Un témoignage poignant, fort bien écrit, qui met en relief que "l'ennemi" est un humain comme un autre et que les soldats allemands de la Wehrmacht (contrairement à la SS) ne sont pas tous des pions sanguinaires assoiffés de violence et galvanisés à l'idéologie nazie.
Bien que cela soit un témoignage sur ce fameux jour du 6 juin, il nous raconte son parcours d'agriculteur puis de soldat. Son expérience douloureuse en Russie, son évacuation sanitaire, la camaraderie, ses liens avec la famille française qui le logeait, sa captivité qui dura 3 années.
Certes, Mr Severloh, ne nie pas s'être battu pour sa Patrie et avoir cru en la chimère de l'idéologie voulue par la Nation. Ce jour-là, il s'est simplement battu pour sa survie et ne regrette pas son action.
On ne peut qu'admirer son honnêteté et son courage à assumer ses actes. Même s'il avoue que cela l'aura hanté toute sa vie, le fait d'avoir osé raconter son histoire et de témoigner régulièrement ont contribué à panser ses plaies de ce jour funeste.
Commenter  J’apprécie         10
Tout au long de ma vie, dans mes rêves nocturnes, sans cesse réapparaissait ce GI qui avait réussi à atteindre la plage au-dessous de moi. Mon coup de fusil lui arrache le casque de la tête, il s'arrête un moment puis s'affaisse sur les genoux, le menton lui retombe sur la poitrine, il meurt au ralenti, le visage enfoui dans le sable.
J'avais alors à peine 21 ans. Mais à partir de ce matin du 6 juin 1944, de 6 heures à 15 heures 30, j'étais devenu nu autre homme et il en fut autant pour les pauvres gars là-bas, sur la plage. Néanmoins, on ne peut empêcher l'existence du jour le plus terrible de sa vie.
J'ai aujourd'hui 80 ans et je n'ai pas réussi en soixante ans à me défaire e l'ombre terrible et immense de ce jour du Débarquement. Je sais que cette ombre continuera de peser sur moi tant que je vivrai.