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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Though this be madness, yet there is method in't"
(Acte II, scène II)

Malgré la température printanière relativement douce et les oiseaux qui chantent dans le jardin, j'ai les doigts qui tremblent, quand je me décide enfin à écrire ces quelques mots sur "Hamlet".
Hamlet, c'est Hamlet. Je ne vais pas pousser ma prétention jusqu'à vouloir en faire une quelconque analyse, et je trouve superflu de raconter l'intrigue une fois de plus.
Ainsi, ceci n'est pas vraiment une "critique", et, de toute façon... "Words, words, words !"

Dans ma vie, il y avait des moments où je détestais Shakespeare de tout mon coeur. Il est vrai qu'il nous a laissé "Richard III" et les sonnets pour la Dark Lady, mais il a fait mourir Hamlet - dans cet instant crucial où tous les rouages déréglés d'un monde complètement fou s'imbriquent enfin, et recommencent à fonctionner à peu près normalement. Je n'ai jamais pu le lui pardonner.

Hamlet, l'adolescent déséquilibré, qui a envie d'en finir.
Hamlet, qui ne vit plus que pour la vengeance.
Hamlet, le seul être lucide, obligé de prétendre la folie au milieu des fous d'amour, du pouvoir, de l'ascension sociale ?
Hamlet, qui aime Ophélie à mourir, et qui l'envoie dans un couvent.
Hamlet avec le crâne de Yorick..
Si ce sont seulement des fous qui peuvent aimer Hamlet le fou, alors j'ai envie de revendiquer la folie et chercher une bande d'acteurs pour aider à démasquer les traîtres.

J'ai vu pas mal d'interprétations, et même si à chaque fois Hamlet-acteur meurt à la fin, même la plus mauvaise n'a pas tout à fait réussi à tuer Hamlet-pièce.
Mais je crois que pour moi, Hamlet va garder à tout jamais le visage de l'acteur Laurence Olivier.
Vous avez tout, dans ce film. La dépression géniale qui vous tombe dessus quand vous arpentez les fortifications glaciales d'Elseneur, le goût de la folie et le désir de régner, la terreur que vous inspirent les âmes déchirées des protagonistes principaux. Vous allez vous incliner jusqu'à terre devant les nobles dialogues - sans jamais comprendre comment ce sacré Will a pu faire.
Ses mots caressent, et en même temps, délibérément, tuent.
La terrible passion servie dans la coupe de vin empoisonné de la reine Gertrude.

"Je suis Hamlet. La violence, j'en veux pas.
Moi sur la couronne danoise, j'ai craché.
Mais, à leurs yeux, je voulais être roi
et mon rival, j'ai massacré.

Un vrai délire, cette éruption géniale.
La mort voit la vie comme une malfaçon.
Tous, nous avons une réponse déloyale
Sans jamais trouver une bonne question"

(Vladimir Vyssotski, poète et chanteur russe. Excellent Hamlet sur scène)

