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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce premier roman, Sébastien Spitzer nous révèle déjà ses qualités de conteur. on découvre qu'il arrive à mêler la petite histoire à la grande. Ainsi, ce récit, nous raconte deux histoire parallèles.
Avril 1945, la longue marche des rescapés, suite à la débâcle allemande. Ceux-ci avancent jusqu'à l'épuisement. Au milieu d'eux Judah, Fellah, et Ava qui transporte un rouleau très important qui retrace le destin de certains prisonniers dont entre autre celui de Richard Friedländer.
De l'autre, on assiste aux derniers jours de Magda Goebbels dans le bunker. Elle va assister au dernier concert du Philarmonique de Berlin qui va se terminer sous les bombes. de retour au Bunker, elle revient sur ses souvenirs de jeunesse, puis ses ambitions. Elle utilisera des capsules de cyanure, pour se tuer ainsi que ses six enfants.
Un roman très noir, un témoignage sur les derniers instant du Reich, tout cela nous emmène dans une très belle histoire, avec le destin de deux femmes fortes. D'une écriture réaliste et acéré, l'auteur nous décrit la folie des hommes. Un superbe premier roman.
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1945, Berlin. Magda Goebbels s'est réfugiée avec son mari et leurs six enfants dans le bunker secret d'Hitler avec celui-ci et Eva sa campagne, leurs chiens, et quelques soldats. La défaite est imminente. Elle se rappelle comment de simple jeune fille pauvre, elle est parvenue jusqu'aux plus hautes marches du Reich, devenant une des plus célèbres représentantes du nazisme, faisant de sa famille un modèle pour le peuple allemand. Pendant ce temps, des rescapés des camps de la mort sont conduits à travers le pays pour fuir l'avancée russe. Parmi eux, Judah, un adolescent hongrois, Fela, une jeune maman et sa petite fille Ava, née en camp de concentration. Tant bien que mal, ils fuient leurs tortionnaires et les villageois de qui ils doivent se méfier. Ils luttent contre la faim, la soif, la maladie et les conséquences des tortures des camps de concentration. Quel est l'avenir de Judah, Fela et Ava ? Et Magda Goebbels, elle qui croyait dur comme fer aux valeurs du nazisme, pourra-t-elle supporter l'écroulement du Reich ?

J'ai été informée de la parution de ce roman sur la Seconde Guerre Mondiale grâce à Babelio. Passionnée par ce thème, je suis toujours très intéressée quand il s'agit d'un livre là-dessus.
Pourtant, j'avoue que j'ai eu du mal à entrer dans ce livre, la construction en 3 parties m'a paru au départ un peu difficile à comprendre et avec du recul, je ne vois pas l'intérêt d'un chapitre consacré à cet "Aimé" qui disparaît ensuite du roman. J'ai plus apprécié les chapitres consacrés à Judah, Fela et Ava, ces survivants des Marches de la Mort. Ces pages paraissent très vraisemblables et nous permettent de comprendre notamment ce qu'ont ressenti ces personnes.
En ce qui concerne Magda Goebbels, j'ai mis du temps à m'intéresser vraiment à elle et pour moi, en ce qui la concerne, le récit est très/trop descriptif et on n'avance pas assez vite dans son histoire. L'existence de son père inconnu, qui surgit un peu mystérieusement dans l'intrigue, m'a laissé quelques interrogations, je n'ai pas trop compris d'où il venait au début. J'ai d'ailleurs fait quelques recherches sur Wikipédia pour me renseigner sur Magda Goebbels, ses origines et sa mort.
Ce suicide ainsi que le meurtre de ses enfants, raconté de façon froide, fait froid dans le dos. L'horreur atteint des sommets ici. Comment expliquer ces crimes contre des êtres innocents raconté ainsi ?
Pour terminer, je dirai que des mots inconnus dont j'ignorais le sens, ont ralenti ma lecture, m'obligeant à des recherches dans un dictionnaire et j'avoue que je trouve cela assez désagréable quand ça se répète trop souvent.
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Sébastien Spitzer fait revivre au travers d'une biographie romancée, la vie Magda Goebbels, la seule parmi les femmes nazies à s'être suicidée, qui jusqu'au-boutiste et n'acceptant pas l'effondrement d'un régime quelle a promu et admiré, va jusqu'à tuer ses six enfants. L'énigme de ce geste n'est pas véritablement éclairci mais Sébastien Spitzer reconstitue l'enchaînement des évènements qui vont la propulser de femme divorcée d'un riche homme d'affaires à femme d'influence quand elle épouse Joseph Gobbels, ministre de la propagande et lui apporte un carnet d'adresses qui va donner les lettres de noblesse qui accréditent le mouvement nazi naissant. Ses zones d'ombres sont évoquées, un beau père juif Richard Friedländer qui mourra en 1939 à Buchenwald ou Victor Arlosoroff un sioniste dont elle sera éperdument amoureuse.
En alternance, le récit poignant de plusieurs prisonniers, Aimé de Moldavie, Judah juif polonais qui aide Fela, une jeune femme victime des expériences des médecins nazis et sa fille Ava. Une chaine de personnages qui se relayent et se transmettent comme un témoin un cahier de cuir, renfermant des lettres...

