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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
☠️ La chute des bourreaux.
Celle plus précisément de Magda Goebbels, personnage phare de ce roman prenant, figure emblématique du Troisième Reich, épouse de Joseph Goebbels ministre de la propagande du régime nazi. le récit se situe à la fin de la seconde guerre mondiale alors que l'un des régimes totalitaires les plus abjectes et les plus meurtriers de l'Histoire est en pleine déliquescence.
Magda, la toute puissante. Taillée dans le roc à la lame d'acier, un temps première dame du IIIe Reich, cachait sa véritable nature sous un épais vernis.
Froide, arriviste, méprisant tous ceux qui ne sont pas au dessus de la mêlée. Seule chose qu'elle s'ingénie à préserver : son image publique de femme et de mère parfaite.
Elle se réfugie avec son mari et six de ses enfants dans le bunker berlinois d'Hitler où se trouvent « tous les derniers figurants de ce qui reste du Reich ». Dans ce bâtiment glauque elle finira par se suicider après avoir tué ses enfants méthodiquement. Comment en arrive-t-on à de tels actes? « Un voile reste dressé entre le geste et son moteur intime ».
L'auteur non sans réalisme reconstitue ses dernières heures et met en lumière son parcours passionnant remontant de manière factuelle aux origines du mal. Peut-être pour tenter de comprendre les sources de ce fanatisme et cet infanticide car l'histoire familiale de Magda, enfant naturelle, est compliquée.
D'autres récits s'entrelacent, ceux de survivants des camps contraints par les SS aux « marches de la mort » et donnent lieu à des scènes poignantes et chaotiques.
Des récits touchants où l'humanité et la solidarité des opprimés « sur le terrain » contrastent avec la froideur des persécuteurs-commanditaires retranchés dans leur sphère mais au destin finalement tout aussi tragique.
Leurs histoires se recouperont par l'intermédiaire de lettres, notamment celles désespérées du père adoptif juif de Magda qui l'a élevée comme sa fille, prisonnier des camps et qu'elle a abandonné à son sort.
Le style est percutant, constitué de phrases courtes, de mots riches, acérés et accumulés donnant un sentiment d'urgence, un rythme frénétique et une densité au récit.
Une très belle découverte💖.
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J'avais été bluffée par le coeur battant du monde et ce nouvel opus que je découvre de Sébastien Spitzer est bâti exactement dans la même lignée.

J'adore comment l'auteur français prend possession d'un sujet largement revisité et le traite à sa sauce, en y apportant ses interrogations personnelles et profondes sur la folie des hommes.

Il arpente cette période avec la fluidité d'un roman et l'érudition mordante d'un grand historien en restituant les faits mais aussi en laissant libre cours à son imagination.

Ces rêves qu'on piétine, est dérangé et dérangeant.
Il est porté par une voix aussi cruelle que lucide.

Dans un huis-clos glaçant, l'écriture de Spitzer est organique et corrosive, explorant les derniers moments du III Reich dans ce qu'il y a eu de plus vil et salissant en termes d'humanité, ou plutôt d'inhumanité, avec une certaine distance, voulue, et qui s'avère encore plus perturbante.

Paradoxalement j'admire sa capacité à insuffler de la beauté et de la poésie aux mots qui décrivent des horreurs et qui sortent directement des entrailles du mal.

On en ressort un peu lessivé avec en filigrane inconscient les éternelles interrogations sur ce pan noir de l'Histoire, fustigés par l'incrédulité les raisons qui ont mené à un tel déchaînement de fanatisme et d'horreurs.

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Ce roman a reçu le prix littéraire de l'ENS Paris-Saclay 2018. (ENS = École Normale Supérieure)
Ce prix, autrefois nommé "prix littéraire de l'ENS Cachan", a été créé il y a dix-huit ans par une librairie de Cachan (lieu d'implantation de l'ENS jusqu'à son déménagement à Saclay) qui est partie du constat que "les élèves de l'école sont des lecteurs curieux, attentifs et émettant des avis intéressants".
Le jury est chaque année composé de quinze élèves volontaires qui lisent les quinze livres sélectionnés par le comité d'organisation composé de membres de l'École. Les livres sont des premiers romans et sont écrits en français.
J'aime cette idée de jury composé de jeunes, étudiant des matières aussi diverses que les mathématiques, la chimie, les sciences sociales, la gestion, etc. Je trouve qu'il y a un regard plein de fraicheur et indépendant de considérations éditoriales, contrairement à d'autres prix plus prestigieux, mais dont les ouvrages primés ne sont pas toujours à la hauteur de ce que l'on pourrait attendre.
Pour terminer sur ce sujet, j'ajoute que Sorj Chalandon a été primé en 2006 pour le petit Bonzi.
Ils ont bon goût les étudiants de l'ENS Paris-Saclay, non ?
Sorj Chalandon a fait du chemin depuis, et je souhaite à Sébastien Spitzer la même réussite.

