Le nègre

Une histoire typique de Simenon sur un héritage dans une famille riche. Elle se passe dans un petit village des Hauts-de-France au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Contrairement à ce que pourrait croire nos contemporains qui ont appris à bannir le mot « nègre » de leur langage, il n'est pas question de racisme, ou presque pas, même si le mort qui déclenche l'énigme est effectivement un noir. Ces villageois sont simplement étonnés, et parfois amusés, d'avoir trouvé le cadavre d'un noir près d'un chemin de fer, alors qu'ils n'en avaient jamais vu depuis quelques soldats américains à la libération.
Non, le sujet tourne plutôt autour d'un pauvre garçon nommé Théo, le garde-barrière de ce village. Un invisible dont personne ne se soucie, abandonné par sa mère, puis par sa femme, puis par sa fille. Gentil mais frustré et légèrement alcoolique.
Certainement pas le meilleur roman de Simenon. J'ai quand même bien aimé sa façon de raconter la journée d'ivrogne que Théo passe, les changements que l'alcool opère en lui petit à petit.

Un meurtre et une enquete, racontés par un temoin muet - un peu benet et doucement alcoolique mais tenant bien son poste de chef de halte a la sncf.
L'enquete se déroule, estimée par ce temoin récalcitrant, ignoré ou négligé par ses concitoyens villageois.  "un jour je leur montrerai", et racontée par les bistrotiers, clients, articles de presse locale.
L' alcool se boit au verre, à la chopine, des fil en six sont commandés a plusieurs reprises, une cuite mémorable est décrite avec ses consequences sur le comportement du personnage central.
Roman écrit en 1957, sous une forme originale:les éléments de l'enquête sont amenés par les points de vue des villageois, parfois temoins, souvent interpretants les elements communiques par la presse locale. A aucun moment le journaliste n'est visible contrairement aux gendarmes et a l'inspecteur de police.

Le corps défiguré d'un homme de couleur est découvert dans un champs au bord de la voie ferrée de Versins-Haut, que s'est-il passé :accident,suicide ou meurtre? Une histoire de racisme, d'atmosphère délétère d'un petit village isolé, de gros sous et de vieilles rancoeurs. Un fond d'époque, on sent que les blessures de la seconde guerre mondiale ne sont pas encore totalement cicatrisées mais le sens de la psychologie et l'art de décortiquer l'âme humaine, les talents de conteur de Georges Simenon rendent ce roman intemporel.