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Else, Else, vous avez dit Else ?
Je mets ma main à couper que l'auteur a dû prendre un grand plaisir à écrire cette nouvelle tourbillon dans la tête d'une jeune femme. Vacillant à chaque seconde, hésitant et tutoyant la folie, la jeune Else nous donne en pâture ses doutes, sa fragilité, sa vulnérabilité, ses peurs les plus profondes.
Schnitzler réalise un tour de force avec sa nouvelle percutante, abordant un tas de sujets sensibles en quelques évocations subtiles : le regard des autres, la posture proie/chasseur entre la jeune F et l'homme qui détient l'argent, le viol potentiel...
Cette incursion dans la tête de la jeune Else, m'a rappelé l'excellent livre d'Adam Levin (Les Instructions : beaucoup plus long et développé, mais un procédé somme toute similaire).
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Voici une lecture très déroutante ! Je dois avouer qu'au début j'ai été déroutée voire agacée par la personnalité de Mademoiselle Else. En effet, l'oeuvre est un monologue intérieur, celui d'une jeune fille dont le père a fait de mauvais placements. Nous plongeons donc dans les considérations de cette jeune fille qui passent du coq à l'âne, dont le caractère est prétentieux et hautain.
Le style se veut volontairement décousu : pas de paragraphe, les phrases s'enchaînent, les sujets fusent, révélant le caractère exalté d'Else.
Mais ce style décousu et ce flot de pensées mettent en relief le trouble de cette jeune femme, jetée en pâture par ses propres parents qui lui demandent de quémander de l'argent à un aristocrate plutôt libidineux. En échange, elle doit se montrer nue.
Le roman est lancé : la jeune femme est contrainte d'accepter mais le bouleversement est tel que la jeune fille panique, en veut à ses parents tout en souhaitant les aider.
Entre devoir et déshonneur il faut choisir....
J'ai aimé la critique sous-jacente de la place laissée aux filles dans la société : elles sont de vulgaires monnaies d'échange pour permettre de conserver la belle image parentale...et patriarcale surtout.
Le glissement vers la folie et le désespoir est rudement bien mené.
Une oeuvre incontournable !
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Belle plongée dans la tête d'une jeune fille à laquelle un marché effroyable est proposé par sa mère pour sauver la réputation de son père... Par certains points, l'innocence flétrie par un vieux faune m'a fait penser aux Belles Endormies de Kawabata ... Notre esprit fait de drôles de liens. La pensée intérieure de la jeune fille est rendue avec beaucoup de sensibilité, on voit bien que Schnitzler est véritablement hanté par la question du suicide. Quelle ironie tragique que sa fille Lili ait succombé à une fin similaire ! Rapide à lire et très juste, l'écriture rend bien le dialogue intérieur qu'on peut avoir par moments dans notre esprit, j'aime le contraste entre la Mademoiselle Elsie du début qui tente de se faire croire qu'elle est une grande et qui montre qu'elle n'est qu'une toute petite fille dès que le réel, avec ses immondes compromissions, lui saute à la figure.
Seul petit bémol, l'ouvrage semble parfois, sur certain points, trop suivre un plan préétabli, être dans l'application d'une thèse psychologique, même si cela reste ténu, on sent parfois cette thèse qui, certes renforce la démonstration scientifique, mais affaiblit la portée artistique de l'oeuvre.
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Mademoiselle Else/Arthur Schnitzler
La belle Else, jeune bourgeoise de 19 ans, habitée par quelques scrupules, acceptera –t-elle de dévoiler ses charmes au vieux von Dorsday pour les cinquante mille florins qui sauveraient l'honneur de son père, célèbre avocat viennois qui a perdu au jeu semble-t-il ?
Va-t elle longtemps hésiter à se vendre et s'interroger encore sur la conduite à tenir se sachant si belle et séduisante.
« Je ne me vends pas ; non, jamais je ne me vendrai. Je me donnerai. À l'homme de mon choix je me donnerai. Me vendre, ah non. Je veux bien être une dévergondée mais pas une putain. »
Son monologue intérieur un peu décousu allié à une imagination débordante et riche de fantasmes constitue la trame de cette nouvelle délicate et délicieuse. Se parlant à elle-même :
« Approchez, belle demoiselle ; je veux baiser vos lèvres rouges, presser vos seins contre mes seins. Quel dommage qu'il y ait cette vitre froide entre nous. »
Et puis une idée originale va germer dans son imagination …Une mise en scène ingénieuse mais…
Un récit vivant, au style alerte et soigné pour évoquer les déchirements de la morale viennoise à l'aube de l'ère de la modernité, valse hésitation entre désir et devoir.
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Une nouvelle pleine d'émotions avec cette jeune fille fragile qui se trouve dans une situation des plus délicates, qui va encore plus la perturber.
Le travail de l'auteur est impressionnant, pour nous faire ressentir les doutes intérieurs de cette jeune femme qui se retrouve dans une impasse.
Une belle découverte !
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Superbe soliloque d'une jeune femme de la bourgeoisie autrichienne, en proie à un dilemme sordide. Mademoiselle Else est en villégiature avec sa tante, au coeur des montagnes italiennes; un télégramme de ses parents vient faire voler en éclat ces jours paisibles.
C'est court, intense, formidablement écrit.
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Je me réjouissais de retrouver le travail de Manuele Fior avec cette réédition chez Futuropolis d'un album déjà sorti en 2009 chez Delcourt. Une BD qui est une adaptation d'un roman d'Arthur Schnitzler paru en 1924.