Ces rêves qu'on piétine est un récit à plusieurs voix qui évoque les derniers jours dans le bunker de Berlin et plus particulièrement ceux de Magda Goebbels, la « Première dame du IIIe Reich » et, en alternance, l'évocation de la survie de prisonniers, survivants du massacre de Gardelegen, un massacre de plus de mille prisonniers - majoritairement polonais - qui, trop faibles pour être transportés d'un camp de prisonniers à un autre, sont enfermés dans une grange où les troupes allemandes SS et la Luftwaffe mettent le feu et tuent ceux qui tentent de s'échapper.
Un texte très fort dont la construction originale fait alterner les voix, les pensées de chacun pour, au final, tenter de reconstituer les derniers moments d'un régime et des victimes de façon assez factuelle et assez distanciée qui par moment glace le sang.
Un premier roman impressionnant.
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J'avais découvert il y a quelques mois la plume de Sébastien Spitzer avec le coeur battant du monde qui parlait, en substance, du fils caché de Karl Marx. J'avais beaucoup aimé et ce livre avait surtout été pour moi la découverte d'un auteur doté d'une très belle plume. J'étais donc curieuse de découvrir un autre livre de Sébastien Spitzer.

C'est très naturellement que je me suis tourné vers son premier roman, Ces rêves qu'on piétine. Comme dans le coeur battant du monde, Sébastien Spitzer part d'une réalité historique, ou du moins un fait avéré, pour ensuite dérouler son récit et en faire un roman. Et ici il s'attaque à un gros morceau puisqu'il nous narre les derniers instants du IIIème Reich par l'intermédiaire de Magda Goebbels, cependant qu'il focalise également son action sur les "marches de la mort" ou les dernières monstruosités des derniers SS. le choix de Magda Goebbels est particulièrement judicieux puisque le père adoptif de "la première dame du Reich", comme elle aime se nommer dans le roman, était juif et fut l'un des premiers déportés. Aurait-elle pu le sauver ? Là est l'une des questions en filigrane de ce roman.

J'avais déjà beaucoup aimé le coeur battant du monde, je peux dire que j'ai encore préféré celui-ci.
Peut-être parce que la période historique m'intéresse davantage.
Peut-être parce que je suis désormais familiarisée avec la plume de l'auteur.
Je ne sais pas vraiment, mais ce fut vraiment une très bonne lecture.

J'ai mis quand même environ 50 pages à rentrer dans le roman, la faute à la narration un peu déconcertante au démarrage ainsi qu'au nombre important de personnages dont certains n'auront finalement aucune destinée dans la suite du livre.
Mais une fois bien dedans, j'aurais pu le lire d'une traite. Mais... Il faut bien travailler. Il faut bien dormir. Il faut aussi sortir à la bonne station de métro (et oui j'ai bien failli la louper).

Enfin, un dernier mot sur l'écriture: quand on a affaire à un auteur qui n'écrit pas avec ses pieds, on fonce !

Lu en janvier 2021
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Je n'avais pas du tout prévu de lire ce roman mais de passage à ma médiathèque il était exposé avec d'autres nouveautés de la rentrée littéraire. Il a eu d'excellentes critiques et après avoir lu la quatrième de couverture, je n'ai pas résisté à la tentation.

L'auteur se glisse dans la peau de Magda Goebels et imagine ses derniers jours dans le bunker avant l'issue que tout le monde connaît. Il revient sur son enfance, sa jeunesse et sa gloire en tant que première dame du Reich comme s'il cherchait dans son passé l'origine de ses actes. le passé d'une mère qui empoisonne ses six enfants avant de se donner la mort et d'une fille qui laisse mourir son beau-père dans un camp de concentration.

