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3,66

sur 51 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Notre narrateur croise, au détour d'une rue, une femme qui ressemble étrangement à celle qu'il a aimé jadis. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau, ont le même prénom, sont toutes les deux actrices et jouent la même pièce, à quelques années d'intervalle.
Est-ce une coïncidence ?!
Le narrateur décide de donner rendez-vous à la jeune femme et de lui raconter son histoire d'amour, qui fait étrangement écho à la sienne.
Les allers-retours entre présent, passé et futur sont nombreux et il faut veiller à ne pas perdre le fil de ce troublant récit, tout en poésie.

J'ai beaucoup aimé le style de Peter STAMM. Ce livre a été pour moi une jolie révélation et une très belle découverte. Un vrai petit bijou qui invite à la découverte des autres oeuvres de l'auteur.
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J'ai découvert Peter Stamm grâce à l'émission radio La Dispute et ce livre a été une nouvelle fois chroniqué dans cette émission alors je me suis lancé. L'histoire de double est intéressante, l'écriture est toujours aussi prenante mais j'avoue être un peu resté sur ma faim en refermant le livre. J'aurais souhaité une résolution plus franche, que l'auteur prenne plus position pour une hypothèse expliquant cette histoire.
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Ce roman n'aurait jamais dû croiser ma route et c'est grâce aux réseaux sociaux que j'ai eu envie de le lire. En plus je connais peu la littérature suisse donc je le commande à la bibliothèque et me voilà partie dans une drôle d'aventure.
Dans le premier chapitre le narrateur, Christoph, un vieillard, évoque la présence chaque nuit de la femme qu'il a aimée, Magdalena, dans sa chambre, comme un fantôme. Un matin à l'aube elle lui fait signe de le suivre, peut-être le signal d'une fin prochaine. D'ailleurs le rendez-vous est fixé au cimetière et à partir de là il faut accepter de l'écouter, de ne pas chercher à tout comprendre, cela viendra plus tard, pour l'instant il faut juste être Lena, celle à qui il s'adresse.
C'est un bien étrange récit dans la construction. On entre dans sa vie par sa vieillesse, puis il revient sur son histoire d'amour pour finir par un souvenir de jeunesse, insignifiant au premier abord et si prémonitoire :

"Et tandis que je rentre à la maison, je m'imagine finir comme lui, sans plus aucune attache pour échapper à la vie, sans laisser la moindre trace. (…) Je pense à ma vie qui n'est pas encore advenue, images floues, personnages en contre-jour, voix lointaines.(p141)"

Un récit testamentaire, avant de disparaitre, d'un amour sublimé. Réalité et imaginaire se confondent, se mêlent. Christoph est écrivain et il joue avec les époques et les personnages, brouillent les pistes mais pourtant sans jamais nous perdre, nous enveloppant dans une ambiance mélancolique grâce à une écriture enveloppante.

"Le livre que j'avais écrit à l'époque ne racontait pas vraiment l'histoire de Magdalena et de moi.(…)La Magdalena fictive avec recouvert la Magdalena réelle comme un masque recouvre un visage. C'était de ça que parlait le livre, des images que nous nous faisons les uns des autres, du pouvoir que ces images ont sur nous. (p97)"

C'est le genre de roman pour lequel autant de lecteurs, autant d'interprétations. On pourrait penser que l'on est perdu entre les différentes identités, mais il n'en est rien car il y a une maîtrise parfaite. C'est un récit d'atmosphère, c'est magnifiquement écrit, c'est léger, vaporeux et à la fois étrange et au bord de la folie, mais l'auteur seul sait ce qui l'anime, son but.
Vous ne vous y retrouvez pas….. Lisez La douce indifférence du monde de Peter Stamm et laissez le charme agir. Faites-vous votre propre histoire. Vous allez savourer l'écriture, la construction, tous les thèmes abordés : l'amour bien sûr mais aussi le poids des souvenirs, ce qu'il en reste, leur transformation parfois, le temps qui passe et ce qu'il laisse en nous etc….

"Je ne veux pas savoir ce que me réserve l'avenir, mais j'aime l'idée qu'il est déjà écrit, que tout ce qui m'arrive est déjà arrivé à quelqu'un, que tout cela a un rapport et un sens. Comme si ma vie était une histoire. Je crois que c'est ça que j'ai toujours aimé dans les livres. le fait qu'ils sont irrévocables. On n'est pas du tout obligés de les lire. Il suffit de les posséder, de les prendre dans ses mains et de savoir qu'ils resteront toujours tels qu'ils sont. (p107)"

Il m'est bien difficile de vous dire pourquoi je l'ai aimé, c'est un livre presque inracontable, beau dans son étrangeté, sa teneur et son style.

