LÉONCE
De vingt pieds tout au plus. Je tombe juste au milieu de l’omnibus, qui m’emporte au grand trot. J’appelle le conducteur ; malheureusement il s’est trouvé sourd. Il marche toujours, et je n’ai pu descendre qu’à une lieue de chez moi, quand l’omnibus s’est arrêté.
GUDULE
Et comment as-tu fait pour revenir ?
LÉONCE
J’avais trente centimes dans ma poche ; je suis monté dans un autre omnibus, qui m’a ramené chez moi, et voilà pourquoi nous sommes en retard. Vous comprenez que ce n’est pas ma faute.
HECTOR
Je comprends que tu nous inventes une histoire, comme tu fais toujours ; et je devine que tu t’es échappé de la maison, que tu as été chez un pâtissier, où tu as dépensé tes trente centimes, et que Gudule t’a attendu pendant tout ce temps.
GUDULE
Je crois, Hector, que tu devines très juste.
LÉONCE
Eh ! laissez donc ! Il ne s’agit pas de se disputer, mais de s’amuser. Je veux bien vous pardonner de ne pas me croire, mais je veux m’amuser. À quoi allons-nous jouer ?
Les malheurs de Sophie : le poulet noir (1/3) | Des histoires merveilleuses