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3,84

sur 467 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Mélancolie, tristesse et désespoir, tels sont apprend-on dans ce roman, les derniers sentiments auxquels s'est abandonné Stefan Zweig durant les 6 derniers mois de sa vie. Contraint de fuir d'abord à Londres, puis à New York pour finir sa course à Pétropolis (Brésil), Stefan Zweig pour le plus grand malheur de ses proches et de ses admirateurs, décide de mettre fin à ses jours un 22 février 1942. Dans sa détresse, il emmène Lotte, sa jeune épouse malade, dans un ultime voyage à véronal...

Récit d'un exil forcé, ce roman de Laurent Seksik nous dépeint un Zweig désespéré, un Zweig qui broie du noir : alors que l'Allemagne cherche l'espoir dans le nazisme, la Vienne et la Mitteleuropa tant chéries par l'autrichien, ne sont plus que l'ombre d'un souvenir éthéré. Tout n'est devenu que tristesse et désolation : dénonciations, arrestations, suicides... Se pouvait-il que Zweig qui était écrivain avant d'être juif, soit ainsi persécuté pour une religion dont il n'avait que faire ? Littérature, famille, amis, tout ce qui faisait sa joie, ne sont plus que les fantômes d'un passé glorieux. Zweig ne croit plus en rien. Pas même à l'amour immodéré que lui porte Lotte. Car "est-on encore un écrivain quand on est plus lu dans sa langue ? Est-on encore en vie lorsqu'on écrit plus de son vivant ?" p.22. Ses livres sont brûlés, il est considéré comme "alien enemy", ses éditeurs allemands lui tournent le dos... Zweig se sent las. Zweig se sent lâche. Il capitule. Il ne possède ni le bagoût de son ami Feder, ni la conviction de Bernanos. Et ni la politique, ni la religion ne l'intéressent. Il n'est qu'un pauvre écrivain. Hélas, la littérature n'a plus sa place dans ce monde rongé par la guerre et dévasté par le nazisme. Il a pris sa décision et seul Heinrich von Kleist, l'un de ses auteurs préférés l'inspire : oui, il se donnera la mort. Et si Lotte le veut, elle peut partir avec lui...

S'il est vrai que l'on ne peut réduire un homme à ce que l'on connait de son existence (p. 153), il faut reconnaître que ce roman permet de comprendre Zweig. L'auteur autrichien, dont le talent de biographe n'est pas à prouver, se retrouve sous la plume de Seksik de l'autre côté de la scène. J'ai aimé accompagner le Zweig de Seksik dans ses derniers jours. J'ai aimé ce livre pour Lotte. J'ai aimé ce livre pour les personnages qu'on y rencontre. J'ai aimé ce livre pour ce qu'il dégage de si douloureux dans la détresse d'un homme. Je connaissais l'écrivain Zweig au travers de ses célèbres biographies. J'ai découvert un peu l'homme à travers cette biographie. Il faut lire ce livre...
Lien : http://livresacentalheure-al..
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1931/1945 au Brésil la se sont réfugiés les persécutés du régime 'azi. Stefan Zweig y est installé avec sa deuxième épouse de la moitié de son âge. ce sont les derniers mois avant leur suicide. on croise divers écrivains qui passent dans ce livre comme des ombres. l'admiration sans borne de cette jeune femme pour son mari qui pour certains était un lâche. le dernier passage de leur suicide a la façon Romeo et Juliette est très beau. écriture excellente.
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J'ai un aveu à faire, une bête lacune à confesser.
Voilà, je n'ai jamais lu Stefan Zweig...
Pour être honnête, avant de dénicher par hasard le présent opuscule dans une de ces "boites à livres" qui fleurissent aujourd'hui partout, je ne connaissais même presque rien du bonhomme. C'est la honte, hein ?

