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sur 435 notes
Liv Strömquist poursuit, quelques années après « Les sentiments du prince Charles » sa réflexion sur l'amour, pas au temps du choléra, mais de nos jours, à travers deux exemples issus de la pop culture : les relations amoureuses à répétition de Leonardo di Caprio (victime au long cours de l'ouvrage), et l'indépendance amoureuse décrite dans la chanson « Irreplaceable » de Beyoncé.

L'autrice s'interroge ainsi sur la raison pour laquelle le héros de Titanic choisit toutes ses compagnes selon le même modèle : l'amour ne consiste-t-il pas à chercher son âme soeur, l'être en un seul exemplaire qui fait battre son coeur, justement en raison de ce caractère unique et introuvable ailleurs ?

Pour démontrer sa théorie, Liv Strömquist emprunte beaucoup des théories de l'essai de la sociologue Eva Illouz, « Pourquoi l'amour fait mal. L'expérience amoureuse dans la modernité » (celle-ci étant bien sûr à chaque fois citée, l'autrice faisant toujours un solide travail documentaire). L'explication de départ est que l'amour d'aujourd'hui est narcissique et autocentré, et à ce titre est incapable de distinguer l'autre dans son altérité ni même de reconnaître celle-ci.
En outre aujourd'hui, on a l'embarras du choix dans ses partenaires, alors qu'aux siècles précédents, il était bien plus contraint (le mariage était un contrat économique avant tout…)

Liv Strömquist aborde par la suite d'autres éléments plus novateurs : certains éléments constitutifs du statut social de la masculinité se sont érodés avec l'avènement de la modernité et du féminisme. Les hommes n'ont donc la possibilité d'exercer une autorité machiste que dans la sexualité, ce qui a mené à la longue à un détachement affectif et une certaine phobie de l'engagement qui caractérise certains spécimens (heureusement pas tous !). On est loin de la masculinité du XIXe siècle qui était, selon Eva Illouz, « définie dans la classe moyenne en termes de capacité à ressentir et à exprimer des sentiments forts, à formuler des promesses et à les tenir et à s'engager auprès d'autrui avec détermination et résolution »…
Mais en réponse à cette tentative de domination affective, les femmes ont adopté l'attitude masculine du détachement affectif et de la sexualité sérielle, pour atteindre cette espace de statut supérieur que les hommes se sont appropriés.

Ce qui fait le lien avec l'autre chapitre de la bande dessinée, « Un autre toi en une minute » : à partir de la chanson de Beyoncé (une femme déçue de son amant lui explique qu'elle trouvera mieux rapidement), Liv Strömquist interroge cette conception de l'amour féminin, sorte d'auto-empowerment où les femmes suraffirment leur valeur, refusent tout sacrifice pour dresser leurs sentiments et éviter des expériences négatives dans leurs relations amoureuses risquant de déprecier leur estime de soi. A partir de ce principe, peut-on quand même atteindre un amour heureux, puisque l'amour n'a rien d'inexplicable et de magique ? puisqu'on peut aimer et désaimer sur commande ?
C'est aussi typique de la société capitaliste dont l'un des moteurs est la performance, et qui sous-entend ainsi qu'« on devrait pouvoir créer un amour heureux sans mauvais côtés à la seule force de notre comportement », tout échec pour y parvenir étant de notre faute.
Car on n'est plus dans une société du devoir, mais pire, dans une société du pouvoir, ou l'on doit être capable de produire la meilleure version de soi-même, de peur de passer pour un raté.

