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Voici une lecture prenante, qui ne laisse pas indifférent, et je remercie l'ami qui, après m'avoir fait découvrir Paolo Bacigalupi, m'a fait découvrir Hubert Selby.
Renseignements pris, ce roman paru en 1976 a été accueilli plutôt froidement par la critique américaine. le héros, Harry White, fut jugé caricatural, et l'ensemble grossier et réducteur, sans subtilité morale.
Mais moi, ce roman, je l'ai trouvé surprenant, dérangeant, remuant, bref, un livre qui sort du lot et vous fait l'effet d'une claque.
Toute l'histoire est narrée du point de vue du héros, Harry White, avec quelques brèves incursions dans la psyché de sa femme Linda, qui joue en quelque sorte le rôle de miroir révélateur. le nom même du héros est un symbole en soi : White.
Car Harry est un wasp tout ce qu'il y a de propre sur lui, jeune cadre brillant promu à un bel avenir au sein d'une société en pleine croissance. Caricatural ? Peut-être. Pourtant, n'est-ce pas l'image idéalisée que l'on se fait du succès à l'américaine ?
L'envers du décor, c'est le Mr Hide qui se cache dans l'ombre de cette réussite. D'ailleurs, la métaphore est filée tout au long du livre, où plusieurs scènes décrivent le héros passant de l'ombre à la lumière. Clarté divine et ténèbres infernales…

