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EAN : 9782762123197
237 pages
Fides (21/03/2002)
3/5   1 notes
Résumé :

Comment un petit paysan rassembla d'une poigne de fer une nation à la dérive et ce qu'il fit du pouvoir absolu dont son peuple le gratifia: voilà l'histoire fascinante que raconte Jonathan Spence. Par ses vastes connaissances sur l'histoire ancienne et récente de la Chine, Spence trace ici un portrait inédit et magistral d'un Mao insoupçonné. Fin tacticien et organisateur hors pair, Mao Zedong profita de l'auréole q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La biographie eut longtemps mauvaise presse dans la science historique. Elle y voyait un exercice racoleur – qui rencontrait d'ailleurs souvent le succès dans le grand public – plus soucieux de multiplier les anecdotes croustillantes que d'étudier la « longue durée ». Avec le renouveau de l'histoire politique, la biographie a fait son retour dans les années 80. Il s'agissait d'ailleurs moins souvent de présenter un personnage individuel dans sa singularité que de traiter l'histoire collective à travers le prisme de l'histoire singulière. La biographie que J.N. Jeanneney consacre à François de Wendel a pour thème central les relations entre milieux d'affaires et vie politique sous la IIIème République ; quand S. Berstein étudie Edouard Henriot, c'est une incarnation de l'Idée républicaine qu'il poursuit.

S'attaquer aux « monstres » de l'histoire est plus difficile ; car leur singularité fut si écrasante, leur longévité si grande qu'on ne peut réduire leur personnalité à une seule thématique. du coup, la singularité du « héros » biographique repasse au premier plan. C'est le risque assumé par Jean Lacouture dans ses essais monumentaux sur De Gaulle ou Mitterrand. Des questions passionnantes surgissent : comment un homme que rien souvent ne distingue initialement de ses contemporains va-t-il se retrouver dans la position de marquer l'histoire de sa trace ? Est-ce le fruit du hasard, des circonstances (De Gaulle aurait-il été De Gaulle sans la Seconde guerre mondiale ?) ou l'aboutissement logique d'un apprentissage tout entier tourné vers la conquête du pouvoir ? Autre question qu'appelle l'étude biographique des « tyrans » les plus sinistres que compta le XXème siècle : comment ces leaders charismatiques, souvent animés du désir sincère de faire le bien, de restaurer la grandeur de leur Nation, en vinrent-ils à causer la mort de millions de victimes ?

La très classique biographie que le sinologue Jonathan Spence consacre à Mao Zedong ne répond malheureusement pas à ces questions. S'appuyant sur une solide documentation, sans prétendre faire de révélations fracassantes, l'auteur raconte la vie du grand dirigeant chinois sans se perdre à narrer celle de la Chine. Seul le tiers du livre traite de l'exercice du pouvoir, après 1949. On appréciera les développements consacrés à la formation intellectuelle de Mao, à sa (tumultueuse) vie familiale. On regrettera en revanche de rester à distance du Mao du Grand Bond en Avant et de la Révolution culturelle.

On peine aussi à trouver chez Mao cette « rupture » qui divise souvent la biographie des « grands hommes ». Né en 1893 dans une famille de paysans riches du Hunan, il tarde à s'affirmer à la tête du mouvement marxiste. Il n'occupe qu'un strapontin à la fondation du PCC en juillet 1921 et subit la Longue Marche plus qu'il ne l'initie. Son succès vient de son rejet très rapide de la ligne soviétique d'union avec le Guomindang et de révolution urbaine et ouvrière ; il lui préfère la scission d'avec Chiang Kai Chek, l'engagement militaire contre les Japonais et la révolution paysanne. Sa stratégie réussit et on voit Mao mûrir dans le grottes de Yan'an en 1936 : « de plus en plus rigide, l'homme cherche à plier son entourage à ses caprices et à ses croyances. La vie austère qu'il a menée par nécessité puis par choix, il s'en vante à présent et prétend même forcer tout le monde à l'imiter. Oubliée, la fascination qu'il éprouvait dans sa jeunesse pour les aspects les plus subtils de la civilisation chinoise » (pp.126/7). C'est peut-être à Yan'an que se situe le « tournant ».

Quelles furent les raisons pour lesquelles celui qui fut « le Lénine de la révolution chinoise avant d'essayer maladroitement à en devenir le Staline » (Lucien Bianco) causa la mort de près de 20 millions de Chinois pendant le Grand Bond en Avant et traumatisa toute une génération dix ans plus tard dans la Révolution culturelle ? Ce qui frappe dans la biographie du Grand Timonier, c'est depuis son plus jeune âge combien il se prend au sérieux et manque désespérement d'humour. Sans doute cette critique naît-elle dans une époque qui survalorise peut-être l'humour. Mais à lire un Mao si fanatiquement confiant dans l'avenir du communisme, on se prend à croire qu'un peu d'ironie aurait peut-être évité à la Chine bien des malheurs.
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