AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 880 notes
Conte philosophique somme toute assez classique, avec un peu plus d'humour grinçant que d'habitude. On n'a en tête que le voyage à Lilliput en tête, mais il y a le voyage au pays des géants, qui inverse un peu la situation, puis un ensemble de voyages un peu oubliables, et enfin un voyage au pays des chevaux parlants, où les humains sont des sortes de singes vicieux, sorte de caricatures d'hommes qui sont à l'image de la misanthropie croissante de l'auteur. La forme est très classique rappelle les lettres persanes, Candide, les Etats de la Lune et du Soleil et a pu être parodié par la suite par des auteurs modernes, comme dans le Baron Perché. le passage sur les chevaux parlants et les humains dégénérés est le plus intéressant à mon sens.
Commenter  J’apprécie          70
Naufragé et abandonné, Gulliver se réveille et se retrouve sur Lilliput, une île habitée par de petits gens, dont la hauteur rend leurs combats ridicules. Ses rencontres ultérieures avec les géants brutaux de Brobdingnag, les philosophiques Houyhnhnms et les brutaux Yahoos, donnent à Gulliver de nouvelles perspectives amères sur le comportement humain. La satire sauvage de Swift voit l'humanité dans une galerie des glaces déformée comme une espèce diminuée, agrandie et finalement bestiale, nous présentant un reflet sans compromis de nous-mêmes.

Bien qu'il présente peu de résolutions ou d'idées d'amélioration, il fait un travail remarquable en exposant les problèmes qu'il considérait comme existant dans le monde du XVIIIe siècle, notamment en Angleterre.

Une série d'aventures dans divers mondes fictifs sert de toile de fond pour réprimander et se moquer de toutes les formes d'institutions, de philosophies et de groupes politiques, religieux et sociaux. Tout, depuis l'adhésion aveugle aux idéologies politiques ou aux dogmes religieux, l'intolérance idéologique, les divisions sociales arbitraires et même les aspects peu pratiques des explorations scientifiques effrénées de l'époque.
Commenter  J’apprécie          50
rande amoureuse de voyages, je n'avais jamais lu ce classique de la littérature. Dans cette version édité chez Drôle de…, Gulliver se rend dans deux pays différents : d'abord à Lilliput, monde minuscule où les habitants ne mesurent qu'une quinzaine de centimètres ; puis à Brobdingnag, où, à l'inverse, les habitants sont des géants. Mais les voyages de Gulliver ne s'arrêtent pas à ces deux contrées, puisque dans la version originale de Jonathan Swift, cet aventurier téméraire est également allé à Laputa, Balnibarbi, Glubbdubdrib, Luggnagg, au Japon, puis au pays des Houyhnhnms.

L'édition Drôle de… à l'avantage d'être entrecoupées de dessins en noirs et blancs, qui illustrent la narration. Tandis on y voit Gulliver minuscule dans un monde de géant, puis gigantesque dans un monde de lilliputiens. J'ai bien aimé ces dessins, qui nous permettent d'entrer encore plus profondément dans ce monde extraordinaire.

J'ai été ravie d'enfin découvrir ces voyages. Je me suis plongée facilement dans ces différents mondes, parfaitement décrits comme si on y était. Néanmoins, j'ai quand même trouvé que certains passages s'étiraient en longs verbiages et manquaient de dynamisme et d'émotions brutes. L'auteur nous balance des avalanches de faits, sans toutefois penser à nous inspirer de quelconques émotions envers son protagoniste ou les aventures qu'il vit au quotidien. Je reconnais quand même que l'écriture est particulièrement soignée et fait plaisir à lire. L'imaginaire créatif de l'auteur est fascinant : il faut s'imaginer qu'au XVIIIème siècle, rares étaient les auteurs à écrire des récits de science-fiction. Ici, Jonathan Swift arrive à créer des mondes fantastiques, que l'on arrive facilement à intégrer.

À travers ce récit écrit en 1726, Jonathan Swift critique à demi-mots les moeurs de son époque et de ses contemporains, l'État et la justice anglaise et irlandaise. L'être humain y est décrit comme brutal, méchant, vils personnages qui succombent à leurs instincts primitifs et passent leur temps à se faire la guerre, comme à Lilliput. Une critique vitupérante, camouflée derrière des aventures fantaisies. Malheureusement, la satire reste quelque chose d'assez spécifique, que l'on comprend aisément lorsque l'on est intégré dans ladite époque. Je pense qu'avec quelques annotations, cela nous aurait permis de mieux comprendre ce que l'auteur reprochait à son époque.

