"Comment se fait-il que les femmes n'aient pas revendiqué le droit de vote au 19ème? L'une des réponses est précisément dans leur acceptation de ce statut d'infériorité. C'est parce qu'elles étaient plus exposées que les hommes à la maladie, parce qu'elles risquaient plus souvent la mort, et que d'une manière générale, elles sortaient plus affaiblies qu'eux de maladies telles que l'anémie, qu'elles acceptaient autrefois leur subordination comme étant dans l'ordre des choses. C'est l'élimination de tous ces handicaps qui allait créer les conditions physiologiques de l'émergence du féminisme."
C'est l'introduction de ce livre qui démontre que, tant que la femme n' a pas pu maîtriser, comprendre son corps, elle n'a pas pu reconsidérer son statut, sa position par rapport à l'homme.
Edward Shorter s'intéresse d'abord à l'évolution des techniques d'accouchement et démontre que, quand la médecine a pu garantir à la femme d'accoucher sans en sortir mutilée ou affaiblie ou encore en mourir, la perception de la grossesse s'est modifiée et a permis à la femme un premier pas vers la maîtrise de son corps. L'auteur parle ensuite des avortements, surtout à une époque où être enceinte pouvait être mortel. Puis il aborde les maladies des femmes, notamment les maladies vénériennes. A chaque fois pour affirmer que les progrès réalisés dans la médecine ont libéré les femmes de leur servitude à leur corps, à leur mari.
C'est donc une lecture qui n'est pas toujours ragoûtante, je ne le conseille pas aux femmes enceintes car on trouve dans ce livre des descriptions cauchemardesques sur les accouchements ou les maladies des femmes. Mais c'est un ouvrage nécessaire et instructif.
16/20