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EAN : 9782130393108
Presses Universitaires de France (01/02/1986)
4.67/5   3 notes
Résumé :
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La période de la pire oppression en Irlande commença avec l'expédition punitive de Cromwell de 1649, pour venger le meurtre de protestants au cours d'un soulèvement catholique en 1641. Les hostilités mêmes, la famine et l'épidémie qui les accompagnèrent firent périr plus d'un demi-million de personnes - environ 40 % de la population de l'Irlande à l'époque. Cromwell fut sans pitié, non seulement dans la bataille mais dans le massacre massif des soldats prisonniers et de civils catholiques, y compris des prêtres qui étaient son « gibier particulier ». En outre, il fit déporter aux Indes occidentales « orphelins, miséreux et autres pour servir de manœuvres, de serviteurs, ou tout autre usage auquel les propriétaires les jugeraient propres, ou impropres - en tout quelque 6 000 de ces pauvres épaves ».

Beaucoup d'Irlandais furent dépossédés des meilleures terres, qui furent attribuées à des colons protestants, anglais et écossais. Cromwell fit parquer une bonne partie de la noblesse irlandaise dans le comté de Connaught, sous peine de mort, avec le brutal ultimatum: « En enfer ou au Connaught! ». En 1641 les catholiques irlandais d'origine détenaient, pense-t-on, environ trois cinquièmes des terres d'Irlande; mais en 1665 il leur en restait un cinquième, presque tout dans le Connaught . En 1790, les Irlandais catholiques ne possédaient que 14 % de la terre de leur pays.

Après la victoire de Cromwell vinrent les lois dites Penal Laws destinées à éliminer de force la religion catholique et à empêcher les Irlandais indigènes de s'élever économiquement ou politiquement. Les activités de l’Église catholique furent sévèrement restreintes, à la limite d'être totalement proscrites, et les catholiques furent tenus de payer la dîme pour l'entretien de l’Église établie protestante. Seul était permis l'enseignement protestant, et l'envoi d'enfants à l'étranger pour y être éduqués nécessitait une autorisation spéciale, faute de laquelle l'on était passible de sanctions sévères. Un catholique ne pouvait ni voter, ni exercer de fonction publique, ni obtenir un grade militaire. Il ne pouvait acheter une propriété foncière, et il lui était interdit d'arborer des objets de luxe considérés par les protestants comme ne convenant pas à son statut. Dans cet ordre d'idées, par exemple, le catholique ne pouvait posséder un cheval valant plus de cinq livres sterling. Il n'avait pas juridiquement le droit d'épouser une protestante ce qui de toute façon n'était pas vraisemblable. (pp. 59-60)
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Au fil des générations, les Allemands commencèrent à absorber des éléments du langage et de la culture des États-Unis. Ils influencèrent aussi profondément la culture des autres Américains. Ce furent les Allemands qui introduisirent les jardins d'enfants, le lycée et le sapin de Noël, qui popularisèrent toutes sortes de musique - des fanfares aux orchestres symphoniques et aux chorales. Plus important peut-être que tout cela, ils modifièrent les attitudes américaines vis-à-vis des amusements. La culture anglo-saxonne de l'Amérique coloniale, et plus tard des États-Unis naissants, considérait les activités récréatives comme suspectes pour le mieux, et comme sacrilèges si l'on s'y livrait le dimanche. Les Allemands, par contre, importèrent tout un assortiment d'amusements familiaux innocents, du pique-nique aux parades, concerts, jeux, démonstrations de gymnastique, sociétés littéraires et danses folkloriques. Au début, les Américains plus puritains furent scandalisés par ces Allemands, surtout lorsqu'ils se conduisaient ainsi le dimanche. Mais l'exemple de ces gens raisonnables, bien élevés, qui se distrayaient ensemble sans gêner les autres, attira peu à peu le reste de la population vers une façon de vivre qui fait maintenant partie intégrante de la façon de vivre américaine. (pp. 54-55)
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Les immigrants irlandais vivaient généralement dans « les quartiers vétustes des bourgs et des cités », et un contemporain les décrivit « entassés ensemble avec toutes leurs habitudes traditionnelles de malpropreté et d'indolence ». L'on ne peut pas récuser ces récits comme entachés de préjugés, car les immigrants irlandais du XIXe siècle ont été vus de la même façon par des écrivains aussi différents que le conservateur britannique Thomas Carlyle et le jeune révolutionnaire allemand de Manchester du nom de Friedrich Engels. Selon Carlyle, l'Irlandais « avec ses haillons et sa sauvagerie rieuse » effectuait « tout travail qui peut être fait par la seule force des bras et du dos - pour un salaire qui lui permette de s'acheter des pommes de terre ». Engels de même caractérisait l'Irlandais immigrant par une « grossièreté » qui le « place peu au-dessus du sauvage ». L'Irlandais, selon Engels, « dépose toute ordure et saleté devant la porte de sa maison, ici, comme il était accoutumé à le faire au pays; ainsi s'accumulent les flaques et les monceaux de boue qui défigurent les quartiers ouvriers et empoisonnent l'air ». L'ivrognerie était son enseigne, et s'il pouvait remplir les « tâches simples exigeant peu de soin, pour tout travail qui demande un long apprentissage ou une application régulière et soutenue, l'Irlandais dissolu, instable et buveur n'est pas à la hauteur ».
(...)
A Londres les Irlandais vivaient surtout dans les rues latérales et les fonds d'impasses, au voisinage des Anglais et dans des îlots des quartiers ouvriers, mais il n'y eut aucune assimilation, ni géographique ni sociale. Pénétrer dans certaines enclaves irlandaises nécessitait « des bottes épaisses et le cœur bien accroché » car elles étaient encombrées de porcs, de chiens et de volailles, et jonchées de rebuts de poisson et autres déchets, avec par-ci par- là de petites mares d'eau stagnante. Au lieu de plomberie et d'eau courante, il était habituel d'avoir un tonneau ou une cuve d'eau dans la cour, pour l'usage commun, près des latrines et des tas d'immondices. Un rapport officiel de l'époque parle des « effluves particulièrement déplaisants, particulièrement perceptibles par temps chaud ». Les maladies telles que le typhus et le choléra abondaient dans ce genre de milieu. (pp. 65-67)
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