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EAN : 9782253116066
598 pages
Le Livre de Poche (18/04/2007)
3.77/5   62 notes
Résumé :

Alors que le mur de Berlin est tombé et qu'ont disparu presque toutes les dictatures se recommandant de Karl Marx, la lumière doit être faite sur l'extraordinaire trajectoire de ce proscrit, fondateur de la seule religion neuve de ces derniers siècles.

Aucun auteur n'eut plus de lecteurs, aucun révolutionnaire n'a rassemblé plus d'espoirs, aucun idéologue n'a suscité plus d'exégèses, et, mis à part quelques fondateurs de religions, aucun homm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'ancien conseiller de Mitterrand, ex président de la BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement), conseiller d'État, actuel président et/ou fondateur de différentes sociétés internationales de conseil et d'investissement financier... et connu pour dégainer des livres plus vite que son ombre, s'est cette fois-ci pris d'une passion tardive mais néanmoins dévorante pour Marx, en qui il a découvert le grand théoricien de la mondialisation capitaliste et un champion du libéralisme. Marx, dernière recrue en date des chercheurs de têtes de la grande bourgeoisie. À croire que la finance mondiale est à court de théoriciens.
Qu'est-ce qu'Attali a trouvé dans le manifeste du parti communiste ? « ... les plus belles pages à jamais publiées à la gloire de la bourgeoisie (...) le plus bel éloge prophétique de la mondialisation à venir » (p. 142). Dans la Contribution à la critique du l'économie politique (1859) ? « ...une nouvelle ode au capitalisme » (p. 242). La dévotion marxiste de la star française de la mondialisation financière atteint son paroxysme à la page 403 : « ... que de points communs entre la théorie de la sélection naturelle... la théorie de la lutte des classes et l'autre grande théorie du XIX° siècle, celle de la thermodynamique.... toutes trois parlent d'un temps qui s'écoule irréversiblement : vers le désordre, dit Carnot ; vers la liberté, dit Marx ; vers le mieux adapté, dit Darwin. S'adapter aux désordres de la liberté : tel est ce qui réunit Carnot, Marx, Darwin, les trois géants du siècle ». S'adapter aux désordres de la liberté ! Pour un peu, Jacques Attali convertirait Georges Bush au marxisme.
Quant à l'avenir du capitalisme, le nouveau disciple de Marx reste optimiste et se fait même lyrique (pp. 503-504) : « (...) Lorsqu'il aura ainsi épuisé la marchandisation des rapports sociaux et utilisé toutes ses ressources, le capitalisme, s'il n'a pas détruit l'humanité, pourrait aussi s'ouvrir à un socialisme mondial. Pour le dire autrement, le marché pourrait laisser place à la fraternité... Comme il n'y a pas d'État mondial à prendre, cela ne saurait passer par l'exercice d'un pouvoir à l'échelle planétaire, mais par une transition dans l'esprit du monde - cette « évolution révolutionnaire » si chère à Marx [sic]. (...) Tout homme deviendrait citoyen du monde et le monde serait enfin fait pour l'homme. Il faudrait alors relire Karl Marx (...) les générations à venir... reviendront alors vers l'esprit du monde et son message principal : l'homme mérite qu'on espère en lui ». On parviendrait ainsi au communisme par l'opération du saint esprit. Marx est « l'esprit du monde » (c'est ainsi qu'Attali le désigne une dizaine de fois par chapitre), et Attali son prophète. Ainsi soit-il.
Cela dit, dieu merci (esprit du monde oblige), les 500 pages du livre d'Attali valent mieux que sa nouvelle religion distillée au fil des pages. Attali se vante dans les médias de travailler sur 23 livres à la fois et, même s'il dort peu, dit-il, il a dû disposer d'une belle escouade d'assistants pour fouiller dans les archives de Marx. le résultat est là : l'ouvrage, en dépit des remarques incongrues d'Attali qui décidément ne s'est guère assimilé l'humour ni la dialectique de Marx, est intéressant, précis et d'une grande clarté ! L'un de ses principaux mérites est d'avoir adopté un plan chronologique où les différents ouvrages de Marx sont largement cités et somme toute bien présentés, avec des citations consistantes, parfois peu connues (ne pas manquer par exemple, p. 138, les larges extraits du Discours sur le libre échange du 9 janvier 1848, dont Attali n'a visiblement compris que la moitié !), avec un luxe de détails sur le contexte historique. Les chapitres consacrés aux années 1848 et à la première internationale, ou au flirt politique de Ferdinand Lassalle avec Bismarck sont très éclairants. À noter également des pages attachantes sur les trois filles de Marx et leurs compagnons communards.
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A lire la vie de Karl Marx, ses écrits, cela nous permet de comprendre, d'approfondir les bases de la société, aussi bien en politique, en économie, qu'en philosophie.
Il nous parlait déjà de la mondialisation, de l'explosion du capitalisme, de l'essor de la précarité, de la diminution du temps de travail, de la délocalisation.

Ce livre m'a permis aussi de revisiter l'histoire de pendant plus d'un siècle, les luttes, les combats, La Commune de Paris, les dictatures, le totalitarisme communiste et le totalitarisme nazi.

Merci M. Attali pour cette merveilleuse biographie, et l'envie qu'elle donne de lire, relire les écrits de Karl Marx.

A lire pour comprendre notre monde
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Ouvrage épais qui autant que la vie de K.M. retrace les grandes découvertes d'une époque.
Beaucoup de détail sur la vie et la famille de K.M., beaucoup trop à en devenir lassant.
Quand aux idées de K.M., pas grand chose et surtout la mise en valeur de d'une écriture complexe, et d'idées floues et pleines de contradiction. Bref un grand penseur !
ne donne pas envie de lire le Capital et autres...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
A sa mort, Marx laisse une œuvre considérable, à la fois claire et semée d’ambigüités.

