreuves se répètent et même s'aggravent alors que c'est tout le contraire. Comme l'explique
Peggy Sastre, "C'est surtout parce que nous ne cessons d'élargir la définition du périlleux et transformons en catastrophique ce qui était anodin voici encore peu."
Evidemment ces gens-là détestent Sastre. Ce qui prête toutefois à rire, c'est que leur comportement ne font que confirmer ses théories, qui prédisent que les gens voient de l'oppression partout et se fabriquent des prétextes pour justifier leur colère et leur haine. L'attrait pour la violence et la rébellion de ces belliqueuses aux airs de justicières - qui ne sont en fait que des alouates agitées et bruyantes – est très répandu chez les humains. Il résulte d'une recherche de stimulation, de sensations fortes et du goût de la transgression. La vue de la violence active notre amygdale, située dans notre cerveau archaïque, siège de la peur. Les mécanismes biochimiques mis en action par cette dernière impliquent la sécrétion d'adrénaline (qui met le corps en alerte), mais aussi de dopamine, neurotransmetteur associé au plaisir et au système de récompense. Des mécanismes qui résultent de l'évolution. Face à la menace, nos ancêtres devaient réagir rapidement : fuir ou combattre. L'état d'excitation que procurent la peur et la vue de la violence peut expliquer l'engouement des amateurs de Corrida et du hooliganisme.
Quand la peur ne nous fait pas fuir, elle nous pousse à combattre la menace. Mais pour combattre, encore faut-il être en colère et pouvoir justifier cet état. Or, en voyant de l'oppression partout et fort d'un sentiment de persécution (commun à tous mais variable en degré), on anoblit nos ires en les mettant au service de la lutte contre l'injustice. Malheureusement, comme dit plus haut, nos intuitions et nos jugements sont parfois trompés et il arrive que l'on voie beaucoup d'injustice et d'oppression là où il y en a peu ou pas du tout. Il arrive que l'on voie de l'intention de nuire là où il n'y a qu'une rémissible maladresse.
Mais ces sempiternelles courroucées vomissent en réalité l'idée dégradante d'être, à l'instar de tous les animaux, des produits de la sélection naturelle avec toute l'héritabilité génétique, biologique et psychologique que cela implique. Est-il si insupportable d'entendre qu'on ne nait pas "pur"? Que les oppressions trouvent aussi leurs origines dans nos cerveaux? Que nos colères sont également le fruit de l'évolution et sont par conséquent parfois injustifiées? Faudrait-il faire taire ceux qui le pensent? Faudrait-il punir les apostats du féminisme radical comme les Chrétiens punissaient les hérétiques sous l'Inquisition?
Il ressort des discours des féministes haineuses - les wokes -, toute la rhétorique complotiste. Ainsi, les hommes viseraient à maintenir un système social et économique, initialement non planifié, dans le but de poursuivre leur domination sur les femmes. Il y aurait une sorte de concertation masculine mondialisée pour nous empêcher de nous exprimer et nous discréditer en falsifiant des chiffres officiels sur la violence conjugale. Chez les complotistes, toute réfutabilité est vaine ; aucune crédibilité ne sera accordée aux études menées sous le régime patriarcal, à moins bien sûr qu'elles n'aillent dans leur sens. Je fais allusion notamment à ces données sur la symétrie dans les mesures des violences conjugales, de surcroît légèrement en défaveur des femmes. Pour les platistes, les scientifiques sont toujours de mèche avec ceux qui nous gouvernent.