L'auteur a mis Magda Goebbels au centre de son livre.
Excellent choix !
Détestable, cette femme est un vrai personnage de roman. Une ambition démesurée conjuguée à un fanatisme extrême font d'elle un être sans aucun scrupules, prêt à tout pour "réussir". Et sa grande "réussite" sera de devenir une sorte de Première dame du Reich grâce à son mariage d'intérêt avec Joseph Goebbels.
L'histoire de Magda Goebbels est connue. À la fin de la guerre, terrée dans dans le fameux bunker de Berlin, elle comprend que tout est fini. Que ses années de gloire sont finies. Que l'Allemagne nazie est finie. Alors, elle tue les six enfants qu'elle a eus avec Joseph Goebbels puis se suicide avec lui.
L'évocation seule de Magda Goebbels fait froid dans le dos, alors, imaginez le récit qu'en fait Sébastien Spitzer ! D'autant qu'il est extrêmement bien fait.
Je me demande souvent comment font les écrivains ou les scénaristes pour créer d'horribles personnages, d'authentiques méchants. Ici, l'auteur n'a pas eu besoin de créer puisque son personnage est, hélas, bien réel. Il n'a eu qu'à puiser dans le matériau d'une documentation historique abondante.
Juste deux exemples qui suffisent pour se faire une opinion.
Un officier présent dans le bunker a témoigné à l'époque en ces termes : « Jusqu'à la fin, Mme Goebbels n'a montré aucune peur de la mort. Fringante et élégante, elle avait l'habitude de monter l'escalier en colimaçon en prenant la plupart du temps deux marches à la fois. Elle avait toujours un sourire aimable pour tout le monde… peut-être cette force de caractère admirable venait-elle de sa foi fanatique en Hitler »
Magda Goebbels a écrit à son fils Harald, né d'un premier mariage, que « le monde qui va venir après le Führer et le national-socialisme ne vaut plus la peine qu'on y vive ».
Charmante personne, non ?
Sébastien Spitzer raconte la vie de Magda Goebbels et y entremêle d'autres récits.
Son livre est très bien construit et la tension va crescendo jusqu'à la fin dans le bunker. Cette fin atroce lors de laquelle une mère est capable de tuer froidement ses six enfants.
Un premier roman très documenté et à l'écriture maîtrisée, sur un sujet qui ne peut laisser personne indifférent.
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En ouvrant ce livre on peut craindre un énième roman sur la deuxième guerre, mail il n'en est rien.
« Ces rêves qu'on piétine » se révèle rapidement bien différent de tout ce que l'on a pu lire sur le sujet.
Sébastien Spitzer nous propose de suivre les destins croisés des rescapés tentant de fuir dans une longue transhumance l'horreur des camps. Ils ont pour noms Aimé, Judah, Fela ou Ava.
En parallèle, une femme se terre dans Berlin, c'est Magda Goebbels, la femme du Ministre de la Propagande du Reich. Dans le bunker du Führer, elle organise les derniers jours, les siens et aussi ceux de ses six enfants. C'est une femme froide, ambitieuse, hautaine. En devenant la première dame du Reich, Magda a pris sa revanche sur son passé de misère. Oubliée sa mère, bonne à tout faire, « fille facile à la cuisse légère ». Oubliés les godillots en mauvais cuir bouilli dont elle avait honte. Et surtout, oublié son « presque » père juif, qui l'a élevé et qui du fond d'un camp lui écrit des lettres auxquelles elle ne répondra jamais.
Ces lettres sont protégées dans un rouleau de cuir serré dans la main de la petite Ava et ponctuent le récit.

