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EAN : 9782895967835
216 pages
Lux Éditeur (19/03/2020)
4.78/5   9 notes
Résumé :
L’antispécisme – la lutte contre toute discrimination fondée sur l’appartenance à une espèce animale – est plus explicitement politique que le végétarisme ou le véganisme, qui sont essentiellement des modes de vie. Dès la fin du XIXe siècle, des communautés végétariennes et des groupes de pression ont lutté contre l’exploitation des animaux, mais c’est en Grande-Bretagne, au milieu du XXe siècle, qu’une autre forme de militantisme radical est née, notamment avec la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Animal Radical n'est pas un manifeste pour l'antispécisme même si l'auteur lutte lui même contre le spécisme. Il analyse ici les origines de différents mouvements antispécistes, vegans, végétariens, végétaliens, anti-vivisection... et ce essentiellement par le prisme de trois pays : la France, Israël et le Canada et plus particulièrement le Québec. Cet ouvrage m'a ouvert les yeux sur les luttes intestines entre divers activistes et associations, notamment dans l'hexagone : entre abolitionnistes, welfaristes et différents courants politiques de droite et de gauche, cela est très dommageable et dessert certainement la cause. le lien entre anarchisme et lutte pour les animaux non-humains est également mis en lumière et nous apporte un éclairage inédit sur ce sujet, de même que pour l'intersectionnalité de différents mouvements de libération animale : humain et non humain.
Cet ouvrage donne envie d'en apprendre plus notamment via la riche partie des notes et références !
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L'antispécisme est défini en ouverture d'ouvrage comme une vision de la justice selon laquelle les intérêts des autres animaux doivent être pris en compte dans l'organisation des sociétés humaines, à l'encontre de leur subordination aux seuls intérêts humains. Bien que le terme ait fait son apparition dans les années 1970, Segal montre qu'une diversité d'acteurs, individuels ou collectifs, se sont positionnés en ce sens dès le 19e siècle, en Angleterre et en France notamment, d'abord autour de la protection des animaux. Radicaux, les antispécistes avant ou après la lettre l'ont été en ce qu'ils ont visé la racine (du latin radix) d'un problème humain-animal, de par leur objectif, leur discours et/ou leurs actions. Les prises de position de figures tel Marie Huot, Élysée Reclus ou Louise Michel, qui sont parmi les premières rencontrés dans l'ouvrage, attestent que la cause des animaux a été étroitement imbriquée à d'autres luttes et postures - anarchistes, socialistes et féministes - au sens desquels le rapport aux autres animaux s'identifiait à l'exercice d'une domination plus vaste. Segal s'appuie sur les revues ou journaux créés par les groupes et mouvements impliqués, les mémoires et biographies, ainsi que sur les gestes et procès qui ont porté la lutte pour les animaux à l'attention du public : sabotage de chasse, protestation contre la vivisection, et autres.

À l'encontre d'une pratique historienne campant une cause, telle une essence, au sein d'un groupe unitaire (ethnie, classe ou nation) chargé de la réaliser, pratique courbant le tri et l'interprétation des événements de façon à créer l'illusion d'une nécessité de la réalisation de cette cause, Segal rend justice avec force à la diversité de lieux, des acteurs et des perspectives : du groupe réunit à Monte Vérita en Suisse où Max Weber, Franz Kafka, Hermann Hess, et Isadora Duncan notamment ont séjourné, à la commune de Dimona au sud d'Israël fondée par les African Hebrew Israelite et pratiquant un strict véganisme, aux groupes punk du mouvement Straight Edge, à Anonymous for the Voiceless (fondé en Australie), Animal Liberation Front (au Royaume-Uni), ou à L214 (en France).

Une autre qualité de l'ouvrage est de dépeindre avec réalisme les tensions rencontrées à la fois par les groupes antispécistes de l'extérieur (notamment avec les reculs auxquels ont pu conduire des efforts de réforme politique pourtant appuyées par une majorité de citoyens) et de l'intérieur (alors que certains continuent de prôner le réformisme, d'autres l'abolitionnisme; alors que certains mettent la libération des animaux en priorité par rapport à toutes autres causes au motif que les animaux ne sont pas responsables du sort qui leur est fait et que la souffrance infligée est pire que la souffrance choisie, tandis que d'autres prônent ce que l'on appelle aujourd'hui l'intersectionnalité).

Le lecteur découvre ici un pan vivant et méconnu des idées et pratiques récentes visant à transformer et enrichir notre vie morale au contact des autres animaux, ainsi que la vaste étendue des ramifications géographiques des transformations et résistances associées ; pan au service duquel Segal met une écriture alerte, vive et habile.