Pour ceux qui aiment découvrir de nouveaux horizons de littérature, des univers jamais abordés et dont on parcourt les chemins sans trop savoir où ils vont nous mener mais dont on revient ébloui.
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Après "Sylvie" de Gérard de Nerval, voici un nouveau traitement du thème du double. le narrateur rencontre un homme qui lui semble être un autre lui-même, cependant plus jeune de vingt ans, ainsi qu'une femme, Lena, ressemblant beaucoup à son ancien amour. Au cours de promenades interminables, il raconte à Lena l'histoire qu'il a partagée avec celle qui lui ressemble. Ce récit est l'occasion pour Stamm d'étudier le phénomène du souvenir : la modification des faits vécus, le sentiment d'être étranger à soi-même et de se contempler depuis l'avenir, le malaise de douter de sa propre identité et de ce qui la maintient unique à travers les modifications du corps et celles de la mémoire.
Cette enquête sur la métamorphose de soi est menée avec une rigueur et une simplicité comparables à celles de Modiano dans certains de ces livres. L'aspect troublant en ressort d'autant mieux.
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Le narrateur de cette histoire, un écrivain profondément nostalgique et qui ressent sa vie comme étant « une pièce vide », rencontre une inconnue mystérieusement connectée à sa propre vie à qui il raconte son histoire, son amour perdu pour une femme qui lui ressemble, son travail d'écrivain, ses regrets et ses doutes, ses interrogations sur le sens de sa vie, son épaisseur et sa valeur dans « la douce indifférence du monde ».

Les vies se télescopent, les histoires s'entrecroisent, l'espace et le temps deviennent les théâtres déroutants de mises en abyme labyrinthiques où tout devient troublant et incertain. Identités menacées où « l'autre », tout à coup, double à la fois semblable et différent, devient plus réel que soi-même, vidant peut-être de sa substance ce que l'on croyait être sa propre vie…

« La douce indifférence du monde » est un récit onirique d'une inquiétante étrangeté, aux frontières de la folie, traversé par des jeux de miroirs et de reflets où s'entremêlent passé et présent, réalités rêvées et vécues et où se pose en filigrane la question de l'identité profonde des êtres – surtout lorsque, comme dans ce roman, écrivains ou acteurs, ils ont construit leurs vies au bord-même de la fiction.

J'ai savouré lentement cette histoire au charme hypnotique et un peu triste, cette écriture très épurée où il m'a semblé, dans la douceur et la nostalgie qui s'en dégagent, retrouver un peu par endroits quelque chose de l'univers et du ton de Modiano. Un moment de lecture très agréable, un écrivain que je ne connaissais pas et, pour moi, une belle découverte.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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Lorsque le narrateur aperçoit la silhouette de Lena, il reconnaît en elle son amour de jeunesse, Magdalena, quittée vingt ans plus tôt. Plus tard, leur rendez-vous au cimetière de Stockholm attise encore davantage l'étrange ressemblance entre les deux jeunes femmes, Léna étant en couple avec Chris, qui semble être à son tour le propre double du narrateur. Les identités sont-elles en train de vaciller ? Les réalités pourrait-elles se superposer ? En diffractant le monde et nos certitudes, Peter Stamm explore les histoires qui nous constituent, dont la mémoire a rendu la vérité insaisissable. Mélancolique, fantasmé, ciselé, La douce indifférence du monde - qui emprunte son titre aux mots d'Albert Camus - est une expérience intime qui se joue magnifiquement de nos instabilités, la plus belle sans doute écrite par Peter Stamm.
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Pour faire un film d'animation, il suffit d'une première image ; d'une deuxième ensuite, qui peut très bien n'être que la première légèrement modifiée ; en superposant ces deux images, on en obtient une troisième : c'est ainsi que le mouvement naît. le petit roman de Peter Stamm, un livre-songe, s'inscrit dans un tel intervalle mouvementé : une zone irriguée par la mélancolie, l'irrévocable et l'immuable, où notre imagination interprétative s'exerce et cherche du sens. C'est l'endroit où la douce indifférence du monde se niche, telle l'attention du lecteur guettant les indices d'un destin se déployant sous ses yeux et dont il se demande, à l'instar du personnage principal, s'il pourrait voir changer le cours des événements, si le fantastique saurait opérer jusqu'à « corriger » et modifier son histoire.

La première image est le vécu tel quel : l'histoire de l'amour raté de Christophe et Magdalena. La deuxième serait le livre que le premier choisit d'en faire, en préférant la littérature à l'amour (« Ce n'est qu'à présent que je comprenais qu'amour et liberté ne s'excluaient pas mais conditionnaient le fait que l'un n'était pas possible sans l'autre ») : cette démarche rend Christophe étranger à lui-même, et transforme la femme aimée en une étrangère elle aussi. le « film » qui en découle est par conséquent une chose également bien étrange : le récit – correspondant au présent de la narration – de cette histoire à 16 ans distance, récit fait à une femme (Léna) en tout semblable à l'amoureuse d'antan.

Maintes fois, les personnages errant dans les rues, pendant la nuit, regardent à l'intérieur des maisons éclairées. Ils s'y imaginent et se demandent quelles seraient leurs vies s'ils étaient à la place des autres : seraient-ils les mêmes dans d'autres situations ou seraient-ils tout à fait d'autres personnes ?

Peter Stamm joue magistralement avec plusieurs sujets « lourds » de la littérature : l'identité ; la rencontre avec son double ; l'impossible retour ; l'immuabilité de l'être ; la réécriture permanente de son vécu. On n'y éprouve pas d'émotion majeure, mais un plaisir heuristique certain, alimenté par la multiplicité de lectures possibles.