Liv Strömquist est une autrice que j'aime beaucoup pour la finesse, la pertinence et la drôlerie de ses explications. Toutefois, j'ai moins aimé ce volume, car j'ai eu l'impression qu'elle n'a pas assez su prendre de recul sur sa lecture d'Eva Illouz, puisque l'essentiel de ses théories repose sur un seul ouvrage. Je ne suis pas particulièrement fan de Leonardo di Caprio mais j'ai été un peu gênée et agacée qu'il soit le running gag de l'ouvrage et surtout que Liv Stömquist parle à sa place (que sait-elle de ses pensées sur ses relations amoureuses après tout) ? de plus, certaines idées présentes le sont faites de manière un peu répétitive et pas forcément toujours convaincante. Bref, petite baisse de forme sur ce volume, qui ne m'empêchera pas toutefois de lire les suivants.
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Cette bande dessinée est vraiment très intéressante. C'est une étude sociologique sur le sujet des relations amoureuses, il aborde la notion de rapport à l'autre, de recherche de l'amour, de coup de foudre, il fait un tour exhaustif, historique, psychologique, c'est très complet, j'aurais presque envie de le faire lire à quelques proches.
Malheureusement, la forme ne m'a vraiment pas convaincu. Les texte écrit à la main, avec de grosses lettres puis des toutes petites à côté, c'est très pénible à lire pour ne pas dire impossible pour un presbyte, j'ai beaucoup peiné, la lecture était très laborieuse, pour une lecture où il faut quand même cogiter, ça ne le fait pas. J'ai préféré les oeuvres de Liv Strömquist plus militantes, parce que plus directes dans l'argumentation. Ici, la forme est vraiment un handicap, le format bande dessinée au graphisme un peu torché m'a gêné, et le plaisir de lecture n'était pas au rendez-vous. J'aurais préféré lire tout ça sous forme de prose.
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C'est incroyable ce que le genre « bande dessinée » peut abriter de propos différents. Adepte de la ligne claire dans mon enfance, des facéties de Gotlib à l'adolescence, je tente aujourd'hui des incursions dans le roman graphique contemporain. Mais ici, on est encore dans autre chose car La rose la plus rouge s'épanouit n'est pas romanesque du tout. C'est une très sérieuse enquête sur la disparition d'une faculté dont l'homme s'est pourtant longtemps prévalu : la capacité à tomber amoureux. Pour suivre la piste d'un amour désormais impossible à éprouver, sont convoqués sur un pied d'égalité, des extraits de magazine people et quelques pointures sociologiques ou philosophiques : Eva Illouz, Byung-Chul Han, Platon, Erith Fromm, Randall Collins ou Kierkegaard.
Le cas des amours sérielles de Léonardo di Caprio, qui n'a de crush que pour des mannequins de maillots de bain, sert de fil rouge à ces interrogations. La fascination qu'éprouve toute midinette pour les stars permet d'accrocher la problématique tout en lui conférant un caractère caricatural qui la laisse confortablement à distance de nos propres comportements moins outranciers mais tout aussi révélateurs de cette incapacité contemporaine à tomber amoureux. Je me suis donc trouvée triplement happée : par le désir d'apprendre quelque chose sur Léonardo di Caprio (je partais de très loin, l'ayant plus ou moins laissé à l'époque où il coulait sur un iceberg et j'ignorais ainsi tout de sa fascination pour les catalogues de lingerie), par une scénarisation habile qui utilise tous le potentiel graphique de la mise en case et par la facilité à (re)découvrir la pensée parfois complexe d'auteurs ici obligeamment organisée afin de servir la démonstration. Liv Strömquist traite vraiment son lecteur comme un roi !
Sur le fond, le propos tient les promesses de la forme et sans dévoiler la résolution du mystère, je dirais juste qu'elle a beaucoup à voir avec une société individualiste qui empêche que l'on voie l'autre autrement que comme le miroir d'un narcissisme à rebooster, qui maximise le choix au détriment d'une persévérance à entretenir la mini religion que constitue une vie de couple sur la longueur. Rien de très jojo donc, mais comme c'est expliqué de manière aussi stimulante qu'amusante, ça passe crème.
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Quand on voit à quelle fréquence Leonardo DiCaprio change de petite amie, il est assez aisé de douter de la profondeur de ses sentiments amoureux envers les nombreuses mannequins de maillot de bain qui se succèdent à son bras ou à son guidon, l'homme étant amateur de balades citadines à vélo. Se pose alors une question simple : c'est quoi, être/tomber/rester amoureux ? « On sait qu'il n'y en a pas d'autres comme la personne dont on est amoureux – c'est ça d'être amoureux de quelqu'un. » Passé le constat liminaire selon lequel le beau (ça se discute...) Leo change de copine comme de chemise, l'autrice/dessinatrice s'interroge sur le bonheur en amour. Elle fonde sa réflexion sur divers essais relatifs à la masculinité et aux relations sentimentales/maritales. Elle démontre notamment qu'un renversement s'est opéré en quelques décennies entre les rôles sociologiques des hommes et des femmes. Au 19e siècle encore, c'était les premiers qui exprimaient intensément leurs sentiments et leur volonté de s'engager à vie avec une compagne au sein d'un foyer. « Tomber amoureux est une espérance surnaturelle/mystérieuse/indéfinissable. » À moins que cela ne relève que de la biologie évolutive ? Dans l'amour s'affrontent l'altérité chérie de l'autre et l'égoïsme porté à soi-même. Aimer est-il nécessaire pour vivre ? Survivre ? Perpétuer l'espèce ? Être heureux ?

