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sur 10074 notes
Pour une fois que j'achète un Goncourt, me voilà bien en peine !

Les critiques élogieuses m'avaient pourtant laissé croire que j'y trouverai mon content, mais il n'en fut rien. Tant pis pour moi.
Leïla Slimani s'est inspirée d'une histoire vraie, l'histoire sordide, aux Etats-Unis d'une nounou portoricaine ayant assassiné les enfants qu'elle gardait et qui n'a jamais pu expliquer son geste.

Et c'est bien cela qui m'a gêné à la lecture de ce conte cruel.
Dès le début du roman, on apprend que Louise, la nounou, a attenté à la vie de Mila et d'Adam et la question qui brûle les lèvres, c'est "Pourquoi ?"
L'explication tant attendue ne viendra jamais ou alors je n'ai pas su lire entre les lignes. C'est presque insoutenable de ne pas comprendre..
Est-ce justement cela qui fait la "force" de ce livre ? La raison pour laquelle il a été primé ? D'exposer à nu un événement tragique sans jamais en dévoiler le mystère. de laisser au lecteur libre cours à sa propre interprétation ? Ou cela veut-il dire tout simplement que certains gestes sont inexplicables et qu'il ne faut même pas chercher à comprendre ? Que la folie n' a pas de raison d'être ? Qu'elle ne se nourrit que d'elle-même ?

Tout cela me laisse bien perplexe.
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"Ce roman consacre la résurgence moderne terrifiante d'un personnage qui a hanté la littérature de l'antiquité au XVIIIe siècle, à savoir la nourrice. Pendant des millénaires, la nourrice était une figure maternelle subalterne mais reconnue, au point qu'on parle de frères et de soeurs de lait pour désigner les enfants de la nourrice, ou les autres enfants allaités par elle. La nourrice est de bon conseil, elle écoute, comprend, juge, arbitre, complote même parfois. Elle peut se montrer assez verte dans ces propos chez Shakespeare ou Molière. Paradoxalement, dans nos sociétés dites avancées d'émiettement des liens, d'atomisation des individus et de consommation, où la logique entreprenariale s'incruste jusqu'au coeur des familles nucléaires, cette nourrice assez respectée et reconnue pour être un personnage à part entière quand elle était encore esclave ou faisait partie d'une domesticité proche de l'esclavage, n'est plus qu'un instrument interchangeable des ambitions familiales.
Sans que ce soit son objet, ce roman jette un éclairage féroce sur l'inhumanité et la barbarie des rapports tarifés. Comme dans le cas d'une putain, il est attendu de la nourrice qu'elle joue le jeu et qu'elle soit convaincante. Sa vie personnelle n'entrant pas dans le contrat, personne ne s'étonnera qu'elle n'en ait pas. Personne ne trouvera anormal, ou trop tard, un investissement pathologique dans ses fonctions. C'est juste une perle, une trouvaille, une merveille qui peu à peu se rend indispensable, et entraîne toute la famille quand elle sombre dans les abysses d'une psychose mélancolique délirante dont on a pourtant, dès le départ, tous les indices. Mais les symptômes pathologiques que sont le surinvestissement et la dépendance morbide correspondent si bien à ce que l'on attend de la parfaite domestique moderne, qu'elle travaille d'arrache-pied dans des tâches qui réclament une implication affective profonde tout en restant une fonction anonyme de l'équilibre familial, que nul ne s'en inquiète.
La domination sociale y est posée jusque dans ses paradoxes occasionnels : si la jeune mère d'origine maghrébine embauche par prédilection cette nourrice franco-européenne plutôt que l'une des Arabes qui se présentent, c'est qu'elle refuse absolument la complicité tacite que pourrait entraîner une origine commune ou le fait de parler la même langue. La distance de la maîtresse à la servante, de la patronne à l'employée ne suppose aucune passerelle de familiarité, fût-elle ethnique, entre elles deux. (...)
Il n'en ressort, au bout du compte, que la magie teintée de sordide de ce paradoxe humain qui s'appuie sur la déification et le refoulement des enfants, ces petits souverains dont on s'empresse de se débarrasser à bas prix, tant leur dépendance interminable et la cohabitation avec eux sont devenues insoutenables pour des familles nucléaires uniquement productives. (...)
Toutes les personnes modestes y sont décrites comme vaguement stupides, grossières, accablées, laides et démunies, ou pour le moins évoluant dans des marges hideuses. Mais le roman est féroce aussi avec ces jeunes gens d'une élite méritante et laborieuse qui ne se posent pas assez de questions, ou pas les bonnes, et pensent que leurs contradictions sont solubles dans le succès de leurs ambitions. Au bout du compte tous les personnages sont essentiellement pulsionnels, et c'est la forme, sophistiquée ou non, d'idiotie qu'ils partagent qui les réunit dans une même humanité. (...) "
Lonnie dans Double Marge (extrait)
Lien : https://doublemarge.com/autr..
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Un cri déchirant, à en faire trembler les murs. Le hurlement d'une mère devant les corps inertes de ses enfants. Adam est mort, Mila le suivra peu après. Leur assassin n'aura su que donner la mort, malgré les poignets tailladés et le couteau dans la gorge...
Myriam, mère de deux jeunes enfants, Mila et Adam, n'est pas vraiment épanouie dans son rôle de mère au foyer. Après de brillantes études de droit, elle se voyait plutôt en maître du barreau. Aussi suggère-t-elle à son mari, Paul, ingénieur du son, d'engager une nounou afin qu'elle puisse intégrer le cabinet de Pascal, un ancien camarade de la faculté, qui lui a proposé un poste. Cette nounou, elle l'attend comme le Sauveur même si elle redoute de laisser ses enfants à une inconnue. Six appels suite à leur annonce et c'est Louise, une femme d'une quarantaine d'années, veuve, discrète, en difficulté financière, qui est retenue. Très vite, cette dernière leur devient indispensable, ses fonctions dépassant celles de simple nounou. Les enfants sont plus calmes, l'appartement impeccable et le dîner préparé. Myriam dira d'elle que c'est une vraie fée, Paul qu'elle est leur Mary Poppins. Encore terriblement loin de se douter de la tournure des événements...