Ce doute constamment entretenu sur la capacité de la littérature de traduire fidèlement la vie se mue en une légère inquiétude qui nous accompagne une fois le livre refermé : car devenu un vieillard, Christophe pose sur son vécu un regard demeurant étonné, incrédule, et son sens lui échappe toujours.
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Peter Stamm figure parmi ces auteurs qui ne sont pas faciles à approcher, d'autant plus qu'il n'essaie nullement de nous apprivoiser ou de caresser le lecteur dans le sens du poil. Vous entrez ou vous sortez, peu lui chaut semble-t-il. Et c'est tant mieux pour le lecteur assoiffé d'écritures originales.

Ici, c'est un univers un peu à la Villa-Matas qu'il nous crée avec cet écrivain qui se retrouve face à son double et qui va tenter de rencontrer l'amie de ce double qui ressemble tellement à son amie à lui d'autrefois, à moins que cela ne soit l'inverse. L'on s'y perd, on pense avoir retrouvé son chemin et à nouveau, nous nous heurtons à ce qui semble n'être qu'un labyrinthe littéraire.

Mieux vaut être prévenu avant d'entamer le livre.

C'est ciselé en trente-sept courts chapitres. Il m'a davantage plus que son ouvrage "L'un l'autre". Celui-ci est plus foisonnant, plus insolite.
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Le narrateur croit reconnaître Magdalena, son grand amour, une vingtaine d'année plus tard et donne rendez-vous à cette femme Lena, pour lui raconter sa vie, persuadé que Lena est le double de Magdalena et que lui-même a un double, Chris qui aime Lena.
Ce livre, parfois déroutant, interroge sur la vie, la mort, l'amour, la fiction, la réalité.
Ce roman, c'est se poser la question : et si on pouvait revivre sa vie, en particulier sa grande histoire d'amour, est-ce que l'on changerait le cours du destin ?
Ce roman, c'est aussi la liberté de l'écrivain qui peut mêler fiction et réalité, qui peut brouiller les limites entre ces deux mondes. La fiction permet toutes les audaces, toutes les libertés.
Ce roman, c'est aussi le moment où on se retourne vers son passé et où les regrets affleurent ; on voudrait avoir pris d'autres décisions qui auraient pu influer le cours de notre existence.
Ce roman nous invite également à questionner la valeur des souvenirs et leur pertinence.
La structure de ce roman où la clef nous est donnée dans le premier chapitre que l'on doit relier au dernier chapitre, est magistrale ; l'auteur suit les dédales de la mémoire du narrateur au risque de perdre son lecteur mais le retient par un style simple, plein d'émotion.
Un beau roman qui mérite d'être lu une deuxième fois pour l'apprécier pleinement tant du point de vue narratif que littéraire.


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Que feriez-vous si une nuit, rentrant à votre hotel, vous rencontreriez en la personne du portier de nuit, votre double en plus jeune ? Surtout que vous y aviez fait le même travail au même endroit dans votre jeunesse.....Le dernier Stamm, débute fort, déroutant le lecteur dés les premières pages. le "vous" c'est le narrateur, un écrivain qui, vu la suite des événements va être aussi déboussolé que nous, lecteurs.
C'est cette histoire “à dormir debout” que raconte notre écrivain, quatorze ans plus tard, à Stockholm, à une inconnue (?), Magdalena, comédienne, marchant au Cimetière boisé. Une histoire qui se passe en Suisse, à Stockholm....et avec aussi, une autre Magdalena, comédienne,......"comme une pièce de théâtre montée par des metteurs en scène différents. Les décors ne sont pas les mêmes, le texte peut être modifié ou raccourci, mais l'action suit son cours inexorable."..., intrigant non ?

Histoire encastrée dans une autre histoire où Stamm brouille les frontières entre les personnages du passé et du présent.......Il en profite pour s'amuser avec la fiction, modulant les deux histoires à sa guise, remontant le temps, superposant le passé au présent (« Et quand nous sommes-nous vraiment embrassés pour la première fois ? demanda-t-elle. C'était un mois plus tard, dis-je. »), voulant faire vivre à son écrivain vieillissant ( son double 😊? ) au moins le temps du récit, l'illusion qu'il est de nouveau jeune et qu'il peut donner une autre tournure à sa vie.

L'idée du livre est géniale, et me rappelle un petit livre qui m'a fortement marquée dans la vie, "L'étrange vie d'Ivan Osokin" de P.D.Ouspensky. Peut-on modifier ce qui a déjà été vécu, si on nous donnait une seconde chance ?
Si le sujet vous attire, n'hésitez pas, laissez-vous emporter par la douce indifférence du monde, cette indifférence qui vous laissera perplexe, pensant à votre propre vie déjà vécue.......

"Dans la réalité il n'y a pas de fin, sauf la mort. Et elle est rarement heureuse.....Et tandis que je rentre à la maison, je m'imagine finir.....sans plus aucune attache pour échapper à la vie, sans laisser la moindre trace."


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