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Sophie Lecoq (Traducteur)
EAN : 9782755688900
333 pages
Hugo Document (06/05/2021)
4.7/5   5 notes
Résumé :
" Le monde entier doit apprendre ce qui se passe dans les camps et connaître les réelles intentions de la Chine. "
Entre 2013 et 2014, une série d'attentats fait trembler la Chine. En réaction, le gouvernement installe des camps d'internement dans la province du Xinjiang, au nord-ouest du pays. Les minorités ouïgoures et kazakhes de confession musulmane sont les premières visées. Si les preuves de leur persécution sont accablantes, Pékin continue d'évoquer de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'enfer sur Terre existe et il se trouve au Xinjiang, province du nord-ouest de la Chine.

C'est ce que l'on découvre en lisant le récit de Sayragul Sauytbay, écrit avec la journaliste allemande Alexandra Cavelius.

Sayragul est née autour de 1977, dans un district autonome kazakh du Xinjiang, au sein d'une famille d'origine kazakhe, musulmane et turcophone, encore semi-nomade à l'époque. Elle grandit dans une famille aimante, dans des conditions matérielles relativement confortables et dans le respect des traditions et de la culture kazakhe. Mais le gouvernement de Pékin, qui apprécie peu la diversité ethnico-culturo-religieuse, voudrait siniser ces régions à minorités kazakhe et ouïghoure. Faut-il préciser, l'air de rien, que le sous-sol du Xinjiang est riche en ressources minières et que cette province occupe en outre une position géostratégique enviable sur les nouvelles routes de la Soie ?

Dans les années 90, les autorités de Pékin et le Parti Communiste Chinois (PCC) entreprennent donc de coloniser la région : troupes militaires, ouvriers pour les nouvelles usines, commerçants Han déboulent. le ton est de moins en moins pacifique et les libertés des minorités de plus en plus restreintes, mais à l'époque, Sayragul parvient encore à étudier la médecine, malgré un apartheid de plus en plus prononcé. Après avoir exercé quelques années dans un hôpital, elle rentre dans sa ville natale pour pouvoir s'occuper de ses parents, et devient directrice d'école maternelle.

Mais la pression sur les minorités s'accentue de manière drastique, la répression se durcit et la réglementation est de plus en plus absurde, vexatoire et liberticide. Les Ouïghours et les Kazakhs sont tous des terroristes qu'il convient de "rééduquer" (euphémisme propagandiste). le mari et les deux enfants de Sayragul fuient au Kazakhstan voisin, mais elle-même, en tant que fonctionnaire du Parti, se voit confisquer son passeport. Comme elle refuse de faire rentrer sa famille en Chine, elle est bientôt arrêtée et envoyé dans un camp. Elle a la maigre "chance" de ne pas y être traitée comme les autres prisonniers (des morts-vivants), puisqu'elle est réquisitionnée pour leur donner des cours de chinois. Un endoctrinement aux méthodes "pédagogiques" des plus douteuses... de cette position "privilégiée", elle est témoin, et dans une moindre mesure victime (même si à ce degré d'horreur, c'est dans tous les cas inhumain), des traitements épouvantables infligés aux prisonniers, dignes des camps nazis et de tous leurs avatars à travers L Histoire.

Contre toute attente, Sayragul est relâchée après quelques mois. Elle en profite pour passer au Kazakhstan, illégalement, et parvient à y rejoindre sa famille. Elle n'est pourtant pas au bout de ses peines : Pékin a le bras long et de l'argent en quantité, et tient le Kazakhstan, largement endetté, sous sa coupe financière. Sayragul est arrêtée pour être entrée illégalement dans le pays. Une condamnation signifierait son renvoi illico en Chine, et une mort certaine. Heureusement pour elle, des ONG de protection des droits humains s'en mêlent et organisent un battage médiatique sans précédent, tandis que les réseaux sociaux relaient les protestations à l'échelle de la planète. Sayragul, désormais lanceuse d'alerte, utilise son procès comme une tribune où elle dénonce la politique génocidaire chinoise. Elle sera finalement condamnée à une amende symbolique et libérée. Devant le refus du Kazakhstan de lui accorder l'asile, elle est accueillie avec sa famille en Suède, qui leur octroie un statut de réfugié. Elle n'est pas totalement rassurée pour autant, et les menaces téléphoniques anonymes qu'elle reçoit depuis la parution de ce livre semblent confirmer que la Chine ne l'oubliera pas...