Comme dans Les sentiments du Prince Charles, Liv Strömquist développe une pensée claire et pertinente sur la qualité des rapports entre femme et homme. le graphisme a hélas été un vrai frein à ma lecture et il m'a fallu pas mal d'efforts pour surmonter mon peu d'attrait pour le caractère visuel de cette oeuvre. Fort heureusement, le fond est suffisamment puissant et intéressant pour avoir su capter mon attention.
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Dans cet ouvrage, nous retrouvons les thèmes chers à Liv Stömquist : les relations amoureuses (ou pas) entre les êtres.
Tout commence avec Léonardo di Caprio avec cette question : pourquoi cet acteur n'arrive-t-il pas à lier une relation durable avec une femme et qu'il accumule les relations plutôt brèves avec des mannequins de bikinis.
Liv Stömquist multiplie les références, croise les références historiques et les analyses de psychologues, de sociologues et de philosophes afin de tenter de comprendre ce qui se passe entre deux êtres, d'où vient l'amour, le coup de foudre, l'arrêt de l'amour et, chose que j'ai trouvé particulièrement édifiante : comment étaient les rapports entre l'homme et la femme dans les relations amoureuses au XIXe siècle...
Je suis ébahie, je ne réalisais pas vraiment que la façon dont je me comporte dans ma vie quotidienne (parce que, oui, je me retrouve dans ce qui est écrit sur les femmes du XXIe siècle) est en fait le produit d'une mutation sociologique.
Mais bref, ceci dit, je n'ai pas été aussi scotchée par cet essai que je ne l'avais été par Les sentiments du prince Charles et je me demande si, dans le cas de ce volume, le format 'BD' n'était pas une fausse bonne idée. Il y a, comparativement, trop de texte ,dans des polices trop irrégulières et trop différentes par rapport aux dessins qui n'apportent finalement pas grand chose.
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Cette BD est passionnante, c'est presque un essai avec des images tant son contenu est riche.
Le titre un peu alambiqué est un vers d'Hilda Doolitle, poétesse du XXème siècle qui tomba éperduement amoureuse à 74 ans, juste avant sa mort, et eu une vie émaillée d'amour folles.
Ici, donc, on dissèque les relations amoureuses, le couple et l'amour sous tous les angles.
Liv Strömquist a un grand talent de synthèse et d'analyse, et par la voix de grands sociologues et philosophes elle met en évidence des théories non seulement originales mais surtout fort intéressantes, qui interrogent nos schémas sociaux.
Femme cultivée vivant dans son époque, elle étudie successivement les cas de Leonardo di Caprio, Socrate, Cameron Diaz, Beyoncé, Sappho, Anna Karenine et Vronski, Lord Byron, Shiva, Thésée et Ariane, et même la presse féminine.
Le tout avec rythme et enthousiasme.
Une pépite.
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Une auteure qui pose question …
Admirée par certains, surtout pour les sujets abordés …
Détestée par d'autres, le style de ses dessins n'étant pas des plus consensuels …
Une auteure que je découvre à reculons …
Mon premier essai a été « Les sentiments du prince Charles » qui m'a permis de constater et d'affirmer que l'amour se construit et n'est certainement pas un simple élan hormonal.
Une histoire de rose rouge sera mon deuxième ou second essai !
Un essai philosophique qui cherche à comprendre le phénomène amoureux …
Qu'est ce que tomber amoureux (amoureuse) ?
Pourquoi du jour au lendemain n'est on plus amoureux (amoureuse) ?
Liv Strömquist dissèque à la fois la littérature, les sciences sociales, la société du spectacle pour éveiller notre curiosité sur le sujet.
Le propos est plutôt sérieux, plein de référence sans laisser de côté pour autant l'humour (sans humour, cela pourrait être indigeste).
Il vaut toutefois avoir les neurones en forme pour affronter le texte et s'y retrouver au milieu de toutes ces références bien sérieuses.
Liv Strömquist, une auteure qu'il est utile de faire l'effort de suivre !
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Je pourrais lire Liv Strömquist pendant des heures, je crois...