Heureusement il n'est jamais trop tard pour s'instruire, et grâce à Laurent Seksik je me coucherai un peu moins bête. Un peu plus déprimé aussi. Faut dire que les derniers jours de Stefan Zweig ne furent apparemment pas les plus réjouissants... Exilé au Brésil, loin de son Autriche-Hongrie adorée et d'un Vieux Continent ravagé par la guerre, Zweig se morfond en assistant, abasourdi, au délitement complet de tous ses idéaux humanistes. le monde qu'il connaissait et chérissait n'est plus, il ne se reconnait pas dans celui qui vient.
"Il n'y a plus d'asile sacré, plus d'endroit fixe où habiter. La vie est désormais le lieu d'une éternelle errance. L'immémorial exode". (je vous avais prévenu, c'est pas folichon...)

Auprès de lui Lotte, en épouse aimante et attentionnée, fait son possible pour sauver le grand écrivain du marasme qui le ronge. Hélas ses efforts sont vains et l'on comprend vite que la succession de petites saynètes - un peu décousues mais globalement très noires et empreintes d'une grande nostalgie - que nous propose Laurent Seksik, conduisent lentement le couple vers une issue fatale... On aura tout juste le temps, avant la funeste absoption de barbituriques, de revenir dans les grandes lignes sur la vie de Stefan Zweig, lui qui fréquenta les plus grandes plumes de son temps (Thomas Mann, Rilke, Roth, Hesse, Bernanos), lui dont le talent fit l'unanimité et lui que d'aucuns auraient volontiers désigné comme le porte-étandard naturel de la cause juive...
Un costume trop lourd à porter pour un homme fragile, inquiet, vulnérable, un homme qui prend soin de se tenir hors de portée du vent mauvais soufflant d'Allemagne, qui n'a pas de message à délivrer et "rien d'autre à dire au monde que les passions folles de ses héros", un homme que Lotte rassure en ces termes : "bien sûr que vous avez le droit [de vous laisser abattre]. Vous n'avez pas l'âme insensible des guerriers. Vous ressentez les choses plus douloureusement. Vous êtes écrivain."

Jusqu'au bout, Zweig le pacifiste cherchera refuge dans la littérature, et tentera de brosser le portrait d'une époque en train de disparaître, espérant que son dernier livre serve de témoignage, cherchant à "édifier une stèle au milieu des ruines".
Vaste programme...
Dommage (et bizarre) que ni l'écriture pourtant très soignée de Laurent Seksik, ni l'hommage sincère qu'il adresse à Zweig n'aient résonné en moi comme j'aurais pu m'y attendre. temps sujet, difficile, se voulait pourtant poignant, mais moi qui n'aie rien a priori contre les biographies romancées, j'ai trouvé celle-ci trop parcellaire, trop resserrée sur les toutes dernières heures du couple, et trop axée sur des faits qui m'ont parfois semblé anecdotiques.
Un parti pris assumé par l'auteur, mais qui m'aura un peu laissé sur ma faim...
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Voilà une bien belle biographie romancée d'un homme profondément humaniste, blessé au plus profond de son âme par cette terrible inhumanité à laquelle il sera confronté...
A travers ses derniers mois de vie et grâce à des souvenirs finement amenés, on entrevoit toute l'hypersensibilité de ce grand écrivain que restera longtemps Stefan Zweig.
Un roman triste, mais juste et écrit toute en pudeur.
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Quand on apprécie les oeuvres de Zweig, on s'intéresse tôt ou tard à sa vie, et forcément on sait qu'il s'est suicidé avec sa femme en 1942 alors qu'il était en exil au Brésil. Cet ouvrage, intitulé "roman", se propose de nous rapprocher de cet auteur pendant les derniers mois de sa vie.


Après avoir beaucoup voyagé, il décide de quitter définitivement l'Autriche en 1934 et il part s'installer en Angleterre. En 1941 il s'éloigne encore plus de l'Allemagne nazie et part aux Etats-Unis puis au Brésil avec sa deuxième femme. Déjà très déprimé par ses années d'exil londonien, il est de plus en plus affecté par les mauvaises nouvelles qui lui arrivent d'Europe. Ses amis écrivains soit s'exilent, soit se suicident. Les succès allemands sont autant de coups portés à ses idées pacifistes et il ne supporte pas d'être le témoin impuissant de cette barbarie. Très proche de sa deuxième femme, il se suicide avec elle le 22 février 1942.