L'on plonge, dès les premières lignes, dans un drame inimaginable. Une mère, hurlante, devant le corps inerte de ses deux enfants. Que s'est-il passé dans cet appartement de la rue Hauteville ? Qu'a bien pu traverser l'esprit du meurtrier pour s'en prendre ainsi à d'innocentes victimes ? Des mois avant ce drame, Leïla Slimani raconte l'histoire de ce jeune couple à qui tout semble réussir, surtout maintenant que Louise, la nounou, s'occupe impeccablement des enfants et de leur intérieur. Elle décrit avec minutie les faits, les gestes et les pensées mais aussi l'ambiguïté des sentiments de ce trio : le quotidien parfois difficile à surmonter pour ce jeune couple et la lente mais insidieuse menace qui pèse sur eux en la personne de Louise. Un roman tragique, oppressant, haletant de bout en bout et dénué de tout sentimentalisme.Une narration maîtrisée et intelligente servie par une écriture sèche et précise.
Une comptine acerbe...
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C'est un fait divers qui de tant à autre vient bousculer une actualité pourtant déjà bien sanguinaire.
Paul et Myriam, couple accaparé par leur carrière professionnelle recherche une nounou pour leurs enfants Mila et Adam. le choix de Louise s'avère d'emblée comme une évidence, tout va pour le mieux, Louise est une perle. Mais de petits détails commencent par déranger Paul et Myriam.
Leîla Slimani nous agrippe par le col dès la première phrase. Elle construit son récit par petites touches insidieuses, elle se glisse dans la vie de Louise, non pas pour trouver des circonstances atténuantes au geste terrifiant, mais justement plus pour se tenir à bonne distance du drame inéluctable. L'aspect social est aussi bien évidemment l'un des angles choisis par Slimani pour construire son intrigue. Son livre est d'autant plus réussi qu'il ne juge pas, laissant le lecteur dans l'inconfort. Une « chanson douce », une descente au coeur de la folie, glaçante et dérangeante.
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Myriam et Paul représentent un couple parisien moyen. Ils ont deux enfants,leur fille Mila et le bébé, Adam.
Après avoir cessé toute activité professionnelle (elle est avocate) pour élever leurs enfants, Myriam désire reprendre sa vie professionnelle.
Ils se mettent donc à chercher une nounou pour leurs enfants. Leur choix se porte sur Louise, femme nette et d'expériences.

Louise va leur donner satisfaction en tous points : excellente nounou (les enfants l'adorent), bonne pédagogue, cordon-bleu et reine du nettoyage et du rangement. Même les parents sont "chouchoutés".

