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EAN : 9782889154548
468 pages
Quanto (24/03/2022)
2.1/5   5 notes
Résumé :
Internet a été salué comme un formidable outil de démocratie participative. On lui reconnait un rôle essentiel dans les mobilisations des Printemps arabes ou de Occupy Wall Street, et l’émergence de mouvements tels que Black Lives Matter ou #MeToo. Son image s’est toutefois dégradée à mesure que les réseaux sociaux ont été pointés du doigt pour leur participation à la propagation des fake news.

Jen Schradie, chercheuse à Sciences Po, montre comment le... >Voir plus
Que lire après L'illusion de la démocratie numérique : Internet est-il de droite ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un grand merci à Babelio et aux éditions Quanto pour ce cadeau.
L'édition américaine de ce livre date de 2019 mais il a été traduit et revue avec l'autrice début 2022, il est donc en phase avec l'actualité.
Jen Schradie s'attarde longuement, au début et à la fin du livre, sur son parcours, la reprise de ses études, et surtout sa méthode de travail. Elle a travaillé en grande partie dans l'Etat de Caroline du Nord, qui lui a paru représentatif de l'évolution de la société américaine.
Il est vrai qu'Internet a intensifié l'effet des mouvements sociaux, mais qui a su l'exploiter le mieux ? Ceux qui possèdent la richesse, le savoir-faire et l'organisation ou ceux qui postent quelques réflexions dispersées et quelques informations par ci par là sur des blogs peu alimentés ? Indéniablement les premiers, qui appartiennent à la droite réformiste plutôt qu'à la gauche radicale. C'est cela que l'autrice s'est attachée brillamment à démontrer dans cet essai rendu vivant par de nombreux exemples concrets. Elle est allée interroger plusieurs militant.e.s de tous bords qui lui ont raconté leur vie. Les multiples tableaux statistiques, un peu rébarbatifs, aident cependant à comprendre le sujet.
Centré sur les USA, ce livre évoque la situation française (révolte des Gilets Jaunes en particulier) au début et à la fine de l'ouvrage (elle s'est rendue dans le Sud-Ouest de la France pour cette étude).
Lors des débuts d'Internet, l'on s'illusionnait largement sur son rôle démocratique mais, depuis le milieu des années 2010, il devient de plus en plus clair qu'Internet est un terreau fertile pour les idéologies d'extrême-droite.
Internet est-il une force d'unification ou de division ? Ce livre nous permet de répondre aisément à cette question.
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Le but de cet ouvrage est énoncé dès les premières pages : démontrer que loin de l'utopie qui consiste à voir en internet le nouvel outil annonçant l'avènement de la démocratie pour tous, internet est en réalité soumis aux mêmes fractures (sociale, numérique...) et aux mêmes inégalités que les structures offline. Dès lors, on peut se demander si le militantisme de gauche et ou de droite "pèsent" réellement le même poids et ont les mêmes chances pour se faire entendre sur la toile et sur les réseaux sociaux...

Pour sa démonstration, l'auteur choisit l'étude d'un cas qui rendra perplexe tout lecteur européen : la lutte pour ou contre la possibilité de se syndiquer pour les fonctionnaires de la Caroline du Nord, et la part du militantisme online dans la stratégie des deux camps.

S'ensuivent de longs paragraphes sur les raisons qui ont poussé l'auteur à faire un tel choix, la méthodologie utilisée, une petite biographie au passage, un rappel d'évènements américain (élection de Trump) et français (gilets jaunes)...qui, s'ils peuvent paraître garants d'une démarche scientifique et raisonnée, plombent dès le début la lecture.

Après une longue démonstration et de nombreux comptes-rendus d'interviews, on retient finalement que contrairement aux croyances idéalistes, les notions d'organisation, de coûts et d'idéologie ont un impact non négligeable sur l'efficacité de l'activisme en ligne (d'ailleurs, c'est amusant puisque c'est le métier de certaines personnes...On appelle ça du marketing digital !).

Jen Schradie nous rappelle donc que les classes ouvrières souhaitant se mobiliser rencontrent autant de contraintes (manque de moyens, de compétences, d'accessibilité à la technologie, méfiance, peur de la répression) en ligne que dans la vie réelle, tandis que les classes conservatrices plus aisées se mobilisent plus efficacement du fait de leur organisation souvent plus structurée et hiérarchisée.