Après avoir découvert la semaine dernière Les Sentiments du Prince Charles, j'ai lu cette semaine La Rose la plus Rouge... Liv Strömquist est une autrice partiale, elle tire sa documentation et ses connaissances d'auteurs.rices avec un point de vue: en somme, elle ne nous tire pas un portrait de l'Amour (ou plutôt du manque d'Amour) des temps modernes lisse et neutre. Non, non, elle ne craint pas d'avancer des hypothèses, de se risquer à des "peut-être", ma foi fort vraisemblables et édifiants.

Elle le fait avec grâce et ouverture, avec humour et distance. Ce roman graphique est un délice en plus d'être un bel objet et j'ai pris encore beaucoup de plaisir à apprendre, rire et me scandaliser avec Liv Strömquist.
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Liv Strömquist, la Virginie Despentes du 9ième art... (d'après Antoine de Caunes, et.... je suis bien d'accord!)

L'autrice suédoise explore (et explose) nos préjugés sur nos sentiments, nos clichés sur l'amour.
Vous pensiez qu'il n'y avait rien de plus naturel que l'amour? Rien de plus éloignées des clichés que les relations amoureuses?

Hé bien, détrompez-vous.

C'est quoi "tomber amoureux"? Pourquoi arrête-t-on d'aimer?

Pourquoi il y a quelques siècles, il était de bon ton que les hommes courtisent les femmes et montrent leurs sentiments? Pourquoi cela s'est-il inversé aujourd'hui?
Pourquoi Leonardo di Caprio change de copine comme de chemise?

Liv Strömquist est diplômée en sciences politiques, et nous déroule un argumentaire bien rodé, bien trouvé, et sur un ton humoristique.

Nous avons tous dans nos connaissances des exemples divers de relations amoureuses. de personnes recherchant un idéal parfait, ou encore, de ruptures douloureuses ou provoquées, etc... L'autrice apporte une vision très juste sur le sujet, et nous fait avancer dans nos mentalités.

J'enlève une petite étoile pour la difficulté de lecture de certains passages, noirs et blancs, avec une écriture assez petite.

J'avais déjà beaucoup apprécié "Dans le palais des miroirs", de la même autrice. Je continuerai ma lecture de ces albums, toujours très enrichissants!

Je recommande!
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Je me suis lancée dans cette lecture dans le milieu de matinée en même temps que
je buvais mon café... pensant que le temps d'une tasse serait suffisant. Heureusement que j'ai pas bu du café sur toute la durée de la lecture parce que j'aurais fait le plein de caféine pour la semaine.
Le début de la lecture étant un exposé des aventures amoureuses de Léonardo di Caprio, je n'ai pas été très emballée dans un premier temps. Mais j'ai continué, et j'ai été assez étonnée ensuite de découvrir autre chose : un livre qui n'est pas tout à fait une BD, mais plutôt une analyse sociologique illustrée portant sur le thème de l'amour. Et tout cela est agrémenté de multiples références, historiques, mythologiques, poétiques romanesques, sociologiques psychologiques, etc
J'avais empruntée ce livre sur les conseils de la médiathécaire, et aussi parce que la couverture me plaisait beaucoup. Je ne regrette pas
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