Cinq sur cinq, cancre de Stratford. Saura-t-on jamais qui tu étais, pour pouvoir écrire des mots pareils ?
That is the question...
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La pièce démarre par la vision du spectre d'un défunt, le roi du Danemark, le père d'Hamlet qui s'appelle lui aussi Hamlet et qui s'adresse à son fils. C'est une injonction, il lui révèle que celui qui est monté au trône après son décès, son frère Claudius, celui qui a aussitôt épousé la mère d'Hamlet, est un assassin et un usurpateur de la couronne, c'est lui qui a empoisonné le roi qu'il était...
Le spectre crie vengeance et dès lors son fils lui promet de le venger... C'est une question d'éthique.
Le propos fondateur de la pièce est donc celui-ci : comment rétablir la couronne, la légitimité, la dignité, le sens de l'existence ?
Maintenant je vais vous raconter une autre histoire, celle d'un lecteur, le lecteur que je suis, peu amateur de lectures théâtrales jusqu'ici...
Pour venir à Hamlet, j'ai choisi la traduction d'Yves Bonnefoy, poète que j'aime beaucoup depuis l'adolescence. Pour venir à Hamlet, j'ai pris mon temps, l'ouvrage sommeillait dans ma bibliothèque. S'il m'est arrivé de voir quelques représentations de pièces de William Shakespeare comme le Roi Lear, je n'ai jamais vu Hamlet sur une scène théâtrale. Il m'est même arrivé il y a bien longtemps de m'inscrire dans une association qui proposait des cours de théâtre afin de vaincre ma timidité à m'exprimer en public et j'ai ainsi jouer un petit rôle dans La Nuit des Rois devant un cercle exclusivement composé de copains, mais c'était il y a bien longtemps...
Voilà pour ma seule expérience vécue avec Sir William Shakespeare.
Cet été, un de mes coups de coeur littéraires fut Hamnet, bouleversant roman de Maggie O'Farrell, sorte de biographie du célèbre homme de théâtre sans jamais le nommer, évoquant la mort tragique de son fils... Dans ce roman on devine aisément ô combien le destin douloureux de son enfant et le chagrin qui s'ensuivit, lui donna l'inspiration pour écrire l'une de ses plus belles tragédies théâtrales...
Alors, je m'étais promis à la fin de l'été de lire Hamlet et dans la lecture de cette pièce que je viens de terminer et qui m'a emporté, bousculé, où je n'ai pas tout compris je vous l'avoue humblement, j'ai cru entrevoir quelque chose, non pas un spectre mais mon ressenti : Shakespeare, dans l'impossibilité de tenir son rôle, sa place dans sa propre existence va trouver un lieu pour agir, le théâtre, agir en jouant sur scène, en mettant en scène la vie, il y met justement ici en scène le combat que l'on peut jouer et perdre contre la mort...
Avant de lire Hamlet, j'avais appris que lors des premières représentations de la pièce, Shakespeare jouait lui-même le rôle du spectre du défunt, s'adressant ainsi au personnage de son fils Hamlet... C'est un peu comme s'il avait voulu à travers cette incarnation s'éclipser du monde des vivants et rejoindre celui des morts pour mieux s'adresser à son fils qui venait de mourir quelques mois auparavant. J'imagine que cela fut pour lui une épreuve et peut-être aussi une délivrance. Mais ça, c'est mon interprétation et elle n'est pas vraiment théâtrale...
Quelle puissance ! Tout y est ici, le théâtre de la vie, l'idée du sens de la vie, une manière de douter avec art, dans une superbe gestuelle qui nous demande de laisser tomber les mots, les mots, les mots pour agir sur la scène de la vie... Quel comble ! Un texte qui nous dit de laisser tomber les mots... Quelle audace tout de même !
Qui ne connaît pas Hamlet, pièce injustement réduite à peut-être la plus célèbre réplique théâtrale universelle, mais que se cache-t-il derrière cette réplique ?
« Ou inclusif », « ou exclusif », telle est peut-être la vraie question ! Il n'y a pas d'entre-deux lorsque Shakespeare nous invite dans Hamlet à nous interroger sur ce questionnement du sens de la vie.
Emporté par les mots, j'y ai vu une gigantesque énigme, j'y ai vu des portes à ouvrir à l'infini... Il me reste désormais à les franchir. Il est jouissif qu'un texte vous résiste un peu, ne vous tende pas d'un seul coup toutes les clefs du royaume.
Hamlet c'est l'histoire d'un échec et c'est peut-être ce qui rend fou son héros ou lui donne cette impression de devenir fou auprès des autres.
Toute la pièce est dans la méditation d'une action qui n'agit pas, la hissant jusqu'à à nos propres existences. Et c'est beau.
Formuler des mots, n'est-ce pas déjà agir ? Pour Shakespeare, monter sur une scène, avoir une parole poétique, c'est l'acte suprême.
Hamlet est touchant dans son impuissance et son échec à faire l'acte qui lui permettrait d'atteindre l'éthique dictée par le spectre de son père. Tuer ce roi nouveau et usurpateur. Pourquoi ne le fait-il pas alors ? C'est toute l'énigme de la pièce qui montre la nécessité de l'acte sur les paroles mais en même temps son échec.
Cette impossibilité est posée au centre même de la pièce. Hamlet convoque des comédiens pour jouer une pièce qui ressemble à sa propre vie, de manière grotesque, presque ridicule, sous forme d'une autodérision... Pourtant le nouveau roi s'enfuit devant ce qui est représenté, se sentant visé, touché, pan dans le mille, ce qui démontre peut-être que c'est sans doute et seulement là qu'Hamlet a atteint son objectif.
Après avoir lu ou vu Hamlet, on ne peut plus retourner dans sa vie d'avant comme si de rien n'était.
« Ce n'est pas l'inquiétude qui rend fou Hamlet, c'est la certitude. » disait Nietzsche.
Entre l'être et le néant, il y a peut-être le faire.
Pourquoi aimons-nous le théâtre ? Pourquoi lisons-nous du théâtre ? Pourquoi allons-nous au théâtre ? Pour entendre peut-être une parole poétique qui transforme nos vies...
J'ai aimé Hamlet pour cela et j'ai envie d'y revenir.

