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EAN : 9782367250618
Kontre Kulture (30/11/-1)
4/5   4 notes
Résumé :
Voltaire ! Figure des Lumières qui a donné son nom à nombre de collèges, lycées, places et boulevards. Dont on fait lire des extraits, toujours les mêmes, aux jeunes gens de nos écoles, et que l'on cite, parfois à tort, sur les plateaux télé, dans les cours de récré, dans les dîners de famille. Parce que Voltaire c'est cet ami de l'humanité, ce chantre de la liberté, que l'on veut, que l'on doit mettre en avant pour légitimer la démocratie libérale marchande - ou, d... >Voir plus
Que lire après Voltaire - Une imposture au service des puissantsVoir plus
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
« Le mensonge n'est un vice que quand il fait du mal ; c'est une très grande vertu quand il fait du bien. Soyez donc plus vertueux que jamais. Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment et toujours... Mentez, mes amis, mentez ; je vous le rendrai dans l’occasion. »*

Il s'agissait pour Voltaire, dans ce courrier à son ami Thiériot, de cacher qu'il était l'auteur d'une comédie intitulée « L’Enfant prodigue ». Le mensonge était proféré en direction du public, mais son usage était privé.
Les façons de faire de Voltaire, sur ce point, sont certainement d'un menteur éhonté et d'un être peu recommandable. Mais qui a dit qu'il fallait, pour influencer durablement la société, n'avoir point de vice ? Demande-t-on à un grand auteur de pratiquer la vertu ? Au fond, comme il le dit lui-même, si le mensonge fait du bien... Non ?

(…) « Diable d’homme », disent ses thuriféraires, avec ce ton d'indulgence bonhomme et de bienveillance qui convient si bien face à un sale gosse colérique mais attendrissant, à un bourru au grand cœur, à un savant distrait mais génial, à un fort en gueule généreux, et à un Voltaire menteur, mais tellement, tellement humain.
Rien ne semble vouloir troubler les adulateurs du grand homme, prêts à tout lui pardonner sur le plan personnel, eu égard aux services qu'il a rendus à la France, à la Raison, au genre humain... Voltaire mentait, mais en privé : ça ne regarde personne. C'est son œuvre qui compte.
Il n'aurait-il pas menti sur l'essentiel, tout de même ?
Non ?
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Imaginons qu'à l'approche d'un procès, on apprenne que le procureur et l'avocat de la défense passent des heures ensemble à préparer l'audience ; que tous deux soient dirigés de loin par un personnage qui se fait l'intermédiaire de tous les puissants personnages de l'Europe intéressés à la relaxe du prévenu ; que les magistrats qui devront juger soient pressés ouvertement de le décréter innocent, innocence pour laquelle plaident les principaux membres du gouvernement. Imaginons que ce procès se déroule en période de guerre, et que l'ennemi qui est en train de la gagner fasse partie de ceux qui ont intérêt à la relaxe. Imaginons enfin que sur le lieu du jugement, la foule se presse pour applaudir le prévenu et le soutenir. On a là un tableau à peu près exact de ce que fut le jugement de cassation du procès Calas : une corrida, une représentation théâtrale, un spectacle de cirque dont le régisseur jouissait à distance du succès.
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Il faudra un jour recenser le nombre de contrevérités historiques dont la paternité revient à Voltaire. Tout un système éducatif a pris comme références les assertions d'un menteur pathologique. Ce qui regarde l'Hôpital général et le malheureux Damiens est de peu d'importance eu égard à la place que ces deux affaires occupent dans notre savoir collectif. Mais si l'on regarde les deux grands combats qui ont fait sa renommée mondiale, la réhabilitation de Calas et celle du chevalier de La Barre, on est en droit de s'inquiéter: et si sur ces deux sujets-là, Voltaire avait également menti ?
Non, ce n'est pas possible, n'est-ce pas ? Un encensement de deux siècles et demi du héros français le plus adulé, le plus admiré, ne peut avoir été fondé sur des données fausses.
Ce n'est pas possible. Ce n'est pas vrai.
Voyons cela...
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L'affaire Calas serait au minimum une erreur judiciaire, mais plus vraisemblablement un crime judiciaire. Dans le premier cas, les juges se seraient trompés, dans le second, ils auraient trompé le public. Dans tous les cas, ils ont tué un innocent.

Cette version des choses est tellement admise, tellement évidente pour tout Français un peu lettré, pour tout citoyen un tant soit peu politisé, qu'il n'est nul besoin d'admirer Voltaire pour la relayer. Moi-même, qui n'ai jamais porté dans mon cœur le seigneur de Ferney, j'ai pu écrire il n'y a pas si longtemps [en 2011] : « En 1762, La Beaumelle s'était levé, à Toulouse, contre la condamnation d'un innocent nommé Jean Calas. » Après plusieurs années passées à étudier le XVIIIe siècle et à y croiser Voltaire, je reprenais, comme une évidence, la seule version admise.
Admise au point que dire « Calas innocent » est presque un pléonasme.

