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EAN : 9791095360827
384 pages
L'Antilope (03/01/2019)
3.31/5   8 notes
Résumé :
Nancy, la thérapeute désormais seule ; Larry, la rencontre d'un soir ; Daffy, la petite fille malheureuse depuis que son papa a quitté la maison et a refait sa vie en Israël ; Ruth, la femme devenue veuve qui s'interroge sur ces années passées avec un Israélien trop robuste ; Tom, le petit garçon pas comme les autres que sa maman cherche à protéger envers et contre son mari, envers et contre les institutions.
Qu'ont tous ces personnages en commun ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Si "Comme deux soeurs", le premier roman de Rachel Shalita sorti en 2016 et qui a obtenu le prix Wizo, m'avait enchantée, je trouve qu'avec "L'ours qui cache la forêt", l'auteur atteint une puissance romanesque exceptionnelle : ce dernier récit remarquablement construit et magnifiquement écrit est une oeuvre profonde, riche, fascinante. Franchement, j'ai rarement rencontré dans la littérature des personnages dont la complexité psychologique est aussi bien rendue.
Oui, L'ours qui cache la forêt est un très grand texte, de ceux qu'on n'oublie pas. le titre original est « Ours et forêt » : il renvoie à une expression hébraïque assez courante qui signifierait « ni ours ni forêt », c'est à dire « quelque chose qui n'a pas existé.»
Le roman est construit autour de six chapitres consacrés chacun à un personnage de femme : Nancy, Daffy, Ruth, Mili, Haya et Zoey, toutes plus ou moins liées les unes aux autres, sans qu'elles le sachent forcément d'ailleurs.
Tout commence par une rencontre : Zoey se présente chez Nancy afin de louer une chambre pour écrire. Déjà, quand on dit ça, finalement, on ne dit rien car la réalité est toujours plus complexe, plus nuancée : non, Zoey n'est pas écrivain. Alors pourquoi loue-t-elle cette pièce ? Cherche-t-elle un refuge, une chambre à elle et quel est, au fond, le but de sa quête ? Et cette chambre dans la maison de Nancy, pourquoi est-elle vide ? Qui y logeait avant la venue de Zoey ? Que s'est-il passé pour que Nancy soit si mal à l'aise lorsqu'une personne se présente pour la louer ? Elle ne semble pas vraiment prête...
Dans ce roman, tout se découvre petit à petit, se laisse saisir doucement… C'est pour cela que finalement, j'ose à peine dévoiler les faits, parler des personnages dont on apprend progressivement à connaître les peurs, les angoisses, les doutes.
Il y a donc Nancy, divorcée, qui vit seule dorénavant avec sa fille Daffy dont le père Guidi est reparti vivre en Israël à Tel Aviv. Il a fondé une nouvelle famille et sa fille passe un mois de vacances chez lui. Nancy est psychologue et s'emploie à aider les autres mais on a le sentiment qu'elle a bien du mal à gérer ses propres angoisses, notamment vis-à-vis de sa fille Daffy.
Il y a aussi Ruth (magnifique personnage!) qui vient de perdre son mari, Ehud. Elle est désorientée au sens propre et figuré : après les funérailles, elle prend sa voiture et roule sans savoir où elle va, sans suivre les indications données par sa fille.
« Une bouffée de chaleur envahit sa poitrine, et avec elle, un silence qui signifie « Tu t'es trompée. » C'est clair. « Voilà, à présent, plus personne ne sait où tu te trouves. » le bien-être qu'elle ressent se répand dans ses muscles. Comme une petite fille dissimulée à la vue des adultes derrière un arbre. »
« Trois chemins, se dit-elle, comme dans un conte. Un seul mène à la maison où l'attendent sa fille et les invités, un buffet garni et des condoléances. le deuxième mène à l'aéroport, où elle pourra prendre un avion pour partir loin d'ici, vers une terre qui lui manque depuis tant d'années. le troisième chemin continue tout droit, il la mènera dans la forêt profonde, vers un lieu qu'elle ne connaît pas, où elle n'est jamais allée. Il y a aussi le chemin qui retourne d'où elle vient. »
Quel sens a sa vie maintenant ? Que doit-elle faire, rester à Boston ou bien retourner en Israël, là où elle est née ?