Il est mort, il est mort, madame,
Il est mort, il est enterré,
À sa tête est l'herbe fraîche,
Une pierre est à ses pieds.
Oh ! Oh !
[Acte IV, scène V]
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Oh, combien d'encre a déjà fait couler cette superbe oeuvre de Shakespeare et combien de larmes ont été versées pour elle, je n'ose l'imaginer.
Aussi, je ne prétendrai pas à faire une critique que vous n'auriez pas déjà lue probablement des dizaines de fois, ni même apporter des éléments nouveaux que vous ne sauriez déjà mais sachez seulement que cette pièce, que j'avais déjà lu lorsque j'étais à la fac (il y a donc dix ans de cela), je l'ai relue et la relirai probablement encore avec autant de plaisir. Certes, il s'agit là d'une tragédie (donc, comme ce nom l'indique, rien de très réjouissant) mais quelle poésie dans ces vers, quelle beauté dans cette folie douce amère dont se croit atteint le prince du Danemark, le jeune Hamlet.

Est-il fou ? Je ne le pense pas...il a vu un spectre, celui de son père assassiné par son oncle mais qui n'a jamais ressenti pas la présence à ses côtés d'un être cher récemment disparu, et qui plus est, dans des conditions plus que douteuses. Je ne pourrai pas affirmer n'avoir jamais éprouvé ce sentiment-là, ou du moins avoir eu envie de croire. le spectre révèle donc à son fils comment son propre frère (dorénavant nouveau Roi du Danemark étant donné qu'il a aussi pris sa place dans les couches de la Reine Gertrude, à peine deux mois après sa mise en bière) s'y est pris pour l'assassiner et réclame vengeance !
L'esprit d'Hamlet est donc torturé, il est vrai, mais qui ne le serait pas après une révélation pareille ? Que doit-il faire ? Prendre l'épée et faire à nouveau couler le sang ? de son côté, le Roi, Claudius, pressentant le danger fait tout pour éloigner Hamlet du royaume du Danemark afin de préserver sa place sur le trône.

Hamlet se retrouve donc seul face à son destin car, bien que la présence de ce spectre au château lui ait été révélée par trois gardes et par son ami Horatio, sur qui d'autre peut-il réellement compter ? Qui le croira ? On le prendra pour fou (et lui-même s'amusera à jouer de cette folie) et cela arrangera bien les affaires de son oncle ou d'autres qui seraient tout autant avides de pouvoir que lui et qui ont voué leur cause à Claudius, car, comme chacun le sait, le premier ministre (pour ni citer que lui) se doit d'être fidèle à celui qu'il sert et lui vouer sa dévotion la plus grande.

Je n'en dirai pas plus en ce qui concerne l'intrigue car je pense encore une fois que je ne vais faire que répéter ce qui a déjà été dit moult et moult fois mais j'insiste sur le point que cet ouvrage, bien qu'il s'agisse d'un drame dans lequel beaucoup de sang coulera, est de toute beauté. A lire et à relire sans faute !

