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EAN : 9782070558094
96 pages
Gallimard (05/02/2004)
5/5   4 notes
Résumé :

" Roulé dans tes senteurs, belle terre tourneuse je suis enveloppé d'émigrants souvenirs Et mon cœur délivré des attaches peureuses Se propage, gorgé d'aise et de devenir. Sous l'émerveillement des sources et des grottes je me fais un printemps de villes et de monts Et je passe de l'alouette au goémon, Comme sur une flûte on va de note en note... " Marquée par la nostalgie de l'enfance et un sentiment... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Des couleurs, des sons, des sensations, de la poésie tout simplement. Découvert grâce à la rencontre d'un professeur de lettre moderne de la fac d'Orléans au détour d'un rayon de la librairie "les temps moderne", tous deux en quête de ce qu'on espérait y trouver, il m'indiqua un certain nombre d'oeuvres dont celle-ci. Je ne l'ai jamais revu mais j'ai toujours ces poèmes choisis que je relis régulièrement. Je remercie celui qui, pour moins d'une heure, avait cessé d'être un inconnu.
Jules Supervielle, une expérience unique.
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J'ai trouvé cette édition de 1947 dans une boutique oxfam, et j'y suis très attachée car elle offre un large choix de poèmes, tirés de recueils différents, et permet bien d'appréhender l'univers de ce poète si secret.

Jules Supervielle a été déchiré dès le plus jeune âge entre deux pays: né en Uruguay, il est revenu en France, bébé, avec ses parents qui y sont morts juste après. Il s'est partagé toute sa vie entre ces deux endroits aimés.

L'appel du voyage, le goût de la mer et du large se retrouvent pleinement dans sa poésie, d'ailleurs l'un de ses recueils s'intitule "Débarcadères".

Le thème de l'eau est de ce fait très présent dans son oeuvre:

" Mémoire des poissons dans les criques profondes,
Que puis-je faire ici de vos lents souvenirs,
Je ne sais rien de vous qu'un peu d'écume et d'ombre
Et qu'un jour, comme moi, il vous faudra mourir."

Un autre aspect qui me frappe ,c'est sa chaleur humaine, son besoin des autres, au- delà de sa réserve naturelle.J'ai remarqué qu'il utilisait souvent le mot "visages":

" De beaux visages se formant
Autour de ma plume avançante ".
Il a d'ailleurs eu des amis très fidèles, comme Jean Paulhan ou Henri Michaux .

En plus de ses blessures personnelles, il a connu la guerre , dont il témoigne par écrit :

" Compagnons du silence, il est temps de partir,
de grands loups familiers attendent à la porte."

Pour moi, Jules Supervielle est un poète de l'intime dans ce qu'il a de plus délicat, de plus pudique. Il se laisse deviner, effleurer, mais ne se révèle jamais vraiment.Ses vers fluides, à l'image de son attirance aquatique, sont plus complexes qu'ils ne paraissent. Il faut creuser les mots, les humer, les rêver ... Certains de ses textes me bouleversent toujours comme son vibrant "Hommage à la vie":

" C'est beau d'avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un coeur continu,
Et d'avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin
D'avoir aimé la terre,
La lune et le soleil,
Comme des familiers
Qui n'ont pas leur pareils (...)

On sent que toute son existence a été baignée de poésie, qu'elle a été son essentiel. Comme il l'écrit à la fin du poème cité juste avant, c'est beau :
"D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
de l'avoir enfermée
Dans cette poésie. "

C'est beau aussi de lire et relire Jules Supervielle....


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières
Vivant en même temps la source et l'océan
Sans pouvoir me fixer même un mince moment
Entre le monde la plaine et les plages dernières.

Suis-je ici, suis-je là ? Mes rives coutumières
Changent de part et d'autres et me laissent errant.
Suis-je l'eau qui s'en va, le nageur descendant
Plein de trouble pour tout ce qu'il laisse derrière ?

Ou serai-je plutôt sans même le savoir
Celui qui dans la nuit n' a plus que la ressource
De chercher l'océan du côté de la source
Puisqu'est derrière lui le meilleur de l'espoir?
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Donnez-moi des nouvelles du monde.
Et les arbres ont-ils toujours
Ce grand besoin de feuilles, de ramilles,
Et tant de silence aux racines?
Donnez-moi des nouvelles des rivières ,
J'en ai connu de bien jolies,
Ont-elles encore cette façon si personnelle
De descendre dans la vallée,
De retenir l'image de leur voyage
Sans jamais consentir à s'arrêter?(...)
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Hommage à la vie

C'est beau d'avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un coeur continu,
Et d'avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,
D'avoir aimé la terre,
La lune et le soleil
Comme des familiers
Qui n'ont pas leurs pareils,
Et d'avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,
D'avoir donné visage
A ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
A d'errants continents, Et d'avoir atteint l'âme
A petits coups de rame
Pour ne l'effaroucher
D'une brusque approchée.
C'est beau d'avoir connu
L'ombre sous le feuillage
Et d'avoir senti l'âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné sa peine
Du sang noir dans les veines
Et doré son silence De l'étoile Patience,
Et d'avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée
De l'avoir enfermée
Dans cette poésie.
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LA FABLE DU MONDE

CHEVAUX SANS CAVALIERS


Il était une fois une cavalerie
Longuement dispersée
Et les chevaux trempaient leur cou dans l'avenir
Pour demeurer vivants et toujours avancer.

Et dans leur sauvagerie ils galopaient sans fatigue.

Tout noirs et salués d'alarmes au passage
Ils couraient à l'envi, ou tournaient sur eux-mêmes,
Ne s'arrêtant que pour mourir
Changer de pas dans la poussière et repartir.

Et les poulains fiévreux rattrapaient les juments.

Il est tant de chevaux qui passèrent ici
Ne laissant derrière eux qu'un souvenir de bruit.
Je veux vous écouter, galops antérieurs,
D'une oreille précise,
Que mon cœur ancien batte dans ma clairière
Et que, pour l'écouter, mon cœur de maintenant
Étouffe tous ses mouvements
Et connaisse une mort ivre d'être éphémère.

p.234
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Le portrait

Mère, je sais très mal comme l'on cherche les morts,
Je m'égare dans mon âme, ses visages escarpés,
Ses ronces et ses regards.
Aide-moi à revenir
De mes horizons qu'aspirent des lèvres vertigineuses,
Aide-moi à être immobile,
Tant de gestes nous séparent, tant de lévriers cruels!
Que je penche sur la source ou se forme ton silence
Dans un reflet de feuillage que ton âme fait trembler .
Ah! sur ta photographie
Je ne puis pas même voir de quel côté souffle ton regard.(...)
Ma morte de vingt-huit ans,
Me regardant de trois-quarts,
Avec l'âme en équilibre et pleine de retenue.
Tu portes la même robe que rien n'usera plus,
Elle est entrée dans l'éternité avec beaucoup de douceur
Et change parfois de couleur mais je suis seul à savoir.(...)
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Vidéo de Jules Supervielle
Jules SUPERVIELLE – Introduction à son œuvre (Conférence, 2017)) Une conférence d’Adeline Baldacchino, intitulée « Jules Supervielle - Cœur de vivant guetté par le danger », donnée le 4 février 2017 à l’Université Populaire de Caen.
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