Laurent Seksik a fait des recherches documentaires sérieuses pour écrire ce livre, sa longue bibliographie en témoigne : les oeuvres autobiographiques de Zweig et aussi celles de Bernanos (que Zweig rencontre au Brésil), Schnitzler, Klaus Mann, Hanna Arendt. Je trouve en effet que l'aspect documentaire est bien traité. Les dates, les rencontres, l'état d'esprit général de l'époque sont bien reconstitués.


C'est sur le terme "Roman" que je bute, je trouve que le côté romanesque est un peu plus faible. Quelques descriptions, promenades, réflexions de sa femme donnent en effet un côté un peu romanesque à l'ensemble mais n'éclaire pas trop non plus l'indicible. le tout est un peu descriptif et n'ajoute pas grand-chose aux faits eux-mêmes. J'attendais peut-être davantage de lyrisme d'une biographie "romancée" (car en fait c'est bien de cela qu'il s'agit...)


En tout cas ce livre m'a donné très envie de lire la partie d'"Un monde d'hier" qui se rapporte à la fin de sa vie...

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Laurent Seksik, Les derniers jours de Stefan Sweig - 2010 -

Stefan Sweig est juif, écrivain renommé, mais avec la montée d'Hitler, il fuit l'Autriche et ses persécutions. Il cherche une terre d'accueil pour lui et sa compagne asthmatique. Ce sera le Brésil, mais la souffrance et la honte le suivent, l'habitent tout entier. Il est prisonnier de lui-même, se trouve lâche, pleure ses morts et le faste d'avant. Il choisira d'en finir avec la vie en 1942.

L'oeuvre est bien écrite, dense, mais elle est si noire qu'elle est difficile à lire. Seksik sait si bien nous communiquer les souffrances intérieures de Sweig que cela devient insupportable par moments. Je me suis surprise à sauter des bouts pour en finir avec toute cette douleur. Mais je retiens l'oeuvre de Sweig, un auteur que j'aime beaucoup et qui a su percer l'âme humaine comme pas un.
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Je reste mitigée quant à cette lecture. L'auteur retrace les derniers mois de Stefan Zweig à Pétropolis au Brésil de septembre 1941 jusqu'à son suicide en février 1942 avec sa seconde épouse. Certes l'auteur ne prétend pas à la véracité totale des faits. A la manière de Zweig, il privilégie la psychologie des êtres. Ce que j'ai trouvé déplaisant, c'est l'écriture emphatique surtout dans la première partie du livre.
En revanche, l'auteur analyse bien à mon sens, l'état d"esprit de Zweig qui à 60 ans passés était trop vieux pour se reconstruire ( son ami Romain Rolland lui disait qu'il était trop vieux pour prendre racine au Brésil et que sans racines, un homme devenait une ombre). Zweig vit dans la nostalgie de la Mitteleuropa de sa jeunesse, il n'a jamais été un combattant, a toujours préféré les victimes aux héros. Comment pourrait-il mener un combat en faveur des Juifs lui qui se sent cerné, dépressif, nostalgique, lui qui a toujours admiré le destin tragique du peuple juif en exil plutôt que le nationalisme sioniste. Sa rencontre avec Bernanos lui aussi exilé qui l'invite à la résistance le décourage. Sa personnalité est à l'opposé des passions dévastatrices, irrépressibles des héros de ses romans et nouvelles.
Son suicide a été jugé sévèrement à l'époque, considéré comme une lâcheté vis à vis notamment des Juifs et exilés. Aujourd'hui, nous sommes plus compréhensifs vis à vis d'un homme à bout de forces. Ce qui est plus contestable en revanche, c'est d'avoir entraîné dans ce suicide Lotte sa seconde épouse, une femme beaucoup plus jeune, isolée, malade et influençable.
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Le récit s'ouvre en septembre 1941. Stefan Zweig et Lotte, sa seconde épouse, viennent de s'installer au Brésil. Auteur juif, Stefan Zweig a fui son Autriche natale devant l'avancée nazie. Leur périple les a déjà conduits à Londres et à New-York où leurs origines autrichiennes les a rendus suspects auprès des autorités. Stefan et Lotte sont ainsi contraints de poursuivre leur voyage, toujours plus loin, pour échapper à la folie qui s'est abattue sur le monde.