Suite de sur mon blog
Lien : http://emilie-querbalec.com/..
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Un roman violent, puissant et qui vous entraîne dans sa logique frénétique. Un style âpre et un personnage inoubliable. La grande littérature américaine est inégalable dans ce genre.
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Mon premier Selby… il n'est jamais trop tard.
Il m'avait été recommandé par mon libraire comme étant un polar… ce n'est pas ce que j'y ai trouvé.
J'ai plutôt eu l'impression de lire le long monologue intérieur d'un jeune américain de la classe moyenne vivant en parallèle d'un côté le rêve américain (traduisez le bonheur absolu pour tout être humain appelé pour un bref séjour sur terre au pays de l'Oncle Sam) et de l'autre la longue descente aux enfers d'un homme dont l'addiction à des pulsions de mort (n'ayons pas peur des mots) vont le pousser à rechercher (comme pour l'héro, dont Selby fut dépendant) des doses de plus en plus fortes, à intervalles de plus en plus réduits (dans le roman la drogue est "incarnée" par l'adrénaline générée par des rencontres avec des femmes mariées, puis des "putains" alcooliques, des cambriolages et, point d'orgue, des meurtres)...
Personnellement, ce genre de bouquin où l'on assiste à l'autodestruction d'un jeune homme qui a tout pour réussir, et qui d'ailleurs réussit… me fait mal, et ça m'a fait mal.
Mais la lecture, ce ne doit pas être "la petite maison dans la prairie".
C'est fait pour vous bousculer, pour vous déranger, pour vous réveiller.
Et, il faut l'avouer, ces mots conviennent à l'oeuvre de Selby.
Les tourments de Harry White, ses questionnements, ses errances, sa folie, on les retrouve dans une écriture heurtée, voire brouillonne et parfois confuse.
Bref, Selby réussit à nous faire souffrir grâce ou à cause du fond et de la forme… sans que jamais - le démon - perde de son intérêt.
C'est noir, car il n'y a aucune issue, aucune panacée sur terre, au malheur de l'homme. Donc préparez-vous à (re)-visiter les cercles de l'enfer.
Emotions fortes garanties !
Un auteur que j'espère retrouver prochainement dans une autre de ses oeuvres.
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le démon est un chef-d'oeuvre mais en entreprendre la lecture requière à mon sens quelques avertissements. Ce livre est une véritable expérience. Pour s'y plonger, il faut être disponible tout en gardant ses distances. Ne soyez pas vulnérable et ayez de l'endurance car c'est un roman profondément éprouvant…
Harry White est un homme obsédé. Tout d'abord par les femmes, de préférence mariées. Mais Harry poursuit des rêves de réussite et va finir par se caser. Il devra trouver de nouveaux moyens d'assouvir ses pulsions pour ne pas risquer sa carrière et son foyer, car Harry reste un homme qui connaît la morale…
Hubert Selby Jr. nous entraîne avec son personnage sur le chemin de la rage, de la culpabilité et de l'autodestruction, parce qu'« un homme obsédé est un homme possédé du démon ». Et le récit d'épouser le rythme et la forme des éternels ressassements de son protagoniste : aux phrases interminables se succèdent des passages syncopés dans un fréquent va et vient entre voix du narrateur et questionnements intérieurs. Et le lecteur de subir crescendo et le souffle-coupé les troubles du héros qui semblent tout deux ne connaître ni fin ni rédemption.
le démon est un livre dur, dense et tout en tension mais aussi d'une grande fulgurance. Les joies y ont leur place car Harry n'est pas étranger à l'amour et aurait tout pour être heureux. Dans des scènes magnifiques, Selby décrit l'étonnement de Harry face à l'amour si inattendu qu'il porte à sa femme Linda, puis à son fils. le lecteur est aussi surpris que lui de le découvrir capable d'attachement et de dévouement. Mais ces moments d'éclat ne semblent être là que pour amorcer et dramatiser les incessantes chutes et rechutes du héros. Car le démon n'est rien d'autre que le récit d'une course-poursuite entre un homme et ses psychoses dont le lecteur devient le témoin impuissant. Hubert Selby Jr y épuise le motif de l'obsession jusqu'à un paroxysme final saisissant.
Bien au-delà d'une simple évocation du puritanisme et du naufrage du rêve américain, le démon est l'un de ces romans qui obligent à se remettre en question, intimement. Scorsese disait du personnage de Taxi Driver : « Il y a un Travis Bickle en chacun de nous. » Il pourrait en être de même d'Harry White. Ce livre fascine autant qu'il terrifie, il fait rire autant qu'il dégoûte car nous y reconnaissons nos angoisses et nos doutes mais aussi nos tentatives effrénées pour se sentir vivants.
Je l'ai souvent ouvert du bout des doigts mais l'ai toujours lu avec urgence, au bord de l'épuisement, et je dois avouer l'avoir refermé avec un certain soulagement, étonnée d'avoir tenu le coup jusqu'au bout.
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Le démon fait partie de ces livres qui vous hantent, dont on se surprend à se remémorer des passages, pour éprouver à nouveau les sensations qu'ils ont fait naître.
Tout au long de la lecture, le caractère inéluctable de la fin se fait de pus en plus pesant, et on a envie à la fois de ralentir pour repousser ce moment, et de l'accélérer car le récit est passionnant
Il est difficile de parler du style d'un écrivain qu'on ne lit pas dans sa langue originale, mais pour autant qu'on puisse en juger, le moindre mot a sa raison d'être, les phrases sont précises et sans concessions, et participent autant que l'histoire qu'elles racontent à ce sentiment que le "héros" est dans une impasse totale
Un livre dur, désespéré : une belle oeuvre
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L'histoire d'Harry White happe immédiatement, créant une attraction trouble pour cet homme banal qui a tout pour réussir, et pourtant s'auto-détruit dans un inexorable processus de lente désintégration. Fils unique de parents aimants appartenant à la classe moyenne, brillant, Harry occupe un poste important et prometteur, qui lui procure aisance matérielle et succès auprès des filles. Pour citer une Panglossade, tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, si Harry n'hébergeait pas en lui un démon, aussi irrésistible qu'inexplicable, séducteur et manipulateur.


Harry souffre d'une addiction au sexe, et s'il jette d'abord son dévolu sur des femmes mariées, c'est pour le délicieux frisson qu'il ressent à l'idée d'être surpris par leur mari. Harry aime se faire peur, et pour frissonner plus fort, il lui faut prendre davantage de risques. Comme toutes les addictions, celle au sexe oblige celui qui en est atteint à trouver des doses de plus en plus fréquentes et massives pour un effet identique. Les périodes de calme apparent deviennent rares et courtes, laissant Harry en proie aux symptômes du manque : migraines, nausées, vertiges, tremblements.


Harry lutte contre ses pulsions, avec les moyens à sa disposition : il s'investit corps et âme dans sa carrière, décroche un poste prestigieux, épouse Linda et devient le papa de deux beaux enfants, qu'il installe dans une luxueuse maison : “La réussite ! Il avait vraiment réussi. Alors, comment les choses auraient-elles pu aller mal ? C'était impossible, manifestement impossible”. Et, pourtant tout se déglingue, sa descente aux enfers se poursuit au même rythme que son ascension sociale. Linda, femme amoureuse, “assistait en spectatrice silencieuse à la destruction de son mari par un mal invisible. Elle était comme hypnotisée par le changement lent et régulier qui s'opérait en lui”. le rêve américain versus les bas instincts de la nature humaine.