Ce que raconte Sayragul dans ce livre est un pur cauchemar, et cette lecture est par moments à la limite du soutenable. Cela se passe loin de chez nous, mais la mise en garde finale est glaçante, tant la volonté de la Chine de gouverner le monde, par l'argent d'abord, par la pensée ensuite, est grande et à peine voilée : "Le coronavirus finira pas battre en retraite, la situation reviendra progressivement à la normale, mais le virus de la pensée chinoise contre un monde libre sera encore présent. J'espère que, partout sur la planète, les populations prendront conscience du danger que le PCC et le gouvernement de Pékin représentent, pour les Chinois eux-mêmes comme pour les citoyens de ce monde. Ce « virus de la pensée » est bien plus dangereux que le coronavirus. C'est un enfer".
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C'est une histoire qui commence à être connue. Celle des camps de concentration (ou de redressement par le travail… appellez ça comme vous voudrez), organisés par le gouvernement chinois dans le Xinjiang, dans l'ouest de la Chine. Sayragul Sauytbay en a survécu et a obtenu l'asile politique en Suède avec son mari et ses enfants. Elle est d'origine Kazakhe, et fait partie de ces minorités musulmanes, avec les Ouïgours a être persécutées dans leur propre région. C'est le récit des atrocités et du calvaire qu'elle a enduré pendant plusieurs mois, pour des accusations non-fondées de terrorisme, fabriquées de toute pièces par le régime tortionnaire. Attention, il faut s'accrocher car ce qu'elle raconte est terrible de cruauté. On assiste en ce moment même à un véritable génocide. Pourtant on n'en finit pas de dénoncer les exactions commises par la Chine un peu partout : Xinjiang, Hong Kong, Tibet, Îles Spratley… et son espionnage incessant de l'occident. Ce qui fait également frémir, c'est le plan de colonisation du monde en trois étapes, jusqu'aux années 2050, en s'aidant pour commencer des « routes de la soie ». Cet état totalitaire décomplexé n'est pas sans rappeler les régimes de Staline, Hitler pour ne citer qu'eux. Aujourd'hui, c'est un peu comme si dans les années 30, tout le monde était au courant du génocide contre les Juifs orchestré par Hitler, mais que tout le monde laissait faire à cause de profits commerciaux. Car Xi Jinping est le Staline ou le Hitler d'aujourd'hui. Mais on continue à se voiler la face et à tolérer ces atrocités commises au nom de l'idéologie du PCC.
Ce récit a été écrit avec Alexandra Cavelius, journaliste allemande qui, elle aussi, a pris des risques pour co-écrire ce livre. Ce témoignage se lit comme un roman de fiction. On aimerait même qu'il s'agisse d'une fiction. Mais c'est la triste réalité de la géopolitique de notre début de XXIe siècle.
Lorsque, il y a quelques années, j'ai visité le camp de Dachau, le premier camp d'internement construit par Hitler dès son accession au pouvoir en 1933, on apprend qu'il visait surtout les opposants au régime et assurait que ce camp était un camp de redressement par le travail. « Arbeit macht frei » peut on lire à l'entrée. Mais il y a une phrase non moins célèbre, que l'on peut lire à l'adresse des visiteurs sur un mur un peu avant la fin du parcours, c'est « Plus jamais ça ». Inutile de dire que personne n'y croit !
S'il vous plaît, lisez ce livre, au moins par respect pour son auteure.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Nous n'avons jamais appris à penser par nous-mêmes, à exprimer ouvertement la moindre critique. La liberté de penser n'existe pas ici. Il n'y aucun espace pour goûter à autre chose. Depuis l'enfance, nous devons évoluer dans un univers extrêmement restreint, celui d'une vérité imposée. Personne ne connaît plus le sens de l'autodétermination.
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Nos vies n'ont à leurs yeux pas plus de valeur que celle d'un cafard, que l'on écrase sous son talon sans même y réfléchir.
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