Ah oui, j'oubliais de vous préciser que la raison qui m'a poussé à relire cette pièce est que, faisant parti d'une modeste troupe de théâtre, notre professeure a décidé de nous faire monter sur scène pour interpréter...Hamlet. Que de grandes ambitions, n'est-ce pas ? Je ne sais pas si nous serons à la hauteur mais au moins, j'aurais pris énormément de plaisir à travailler sur ce texte !
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Qui n'a pas entendu parler d'Hamlet? Mais qui l'a vraiment lu? Ce n'était pas mon cas, aussi ai-je décidé de plonger dans ce classique des classiques, découvrir dans le texte cette tragédie. Et quelle tragédie!!!
En fait de tragédie, il s'agit davantage de tragédieS: plusieurs destins trouvent leur aboutissement, plusieurs intrigues s'imbriquent les unes dans les autres à la cour du Danemark.

Hamlet pleure la mort de son père et se fait passer pour fou afin de mieux enquêter et espérer piéger l'assassin. On entre en plein fantastique avec l'apparition du spectre du Roi mort, l'acte 2 propose un beau passage de théâtre dans le théâtre avec une représentation de comédiens devant la Cour, on apprend la noyade d'Ophélie folle depuis la mort de son père, on assiste à une scène crûment réaliste avec le crâne sorti de la tombe creusée pour Ophélie, des complots sont fomentées à la Cour… Au final, 4 personnages trouvent la mort simultanément alors qu'un seul était visé.

La langue de Shakespeare est riche et travaillée, pas toujours aisée à comprendre mais ô combien agréable à dire et entendre: rythmée, elle «sonne» bien. On y trouve des références mythologiques, des codes de la société du XVIIe siècle, mais parfois des accents modernes également.
J'ai aimé la réflexion autour du théâtre, du jeu des acteurs et leur façon de devoir prononcer les phrases. Clin d'oeil vers son public, Shakespeare nous rappelle que nous sommes bien au théâtre.
Je m'interroge sur la mise en scène d'une telle pièce avec sa multitude de lieux, l'apparition du spectre et la tombe à creuser. En lisant j'imaginais un décor assez neutre, sans trop d'apparat, laissant au public le soin d'imaginer. Ce sont les mots qui comptent ici, qui emplissent l'espace.

Challenge théâtre 2016-17
Challenge en choeur
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Pour une fois, je n'ai pas lu le texte avant d'aller voir la pièce représentée, j'ai fait l'inverse. Je me suis laissée emporter par les mots écrits par un homme il y a plus de cinq cents ans et qui m'ont touchée par delà le temps. Puis j'ai mis le nez dans le texte, pour ne pas laisser partir si vite cette impression fugace de modernité. J'ai eu du mal à retrouver la magnifique traduction d'Yves Bonnefoy, celle qui fait dire à Hamlet " être ou n'être pas..." . Situé dans le royaume de Danemark, Hamlet ne nous conte rien d'historique, c'est une affaire de vengeance, de folie, une tragédie familiale qui anéantit tout. On se demande vraiment si Hamlet est fou ou bien s'il joue, si le spectre est réel ou dans son esprit troublé, s'il utilise ce subterfuge de la déraison pour obliger les meurtriers de son père à se dévoiler, toujours est-il qu'il joue, et se sert d'une troupe de comédiens pour représenter la mort de son père. La vie n'est peut-être qu' une scène de théâtre sur laquelle nous nous entrechoquons violemment. La mise en scène de Dan Jemmett pour la Comédie Française est moderne et dérangeante â souhait. Denis Podalydes est fascinant de justesse, tout en nuance entre excès et retenue. Une belle découverte qui me laisse encore songeuse, à méditer au dessus des mots, et sur le sens de toute cette histoire à dimension mythique .
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Énième relecture d'une pièce dont je ne me lasserai, je crois, jamais, énième relecture faite, à 4 ou 5 ans d'intervalle de la précédente, de nouvelles perspectives, comme à chaque nouvelle lecture, et c'est pour cette raison que, justement, je ne m'en lasserai jamais, comme si, au fil des ans qui passaient, l'on ne pouvait que l'aborder sous un autre regard, qui nous réserve toujours de nouvelles surprises.

