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Sur la route vers le Sud du monde, vers le Sud de l'Âme, du délitement kafkaïen du Buenos-Aïres des années 1990 aux humanités patagonnes et de la Terre où rencontrer vaut le feu, "où tout ressemble à une gigantesque braise", mais où on semble toujours entendre la même histoire de spoliations. Un livre de voyage à quatre mains croisé avec les photos du socio, Daniel Mordzinski, entre nostalgie et parcours féerique car on croise ici centaures, rites prométhéens, lutin, dame aux miracles et magiciens, grands aventuriers de légende, chercheurs de bois qui chantent, à se demander si on n'a pas mis le pied dans de belles improbables fictions mieux que dans un récit de voyage habituel. Mais non, peut-être est-ce seulement ici la conjugaison d'une terre où le temps qui passe donne plus d'importance à ce qui passe et le regard d'un Sepùlveda qui transfigure chaque être qu'on prend le temps de voir car il s'agit de raconter comme pour un auditoire plus que pour unelecture et qu'écrire c'est toujours "favoriser des fugues temporaires". On nous offre une belle manière de fuguer de nos routines et peut-être, ensuite, et c'est toute la magie de ce réalisme, d'en mieux savourer l'extraordinaire inattendu qu'on ne sait plus toujours voir. Oui, on embarque ici pour voyager.
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Onze nouvelles sur un voyage. Un voyage partant du 42e Parallèle pour prendre plein sud, en direction du Cap Horn. La Patagonie, célèbre Terre de Feu, traversée et revisitée par un écrivain et un photographe. Tous deux amoureux de cette terre relativement inhospitalière. Riche de légendes et de sang versé. de drames et d'espoirs. Onze nouvelles remplies d'une humanité bienvenue.

Ce livre est un cadeau. Au propre car il m'a été récemment offert. Et au figuré car il fait du bien. Et, en ces temps un peu moroses, prendre soin de son moral est primordial. Car oui, ce livre fait du bien malgré l'histoire mouvementé et sanglante de la Patagonie. Malgré la dureté de la vie dans ces contrées fouettées par les vents. Impitoyables. Ce livre fait du bien car il montre que derrière la plus petite chose peut se cacher une très grande humanité. Une générosité rare. Précieuse. Et toujours sincère. Des rencontre, souvent fortuites, qui embellissent le voyage. Et renforcent une foie en l'Autre qui est de plus en plus chancelante. Oui, ce livre fait du bien.

Je ne peux donc que le conseiller à tous les passionnés de voyage. A tous ceux pour qui l'Homme a encore une importance en tant qu'individu riche de ses expériences et de ses singularités. A tout ami d'une poésie puissante et légère talentueusement et généreusement offerte dans ses courtes nouvelles.

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de magnifiques portraits avec une si belle écriture.
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« En Patagonie, on dit que faire demi-tour et revenir en arrière porte malheur. Pour rester fidèle aux coutumes locales, nous avons poursuivi notre chemin car le destin est toujours devant, et on ne doit avoir dans son dos que la guitare et les souvenirs. »

Attendez, j'vous raconte…

J'arrive à peine d'un voyage enchanteur au pays de Sepúlveda pour vous donner les Dernières nouvelles du Sud, le Sud du bout du monde. Mon sac-à-dos est chargé de souvenirs, pas de ceux qui s'abîment et se perdent, mais des souvenirs comme des odeurs qui s'impriment à jamais dans les mémoires du coeur. Mes compagnons de route, Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski - photographe franco-argentin - avaient envie de nous raconter la richesse lumineuse dont sont imprégnés les gens qui vivent dans cet endroit que l'on dit l'un des plus purs de la planète : la Patagonie. Et moi, je ne demandais pas mieux que de les suivre…

À bord d'une vieille bagnole, notre voyage débutait à San Carlos de Bariloche, où nous descendions vers le Cap Horn, à l'Ouest argentin de la Terre de Feu, pour revenir par la Patagonie chilienne jusqu'à l'île de Chiloé, quatre mille cinq cents kilomètres plus loin. La quila venait de fleurir, une variété de bambou andin. Pas un seul nuage dans le ciel, d'un bleu immaculé. Nous avons traversé la steppe patagonienne, affrontant de face les vents violents de ces grands espaces indomptables. Ils nous ont rappelé les beautés sauvages d'une terre qui côtoie de près les eaux glaciales de l'Antarctique et les masses d'air froides qui battent de plein fouet sur la Cordillère des Andes.