Ce roman n'est pas que l'histoire de Magda Goebels, c'est aussi celle des marches de la mort, de tous ces prisonniers des camps évacués de force devant l'avancée de l'armée russe. On fait connaissance avec Judah, un jeune hongrois, Fela, une jeune polonaise et sa petite fille Ava. Tous les trois échappent au massacre de Gardelegen où plus de 1000 rescapés des camps sont brûlés vifs dans une grange. J'ignorais cette terrible histoire à laquelle le roman fait écho, tout comme l'existence du block A 24 à Auschwitz, la baraque des prostituées de force et le courage d'une sage-femme, Stanisława Leszczyńska, qui a pu éviter la mort à de nombreux bébés, nés dans le camp.

Ces deux récits sont entrecoupés de lettres d'un père à sa fille qui lui raconte son terrible quotidien en captivité et qui ne comprend pas son silence.

Un peu sceptique au début, surtout à cause de l'écriture un peu hachée et de ses phrases courtes, mon intérêt grandissait au fil des pages. L'histoire des rescapés des camps est bouleversante, la petite Ava qui découvre la vie en liberté est très attachante. le roman est une fiction vraisemblable à partir de faits historiques avérés et l'angle choisi par l'auteur pour raconter ces événements est très original. Au final, une belle découverte.
Lien : https://edytalectures.blogsp..
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"Reste la nuit. Epaisse. Lourde. Vide à tous ceux qui ont peur, à ceux qui se désespèrent, se trompent. Cette nuit est aussi pleine que les autres. Féconde. Mystérieuse. Imprévisible. Elle s'est insinuée de l'autre côté des murs. L'heure des souffles de vie. L'heure des silences".

Voilà. C'est de cette plume envoûtante que bruisse le petit monde de la blogosphère depuis cet été. Depuis que certains privilégiés (dont je fais partie) ont eu l'immense plaisir de découvrir en avant-première le roman de Sébastien Spitzer. Un premier roman faisant partie de la première Rentrée Littéraire des nouvelles Editions de L'Observatoire. Joli coup !

Cette plume, l'auteur la met au service d'une histoire terrible, dans un contexte que nous n'avons malheureusement pas fini d'explorer ou de revisiter. Stop ! Surtout ne vous dites pas "encore un livre sur la Seconde Guerre mondiale"... Il ne s'agit pas de guerre ici. Non. Ce sont des hommes dont on parle. Ceux qui malgré le fait de partager la même condition humaine se sont comportés en bourreaux monstrueux et ceux qui se sont vu dénuer le droit de rester des hommes. Voilà toute l'histoire de l'humanité, mille fois reproduite. Et les écrivains auront toujours raison de n'avoir de cesse de tenter de comprendre, de dénoncer, de témoigner.

Comment devient-on Martha Goebbels, la "première dame" du Reich, mariée à l'un des plus hauts dignitaires du régime nazi, adulée par Hitler et admirée par tout un peuple ? Comment peut-on pousser la folie jusqu'à renier son propre père, faire exécuter son ancien amant juif et finalement tuer ses enfants de sa propre main ? Au printemps 1945, alors que la défaite se précise, Hitler et ses sbires prennent leurs quartiers dans le bunker dont ils ne ressortiront pas vivants. Au même moment, quelques rescapés des camps tentent d'échapper aux dernières exactions de leurs bourreaux. Parmi eux circule de mains en mains un mystérieux rouleau de cuir abritant des centaines de feuillets de toute matière. Ce sont les témoignages des déportés dont beaucoup sont morts. Dernière détentrice du rouleau, la petite Ava parvient à rejoindre les troupes américaines... L'espoir qu'enfin, la voix des victimes parvienne aux oreilles du monde.

En suivant alternativement les progressions de Magda et d'Ava, en remontant parfois le temps pour faire apparaître les terribles contradictions et les tragiques compromissions de Magda ainsi que l'influence qu'elles ont eu sur le destin d'Ava, Sébastien Spitzer touche juste. Parmi les témoignages du rouleau de cuir se trouvent les lettres d'un certain Richard Friedländer à sa fille... Magda. Des lettres poignantes d'un homme doublement victime, renié par sa fille parce que juif et enfermé dans un camp par le régime que cette même fille a choisi d'embrasser.

On avance dans ce livre totalement happé par ce déploiement de folie humaine, à la fois révulsé, révolté et surtout impressionné par le courage, la résistance de ceux qui ont tout fait pour que cette folie soit connue, pour que la mémoire de ceux qui ont été massacrés ne soit pas oubliée. Car la lumière parvient à chasser les ténèbres. L'espoir, la rage de vivre, l'idéal de justice sont les piliers qui permettent à l'humanité de survivre. Malgré tout.

Premier roman convaincant et marquant, Ces rêves qu'on piétine va avoir un beau parcours, déjà récompensé par le Prix Stanislas et finaliste pour le Prix du Roman Fnac. Tant mieux parce qu'il y a des livres que l'ont voudrait voir entre toutes les mains. Et il en fait partie.

