Cette histoire sent bon l'Italie du Sud. On s'y croirait. Les paysages, la population locale, tout y est dépeint d'une manière remarquable. Les paysages qui défilent se mêlent aux mythes de Scylla et de Tibère, deux figures antiques captivantes.
Paradoxalement, je me suis demandée quel intérêt ce livre avait jusqu'à ce que j'arrive à la deuxième moitié de l'histoire. Avant cela, nous nous retrouvons à suivre les pensées d'un homme obsédé par la construction de sa maison sur une colline italienne. Rien de bien passionnant.
Par la suite, c'est l'histoire du couple qui prend le dessus. Leurs intérêts divergent et les mythes s'immiscent entre eux. C'est assez spécial comme ambiance. L'attitude des personnages est particulièrement étonnante. Des mystères planent sans qu'aucun ne soit vraiment résolu finalement.
J'ai aimé la fin de ce livre sans pour autant trouver à l'ensemble un réel intérêt.
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Les hommes - dont font d'ailleurs partie même les scientifiques - ne tolèrent pas longtemps de reconnaître qu'ils ne savent pas quelque chose et ne le sauront peut-être jamais. Nous ne supportons pas de laisser béante la lacune entre savoir et non-savoir, entre la représentation d'un évènement et l'évènement lui-même, entre la reconstruction d'une sculpture et l'original. A la fin, nous préférons parier notre tête sur une interprétation d'une belle envolée, plutôt que d'avouer que nous continuons à tâtonner dans l'obscurité.
[p278]
Les hommes veulent savoir d'où ils viennent, et ils espèrent ainsi découvrir qui ils sont et où ils vont. Tout l'historiographie est une guerre sans fin à la conquête du souvenir, qu'il s'agisse seulement de l'histoire d'un individu ou de peuples entiers. Chaque génération se crée, à partir des témoignages de ses pères, une histoire nouvelle et particulière qu'elle voudrait inscrire dans la mémoire de l'humanité. Ce qui est décisif, ce n'est pas ce qui est arrivé, mais ce qui, de l'évènement, est formulé et conservé. Une histoire qui n'a jamais été écrite est perdue. A la fin elle n'a même pas existé.
[p277]
Elle aimait se montrer à moi et m'exciter sans presque rien faire, sentir mon désir et l'intensifier. Avec une curiosité ensommeillée, elle attendait ce que j'entreprendrais pour lui communiquer ma passion. Quand ensuite, après ce voyage que l'on ne peut entreprendre qu'à deux et lors duquel on oublie l'espace et le temps, mouillés de sueur et hors d'haleine, nous étions étendus l'un à côté de l'autre, nous assurant seulement encore de notre proximité par des contacts lents et tâtonnants, nous nous sentions invulnérables dans notre bonheur.
[p28]