Sur le thème de l'abjection envers soi-même, de l'obsession et de l'addiction sexuelle, Hubert Selby Jr, écrivain écorché vif, écrit un chef-d'oeuvre abrupt, noir, violent qui ne peut laisser indifférent. La palette des émotions ressenties lors de cette lecture est immense, car Harry est à la fois monstrueux et terriblement humain.
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Nous suivons dans ce roman, la longue descente aux enfers d'un homme pour qui tout était destiné à réussir..

Harry White, issue d'une bonne famille, est prédestiné à de grandes responsabilités dans son entreprise. Cependant, il est accroc aux femmes mariées. Plus précisément, addict à sauter des femmes mariées et l'adrénaline qu'induit ces prises de risques.

Ses coucheries, souvent réalisées durant sa pause déjeuner au travail mettent en péril ses plans de carrière, forcément son patron lui tient rigueur des retards répétitifs à 14 heures.

Tout bascule quand il fait la rencontre de Linda. de leur amour, naissent deux enfants, une belle maison, car Harry White, plus posé, est devenu vice président de son entreprise.

Ce rêve américain, cet amour fou, une famille aimante, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Malgré cela, le démon n'était pas mort, au mieux il était légèrement assoupi dans un coin de son âme. Une fois réveillé, Harry devra faire face à son addiction, à la dopamine engendrée par des actions de plus en plus dangereuses, démoniaques..

Je n'en dirais pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir de lecture.
L'histoire est plutôt prenante (hormis à la moitié et encore pour moi c'est mieux passé que d'autres). L'écriture est plutôt accessible, le vocabulaire crû pourrait en réfréner certain(e)s ainsi que les très longues phrases.

Pour résumer, ce n'est pas ma lecture de l'année et autant explosif que promis, mais j'ai bien apprécié la lecture.
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Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort ! (oui, j'avoue, il m'est arrivé de regarder Fort Boyard,...passons !)
Harry White, le personnage principal de ce roman, a tout du gendre idéal (Il est intelligent, jeune, beau et mène une carrière brillantissime), oui mais voilà : il souffre de troubles psychiatriques qui vont l'amener à des dérives de plus en plus perverses.
Pour lui, ça commence comme "Don Juan" et ça se termine comme "American Psycho" (de Bret Easton Ellis) : ce séducteur commence par butiner les femmes insatisfaites (et s'en débarrasse dès consommation), puis les besoins du "Démon" en lui deviennent de plus en plus exigeants pour le combler...
C'est un très bon roman et je ne mets 4 étoiles que parce que la narration s'enlise parfois, s'embourbe.
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Au début, Harry White est un brave type, juste un peu - beaucoup - porté sur la quéquette, qui passe le plus clair de ses loisirs à draguer (avec succès) des femmes mariées. C'est aussi et surtout un honnête petit carriériste qui va devoir faire des choix, mais à qui tout va sourire en somme : femme, enfants, emploi prestigieux et propriété somptueuse. Sauf que Harry est rongé, c'est un accro de l'adrénaline, et au fur et à mesure que son environnement lui sourit, il s'enfonce dans un enfer sans issue ; sa vie intérieure, avec ses dysfonctionnements immaîtrisables, est exposée avec une acuité qui frise parfois l'insupportable.

"Le démon" nous fait vivre la naissance du crime chez un psychopathe que l'on peut très bien confondre avec un homme ordinaire de prime abord. La force de Selby est de mettre le lecteur aux premières loges, en récepteur direct des stimuli et pulsions de son personnage au point de provoquer le malaise à de multiples reprises. Ce redoutable effet de style jouant sur l'abolition de la distance entre son être déviant et le lecteur a pour effet de nous faire toucher un processus terrible : comment la nature criminelle est produite presque naturellement de la distorsion d'un être humain ordinaire, social et surtout consommateur... consommateur des biens et des êtres qui ne sont là que pour assouvir ses besoins qui croissent dans une spirale sans fin. Ce texte est marquant à tout point de vue, véritablement dérangeant. Une très grande réussite, le chef d'oeuvre de l'auteur.
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Je n'ai jamais rien lu d'aussi puissant, ni au niveau de la forme ni au niveau du fond. Harry se perd dans les méandres de son obsession sexuelle. C'est extraordinaire. Et la première phrase donne le ton... Hubert Selby Jr est définitivement mon auteur préféré.
Lien : http://www.10-18.fr/site/le_..
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