Hamlet, c'est le théâtre de la noirceur, de la cruauté, de la folie, au plus proche des tragédies antiques – du moins celles que je connais -, et c'est ce qui en fait, à mon sens, sa grandeur. Car cette noirceur, de prime abord quasi imperceptible, ne fait que croître à la découverte de la vérité quant à la mort de son père pour Hamlet, prince du Danemark, fils d'une femme qui s'est remariée bien vite au frère de son premier époux pour permettre au royaume de supporter les affronts de divers ennemis concourant au trône. La noirceur grandira d'abord en notre personnage éponyme jusqu'à le mener à la folie, avant de contaminer Ophelia, sa promise, Laertes, le frère de celle-ci, et progressivement, comme tout le royaume. Noirceur du deuil, mais aussi, et plus encore, de la vengeance, qui atteindra chacun, à plus ou moins grande étendue, jusqu'à un dénouement on ne peut plus tragique, si terrible que l'on n'en trouve que peu ainsi.

Mais une pièce de Shakespeare n'en serait pas une sans la petite pointe de légèreté qui atténue parfois la terrible pesanteur de la situation et de certaines scènes, légèreté incarnée ici dans la folie comme douce des deux amoureux, Hamlet et Ophelia, tour à tour maîtrisant le langage poétique et les jeux de mots comme personne, faisant preuve de toute leur intelligence et de toute leur subtilité malgré la confusion de leur esprit causée par la douleur de la perte, intelligence et subtilité finalement aiguisées du fait de cette douleur qui leur fait notamment prendre conscience du caractère ténu et fugace de l'existence humaine. Légèreté désespérée de fait, de celle de ceux qui semblent savoir qu'ils n'ont plus rien à attendre de cette même existence, et qui prend tout son sens lorsque l'on connaît l'histoire de son auteur au moment de l'écriture de cette même pièce.

En somme, un monument de la littérature pour moi, qui n'a pas pris une ride, et que je relirai avec plaisir, de nouveau, dans quelques années.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Etre ado et prince héritier, dans un royaume pourri gouverné par un oncle pourri, ce n'est pas facile. Quand en plus sa propre mère convole en secondes noces avec ce beau-père détesté, que sa bande d'amis joue les hypocrites pour se faire bien voir, qu'on est parfois maladroit et un peu lourd envers la fille désirée et qu'on rêve de venger son papa, le plus fort du monde, il y a de quoi écrire une tragédie. Heureusement, notre jeune homme bouillonnant et un peu maladroit - l'ardeur de la jeunesse - dans sa tourmente, garde l'esprit et le verbe caustique de son âge; ses répliques sont un vrai bonheur au coeur de cet entourage malsain qui le menace. Pauvre Hamlet, comment se dépêtrer de cette tragédie familiale, sous la plume d'un Shakespeare cruel?
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Il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark!

Le fantôme du défunt roi apprend à Hamlet, son fils, qu'il n'est pas mort de façon naturelle, mais assassiné par Claudius, le frère du défunt et nouveau roi du Danemark. Et Claudius a également profité de ce méfait pour épouser la veuve du roi, Gertrude.

Choqué par ces événements et par l'inceste auquel se livre sa propre mère, Hamlet décide de se venger. Mais il ne faut surtout pas que sa conduite éveille les soupçons et que le complot qu'il prépare à son tour soit deviné. Hamlet décide donc de se faire passer pour fou.


J'ai lu "Hamlet" pour la première fois à l'âge de 12 ans! Un peu jeune pour comprendre toutes les implications de cette pièce, j'ai quand même adoré l'ambiance générale qui se dégageait de cette lecture.

Tout se trouve dans cette pièce, tous les sentiments humains, les plus louables comme les plus vils: l'honneur, la loyauté, le courage, l'amitié, l'inceste, le meurtre, la jalousie, le complot, la vengeance. "Hamlet" est une sorte de condensé de la société, qui illustre la manière dont la race humaine se conduit lorsqu'elle est face à un drame.