Ces personnages arrivent à un croisement de leur vie qui les oblige à faire des choix. Mais que désirent-ils au fond ? Est-ce si simple de savoir ce que l'on veut, ce qui nous rendrait heureux ? Sont-ils à la recherche d'un rêve, d'une illusion, d'un idéal qui n'existe pas davantage que ces ours qui ne hantent plus depuis fort longtemps les forêts, ou même que ces forêts qui au fond n'existent pas vraiment en Israël  ? Comment être sûr de prendre la bonne voie, de ne pas faire d'erreur ? Alors qu'ils vivent une période de grande fragilité, de peurs, ils sont parfois tentés de s'égarer plus ou moins volontairement, de s'en remettre un peu au hasard pour voir où il les conduira.
Ces personnages tourmentés ont tous subi des traumatismes : celui d'une diaspora, d'un exil qui les a jetés sur des chemins qui ne sont pas les leurs, où leurs aïeux ne sont jamais passés, des chemins qui ne sont pas ceux de leur enfance. Souvent, ils sont déchirés entre cette terre d'Israël où ils sont nés et qu'ils ont quittée il y a fort longtemps et celle d'Amérique où ils vivent et où ils ne se sentent pas toujours bien intégrés. Ils s'interrogent : sont-ils bien là où ils doivent être, pourraient-ils habiter ailleurs, doivent-ils rester, partir ? Tout se passe comme s'ils étaient confrontés à un choix impossible : le retour, pour de nombreuses raisons, n'est pas envisageable, mais en même temps, ils ne peuvent s'empêcher d'être nostalgiques de cette terre qui est la leur.
«- Il n'y a pas de rivière en Eretz-Israel, c'est la chose que j'ai découverte à mon arrivée, dit la vieille Haya originaire de Lituanie, pas de rivière, pas de buissons comme ceux que nous avions là-bas, pas de forêt. Comment ai-je pu passer une vie entière sans forêt ni rivière ?
 -… En Israël, vous avez les monts de Jérusalem et le Carmel, ce ne sont pas des forêts ? Ça fait des années que j'envoie de l'argent pour elles, lui répond son frère.
- Mais ce n'est rien, crois-moi, des arbres tout secs, de la poussière, des ronces, de la rocaille... »
À Boston, on a l'impression que la forêt dense et généreuse est un lieu de refuge, de souvenirs où le retour sur soi est possible, loin du regard des autres. La forêt protège, cache, abrite ces femmes un peu perdues. Les personnages contemplent les arbres, y puisent des forces. Les pages évoquant le rapport des personnages à la forêt touchent au sublime et vraiment, je pèse mes mots.
Les descriptions de la nature sont vraiment magnifiques et cette forêt devient quasiment un personnage de l'histoire vers lequel les femmes sont attirées comme si elles avaient besoin de s'y réfugier pour s'y ressourcer.
Je pourrais vous parler aussi de Mili, une femme qui n'a pas su surveiller correctement son petit Tom, une femme qui refuse de placer son petit garçon pas comme les autres dans une institution. Elle communique très difficilement avec son mari, un universitaire spécialiste de la littérature hébraïque moderne…
Tous ces personnages sont peints si finement, si justement qu'on les sent respirer et vivre près de nous, qu'ils deviennent des proches, des compagnons de route, des membres de notre famille. Encore une fois, et j'ai bien conscience de me répéter, ce livre est superbe et j'aimerais être une fée pour vous convaincre d'un coup de plume magique de vous y plonger. Et à mon avis, il est d'une telle richesse (on pourrait proposer pour certaines scènes un bon nombre d'interprétations) qu'il mérite plusieurs lectures. Car plus l'on avance, plus les liens entre les personnages apparaissent, et l'on comprend que toutes ces femmes sont étroitement liées et qu'elles ne sont peut-être qu'une au fond.
C'est un très grand coup de coeur, vous l'aurez compris !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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L'espace d'une journée six femmes vont se perdre dans une forêt, symbole pour qui y pénètre de la notion de différence entre l'ici et l'ailleurs. Toutes ces femmes sans forcément se connaître sont en lien les unes avec les autres.