Myriam et Paul sont ravis, ils ont trouvé "une perle".

Mais qui se soucie de ce que ressent Louise ? Personne ...
Qui peut dire sa triste vie, ses déceptions, ses aspiration, sa pauvreté ?
Ses patrons sont très gentils mais ils maintiennent quand même leur statut de "patrons"
Et Louise s'attache démesurément non seulement aux enfants mais également aux parents. "Elle vit sa vie par procuration" comme dirait ce cher J.J Goldman.

Elle en vient, toute bienfaisance présente, à se rendre indispensable et plus rien de la vie du couple n'a de secret pour elle. Avec le temps (comme disait Léo), elle en vient à vouloir régenter le couple afin qu'ils aient un 3ème enfants puisque les deux aînés vont désormais fréquenter l'école. Elle ne peut s'arracher à eux dont elle a en quelque sorte fait sa vraie famille.

Alors ... alors ... le drame ... Mais ce n'est pas une révélation, c'est l'incipit du roman.

En plus de vivre intensément le drame vécu par les enfants et leurs parents, je me suis attachée à Louise dont Leïla Slimani nous indique la lente descente aux enfers, le parcours grisâtre où les employés sont "snobés" par leurs patrons, aussi gentils fussent-ils, le regard soit condescendant soit méprisant ou voire pire pas de regard du tout : l'indifférence.

Ce magnifique livre m'a fait penser à du Zola.
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Ah ! Commencer un roman en étant directement propulsée au coeur d'un infanticide, c'est assez déroutant.
Mais au moins, dès le départ le ton est donné.

Tout commence avec cette fin atroce où une nounou tue les enfants qu'elle garde.
De quoi nous glacer le sang !
L'intérêt de l'histoire se porte alors sur le passé pour comprendre le cheminement jusqu'au drame.
On est immergé au sein de la vie d'un jeune couple ambitieux, Myriam et Paul. Leurs deux enfants, Emma et Adam sont soigneusement confiés à Louise.

L'aspect psychologique est omniprésent dans cette histoire. On oscille entre la vie de la petite famille et celle plus solitaire de la nounou.
Au fil des pages, on sent que cette mystérieuse Louise prend de plus en plus de place jusqu'à se rendre indispensable.
Sa personnalité complexe m'a beaucoup intriguée. Son ingérence progressive dans le foyer du couple dérange profondément.
La lecture devient oppressante lorsque les premiers comportements anormaux surviennent.
J'aurais voulu aller encore plus en profondeur dans le psychisme de cette nourrice déséquilibrée.

Même si l'auteure dresse des portraits du quotidien, elle fait en sorte de rendre son récit intéressant en soulevant des problématiques actuelles.
Notamment les inégalités des classes sociales, le choc des cultures, l'aspect chronophage des carrières professionnelles face à la vie familiale, l'éducation des enfants par un tiers, la précarité...
Ce livre est très riche car il pousse à la réflexion.
J'ai trouvé l'écriture de Leïla Slimani très prenante. Sa plume, à la fois sensible et tragique m'a accaparée tout au long du livre.
Un roman qui ne nous laisse pas dans l'indifférence.
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"Le bébé est mort"; "Aujourd'hui maman est morte" annonçait Camus...

C'est la chronique d'un drame annoncé dans les quatre premiers mots du roman.
Et comme nous voilà informés, nous cherchons à rebours des notes discordantes au coin des propos, nous scrutons des indices au détour des situations de vie, nous examinons tout ce qui pourrait expliquer pourquoi tout a dérapé vers l'inéluctable que l'on connaît. Si on croit tenir une raison, elle est remise en question par un retour à la vie tranquille de ce couple de bobos parisiens. Puis la tension se renforce avec des événement atypiques plus fréquents ou plus démonstratifs.

Ce roman nous rend captif par sa construction, son style disséquant les rapports humains et la cérémonie du quotidien.

"Une chanson douce" est une comptine qui tourne au cauchemar. Même le chemin qui mène à l'enfer est pavé de bonnes intentions.

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Les succès littéraires m'inspirent souvent de la méfiance. Pas vraiment rebelle mais souvent déçue !
Mais là...chers z'amis babeliotes, vos excellentes critiques m'ont convaincue ...et alors ...le choc !