Ce sont surtout les intériorisations des personnages qui rythment la lecture et marquent le lecteur. L'action en elle-même est très secondaire face à de longues et profondes réflexions, écrites comme des poèmes.

Le personnage d'Hamlet en lui-même un personnage extrêmement dramatique, qui renvoie chacun de nous non seulement à sa propre conduite (ses doutes quant à la façon dont il conduit son complot peuvent s'appliquer à toute action humaine), mais également à sa propre solitude. Car malgré ses quelques amis et sa fiancée, la célèbre Ophélie, Hamlet donne l'impression d'être seul. Comme si le fait d'apprendre le meurtre de son père avait tracé une frontière invisible mais néanmoins très solide entre lui et le reste de l'humanité; comme si Hamlet était obligé de vivre loin des autres, si pas physiquement, au moins psychologiquement. On le sent perdu et on aimerait lui tendre la main pour l'aider à retrouver le chemin qu'il doit emprunter.

Hamlet se torture suivant lui-même en se lançant dans de nombreuses réflexions sur la légitimité de sa vengeance, sur la cruauté du destin qui l'a privé de son père. Et cette torture, ajoutée à sa prétendue folie, déstabilise ses interlocuteurs, jusqu'à mener Ophélie au suicide. Un malheur de plus pour ce prince qui peut presque être considéré comme déchu, tant sa vie semble irrémédiablement gâchée.

"Hamlet "est donc un drame, mais un drame magnifique, composé avec brio par Shakespeare, qui parvient à émouvoir son lecteur, à le révolter, à l'exalter, à lui faire ressentir une multitude d'émotions (parfois même contradictoires); tout en l'amenant à réfléchir sur sa propre place dans le monde. du grand Shakespeare!
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Lu dans l'édition de la Pléiade, traduction de Jean-Michel Déprats, 2002

Après cette énième relecture de Hamlet (mais la précédente remonte à pas mal d'années), si je devais résumer la pièce en un mot, je dirais: incertitude.
Rien n'est sûr. le spectre du père souhaite-t-il vraiment que son fils le venge? Quelle attitude tenir devant la mère? N'est-il pas impossible de lui faire du mal? Quelles sont les raisons du meurtre de Polonius? Est-il possible d'être amoureux dans une telle situation? Mais est-il possible de se défaire d'un amour? Ce questionnement foisonnant aboutit à la célèbre question de l'existence même: être ou ne pas être. Seule la mort coupe court aux interrogations.
Même si elle ne répond pas aux canons classiques, Hamlet est une tragédie au plein sens du terme: les hommes (et les femmes) meurent et ne sont pas heureux.
L'époque est à la violence et à la perte de repères. Toute ressemblance avec un autre temps, éventuellement proche de nous, serait purement fortuite. Ou est-ce une récurrence?
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Danemark. Terre aride. Terre de froid. Terre de neige. Terre de confinement. Terre noire. Terre sombre. Hamlet le dire : le Danemark est une prison ! le Danemark le trouble, le tourmente. C'est qu'il y aura vu l'ombre de son père, sorti de terre, émergé du Royaume des Morts, lui révélé un grand et sombre secret. Sa mort n'est pas comme on le croit. Sa mort est provoquée. Un fratricide. Et il charge Hamlet de le venger.
Une grande tragédie de Shakespeare !
Les tréfonds de l'âme humain y sont décortiqués, le plus sombre de l'humain mis en lumière. le meurtre, l'adultère, la mélancolie, les ressentiments, l'étouffement, les ombres, le macabre compose cette oeuvre. D'ailleurs, elle marquera un tournant dans l'histoire de l'art littéraire. À une période où ce sont surtout écrites et présentées des oeuvres pleine de vie, drôle et fantaisiste, Shakespeare clash avec sa noirceur… Mais pour le plus grand bonheur des lecteurs d'aujourd'hui. Une oeuvre fascinante, à tous les points de vue. Vraiment un classique à vous mettre sous la main.
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