« La steppe patagone invite les humains au silence car la voix puissante du vent raconte toujours d'où il vient et, chargé d'odeurs, dit tout ce qu'il a vu. »

Comme seule boussole, nous avions une envie furieuse de nous abreuver du parfum des fleurs sauvages, des saveurs des ravioles con tuco et de l'agneau rôti sur la broche, que mes amis voyageurs affirmaient dur comme fer être le meilleur au monde. le vin chilien coulait dans les verres au son des guitares et des accordéons, avant de finir la soirée devant un bon maté que nos hôtes au visage tanné par le vent nous servaient avec fierté.

De toutes ces rencontres que nous ayons faites, si je devais n'en revivre qu'une seule, j'irais revoir La dame aux miracles, cette vieille femme de quatre-vingt-quinze ans avec ses beaux sillons de rides qui témoignent de son histoire. Sa petite maison de campagne est entourée d'un jardin qui abonde de fruits et de légumes. Les herbes miraculeuses qui foisonnent de toutes parts ont ce don d'éveiller la fertilité. Mais je voudrais surtout, au coin du feu, qu'elle me reparle des souvenirs de l'homme sur la photo sépia. Je saurais alors que le plus beau des voyages est celui qui nous offre le cadeau d'une fenêtre ouverte sur le coeur des gens…

« Un jour mourait en Patagonie mais, à l'aube suivante, une vieille dame de quatre-vingt-quinze ans, qui avait fêté son anniversaire avec deux hommes des grands chemins, garderait la merveilleuse habitude de vivre. »

Je pourrais aussi vous parler de l'homme-luthier, El Tano, avec lui nous avons cherché dans chaque recoin de la steppe des bois rares pour la confection de ses violons. Ou encore des Gauchos de Patagonie, ces cavaliers qui franchissent la Pampa au galop, hommes élégants avec un foulard rouge autour du cou. Ils sont maîtres du lasso avec leurs gestes lents et harmonieux…

Ce récit de voyage est dédié à Osvaldo Soriano. Des pages émouvantes témoignent de son amitié envers l'écrivain et scénariste argentin.

« Osvaldo Soriano se dirigeait à pas lents vers Callao, il s'est arrêté pour saluer un vendeur de journaux, s'est penché un peu plus loin pour caresser un chat de gouttière puis a continué à s'éloigner, à s'éloigner jusqu'à ce que sa silhouette se perde sous les arbres, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de lui qu'un souvenir inoubliable, définitif, têtu, incombustible, installé pour toujours dans le coeur de ma mémoire. »

Le temps me manque pour vous en dire davantage, le Patagonia Express arrive dans quelques minutes. Je monterai à bord et je me fermerai les yeux sur ces souvenirs inoubliables d'images et de rencontres.

Des Grandes Plaines du Montana en passant par un igloo du Québec, je dois le cadeau inestimable de cet aller-simple au Sud du 42ème parallèle à un Bison. Si vous passez un jour à la petite maison de campagne de la Dame aux miracles, vous seriez gentils de la serrer très fort dans vos bras de ma part. Dites-lui qu'il n'y a pas un jour qui passe sans que je pense à elle et à la photo sépia suspendue à son mur.