Un livre clair, documenté, comportant, en plus d'une bibliographie, le résultat d'entrevues et d'observations terrain menées par Segal en France et au Québec (à Montréal) pour mieux attester de la diversité contemporaine des engagements et des tonalités; livre duquel tous peuvent apprendre.
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Le livre de Jérôme Segal permet d'approcher l'histoire d'un mouvement émancipateur oblitéré et souvent calomnié ou déconsidéré dans le monde francophone. L'antispécisme - lutte contre toutes les discriminations fondées sur l'appartenance à une espèce animale ou contre l'exercice d'un logos auto-défini. Une enquête menée dans les origines fondatrices de l'antispécisme (anarchisme, Commune, abolitionnisme, intellectuels témoins de la Shoah...), mais aussi dans les mouvements contemporains en France, Israel et Canada. Son livre aborde sans partialité les controverses qui les traversent, ce qui est rare. Outre les acteurs bien connus de ce courant d action et de pensée (de Jeremy Bentham à Louise Michel, de Primo Levi à Henry Spira, d'Henry Salt à Jacques Derrida...), j'ai fait de nouvelles rencontres passionnantes : Elisée Reclus, Marie Huot, Joe Strummer chanteur des Clash, les punk hard core de Vegan Reich, les pionniers d'Amirim en Israel, les Black Hebrew Israelite, les Black Vegan, et la sublime photographe Dora Kallmus - Madame d'Ora.
Le livre s'achève par un texte de Freud, qui explique la vexation narcissique que constitue l'absence de toute justification scientifique, de toute légitimité politique du suprémacisme humain. La radicalité de l'anti-spécisme consiste à admettre les conséquences morales du darwinisme et des découvertes de la science, de la biologie, de l'éthologie sur la conscience et la sentience animales et à en organiser les conséquences économiques (changement de modèle consumériste) et politiques (délégitimation de toutes les discriminations). Il n'est rien de plus pacifiste ni de plus salutaire.
"L'antispécisme est politique. Il ne s'agit pas seulement de boycotter, une action qui reste individuelle et consumériste (puisqu'on ne boycotte que dans la consommation), mais d'appliquer une philosophie morale." Jérome Segal
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Animal Radical se veut être un "historique" du mouvement antispéciste (ou plutôt des mouvements antispécistes), des origines aux formes contemporaines dans toutes leurs pluralités. Mission réussie : une écriture concise et claire, un texte riche qui couvre bon nombre de sous-mouvements souvent laissés de côté (petite pensée pour les quelques paragraphes sur le punk hardcore) et de spécificités nationales et locales. On en apprend plus sur les différent.e.s acteur.trice.s de l'antispécisme à travers les époques et les questions qui font encore aujourd'hui grincer des dents (notamment les comparaisons à la Shoah) sont abordées sans détour. On sent par moments la subjectivité de Segal transparaître, ce qui ne dérangera pas les déjà-convaincu.e.s d'entre nous et n'entachera en rien la légitimité des propos, et au contraire leur donnera d'autant plus de consistance. Une lecture enrichissante et organique, qui a amplement sa place dans la littérature antispéciste. On en voudrait encore plus.
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L'antispécisme, s'il est une problématique contemporaine, n'en demeure pas moins un mouvement de pensée ancien. C'est ce que montre l'historien Jérôme Ségal dans Animal Radical, Histoire et sociologie de l'antispécisme (Editions Lux) le livre n'est pas un manifeste militant mais un état des lieux bienvenu qui analyse les racines d'une pensée, son évolution et sa constitution en une nébuleuse de mouvements dans lesquels il est parfois difficile d'y voir clair. La radicalité est interrogée avec finesse. le chercheur mène une analyse comparée de l'antispécisme dans 3 pays : Canada, France et Israël. Certains chapitres sont vraiment passionnants comme le lien entre antispécisme et anarchisme ou socialisme au XIXème siècle ou encore celui entre antispécisme et féminisme.

Lien : https://twitter.com/claire_t..
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critiques presse (2)
NonFiction
21 septembre 2020
Avec Animal radical, Jérôme Segal retrace l'histoire de la cause animale sur plusieurs décennies, sa diversité, son influence sur nos sociétés, et ses usages parfois contestables.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeJournaldeQuebec
17 septembre 2020
L’ouvrage de Segal nous rend plus humains ceux qui traquent, à la limite de la légalité, les meilleurs ennemis des animaux, au-delà de l’image terroriste dont on les a affublés.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec

Video de Jérôme Segal (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Segal
Jérôme Segal, journaliste et maître de conférence, présente son livre "Animal radical. Histoire et sociologie de l'antispécisme" (Lux Éditeur, 2020)
Pour plus d'informations : https://www.luxediteur.com/catalogue/animal-radical/
L'antispécisme – la lutte contre toute discrimination fondée sur l'appartenance à une espèce animale – est plus explicitement politique que le végétarisme ou le véganisme, qui sont essentiellement des modes de vie. Dès la fin du XIXe siècle, des communautés végétariennes et des groupes de pression ont lutté contre l'exploitation des animaux, mais c'est en Grande-Bretagne, au milieu du XXe siècle, qu'une autre forme de militantisme radical est née, notamment avec la création du Front de libération animale (ALF).
Le présent ouvrage remonte aux origines de la cause animale et analyse la diversité des mouvements qui s'en réclament en étudiant de plus près l'antispécisme en France, au Canada et en Israël. L'auteur y aborde les points les plus sensibles de ce discours, tels que la comparaison entre les abattoirs et les centres d'extermination ou encore les liens avec l'esclavage et le sexisme. Il traite aussi du veganwashing, qui consiste à utiliser le véganisme pour occulter des injustices. L'ouvrage évalue ainsi les progrès de la cause animale et, plus globalement, de l'ouverture de nos sociétés aux questions liées à notre rapport aux animaux. Il a été écrit par un militant antispéciste, mais il ne s'agit pas d'un manifeste. C'est un portrait honnête fondé sur une trentaine d'entretiens et qui ne craint pas d'aborder les côtés moins reluisants du mouvement.
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