Pourtant il n'a pas manqué - et il ne manque pas - de thèses visant à montrer que, peut-être, Calas ne fut pas si innocent que cela. Pour peu qu'on délaisse le corpus de ce qu'on livre au grand public ou aux écoliers, il semble bien que les partisans de sa culpabilité n'aient pas manqué, du vivant de Voltaire déjà, mais largement depuis lors.
Mais ces thèses-là ne sont accessibles qu'à ceux qui s'intéressent à Jean Calas et à la vérité d'un dossier fort complexe. Pour ceux qui s'intéressent à Voltaire, la chose est entendue : il a réussi à faire réhabiliter un innocent. Cela seul fut suffisant pour lui faire mériter un triomphe populaire à la fin de sa vie, et le Panthéon après sa mort.

Il ne sera pas question de refaire ici le procès de Jean Calas. Avoir cette prétention quand on n'a pas absolument tout lu de cet épais dossier et des quantités de documents publiés alors et depuis relèverait de l'outrecuidance ou de la malhonnêteté. Quantité de gens très sérieux s'y sont attelés, j'ai lu quelques-uns de ces auteurs qui rn'ont semblé crédibles, et sincèrement, aucun d'entre eux ne permet de trancher de façon définitive.

Quand il s'agit de Calas, la seule certitude, c'est le doute.
Aussi, ce que l'on peut honnêtement affirmer quant à la culpabilité ou l'innocence de Jean Calas relève de la croyance, de l'impression, de la conviction : il n'existe pas de preuve dans un sens ni dans un autre.
Mais l'homme honnête, comme le juge honnête, a droit à sa présomption de sincérité s'il affirme croire, en son âme et conscience, en la culpabilité ou l'innocence d'un accusé, Calas ou un autre. Et ceux qui ont écrit sur le sujet ont fourni aux lecteurs des arguments sincères permettant de pencher pour ou contre.
]'ai pour ma part mon idée sur la question.

Il n'est plus question de cela dès qu'il s'agit de Voltaire.
Car pour lui accorder la présomption de sincérité, quand il clama à toute l'Europe qu'on avait roué un innocent, il faudrait ignorer que, dans cette affaire encore, il a menti, sur toute la ligne.
Tout ce que le public croit savoir sur l'affaire Calas avant de mettre le nez dans le dossier est un tissu de mensonges repris ad nauseam sans vérification ni relecture.
Et à ce point, c'est un exploit: s'il existait une palme de la falsification historique, c'est à Voltaire qu'il faudrait la décerner pour la façon dont il a controuvé cette affaire qui suffirait à elle seule à faire le déshonneur de l'homme le plus honoré de notre littérature.
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L'homosexualité de Frédéric II n'était un mystère pour personne, mais il est des choses qu'on ne dit pas, en tout cas que l'on n'écrit pas, et que Voltaire avait écrites. Il avait traité le roi de putain.
Mais il n'avait rien fait.

De son côté, hors de lui, Frédéric fit brûler publiquement la Diatribe aux quatre coins de Berlin la veille de Noël, convoquant ce coup-ci les rieurs contre Voltaire qui, derrière une fenêtre, pouvait suivre l'autodafé. On peut dire avec certitude à quoi il pensait à ce moment-là : trouver les moyens de partir, quitter la Prusse, prendre congé de ce roi si ingrat qui, certainement, ne le méritait pas...
Et d'ailleurs, que lui importait qu'on brûle à Berlin ce qu'on s'arrachait à Paris ? « Voulez-vous une autre anecdote ? écrivit-il plaisamment à Formey deux semaines plus tard, on a vendu à Paris six mille « Akakia » en un jour, et le plus orgueilleux de tous les hommes est le plus bafoué . » N 'était-ce pas là un vrai bonheur, une consolation ?

Frédéric, en fait, n'était pas à plaindre, et récoltait ce qu'il avait semé. C'est lui qui avait fait à Voltaire ce pont d'or pour venir enjoliver sa cour de la splendeur française, alors que depuis un moment il savait à qui il avait affaire. N'avait-il pas écrit, trois ans plus tôt : « C'est un faquin, je le sais, un fourbe consommé, un misérable, le plus méchant fou que j'aie connu de ma vie, et j'en ai honte pour l'esprit humain; il n'est bon qu'à lire. (…) Vous ne sauriez imaginer toutes les duplicités, les fourberies et les infamies qu'il a faites ici ; je suis indigné que tant d'esprit et tant de connaissances ne rendent pas les hommes meilleurs. »
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