Avicenne ou La Route d'Ispahan/
Gilbert Sinoué
Cette biographie légèrement romancée retrace la vie du médecin le plus célèbre en son temps, Abu'Ali al-Husayn ibn Allah ibn Sina ou plus simplement en terme latinisé, Avicenne. Né en 980 près de Boukhara en Perse, il fut tout à la fois médecin, philosophe, écrivain et scientifique.
Cet ouvrage passionnant de
Gilbert Sinoué est fondé sur un manuscrit authentique rédigé par un disciple d'Avicenne, Abu Obeid al Jozani qui vécut 25 ans à ses côtés.
Dans un très beau style classique, sont retracées les pérégrinations, les aventures et les amours torrides d'Avicenne, éternel nomade jusqu'à la ville d'Ispahan où il trouva la mort à l'âge de 57 ans.
« Quoi qu'il arrive n'oublie jamais ceci : Notre existence s'écoule en quelques jours. Elle passe comme le vent du désert. Aussi, tant qu'il te restera un souffle de vie, il y a deux jours dont il ne faudra jamais t'inquiéter : le jour qui n'est pas venu et celui qui est passé ». (Parole de
Ibn Sina à El Chirazi) Autrement dit, Avicenne appliquait à la lettre la maxime d'Horace « Carpe diem quam minimum credula postéro ».
Autre belle parole d'Avicenne : « C'est pour le péché que le pardon existe ».
Et cette autre : « Je pourrais te dire que la meilleure façon de se venger d'un ennemi, fût-il sa propre mère, c'est de ne jamais lui ressembler. Je pourrais te dire aussi qu'il ne faut pas se convaincre que ce que l'on désire est plus important que ce que l'on possède. Et t'assurer qu'aucune ambition ne mérite le prix d'une vie humaine… » Belle sagesse ! Qui se répète un peu plus loin : « L'homme ne doit pas sans nécessité ouvrir toutes les portes qui se présentent. » Et : » Une médiocre aisance avec la paix vaut mieux que l'opulence avec les soucis. » On devrait s'inspirer plus souvent de cette philosophie !
Sur la mémoire des peuples :
« Ce qui me chagrine le plus, c'est que les peuples souffrent d'une double infirmité : l'absence de mémoire et la cécité. Ce qui leur confère l'étrange aptitude de glorifier ceux qu'ils ont haïs la veille, et de haïr le lendemain ceux qu'aujourd'hui encore ils vénèrent. »
« La distance qui sépare le bonheur du malheur tient dans un souffle… »
Et je conclurai par cette sentence que j ‘aime entre toutes : « Rien n'impose au sot comme le silence : en lui répondant on l'enhardit ! »
En résumé, un très beau et riche récit, très facile à lire et qui fait du bien, apaise et donne à réfléchir ce qui n'est pas plus mal.