Quand on a des papillons dans le ventre, une envie folle de quelqu'un qu'on commence à connaître, quand on a une passion obsessionnelle pour cette personne, doit-on, et surtout peut-on résister stoïquement ?
Verrières, petite ville dans le Doubs, 1827. Julien Sorel est fils de charpentier. Il est méprisé par ses frères, forces de la nature, et même battu par son père parce qu'il est fin, délicat, ambitieux, et lit beaucoup. L'abbé Chilon le forme à la prêtrise. Julien a une mémoire prodigieuse. le maire, Monsieur de Rênal, cherche un précepteur parlant latin pour ses trois jeunes enfants. Il engage Julien. Mme de Rênal s'ennuie entre un mari coléreux et une vie de province paisible.
Coup de foudre simultané entre Mme de Rênal et Julien !
Elle prend l'initiative.
Mais elle résiste, car sa réputation de femme mariée est en jeu.
Combat moral intense !
La nuit, Julien grimpe à l'échelle....
Elle cède. La chose finit par se savoir. Julien est obligé de quitter Verrières et va au séminaire à Besançon.
Puis, par le fil des relations, il est recruté par Mr de la Mole à Paris.
Mlle de la Mole s'ennuie entre des amoureux riches, beaux, mais plats sur les quels elle a le dessus en moqueries à toutes les conversations, et une vie parisienne sans épopées héroïques comme celles dont elle rêve des temps de son aïeul Benjamin de la Mole, Henri III, la reine Margot, et Henri IV.
Julien est fort en gueule comme Danton. Elle est séduite.
Coup de foudre entre Mlle de la Mole et Julien.
Elle prend l'initiative !
Mathilde de la Mole, jeune fille d'esprit hautaine, orgueilleuse, ayant plusieurs partis en vue, résiste : elle ne va pas tomber amoureuse d'un petit abbé !
Combat moral très intense, car Mlle de la Mole est bien plus orgueilleuse que Louise de Rênal.
Le combat fait rage entre son envie viscérale de ce beau jeune homme audacieux et courageux, un peu fou, et loin du caractère mielleux de ses prétendants, et qui lui rappelle son aïeul Benjamin de la Mole, et son cerveau qui s'insurge contre ce charpentier de province, de tellement basse extraction, alors que son père, le marquis de la Mole vise un poste de ministre !
Bref !
La nuit, Julien grimpe à l'échelle...
.
Lourd au début, le récit s'anime ensuite.
Des épisodes du roman semblent hors contexte, comme la conspiration du marquis.
Une première force du roman est sa portée contre la religion qui est blâmée, par l'hypocrisie du vicaire Frilair, menteur et calculateur, qui vise un poste d'évêque, mais aussi par le jeune jésuite qui veut absolument confesser le condamné pour voir son nom étalé dans les journaux. Il y a aussi la lettre qui, dictée par un homme d'église à Louise de Rênal qui trahit Julien, met celle-ci en mauvaise posture entre la passion et le devoir moral.
Mais ce qui est captivant, c'est l'analyse des sentiments, le questionnement des amoureux, que ce soit Louise et Julien ou Mathilde et Julien.
Julien est au départ un plébéien révolté complexé par sa classe sociale. Il admire les exploits de Napoléon. En tant que secrétaire, il se "hisse" à la classe des petits bourgeois, mais ce n'est pas assez ; il imagine, soupçonne des complots que feraient dans son dos Mathilde et ses soupirants pour se moquer de lui.
La force
De Stendhal, c'est cette capacité d'analyse de l'observation, de l'amusement puis de la naissance
de l'amour...
Puis il y le combat, la lutte, les pièges tendus, les rêves ( ce petit curé serait un Danton ! ) de l'un comme de l'autre. le doute. Entre la pensée et le parler, il y a parfois un gouffre que comble l'imagination.
Et enfin l'auteur décrit le développement de la passion dévorante, obsessionnelle qui submerge tous les obstacles après une lutte acharnée du Viscéral, du Cerveau et du Coeur, passion qui explose comme un barrage qui cède sous la pression de l'eau, que les amants ne peuvent plus cacher, que ce soit à l'un comme à l'autre, ou à l'entourage !
.
Je me suis ennuyé au début, mais le style est prenant à la fin :)
Ceci est une relecture.
.