L'auteur se base ici sur des faits réels, correspondances, bibliographies, articles de journaux pour nous livrer une biographie romancée des derniers mois de la vie de Stefan Zweig. Se sentant acculé, poussé au désespoir l'auteur choisira en effet de mettre fin à ses jours en février 1942, entraînant avec lui dans la mort sa jeune et dévouée épouse.

Le texte reste au plus près de Zweig, mettant des mots sur ses pensées les plus intimes, évoquant ses amitiés artistiques et littéraires, analysant sa relation avec Lotte pour qui il a quitté sa première épouse, abordant l'écriture de ses derniers textes.

Laurent Seksik nous dresse ici le portrait d'un homme de 60 ans, sombre, mélancolique et ayant renoncé au combat quand d'autres ont suivi la voie de la résistance. Mais pas de jugement ici, simplement des faits qui indiquent un caractère face à une époque monstrueuse. L'auteur nous dessine aussi le portrait de Lotte, celui d'une jeune femme prête à tous les sacrifices, entraînée presque malgré elle dans le puits de désespoir de son mari par une admiration et un amour éperdus.

Ce livre nous permet de mieux cerner Stefan Zweig, auteur connu et célébré avant de devenir ennemi désigné du nazisme, un homme envahi d'une tristesse abyssale devant la marche du monde et la disparition du “monde d'hier”. Un homme résolument pacifiste et profondément humain qui ne se sent plus capable de faire face à ce qu'il sait être le crime le plus odieux de l'histoire.

Une nouvelle fois on admirera la plume de Laurent Seksik, toute en retenue et en sensibilité qui met admirablement en lumière une personnalité phare de la littérature.
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Il me semble que ce livre est une bonne occasion de rencontrer Stefan Zweig. Il offre une première approche de son travail et de son oeuvre. Il est une rencontre avec l'homme, au moment le plus tragique de son existence et sans doute le plus révélateur. Mais si le récit m'a donné envie de lire Stefan Zweig, j'avoue avoir peu apprécié le personnage, sa veulerie, son apathie... Il faut pourtant garder à l'esprit qu'il s'agit d'une exofiction et que certaines rencontres n'ont jamais eu lieu. de même, la relation entre l'écrivain et Lotte et les derniers mois de leur vie commune ont été imaginées par l'auteur... se fondant néanmoins sur les courriers de Zweig. Je reste indécise sur ce récit, sans doute parce que l'on ne sait pas ce qui relève de la fiction et ce qui est la réalité. Et parce que Zweig est si passif... Finalement, certains membres du Comité de lecteurs préconisent de lire directement Stefan Zweig et son propre témoignage sur l'exil et les drames de l'Histoire, dans le monde d'hier, souvenirs d'un européen. Je pense que je vais suivre ce conseil.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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La pièce tirée du roman du même nom, et du mêm auteur. Au Brésil, Stefan Zweig et sa nouvelle épouse s'effacent peu à peu devant l'horreur du monde, et décident d'en finir. Comme coupable d'avoir fui l'Allemagne trop tôt, rongé par la culpabilité ; c'est ainis que nous est présenté un Zweig résigné, certain que la guerre est perdue et que les nazis débarqueront bientôt au Brésil. Et pui sans doute en manque de Vienne, de l'Autriche et de l'Allemagne, de ses maîtres (Joseph Roth par exemple). J'ai parfois eu l'impression d'un excès de pathos pour accabler doucement Zweig, mais le texte est bien écrit et prenant. Il donne aussi envie de relire un livre de ma bibliothèque : le monde d'hier
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