"La dernière chose que nous possédons, c'est notre histoire. Il y a deux mille ans, nous avons dû quitter notre terre, notre Jérusalem, nos temples, nos rois et nos armées. Nous avons été riches, pauvres, puissants, chassés et pourchassés. Nous avons construit des temples en bois, en pierre. Ils ont été brûlés. Nous en avons construit d'autres. Vous les avez fait fermer. Mais notre histoire, personne ne nous la volera. Elle est inaliénable. On essaiera de nous tuer, jusqu'au dernier. On essaiera de trahir, de falsifier, d'effacer... Mais il y aura toujours un scribe pour recopier, un homme pour lire, un écrit quelque part."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Nous sommes en avril 1945,la fin de la guerre est proche,les tortionnaires des camps de concentration sentant "le vent tourner",vont faire évacuer certains camps en obligeant les déportés à des marches forcées dont beaucoup ne reviendront pas,mourrant sur place d'épuisement ou tué de façon encore plus cruelle( je ne dévoile pas le roman).Dans une de ces colonnes,un homme tente de survivre , caché sous ses haillons,un rouleau en cuir serré par un lacet, contient plusieurs lettres roulées. Ces lettres recèlent entre autres témoignages de déportés un terrible secret. Ce rouleau en cuir passera de Aimé à Judah ,Fela et Ava ,sa petite fille frêle ,silencieuse ,qu'elle a eu au camp et pu cacher grâce à une sage -femme humaine et merveilleuse.
Mais le chemin est long et jonché de morts ,c'est Ava qui sera la dépositaire de cette mémoire en ne se séparant jamais de ce rouleau.
Avril 1945,Berlin est détruite. Les derniers hauts dignitaires du régime nazi,assistent à un ultime concert au Konzerthaus : le crépuscule des Dieux de Wagner .A la fin du concert,chacun reçoit une capsule de cyanure.
Au milieu d'eux la femme la plus puissante du III Reich : Magda Goebbels.
Tous se dirigent vers le bunker qu'Hitler à fait construire et a aménagé pour eux en cas de défaite.
Habilement ces deux histoires tragiques se rejoignent.
Un livre glaçant, basé sur un certain nombre de faits réels avec des zones d'ombre non encore élucidées. Un roman très fort que je n'ai pu lâcher, lu en apnée qui m'a incitée à faire des recherches et visionner des documents sur toute cette sombre et triste période. A recommander 🌟🌟🌟🌟🌟
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Plusieurs histoires se confrontent dans ce livre.


Il y a celle de Magda Goebbels qui sait qu'elle vit ses derniers moments. Elle décrit son ascension dans le IIIe Reich, motivée par son envie de s'élever. Pour cela, elle a renié toutes ses origines et son passé. Je l'ai trouvée glaçante de froideur et d'égoïsme. Elle en devient humaine que lorsqu'elle s'inquiète du sort de son premier fils.


Il y a celle de Richard Friedländer qui a été raflé parmi les premiers. Ce sont ses lettres qui sont le fil conducteur du récit. Cet homme a été renié par sa fille adoptive, Magda Goebbels. Il gênait son dessein. Sébastien Spitzer a imaginé ce qu'il aurait pu écrire à cette femme qui aurait pu le sauver.


Il y a aussi celles de Judah, Aimé, Fela et la petite Ava. Ils sont dépositaires de l'Histoire, victimes de la barbarie nazie.

J'ai vécu ma lecture en deux temps. Au début, j'ai eu du mal à me laisser aller. J'étais perdue par le nombre de personnages et l'écriture me tenait à distance. de plus, c'était une succession de faits atroces. Je pense que j'avais besoin d'un peu d'humanité et de sentiments au milieu de l'horreur. Puis, l'histoire a fini par m'emporter. J'ai été particulièrement touchée par Richard. Je remarque que je suis particulièrement émue quand les auteurs partent d'une histoire vraie, en prenant certaines libertés. Lorsque je suis entrée dans le livre, j'alternais entre des moments pendant lesquels mon coeur s'émouvait et d'autres pendant lesquels il se glaçait lorsque le récit concernait les hauts dignitaires nazis.