Tout d'abord il y a Nancy qui est un peu le point de repère. Cette Américaine a épousé un Israélien mais refuse de vivre en Israël. Son mari l'a quittée pour retourner "là bas" et fonder une nouvelle famille. Elle a une brève liaison avec Larry, lui aussi Israélien. Psychothérapeute, elle fait tout l'inverse de ce qu'elle conseille à ses patients.
Ensuite vient Daffy, la fille de Nancy. Elle a subi un choc traumatique au retour d'un séjour chez son père et doit quitter la maison.
Suit Ruth qui vient de perdre son mari, ami avec celui de Nancy. Elle se demande quelle voie choisir, pourquoi rester en Amérique où rien ne la retient plus ?
Puis arrive Mili. Elle et son mari sont suivis par Nancy en thérapie familiale pour régler le conflit qui les oppose à propos de leur fils autiste. Cet enfant doit-il lui aussi quitter sa maison pour être placé en établissement adapté ?
Ensuite Haya, la tante de Larry - l'amant de passage de Nancy - vient aux Etats-Unis rendre visite à son frère afin de régler un vieux compte.
Et pour finir l'énigmatique Zoey, la fille de Larry, loue une chambre chez Nancy pour avoir un endroit rien que pour elle, sans mari ni enfant...

Rachel Shalita construit son roman en six chapitres, un pour chacune de ces femmes. Peu à peu les liens qui les unissent apparaissent pour dévoiler, au delà des histoires individuelles, l'image d'une diaspora déboussolée et sujette à un nomadisme chronique. Tous vont et viennent dans un mouvement qui finit par donner le tournis. Chacun semble peiner à planter ses racines dans un sol ou un autre. Entre les forêts profondes d'Amérique et celles d'Israël qui n'existent pas plus qu'il n'y a d'ours, que choisir ?
J'ai lu ce roman avec beaucoup de plaisir mais j'ai été tellement été décontenancée par les dernières pages que j'ai eu l'impression de ne pas l'avoir compris, d'être passée à côté de son sens profond. J'ai donc envoyé un message à Gilles Rozier, l'éditeur et traducteur de L'ours qui cache la forêt, pour lui demander quelques éclaircissements. Il a eu l'amabilité de me répondre aussitôt pour m'expliquer que Rachel Shalita n'a pas souhaité donner une véritable fin à ce roman.
"Quand la journée commence, elles avaient toutes un passé et quand la journée s'achève, leurs vies se poursuivent." (G. Rozier)
Pour info, le titre original est "Ours et forêt" qui vient d'une expression courante en hébreu "ni ours ni forêt" utilisée pour désigner ce qui n'existe pas.
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Belle écriture mais lecture décevante. Un roman sous forme de nouvelles dans lequel les personnages glissent d'une nouvelle à l'autre. le petit monde du roman s'étoffe peu à peu de nouveaux personnages tous liés d'une façon ou d'une autre à un des personnages précédents. Ce sont principalement des femmes, la plupart Israéliennes, résidant aux USA ou en visite dans leur famille.

Malheureusement, l'auteur s'attache plutôt à raconter les drames de la vie. J'ai trouvé le livre très sombre, quasi déprimant. Je n'ai pas accroché avec le format nouvelles-avec-personnages-récurrents qui m'a semblé très embrouillé et je n'ai pas aimé que chaque nouvelle s'arrête sans rien résoudre du drame qui a été raconté.
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Je me suis d'abord laissée emporter par ce roman. C'est assez original, l'histoire de ces vies déracinées, des souvenirs qui remontent, des hasards... Ces histoires de vie de femmes de tout âge nous touchent forcément, mais j'ai comme un goût d'inachevé, de rester sur ma faim... Un sentiment de frustration où des vies se croisent, se livrent, se cherchent, et puis...voilà !
Il y a dans ce roman une vraie précision dans les ressentis des personnages, les portraits et les douleurs de déracinement... Et tout reste en l'état.
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Vidéo de Rachel Shalita
La romancière Rachel Shalita présente son roman "Comme deux soeurs", publié aux éditions de l'Antilope, en librairie à partir du 7 janvier 2016
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