Cette oeuvre est à la fois un thriller et une étude sociétale . Plusieurs lectures sont offertes selon son vécu ou ses idéologies.
le mystère n'est pas dans les faits puisque l'intrigue est dévoilée dès le début . Mais, on va au-delà des mots .
Très vite, on bascule dans l'inconnu...
Puis, il va falloir comprendre.

On va donc se couler dans l'intimité d'une petite famille qui va employer Louise la nounou.
Peu à peu, avec une précision d'orfèvre,l'auteure brosse le portrait des personnages mais révélant surtout les failles et la face cachée de Louise.
Les analyses de caractère sont fouillées, fines et subtiles ,le tout réalisé dans un style sobre et percutant .
La maladie mentale, suggérée en toile de fond reste à l'état d'interrogation. Ni voyeurisme ni jugement mais beaucoup de pudeur et de délicatesse.
Mais, peu à peu, au fur et à mesure que se peaufine chaque profil , l'auteure laisse entrevoir avec subtilité la dégradation lente et inexorable des relations entre la famille et la nounou.
D'inévitables divergences ,deux mondes qui se heurtent...
Et, c'est l'avancée terrifiante vers le chaos.

Un livre bouleversant , fort ,qui me restera en mémoire .
Une auteure que je découvre et que je suivrai certainement.


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APPARENCES TROMPEUSES
Ecriture fluide et facile, difficile de reposer le livre sans savoir le pourquoi du comment…
Connaissant la fin dès le début du livre, je m'attendais à en découvrir plus sur cette « nounou » et ainsi expliquer son comportement malsain mais en vain.
Je reste mitigée sur cette lecture.
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Merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir permis de participer à cette masse critique privilégiée et à découvrir cette auteure pour son deuxième livre.

« Une chanson douce que me chante ma maman…. en suçant mon pouce »…..noooon il n'y a plus de chanson dès le premier chapitre, avec Leila Slimani, elle vous coupe le son, vous fait taire. Vous poussez un cri silencieux….. En peu de mots, c'est le plongeon dans une scène de crime. le style n'est pas larmoyant, il est factuel, grave, tranchant, les mots vous scalpent, vous surprennent, tout est dit simplement, vous ne bronchez pas…. la musique n'est pas à la fête.

Quelle chronique vous me faites écrire Leila…..Quelques mots d'explications s'imposent.

Myriam a terminé sa formation d'avocate quelques mois avant de donner naissance à Mila, puis à Adam. Paul travaille dans l'univers de la composition musicale. Il s'échappe parfois de ses obligations paternelles le soir avec ses collègues…et abandonne Myriam à son rôle de mère au foyer, qui a pourtant besoin «de vivre ». C'est la vie ordinaire d'un couple en quête de liberté, de reconnaissance et d'épanouissement professionnel.

Alors, pour y parvenir, ils décident de recruter une « Nanny ». Ils ont finalement le coup de coeur pour Louise. Ses mots et son attitude sont adaptés, elle attire les enfants à elle tout de suite.

Louise va alors prendre une place prépondérante dans leur vie, une relation fusionnelle va s'installer entre eux….
Mais qui est-elle vraiment ?

A mi-chemin entre polar et roman, l'auteur dès le deuxième chapitre, vous fait remonter dans le temps, vous emmène dans les entrailles de son écriture, où vous dévorez tous ses mots et vous comprenez -tout en douceur- ce qui s'est « joué » entre le couple, les enfants, la nourrice.

Pas question de se débattre : l'essentiel est écrit, l'horreur est suggérée, ce qui rééquilibre le lecteur dans son ascenseur émotionnel et lui permet d'aller jusqu'au bout de l'histoire.

Une lecture tenace et poétique….

Pas non plus de dommage collatéral, vous n'êtes pas du mauvais côté du prétoire, mais pourtant vous vous prenez « souvenir à perpette », vous voulez un câlin…..un petit câlin assassin….enfin….d'écrivain….alors allez à la rencontre de cette auteure…..
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Une Chanson pas si Douce

Choisissez parmi les choix offerts : l'objet de discorde qu'un soir, Myriam - cette dernière fatiguée, rentrant du travail dans son appartement plongé dans le noir - découvre au centre d'une petite table où mangent Louise et les enfants de Paul.

Un jouet brisé
Une boîte qui contenait trois pâtes
Une carcasse de poulet
Des mégots de cigarettes

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