Avec une écriture absolument maîtrisée et un sens aigu de la construction, avec ces deux faces du même miroir, Sébastien Spitzer nous entraîne dans une spirale infernale, vers l'anéantissement des rêves, du pouvoir absolu, jusqu'à l'enchevêtrement incroyables de destins qu'on ne pouvait imaginer. Un grand roman dans la folie et le tumulte des hommes qui continue à envahir mes pensées alors que je l'ai refermé depuis déjà plusieurs jours.
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La Seconde guerre mondiale continue de hanter les écrivains, qu'il s'agisse d'en faire le thème central de leur livre où en y intégrant cette période dans une fresque plus large. Historien de formation, Sébastien Spitzer a choisi pour son premier roman un angle bien particulier, celui des derniers jours du régime nazi, va à la fois du côté des vainqueurs (mais dans quel état !) et des vaincus (mais dans quel état !).
Ava incarne la première catégorie. Cette toute jeune fille est née dans le bloc 24-A à Auschwitz d'une mère qui servait au divertissement de ses geôliers. Pour elle la vie dans le camp, mais aussi après avoir réussi à fuir, ne se limite qu'à une chose : survivre.
En un contraste saisissant, la seconde catégorie est incarnée par Magda, une icône du régime: « Magda rajuste son chignon du plat de la main. Elle plisse ses yeux gris d'orage. Elle est un peu cernée. Redresse et gonfle sa poitrine, teutonique. Elle n'a jamais été la plus belle femme du pays, mais elle a de l'allure. Une beauté hors d'âge, imperméable. Magda se plaît encore. Elle lisse son tailleur sur ses hanches. »
Très vite, le lecteur va comprendre que cette femme qui vient prendre ses quartiers dans le bunker berlinois d'Adolf Hitler au moment où la vie ville subit un bombardement en règle, n'est autre que l'épouse du ministre de la propagande nazie, Joseph Goebbels. Grâce à une construction astucieuse, le lecteur est invité à suivre successivement le destin de l'une et de l'autre. le lien entre les deux récits, aussi inattendu qu'historiquement avéré s'appelle Richard Friedländer.
Issu d'une famille de commerçants juifs berlinois, il est le père adoptif de Magda et l'une des victimes du plan d'épuration des juifs. Sébastien Spitzer nous offre de lire les lettres qu'il envoie à sa fille depuis le camp de concentration où il a été interné et où la mort l'attend. « Richard Friedländer a été. Il a lié son destin à celui de votre famille. Je suis Markus Yehuda Katz, fils de Salman et d'Olga Sternell. Et cette chaîne de mots, de moi, de nous, de noms infalsifiables, vous rattrapera, où que vous soyez. Il n'y aura pas d'oubli. Nous sommes le peuple qui doit durer, celui qu'on ne peut pas éteindre… Un jour, on se souviendra de lui comme de tous ceux qu'on a voulu faire disparaître, en vain. »
Et même si ces lettres sont apocryphes, les faits qu'elles relatent sont tout autant documentés que les dernières heures du régime et qui prendre la dimension d'une tragédie grecque en faisant de Magda une Médée moderne, soucieuse de ne pas offrir à ses enfants les images de la capitulation. « Elle a porté beaucoup d'enfants. Sept en tout : Harald, Helga, Hildegarde, Helmut, Holdine, Hedwig, Heidrun. Les prénoms des six derniers commencent par un « H », à la gloire de ce régime qui a fait d'elle une grande dame. Celui aussi de Harald, son aîné, né quand rien n'était encore, avant le putsch de la Brasserie, avant les premiers faits divers qui feraient parler d'eux. Ses enfants servent la grande cause. La sienne, bien sûr, mais aussi celle de l'Allemagne tout entière. Ils seront sacrifiés. Ils tomberont avec elle. »
Pendant ce temps, Ava tente de se relever. Elle fuit avec Judah qui a été raflé, embarqué brutalement avec son père, ses deux oncles et ses cousins.
« Je n'ai même pas eu le temps de l'embrasser, dit-il.
— Qui ça ? demande-t-elle.
— Ma mère. Je n'ai pas pu l'embrasser! Les soldats nous ont tassés dans des trains pour la Pologne. Mon cousin est mort de froid, à côté de moi. C'était la première fois que je voyais un mort. Et il avait mon âge ! Sur le quai de l'arrivée, on a reçu d'autres coups. Olejak nous a sélectionnés, mon père et moi, pour son camp. Je suis devenu un homme au fond d'une mine. »
Là encore, l'ironie de l'histoire vient confronter les deux destins. Les matières premières extraites dans les monts du Hartz par Judah et ses compagnons d'infortune feront la fortune de Harald, le fils de Magda, et de ses descendants. Après avoir produit les piles Varta pour l'armée du Führer, cer derniers possèdent aujourd'hui la plupart des actions du groupe BMW. La notion de vainqueur et de vaincu est donc toute relative, comme le montre ce roman qui va creuser dans l'âme des personnages les raisons qui les font agir, dans le paroxysme des situations leurs motivations les plus intimes. Un premier roman qui est d'abord un grand roman!
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Voilà un livre surprenant. Et sur lequel mon avis reste partagé. Pourtant, tout est bien, dans ce livre. L'intrigue, l'écriture, les personnages. Il y a de l'émotion. Je ne vais l'oublier de sitôt. Mais je n'arrive pas à dire non plus que j'ai aimé. Peut-être est-ce parce que j'ai beaucoup lu sur cette période, et que je dois passer à autre chose ?