L'amour est le plus beau des voyages…

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Dernières nouvelles du sud est un recueil de voyages et de rencontres, sur les routes du sud de l'Argentine, descendant encore et encore, à travers la Patagonie, jusqu'au sud et au but ultime de leurs pérégrinations. Illustré en noir et blanc de photos de Daniel Mordzinski, c'est une série de portraits perdus au milieu de l'immensité, de rencontres étonnantes et de personnages qui semblent parfois presque irréels. Cela parle de bandits légendaires, mais aussi de corruption moderne, c'est une déclaration d'amour à tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule actuel du monde, et à ce pays dont nul ne sait s'il survivra encore longtemps, car après les massacres des populations locales, ce sont désormais les modes qui menacent la Patagonie.
C'est farouchement partisan, jusqu'au cliché parfois, mais aussi une lecture que j'ai bien appréciée, dont je ne suis pas sûre qu'elle me marquera éternellement, mais qui donne l'envie de voyager, lentement, et de prendre le temps de rencontrer nous aussi sur la route d'étonnants portraits.
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Des photos prises par Daniel Mordzinski, ami et compagnon de voyage de Sepúlveda, accompagnent de courts chapitres relatant une étape de leur périple commun en Patagonie. Entre les rencontres souvent étonnantes et émouvantes et la majestueuse splendeur sauvage des immenses paysages de ce bout du monde, Sepúlveda donne à voir. Il témoigne de la lente disparition d'un mode de vie au profit d'un monde qui se croit moderne. Beauté, fraternité et simplicité côtoient laideur, déshumanisation et absurdité. En racontant à quel point l'homme peut faire le choix du laid ou du beau, Sepúlveda se révèle encore une fois être le conteur merveilleux d'un quotidien qui l'est tout autant; si on sait le voir.
Un livre plein de belles émotions, de constats qui mettent en colère, mais aussi d'humour. Bref : une petite pépite.
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Cela faisait un moment que j'avais repéré ce voyage au travers de l'Argentine, de Buenos Aires à la Patagonie, de deux compères respectivement écrivain et photographe. Je l'ai emprunté en grand format, ce qui m'a permis de bien profiter des photos, particulièrement les beaux visages des personnes rencontrées. Au niveau du texte, il s'agit plus de nouvelles partant d'histoires entendues ici ou là, que d'un récit de voyages. Cela m'a un peu déstabilisée et intéressée de manière inégale. Il m'a manqué un petit quelque chose pour être vraiment emballée.
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Livre de voyage ou compilation de nouvelles ? Ce livre est un peu des deux. Sepulveda a ce sens du récit, ce sens du conteur, qui transforme quelques anecdotes de voyages en légendes ! Non, anecdote est trop connoté, il s'agit plutôt de rencontres, la véritable essence du voyage, que Sepulveda nous conte aux fils des pages. Un voyage fait au sud du 42eme parallèle, avec son « socio », complice photographe Daniel Mordzinski, mais aussi avec son coeur, grand ouvert sur la vie. Dix neuf cent quatre-vingt seize, les deux complices décident de faire ce voyage au Sud et de le raconter avec leurs mots à eux : la lumière pour Mordzinski et l'encre pour Sepulveda. Ils partent, sans vraiment plus de but que de se laisser guider par les rencontres, ce qui veut dire aussi prendre le temps. le vrai voyage était là. Les rencontres avec ce luthier Cervantesque sorti de la brume à la recherche d'un violon au milieu de nulle part, le poivrot descendant de Davy Crockett, les mécanos du Patagonia express et de nombreux autres dont Sepulveda a écrit la légende et que Mordzinski a immortalisé avec son Leica.
Ces nouvelles du sud, c'est aussi un plaidoyer pour ces hommes ancrés dans la terre australe, au caractère endurci par les vents de Patagonie, ces hommes et ces femmes que Sepulveda chérit aussi dans nombres de ces livres. Des héros de l'ordinaire, savants mélanges de dureté et de douceur, de vent tempétueux et de lumière rasante. Des hommes et des femmes exploités, maltraités, et qui ne demandent rien de plus que de vivre leur liberté.
Ces dernières nouvelles du sud, hélas ne sont pas bonnes. Elles témoignent de la toute puissance de l'argent qui gangrène les esprits, pourrit les racines et coupe les ailes. Par bonheur, il y a les livres. de fiction, ou de voyages, ils nous invitent dans les contrées de notre âme que l'on aurait oubliées, ils ouvrent ces fenêtres sur les mondes à vivre et à rêver.
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En 1996, l'écrivain Luis Sepulveda et son ami, son socio comme il l'appelle, le photographe Daniel Mordzinski partent au sud du Sud : en Patagonie. Depuis Buenos Aires, ils traversent la Terre de Feu pour aller à la rencontre de ses habitants et ramener leurs histoires.
Ce récit de voyage qui prend la forme de petites nouvelles marquant chacune des rencontres sont autant d'étapes de leurs parcours qu'une histoire de la Patagonie à travers ses hommes et ses femmes.