Sa vision du monde est d’abord fondée sur la dénonciation du travail, de son abstraction, de l’arrachement à soi et aux autres qu’il entraîne. C’est le travail qui produit l’Histoire en engendrant la lutte des classes, qui elle-même accouche du capitalisme ; il est poussé par sa nature à se développer mondialement, à exploiter toujours davantage le travail des hommes, à transformer une part toujours plus grande des services en produits industriels, à s’épuiser dans la recherche d’un profit toujours plus difficile à obtenir, à exiger une plus-value de plus en plus élevée pour compenser la hausse du coût des investissements rendus nécessaires par la concurrence. Pour Marx, le capitalisme est civilisateur (« Les idées de liberté de conscience, de liberté religieuse ne firent que proclamer le règne de la libre concurrence dans le domaine du savoir »). La bourgeoisie joue même à ses yeux un rôle révolutionnaire, bouleversant le potentiel de l’humanité, brisant l’isolement des nations, favorisant « la migration rurale vers les villes, ce qui constitue un formidable progrès car, par-là, elle a préservé une grande partie de la population de l’idiotisme de la vie des champs… »

Le capitalisme est un préalable obligé au communisme, « absolument indispensable, car, sans lui, c’est la pénurie qui deviendrait générale, et, avec le besoin, c’est aussi la lutte pour le nécessaire qui recommencerait, et l’on retomberait fatalement dans la vieille gadoue. » Le prolétariat ne pourra remporter une véritable victoire sur la bourgeoisie que lorsque « la marche de l’Histoire aura élaboré les facteurs matériels qui créeront la nécessité de mettre fin aux méthodes bourgeoises de la production et, en conséquence, à la domination politique de la bourgeoisie. » Il est donc nécessaire d’accélérer la généralisation du capitalisme, de favoriser la mondialisation et le libre-échange.
(…)
Le capitalisme creuse sa propre tombe en aliénant et en exploitant les travailleurs. Il les aliène par leur extériorité aux objets qu’ils produisent, par la fascination qu’exerce sur eux l’argent ; il crée donc un monde « désenchanté » où chacun est aliéné par l’existence même des marchandises qu’il consomme et produit. (pp. 452-453)
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"Aux yeux de beaucoup il passe pour pour le principal responsable des plus grands crimes de l'Histoire, et en particulier des pires perversions qui marquèrent la fin du précédent millénaire, du nazisme au stalinisme (...) Le moment est donc venu de raconter sans faux-semblants, de façon moderne, son incroyable destin et son extraordinaire trajectoire intellectuelle et politique, de comprendre comment il put rédiger à moins de trente ans le texte politique le plus lu de toute l'histoire de l'humanité"
"Il faudra (...) ne pas céder aux fausses certitudes ; admettre que tout pouvoir est réversible, que toute théorie est faite pour être contredite, que toute vérité est vouée à être dépassée, que l'arbitraire est certitude de mort, que le bien absolu est la source du mal absolu, qu'une pensée doit rester ouverte, ne pas tout expliquer, admettre des points de vue contraires, ne pas confondre une cause avec des responsables, des mécanismes avec des acteurs, des classes avec des personnes. Laisser l'homme au centre de tout."
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Karl aime lire des romans. En 1860, il découvre Le Chef-d’œuvre inconnu, de Balzac, histoire d’un peintre qui, à force d’ajouts et de retouches à son tableau, n’arrive pas à finir sa toile ni à rendre lisible pour les autres sa propre vision intérieure. Pour échapper à son dilemme, le peintre décide de voyager, à la recherche de modèles, afin de confronter son œuvre à la nature sous ses différentes formes. Ce livre touche infiniment Marx.

Cette image lui rappelle le Démocrite auquel il a consacré en partie sa thèse, qui se jette lui aussi dans l’empirisme et l’apprentissage de toutes les disciplines, voyage pour résoudre le contraste entre son illumination et le pâme reflet que le monde offre de sa vision. Si Karl ne voyage pas à travers le monde entier, il apprend plusieurs langues et lit des centaines d’ouvrages. S’il ne se prive pas de sa vue, comme Démocrite, il s’inflige de nombreuses maladies au terme d’une démarche nettement autodestructrice. (pp. 270-271)
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Je vis l'empereur, cette âme du monde, traverser à cheval les rues de la ville [...]. C'est un sentiment prodigieux de voir un tel individu qui, concentré sur un point, assis sur un cheval, s'étend sur le monde et le domine... Ame et non pas esprit car il n'avait pas conscience du vrai sens de son oeuvre.

Hegel, au lendemain de la bataille d'Iéna
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Ainsi pour entendre l'Ecriture, il faut avoir un sens dans lequel tous les passages contraires s'accordent. Il ne suffit pas d'en avoir un qui convienne à plusieurs passages accordants ; mais il faut en avoir un qui concilie les passages même contraires.

Pascal, Pensées
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Vidéo de Jacques Attali
Emission de France Culture :Inégalitaire, trop compétitive ou trop laxiste, l’école française est aujourd’hui accusée de tous les maux. Entre le développement rapide des plateformes numériques, l'état inquiétant de l'enseignement public et la concurrence exigeante des modèles éducatifs internationaux, comment se réinventer ? Pour l'économiste et écrivain Jacques Attali, c'est "une question de méthode"
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Politiciens, économistes, juristes, enseignants (844)
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