Ce livre relate la chute des bourreaux du IIIe Reich, au travers de l'histoire de Magda Goebbels et de son ascension jusque dans les plus hautes sphères de l'État. Pendant plus de deux cent pages, l'auteur nous dévoile la personnalité machiavélique et noire de Magda… Et, en contrepoint à cette noirceur, on découvre la petite Ava qui est porteuse de mémoire, qui a entre ses mains la vérité sur la naissance de Magda.

J'ai particulièrement apprécié la façon dont l'auteur met en lumière Magda. Il retrace la façon dont elle devient une égérie, l'icône du régime, rayonnante et adulée, puis la manière dont, en même temps que le Reich, son aura commence à pâlir, et l'emballement du déclin… C'est un personnage dont, à tort, on parle peu : qui, en réalité, connaît l'histoire de cette femme ?

L'auteur allie fiction et Histoire avec un grand H. Au fil des pages, on sent qu'il y a, en amont de ce livre, un immense travail de recherches, on sent bien que l'auteur a cohabité avec les récits des historiens qui ont travaillé sur cette période. Là où l'exercice aurait pu échouer, Sébastien Spitzer arrive à captiver son lecteur et à donner corps à son histoire… et tout cela, en évitant l'écueil du pathos gratuit.

Personnellement, j'étais dans le bunker avec Magda, j'étais comme elle, livide lorsqu'elle donne la mort à ses enfants, au bord de l'asphyxie entre ces murs de béton… J'étais avec les prisonniers juifs contraints de marcher jusqu'à l'épuisement… Pourtant, l'immersion dans l'histoire est restée intermittente, pour moi. Pourquoi ? Parce qu'à côté de ces passages percutants, que l'on ne parcourt qu'en apnée, d'autres moments m'ont parus plus convenus.

Alors, pourquoi lire ce livre ? Parce que le personnage de Magda Goebbels est à découvrir et parce que la plume de l'auteur le mérite. Ce sont deux raisons bien suffisantes !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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C'est un livre dont les histoires s'entrecroisent, où l'auteur a réussi à nous fournir un roman bien ficelé et dont on sent le travail de recherches. L'idée de rajouter l'histoire de Magda Goebbels aux autres histoires est très intéressant. le personnage de Magda est assez détestable je trouve. Elle a tout de l'anti-héroïne. Qui était-elle vraiment? D'où vient-elle pour devenir la femme qu'elle est devenue? L'auteur va revenir sur ses jeunes années ainsi que sur ses derniers sentiments et actes lorsqu'elle sait que la fin est proche. J'ai dû mal à imaginer ce que tous ces gens ont dû subir et l'histoire des autres personnages est tout aussi prenante et brise le coeur. le plus du roman sont les lettres de Friedländer qui est en fait le père de Magda. (Juif et emprisonné) On avance sur un fil tendu entre la réalité de la Seconde Guerre Mondiale et la fiction dans lequel l'auteur tisse son histoire. J'ai vraiment beaucoup aimé. (...)

Ma page Facebook au chapitre d'Elodie
Lien : http://auchapitre.canalblog...
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****
Je tiens avant toute chose à remercier Babelio et les éditions de l'Observatoire pour l'envoi de ce roman.