Je n'ai pas réussi à écrire de chronique sur ce livre. Je n'arrive pas à me faire d'avis tranché. Il faut dire que j'avais beaucoup d'attentes au sujet de ce livre. Cela a été une lecture difficile au départ, puis qui m'a beaucoup plu. Je n'ai pas eu de coup de coeur, mais je ne peux pas dire qu'il ne m'a pas provoqué de sentiments : colère, révolte, émotions et attendrissement. Cela fait plusieurs jours que je cherche la manière d'en parler et je n'y arrive pas. Et pourtant, Les rêves qu'on piétine est un roman que je recommande.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/
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J'avoue, j'ai un peu rechigné du genou avant de commencer cette lecture chaudement recommandée par une amie (qui avait déjà eu le bon goût de me conseiller le roman Plonger, de Christophe Ono-dit-Biot). La faute à une sensation d'overdose d'histoires en lien avec la seconde guerre mondiale, avec l'impression parallèle de passer à côté de beaucoup d'autres oeuvres sur des périodes ou des pays moins connus mais qui valent tout autant le détour.

Je suis fort heureuse d'avoir mis fin à cette procrastination et cette lassitude littéraires, car ce premier roman de Sébastien Spitzer a su me happer par sa construction narrative adroite et des choix de points de vue originaux. Il faut dire que, soit par l'effet du hasard, soit parce que nos librairies et nos bibliothèques en sont de plus en plus fournies, je multiplie les lectures qui me glissent dans l'effrayante intimité des bourreaux nazis.

Ces rêves qu'on piétine trace les derniers jours de Magda Goebbels, femme du bras droit d'Hitler, alors qu'elle s'est terrée dans un bunker à Berlin avec les proches du fürher. Tout comme ce dernier est nommé simplement Adolf tout au long du roman, l'intimité de la première dame du troisième Reich est dépiautée et révèle sa fascination pour le nazisme alors qu'elle a été paradoxalement élevée par un beau-père juif. Finis donc les portraits froids et factuels des méchants de l'Histoire : la chair et l'âme semblent encore vivantes - quoique glaçantes - à travers le vocabulaire riche mais accessible utilisé par l'auteur.

Cet épisode biographique est d'autant plus saisissant qu'il est dépeint en contraste avec une autre histoire, celle des rescapés du massacre de la grange de Gardegalen, dans laquelle les troupes SS ont rassemblé pour les brûler un millier de personnes évacuées des camps de concentration. Des fragments de leur vie nous sont révélés à travers le cheminement d'un rouleau de cuir qui passe de main en main, contenant des lettres, notamment celles d'un certain Richard Friedländer - le beau-père de Magda...

Le devoir de mémoire est donc loin d'être terminé, et on en redemande encore quand il est facilité par des oeuvres telles que Ces rêves qu'on piétine, excellent premier roman qui noue habilement des destins singuliers dans l'atmosphère particulière de la fin de la seconde guerre mondiale.
Lien : https://www.chezlaurette.org..
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Tout, tout, tout… (excusez cette sortie si inconvenante vu le sujet du livre) je pensais tout découvrir sur Magda Goebbels mais à la fin de ma lecture, elle est restée un mystère. Vous vous étonnerez peut-être que j'ai pu envisager de ‘comprendre' une telle figure du nazisme, mais oui, quelque part, je pensais que ce livre allait me fournir les clés de Magda Goebbels et qu'en découvrant davantage son histoire personnelle à travers ce roman, j'allais lui trouver des circonstances atténuantes pour le meurtre de ses enfants, pour avoir soutenu Hitler et être devenue une icône du nazisme. Mais dans ce roman, elle était encore pire que ce que j'imaginais. Je l'imaginais fanatique à la cervelle complètement lavée persuadée de sauver ses enfants mais elle est présentée ici comme une simple opportuniste aux dents longues, qui méprisait son mari comme Hitler, une mère idéale de façade uniquement, une lâche. Une traitresse même envers son peuple s'il est vrai que son père était en réalité un juif qu'elle aurait laissé envoyer aux camps de la mort. ^

Quant au livre lui-même, j'en attendais beaucoup vu l'enthousiasme autour de ce livre et j'avoue avoir été un peu déçue. Déjà parce que je pensais que la base romancée serait basée sur des faits avérés et donc cela m'a un peu gênée qu'on ne soit pas sûr que son père était juif. Je sais bien que c'est le cas de nombreux romans historiques, qui sont après tout des romans mais là une grande partie du récit s'éloigne de Magda Goebbels et de ces derniers jours dans le bunker pour justement se concentrer sur le voyage des lettres de ce père et d'autres déportés au moment des marches de la mort et de la libération des camps par des troupes américaines. Moi qui pensais rester avec Magda Goebbels, suivre une reporter américaine à la recherche du cliché qui fera la couverture et sa renommée n'était pas ce que j'attendais.

Bref, c'est un excellent roman historique bien écrit et bien documenté mais qui m'a déçue parce que je m'étais fait une fausse idée du roman.
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