Mon premier Selby… il n'est jamais trop tard.
Il m'avait été recommandé par mon libraire comme étant un polar… ce n'est pas ce que j'y ai trouvé.
J'ai plutôt eu l'impression de lire le long monologue intérieur d'un jeune américain de la classe moyenne vivant en parallèle d'un côté le rêve américain (traduisez le bonheur absolu pour tout être humain appelé pour un bref séjour sur terre au pays de l'Oncle Sam) et de l'autre la longue descente aux enfers d'un homme dont l'addiction à des pulsions de mort (n'ayons pas peur des mots) vont le pousser à rechercher (comme pour l'héro, dont Selby fut dépendant) des doses de plus en plus fortes, à intervalles de plus en plus réduits (dans le roman la drogue est "incarnée" par l'adrénaline générée par des rencontres avec des femmes mariées, puis des "putains" alcooliques, des cambriolages et, point d'orgue, des meurtres)...
Personnellement, ce genre de bouquin où l'on assiste à l'autodestruction d'un jeune homme qui a tout pour réussir, et qui d'ailleurs réussit… me fait mal, et ça m'a fait mal.
Mais la lecture, ce ne doit pas être "la petite maison dans la prairie".
C'est fait pour vous bousculer, pour vous déranger, pour vous réveiller.
Et, il faut l'avouer, ces mots conviennent à l'oeuvre de Selby.
Les tourments de Harry White, ses questionnements, ses errances, sa folie, on les retrouve dans une écriture heurtée, voire brouillonne et parfois confuse.
Bref, Selby réussit à nous faire souffrir grâce ou à cause du fond et de la forme… sans que jamais -
le démon - perde de son intérêt.
C'est noir, car il n'y a aucune issue, aucune panacée sur terre, au malheur de l'homme. Donc préparez-vous à (re)-visiter les cercles de l'enfer.
Emotions fortes garanties !
Un auteur que j'espère retrouver prochainement dans une autre de ses oeuvres.