Un classique de la littérature science-fiction qui mêle aventures extraordinaires et réflexions philosophiques sur l'époque de l'auteur. J'ai été ravie de découvrir ces récits.
Lien : https://analire.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          120
Les voyages de Gulliver, comme son nom l'indique, raconte les voyages de Gulliver... Merci... au revoir !

Détaillons un peu plus quand même, cela en vaut la peine !
Il s'agit de 4 voyages au cours desquels le personnage va découvrir des sociétés différentes, ce qui permettra à son auteur à la fois de prendre du recul la condition humaine et d'autre part de critiquer la société anglaise des années 1700 dans laquelle Jonathan Swift et son personnage vivent.

Il s'agit d'aventures faciles à lire et plutôt amusantes, ce qui peut d'ailleurs faire croire à beaucoup de gens qu'il s'agit d'aventures pour enfants. Ce serait réduire considérablement l'ambition de toute cette oeuvre. Oui il existe bien plusieurs niveaux de lecture et il est possible d'adapter l'histoire de Gulliver pour les petits et ça leur plaira (le personnage a bien inspiré le nom d'une chaine de TV pour les enfants !), mais un adulte pourra y trouver une vraie satyre sociale, encore largement d'actualité car la nature humaine ne change pas en quelques siècles. La lecture peut être vécue un peu comme les voyages extraordinaires de Jules Verne et comme l'utopie de Thomas More, qui a visiblement inspiré l'idée de ce roman.

L'édition GF (Flammarion) est accompagnée d'une présentation (à lire avant et à relire après le roman) d'Alexis Tadié et de notes de fin d'ouvrage, qui sont bien utiles pour comprendre les références et l'implicite du texte car l'histoire est truffée d'allusions ou de sous-entendus ironiques faisant références à des évènements réels de l'Angleterre de l'époque. Mais le texte peut largement être compris sans eux, mais sans sa profondeur historique.

Au passage, j'en profite pour préciser que je souhaiterais que les éditions GF améliorent le confort de lecture de ses ouvrages en aérant davantage le texte (interlignes plus importantes, caractères plus gros, et conversion des notes de fin d'ouvrage en notes de bas de page).

Si j'ai bien compris l'intérêt de l'auteur, il s'agissait de faire croire à de réels voyages malgré le peu de crédibilité des faits racontés. Swift a utilisé tout un stratagème pour laisser penser à un vrai voyageur qui ferait publier ses écrits auprès d'un éditeur en passant par un cousin...(je vous laisse lire la présentation pour les détails). Il s'agissait d'une ruse pour critiquer durement la société d'où il vient sans (trop) en subir les conséquences (un peu comme la Fontaine avec ses fables animalières).

Absurdité, cynisme, ironie, raillerie...voici les 4 ingrédients principaux de ce texte avec lequel j'ai passé de bons moments. Je regrette que Swift n'ait pas écrit d'autres voyages, comme suite de cet ouvrage.

Alors que feriez vous si vous étiez...
- un géant parmi les liliputiens ?
- un nain parmi des géants ?
- sur une île volante ?
- parmi des fantômes de personnages historiques célèbres ?
- immortel
- dans une société où les chevaux sont civilisés et les humains ne le sont pas (Pierre Boule, avec la planète des singes reprendra cette idée plus tard)
- dans un pays où le mensonge n'existe pas ?
- ...
Gulliver lui l'a vécu, alors embarquez avec lui pour y voir ce qu'il en retourne !
Commenter  J’apprécie          60
Les Voyages de Gulliver font partie des classiques dont j'ai souvent entendu parler mais que je n'avais jamais lus. J'y ai remédié après être tombé dessus par hasard à la bibliothèque. Je n'avais pas du tout en tête cette structure en quatre parties : le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer.
Commenter  J’apprécie          60
Cet ouvrage est me semble t il un peu compliqué pour des 6ème mais en dehors de ça, j'ai adoré l'histoire, la critique acerbe de la société de l'époque. J'ai l'impression par certains côtés de retrouver des traits De Voltaire et de son Candide. Je recommande cet ouvrage et je vais m'empresser d'acheter la version intégrale et pas condensée!!
Commenter  J’apprécie          20
Nul ne sait jamais exactement comment seront perçus ses dires, ni comment seront interprétées ses intentions, et les écrivains moins que d'autres, certainement du fait même de la " publication ", c'est-à-dire le rendu public, leurs écrits sont largement diffusés et donc, fort diversement interprétés.