De fait, le hasard du voyage leur fait croiser toutes sortes de personnages, des fous, des improbables, des solitaires qui cachent en leur coeur bien des secrets ou des surprises. Il y a El Tano, qui cherche désespérément dans le désert son violon. Nos 2 voyageurs l'accompagnent avant de découvrir que l'homme est luthier et qu'il travaille pour l'orchestre symphonique de Berlin. Il y a cette extraordinaire vieille dame de 95 ans qui vit seul au milieu d'une oasis de verdure créée par ses soins à l'épreuve du vent cinglant. Il y a ce descendant de Davy Crocket qui raconte à qui veut l'entendre les histoires de ces ancêtres, aux clients du bar où il traîne ses guêtres. Il y a la rencontre avec les cheminots du Patagonia Express qui remettent en route le temps d'un trajet le train légendaire dans un acte militant. Il y a El Duende, qui se dit lutin expulsé de son monde pour l'amour d'une jeune fille. Et tant d'autres encore.

A travers ces hommes, ces femmes se dressent la mémoire d'un pays meurtri, en passe de disparaître. Ce sont les histoires d'un Sud qui n'est plus, en proie à une modernité écrasante qui condamne les hommes au progrès. Sepulveda évoque ces terres enviées que les puissants (Stallone, Benetton) veulent s'approprier sur le dos des plus pauvres, l'extermination des indiens Mapuches et autres ethnies, l'histoire des immigrants qui ont fait le pays, les privatisations qui bousculent la vie quotidienne des petites gens. Véritable hommage aux hommes de Patagonie, à leur terre, ces Dernières nouvelles du Sud se voit éclairer par les magnifiques photos de Mordzinski. Porté par un noir et blanc franc et puissant, les images se font le témoin de ces rencontres qu'on envie quelque peu à ces deux hommes complices. Souvenirs inoubliables de la richesse humaine, la simplicité des paysages, des portraits de ses habitants en dit long sur la grandeur patagonne.
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«En Patagonie, on dit que faire demi-tour et revenir en arrière porte malheur. Pour rester fidèle aux coutumes locales, nous avons poursuivi notre chemin car le destin est toujours devant, et on ne doit avoir dans son dos que la guitare et les souvenirs.»

Livre du souvenir, ode au voyage, récit de la mémoire et légendes du bout du monde. Dernières nouvelles du Sud est tout cela à la fois et bien plus encore.
Le Sud c'est le sud du monde, au-delà du 42ème parallèle; de Buenos Aires vers la Patagonie, sur les terres Mapuche, au coeur de la Terre de Feu.

Luis Sepulveda, accompagné de son socio (son camarade), Daniel Mordzinski entreprennent donc le voyage de leur vie, et nous livrent le dernier témoignage d'un monde aujourd'hui disparu. Comme les photos de Mordzinski parcourant le texte, c'est sans tristesse ni nostalgie que la plume de Sepulveda immortalise les rencontres, l'échange et le partage autour d'un maté avec ces habitants du Sud. Situations cocasses et personnages singuliers, la légende s'écrit sur ces terres qui «ont toujours été considérées comme des territoires susceptibles d'être spoliés impunément. Au nom de l'élevage et du progrès, on a exterminé des ethnies, des races, des forêts.»
Et de ces derniers survivants, on découvre, au fil du récit, le quotidien à part, dans un climat rude où le vent du changement est aussi austère que l'air qui vous fouette le visage. On accepte l'invitation des gauchos de Patagonie à partager l'asado aux succulents fumets de viande grillée; on s'installe dans l'antre d'une guérisseuse vivant en harmonie avec la Nature qui l'entoure; on suit un luthier dans la recherche effrénée d'un instrument perdu; et avant de partager quelques verres à une table de bar avec un lutin (!), on s'embarque à bord du mythique Patagonia Express pour son ultime voyage…
Tant de personnages d'une sincérité émouvante, peut-être encore vivants, aujourd'hui quelque part à l'extrémité du monde, et qui composent, dans leur naturelle envie de mener une vie en contradiction avec la marche forcée de la modernité, la légende patagonne.
La photographie brute et sans fard de Mordzinski vient appuyer la force du récit à l'écriture légère, mais cependant authentique de Sepulveda, dans ces Dernières nouvelles du Sud, qui parcourues comme un roman initiatique, amèneront peut-être le lecteur à s'interroger sur la nature humaine primordiale, aujourd'hui définitivement perdue.
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