Seul autour du monde à la voile

D'abord un peu de vocabulaire :

J'ai lu avec un dictionnaire tout proche tant je suis novice en matière de voile, voici quelques expressions glanées au fil de la lecture !

Nouer les garcettes de ris
Endrailler le tourmentin
S'emparer de la drisse de foc
Mouiller le sloop sur du kelp
Brasser les vergues
Lever l'ancre à l'écubier
Grimper à la drisse de pic
Monter la vergue de cacatois (mon préféré)
Souquer les artimuses (non, là je déconne, ça vient d'Astérix et Cléopâtre de Chabat et cela ne veut strictement rien dire)

Ensuite un parcours qui fait rêver :

Gloucester, Açores, Gibraltar, Canaries, Cap Horn, Détroit de Magellan, Marquises, Samoa, Tasmanie, îles Cocos. Île Rodrigues, île Maurice, Cap de Bonne Espérance, Trinidad et Tobago, Grenade…

Enfin et surtout un bonhomme : Joshua Slocum : le premier navigateur à avoir fait le tour du monde en solitaire en 1895 à bord du Spray pendant trois ans, s'accordant de longues escales ici ou là. Un navigateur ne sachant pas nager et ayant le mal de mer !

Le récit d'un voyage exceptionnel qui se lit aisément, s'agissant d'un texte publié en 1899.
Ah, ce challenge Multi-Défis ! Jamais sans lui je n'aurais lu un livre pareil !

A l'achèvement de la lecture de ce livre, j'ai eu l'impression que Joshua Slocum avait fait joujou sur les mers et océans de ce monde. En effet,à bord de son sloop (voilier) "Spray", il a vogué pendant 3 ans depuis la Nouvelle Ecosse (Canada), a traversé l'Atlantique, franchi le mythique Cap Horn, été poussé par les vents du Pacifique avant d'arrimer à Sydney en Australie...Puis, il a filé droit vers Maurice et l'Afrique du Sud....Et enfin, du Cap de Bonne Espérance, il est remonté "benaise" droit sur les Caraïbes et enfin la Nouvelle Ecosse.
Le type, droit dans ses bottes semble s'être amusé à contrer les vents violents, les vagues assassines, les flèches empoisonnées d'indigènes de la Patagonie...
On ne sent pas de stress, d'inquiétude ou de peur face à l'inconnu de l'océan. Il faut dire que Slocum a , déjà, largement arpenté les mers de ce monde entant que commandant de nombreux navires. Il ne craint, donc, pas les affres du climat ni une mer scélérate.
En tout cas, le résultat est là. Slocum est le premier navigateur à réussir un tour du monde en solitaire. Il est une légende pour beaucoup de marins à l'image de Moitessier qui baptisa son voilier "Joshua".
Pour ce qui concerne la lecture du livre, il est sympa sans être exceptionnel. Il est très descriptif sur les manoeuvres du "Spray", l'état de la mer et des vents. le moment le plus épique est sans doute son passage périlleux du Cap Horn.
Amateurs de voile, vous serez certainement conquis par l'exploit.

Récit du premier tour du monde à la voile en solitaire, à la fin du XIXème siècle par l'Américain Joshua Slocum.

Comme récit maritime, il est très intéressant, même si je trouve que l'auteur insiste beaucoup sur ses grandes compétences de marin : c'est certainement vrai mais cela agace. Autre agacement : sa manie de citer les noms de toutes les autorités qui le reçoivent durant les escales.

Mais il y a des moments formidables : le passage du détroit de Magellan, où Slocum doit affronter les dangers de la mer et les indiens pilleurs. L'auteur sait que c'est le passage de bravoure de son récit, cela se sent.

Autre passage délicieux : son séjour aux îles Samoa où , entre les souvenirs du couple Stevenson, les soirées sur les plages et les jolies filles, le navigateur ne cite quasiment pas ses hôtes occidentaux et loue l'accueil des autochtones.

J'ai écrit [ailleurs] que Vito Dumas et Francis Chichester seraient les premiers et seconds à avoir réalisé le tour du monde à la voile en solitaire. C'est faux, de source sûre au moins une personne l'avait fait dès le 19è siècle, Joshua Slocum. Si le tour du monde de Slocum n'est souvent pas comptabilisé comme tel, c'est qu'il a fait de longues escales (certaines de plusieurs mois). Les homologations, la postérité, on s'en fout pas mal. le fait est que le récit de cette aventure de plus de trois ans est à lire absolument. La circumnavigation a eu lieu à la croisée de deux époques et son récit, Seul autour du monde à la voile, est logiquement à mi-chemin des récits de navigations anciens comme ceux des époux London, de Stevenson ou Bougainville, et des récits modernes de skippers comme Chichester et ceux qui suivront.
Pour autant, je dirais qu'on penche encore plus dans la première partie car si son tour du monde n'a eu lieu « que » 70 ans plus tôt que celui du Gipsy Moth, les deux navigations sont clairement d'époque différente. Alors que Chichester nous livre un récit de navigation sur des mers connues, l'aventure de Slocum à bord de son sloop d'à peine 11 mètres de long est d'un autre tonneau: parti avec le vague espoir de découvrir des terres nouvelles (ce ne fut pas le cas) Slocum fut poursuivi par des pirates en Méditerranée, attaqué par des indigènes en Terre de Feu… Pour l'anecdote, afin de parfaire cette image de Joshua Slocum comme aventurier, celui-ci (et, pour cause, ce n'est évidemment pas dans son livre) disparaitra en mer en 1909 dans le triangle des Bermudes, on ne retrouvera jamais trace ni de lui ni de son sloop le Spray (celui à bord duquel il réalisa son tour du monde).

Cette critique est extraite d'un dossier sur la littérature maritime paru sur le blog R2N2
Lien : https://romancerougenouvelle..

un grand classique, à lire en version originale un plus. Il faut se souvenir de l'époque, de la personnalité de Slocum. c'est un récit sobre. mes Slocum n'était certes pas un amateur ! Je vous invite à lire : "La vie de Slocum", par Victor Slocum, son fis. il y a également d'autres biographies, mais je ne sais pas si elles ont toutes été traduites.