Une meilleure organisation, plus de ressources, une hiérarchie claire, une aisance face à des outils numériques employés tous les jours : le camp conservateur semble bien plus bénéficier d'internet que ses concurrents...Internet serait-il donc de droite ?

Au-delà de cette entrée en matière (les 4/5 du bouquin) qui semble couler de source, même si l'on en parle peu, l'argument que j'ai trouvé le plus intéressant est celui de l'importance de l'idéologie : la position des conservateurs est celle de missionnaires désireux de convaincre des individus d'adhérer à leur Vérité ; leur utilisation d'internet serait donc plus individualiste : ils cherchent à toucher le plus grand nombre d'individus pour les convaincre un à un, et "informationnalisent" leur Vérité en alimentant un vaste contenu sur internet. Au contraire, l'objectif des activistes de gauche vise une mobilisation du collectif, l'émergence d'un débat, et est plombé par une culture du compromis moins efficace et forcément moins vendeur qu'une Vérité martelée de toute part !

Pour résumer ce pavé indigeste, je dirai qu'il contient des observations intéressantes et pertinentes qui brisent le mythe d'un internet providentiel au service de l'humanité et de la démocratie, mais que l'essence du bouquin aurait pu être résumée et explicitée en moins de 150 pages. Dommage !
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Ce livre rend compte d'un travail d'enquête effectué par l'auteur (ou l'autrice, si vous préférez). Une enquête de type thèse universitaire, étalée sur plusieurs années.

Jen Schradie s'est intéressée à la façon dont différentes sensibilités citoyennes aux Etats-Unis utilisent Internet : prenant ce média à bras le corps, ou s'en tenant plutôt à l'écart.

En ce qui concerne la communication sur les réseaux sociaux et les plate-formes numériques, les milieux « progressistes » (la gauche, pour faire simple) sont clairement moins bien équipés, moins compétents techniquement, globalement inorganisés, peu réactifs, et en fin de compte pas très motivés par la chose.

Les milieux conservateurs, par contraste, prennent très au sérieux les réseaux sociaux et les sites d'« information alternative » diffusant ce qu'ils appellent la Vérité. Ils disposent d'équipements performants, de moyens dédiés, d'une « ligne éditoriale » simple, hiérarchiquement managée, globalement homogène ; ils sont organisés de façon semi-professionnelle voire totalement professionnelle.

Autrement dit le numérique est le terrain de prédilection de la droite ; la rue, les distributions de tracts, les discussions et les négociations, celui de la gauche. Les aléas et soubresauts de l'action syndicale d'un côté, le "quotidien profond" de l'autre : au total, la "balance numérique" a une forte tendance à pencher vers la droite, le succès de Donald Trump en témoigne.

La thèse est bien documentée par l'enquête dont le livre rend compte, en s ‘appuyant sur la situation de l'État de Caroline du Nord, un Etat-clé dans les évolutions de l'opinion aux Etats-Unis.