Quelques lettres, quelques messages, quelques noms écrits sur du papier... le tout enfermé dans un rouleau de cuir... L'atrocité des camps et la haine des hommes tiennent dans ce si petit objet. Alors qu'ils passent de mains en mains, ces précieux souvenirs vont arriver jusqu'à Lee, une journaliste américaine qui couvre cette terrible guerre. du regard d'Ava, petite orpheline rescapée de l'inhumain, aux restes de Magda, cette femme puissante au coeur de pierre, Lee va nous emporter loin... Très loin...

Un magnifique premier roman tient dans ces quelques 300 pages. D'une écriture fine et ciselée, Sébastien Spitzer retrace la fin de la seconde guerre mondiale, l'ouverture des camps et l'essoufflement des plus grands du Reich.
Ballottés entre une femme fragile et une enfant courageuse, rien ne nous est épargné. Mais nous n'avons pas le droit de nous cacher, de détourner le regard, de passer à autre chose... Il est de notre devoir de croire que ces hommes, ces femmes, ne sont pas morts pour rien. Nous nous devons d'applaudir leur combat pour la liberté... Et de nous souvenir de leur nom, de leur vie et de leurs rêves...
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Il faut une certaine audace pour écrire un roman qui mêlent les derniers moments de Magda Goebels et la fuite tragique des prisonniers des camps devant la progression des troupes russes .

Les chapitres qui alternent les deux récits sont courts, avec une urgence dans la narration devant l'inéluctabilité des événements .

Pour Aimé, Judah, Fela qui ont survécu jusqu'à présent aux horreurs de la captivité , la dernière étape de leur périple est sans doute celle qui leur apporte enfin une lueur d'espoir et le lecteur veut y croire .

La petite Ava, rare enfant échappée de la mort des bébés dès leur naissance dans les camps devient un symbole .

Pendant cette lutte impitoyable pour la vie, l'icône du régime nazie, Magda se réfugie à Berlin avec ses six derniers enfants dans le bunker d'Hitler pour l'ultime épisode du troisième Reich .

Le passé de la femme la plus puissante est dévoilé par petites touches et à travers des lettres mélangeant Histoire et fiction . Une femme essentiellement préoccupée par l'image qu'elle donne, une ambition démesurée pour arriver à donner l'image d'une famille modèle , celle qui remplace celle qu'Hitler n'a pas voulu ou pas pu créer et mise en scène, déjà à travers les médias de l'époque dans une propagande construite .

Redoutable quand on a en mémoire les photos de ces enfants alignés dans un grand drap blanc .

Une grande maitrise pour un premier roman !
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Dernier roman faisant partie de l'excellente sélection des Talents cultura de cette année 2017, le tout premier roman de Sébastien Spitzer, Ces rêves qu'on piétine, est paru cette rentrée littéraire aux éditions de l'Observatoire, toute jeune maison qui inaugure ainsi de très jolie faon sa première rentrée littéraire .

Historien de formation, Sébastien Spitzer revient dans ce premier roman sur les derniers jours de Magda Goebbels, épouse du ministre de la propagande nazie, et situe son intrigue dans le bunker du Führer où elle se donna la mort avec son époux et ses six enfants le 1er mai 1945.

Centrée autour de celle qui est sans doute la figure féminine la plus puissante et en tout cas la plus emblématique du IIIe Reich, Spitzer utilise la forme du docu-fiction à plusieurs voix., dont celles des femmes, prédominantes dans ce roman aussi féministe qu'ambitieux.

Sébastien Spitzer fait parler aussi bien les voix des victimes que celles des bourreaux afin de restituer cette période trouble de cette toute fin de guerre particulièrement trouble et pleine d'incettitude avec ce beau mélange très fluide entre réalité et fiction sur un sujet souvent traité par les oeuvres cinématographiques ou littéraires, mais rarement par cet angle inédit et singulier.

Un ouvrage très documenté qui évite le travers d'être didcatique ou pontifiant, et un travail salutaire érudit et acessible à tous pour ce devoir de mémoire d'une grande salubrité et simplicité.

Paru aux éditions de l'Observatoire, en août 2017 ce roman à la maîtrise incontestable, a obtenu le prix Stanislas du premier roman à Nancy en début de rentrée littéraire et devrait encore pas mal faire parler de lui dans les semaines à venir.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ces rêves qu'on piétine

Comment Magda est censé apprendre la mort de son père adoptif ?

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