Une jeune fille en est le personnage central. Else, jeune bourgeoise de Vienne, est en vacances en Italie avec sa tante et son cousin. Un télégramme envoyé par sa mère va en bouleverser le cours. Son père a des dettes et Else est missionnée par sa mère pour obtenir la somme due auprès de Dorsay, un marchand d'art.

C'est le monologue d'Else elle-même qui nous offert. Des mots qui expriment un trouble profond, un tiraillement entre la volonté d'aider son père et le risque que cela fait peser sur elle. Car Dorsay exige en échange de pouvoir la regarder nue...

Dans la tête de la jeune femme, le désir de s'affranchir de toute pression existe, elle se voit elle-même comme une dévergondée, mais elle ne veut pas être une femme-objet, elle veut pourvoir choisir à qui s'offrir et on sent la colère poindre face à cette situation intenable dans laquelle la met sa mère.

Manuele Fior met magnifiquement en images ce drame avec un dessin inspiré de Klimt, Mucha ou Schiele. Ses aquarelles superbes posent le décor bourgeois de la fin du XIXème siècle et brossent une Else, diaphane, instable en proie à ce qu'on aurait appelé à l'époque l'hystérie.

Ce très bel album vient prendre place aux côté d'Hypericon et confirme mon goût pour le dessin délicat de Manuele Fior.
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Dans ce court récit, Arthur Schnitzler dresse le portrait de la jeune et fascinante Else.

Pour l'été, Mademoiselle Else réside dans un luxueux hôtel du nord de l'Italie. Quand elle reçoit une lettre alarmante de sa mère évoquant la ruine de son père sous le poids des dettes, elle est dévastée. Sa mère la supplie de sauver l'honneur de son père en sollicitant auprès d'un ancien ami de la famille, Monsieur Dordsay, une somme d'argent conséquente.

Else est tiraillée entre son honneur et sa dévotion pour sa famille. Quand Monsieur Dordsay lui propose comme condition de son prêt, un scandaleux marché, Else perd complètement pied.

Arthur Schnitzler interroge la morale bourgeoise prête à tous les sacrifices pour conserver sa grandeur. le monologue intérieur d'Else permet de mesurer l'ampleur des contradictions et des névroses qui la traversent. Un récit bref et déroutant qui m'a beaucoup surprise.

J'aurai aimé que l'analyse des personnages soit plus étoffés mais ce texte atypique ne peut pas laisser indifférent
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Dans ce livre, publie en 1924, Schnitzler se met dans la tete d'une femme. Il nous offre le monologue interieur d'une jeune fille de 19 ans, de peu de moyens bien qu'appartenant a la "bonne societe", qui, invitee par une riche tante, passe des vacances en Italie, a San Martino di Castrozza, une des stations estivales preferees des Viennois de l'epoque.


Une lettre-express de sa mere la met au courant de la situation desesperee de son pere suite a des dettes et des malversations inavouables, et l'enjoint de demander une grande somme a une riche connaissance qui se trouve en villegiature a San Martino lui aussi. le richard accepte, a condition que la jeune fille se denude devant lui. Et Schnitzler de nous livrer la tornade de pensees et de sentiments contradictoires qui se dechainent dans sa tete. Grande tempete qui met a mal toutes les certitudes – ou soi-disant certitudes – de son education, de son existence jusque la. Doit-elle se "prostituer" pour sauver son pere? Et pourquoi son pere la met dans une situation pareille? Il n'y a que son honneur a lui qui compte, balayant sans scrupules son honneur a elle? Et sa mere, est-elle si naive en jouant les entremetteuses, ou la sacrifie-t-elle a l'autel de sa situation bourgeoise? Comment doit-elle agir? Et si elle accepte la condition deshonorante, comment affronter la situation en temps reel? Comment et ou se presenter devant le magnat lubrique? Toutes ses contradictions, tous ses doutes, toutes ses peurs l'ameneront, en un final grandiose, a convertir sa denudation en une affirmation desesperee d'independence, d'auto-estime et fierte retrouvees.


De nombreux critiques ont estime la profondeur avec laquelle l'auteur a reussi a cerner une psychologie feminine. Moi aussi, et en plus de ce "portrait interieur" je vois en ce livre un portrait de la "bonne societe" de son époque: ennuyeuse, superficielle, hypocrite, arborant les distinctions de classe et de fortune, sclereotisee par un corset de conventions sociales. Et un quantieme approfondissement de themes chers a Schnitzler: l'erotisme et la mort.


Et c'est bien ecrit. le monologue d'Else est un flux de conscience, melant pensees logiques a d'autres qui le sont moins mais surviennent spontanement, et aussi a de courts dialogues, vu qu'elle rencontre du monde a l'hotel. Tout cela ajoute a la profondeur du portrait de la jeune fille, qui nous parait tour a tour intelligente et futile, arrogante et apeuree, bref qu'on a envie de gifler ou de prendre dans les bras, selon les pages.


Cherchez donc mademoiselle Else. Allez la retrouver. Depuis 1924 elle ne s'est pas completement perdue. Elle est sauvee par chaque lecture.
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Tout au long de son monologue intérieur, Mademoiselle Else se débat avec la morale, sa sensualité, la fidélité soumise à sa famille pour sauver son père de la ruine et du déshonneur, sa rebellion contre le désir malsain du vieux Dorsday...Else n'est pas tout à fait une oie blanche vouée au puritanisme et ses pensées la portent souvent vers son corps et le pouvoir qu'il peut avoir sur les hommes. Mais devoir se "prostituer" auprès de Dorsday pour obtenir l'argent qui sauvera une fois de plus son père la révulse. Elle est de toute façon en quelque sorte déjà prostituée par son père et sa mère qui comptent sur elle. C'est une victime qui ne trouve la fuite que dans le suicide.
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