Enquête rigoureusement documentée, et de type universitaire, j'insiste là-dessus. Si on s'intéresse de près au sujet et à la Caroline du Nord, le livre est pertinent. Sinon, pour un lecteur européen moyen, c'est long…
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Extrêmement déçue ! Je pensais avoir acheté un livre d'actualité politique, mais loin s'en faut. Il s'agit d'une étude sociologique, exclusivement dédiée à l'Amérique, dont les faits remontent pour la plupart à plus de 10 ans... Je suis donc très étonnée que sa présentation fasse un rapprochement avec l'épiphénomène Zemour ou les gilets jaunes en France. Cette amalgame entre les USA et la France m'irrite au plus haut point, car non seulement il m'a induite en erreur, mais aussi parce que les réalités politique, économique, sociale, légale et technologique sont radicalement divergentes entre les deux pays. On ne peut donc pas lire une étude américaine pour comprendre un tant soit peu la situation française.
Lien : https://www.amazon.fr/Lillus..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Pour ceux du mauvais côté du fossé, il est essentiel de bien comprendre les facteurs à l'origine de cette situation. Premièrement et avant tout, internet est un outil qui avantage les individus qui ont de l'argent et du pouvoir, au détriment de ceux qui n'ont pas de ressources. Ensuite, le type d'organisation accentue l'écart d'activisme numérique. Les organisations hiérarchisées dotées d'équipes spécialisées dans les réseaux sociaux rencontrent plus de succès à générer de hauts niveaux de participation numérique que les groupes de bénévoles à structure horizontale. La participation numérique nécessite beaucoup de travail, et le niveau d'expertise compte beaucoup. Enfin, être compétent techniquement ne suffit pas à l'engagement en ligne. Les activistes doivent également posséder une certaine motivation politique pour le faire.
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La naissance d'internet il y a plus de 25 ans déclenche une sorte de vertige révolutionnaire. Ses plus ardents défenseurs pensent qu'il a le potentiel de refaçonner fondamentalement chaque aspect de la civilisation, en mieux. L'idéologie composant cette utopie numérique est faite d'un étrange mélange d'hyper-capitalisme et d'idéalisme socialiste des années 1960². Le libre marché total des idées et du commerce allait créer un nouvel équilibre du pouvoir en faveur des citoyens, au détriment des entreprises et des gouvernements.

Internet était un peu le phénix renaissant de ses cendres après l'effondrement de l'Union Soviétique et de ses symboles bureaucratiques, du mur de Berlin aux statues de Staline. Il a la capacité d'unir ce que la guerre froide a divisé.
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Les groupes conservateurs, qu'ils soient communautaires, professionnels ou médiatiques, sont unis dans la croyance qu'ils doivent substituer aux fake news leurs propres informations politiques sur la toile. Les groupes progressistes sont fragmentés et s'attachent plus souvent à encourager la par ticipation de masse au détriment de l'information de masse.
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En effet, la technologie non seulement échoue à éradiquer les barrières à l'organisation de mouvements, mais elle empire les choses en créant un fossé au sein du militantisme numérique. Plutôt que d'offrir une solution miracle pour régénérer notre démocratie, l'avènement du cybe ractivisme n'a réussi qu'à reproduire, et parfois, intensifier, les déséquilibres de pouvoir déjà existants.
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Titre anglais :

The revolution that wasn’t : how digital activism favors conservatives
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Video de Jen Schradie (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jen Schradie
epflpress.org/produit/1047/9782889154548
Internet a été salué comme un formidable outil de démocratie participative. On lui reconnaît un rôle essentiel dans les mobilisations des Printemps arabes ou de Occupy Wall Street, et l'émergence de mouvements tels que Black Lives Matter ou #MeToo. Son image s'est toutefois dégradée à mesure que les réseaux sociaux ont été pointés du doigt pour leur participation à la propagation des fake news.
Jen Schradie, chercheuse à Sciences Po, montre comment le web est devenu une arme nouvelle dans l'arsenal des mouvements conservateurs.
Sur la base de la situation américaine, elle met en évidence trois facteurs déterminants dans la propagation des idées de droite sur internet: la fracture sociale, exacerbée sur le web, l'organisation hiérarchisée et les moyens financiers engagés par des partis de droite, et la nature même des messages relayés. Elle épluche les différentes couches de la surmédiatisation et met ainsi à jour un terrain numérique inégal, largement délaissé par la classe populaire, au profit de groupes réformistes de droite aux avant-postes du cybermilitantisme. L'analyse d'un système interconnecté d'organisations communautaires et professionnelles de droite lui permet de réfuter les récentes allégations selon lesquelles des individus comme Trump, des réseaux d'informations comme Breitbart, des plateformes comme Google ou encore des pays comme la Russie seraient les seuls responsables de la situation actuelle.
En parallèle de l'émergence de mouvements comme #NuitDebout ou des Gilets jaunes, la montée en popularité d'Éric Zemmour confirme que la France n'est pas épargnée par le phénomène.
À l'heure où l'activisme hashtag fait les gros titres, le cybermilitantisme radical s'avère redoutablement efficace. Il accélère et renforce les rapports de classe et la polarisation idéologique de nos sociétés.
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