Jonathan Swift s'imaginait-il que 300 ans après avoir écrit sont Gulliver (soit Gul-y-ver, dans lequel il faut entendre l'association de trois mots : pour Gul, qui donne en verlan lug, et qui renvoie à l'allemand Lüge, qui signifie mensonge, puis le y espagnol qui correspond à l'esperluette &, et enfin le ver, qui est le début du français " vérité "), son héros inspirerait le nom d'une gentille chaîne de télévision française à destination des enfants (Gulli dont le logo est vert) ?

Car Swift voulait écrire quelque chose de bien acerbe, de mordant, de tranchant, il voulait cracher tout son fiel à la figure de ceux qu'il détestait, probablement pas se voir ravaler au rang de littérature enfantine. Enfin bon, bref, c'est comme ça, nul n'y peut rien et pour nous autres, il en va de même : les résultats de nos actes ne cadrent pas toujours — voire pas souvent — avec nos intentions.

D'ailleurs, des quatre voyages de Gulliver, bien souvent, la tradition et l'esprit populaire n'en ont retenu qu'un seul, le premier, celui de Lilliput. (Or, il y en a trois autres, notamment le dernier, chez les Houyhnhnms, qui vaut son pesant de crottin de cheval.)

La tradition et l'esprit populaire ont retenu le cocasse de la chose : Gulliver arrive en un lieu où tout est rigoureusement identique au monde qu'il connaît, MAIS, en miniature. Il est fort possible que l'idée vint à l'auteur à l'examen de ce qui prenait grand essor dans les milieux favorisés au moment où il vécut : la maison de poupée.

D'ailleurs, au chapitre des influences de Swift pour ce qui demeure son oeuvre phare, on peut noter deux ouvrages que j'ai présentés récemment : Les Voyages de Sindbad le marin et Robinson Crusoé.

En effet, la traduction d'Antoine Galland des Mille et une nuits au tout début XVIIIe avait eu tellement de retentissement que ce dernier s'était senti obligé de rallonger la sauce et y incluant des histoires qui n'avaient rien à voir, dont le fameux Sindbad le marin. À partir de cette version française, il ne tarda pas à y avoir des versions traduites dans toute l'Europe, qui y eurent le même succès. La traduction anglaise parut en 1711 et il est indéniable qu'à la lecture de Gulliver, le parallèle est frappant avec plusieurs des voyages de Sindbad et le fantastique qui y est associé.

N'oublions pas non plus que le sujet d'un marin anglais seul naufragé sur une île bien lointaine, était une histoire qui avait connu un autre succès fulgurant en Angleterre avec la publication en 1719 de Robinson Crusoé. Juste pour information, Jonathan Swift commence la rédaction de Gulliver en 1721, est-il nécessaire d'insister sur le lien d'influence ?

Qu'en est-il des quatre voyages de Gulliver et, surtout, que semble avoir voulu dire Swift dans son livre ? À Lilliput, on s'aperçoit qu'outre le cocasse de la miniaturisation, les moeurs de la cour et du pouvoir deviennent immédiatement ridicules, dès lors qu'on prend un peu de hauteur, et qu'on s'aperçoit qu'ils sont ridiculement petits, mesquins ou risibles. C'est bien évidemment un brûlot contre le pouvoir politique anglais de l'époque. (Notamment sa politique étrangère contre la France, que l'auteur n'estime pas beaucoup plus.)

Le seconde voyage, à Brobdingnag (concaténation de broad et de grand) renverse les rapports de taille et Gulliver y est maintenant de la taille d'un lilliputien comparé aux naturels de ce pays. C'est un peu lourdingue comme procédé et ici, la cible de Swift semble l'extraordinaire suffisance de l'humain, l'impression qu'il est réellement quelque chose d'important dans la nature alors que l'auteur cherche à montrer qu'il est en réalité insignifiant.

Le troisième voyage, le pire de tous en ce qui me concerne quant à l'intérêt qu'il suscita en moi, composé de cinq étapes à Laputa, à Balnibarbi, à Glubbdubdrib, à Luggnagg et au Japon, est censé dénoncer la politique anglaise vis-à-vis de l'Irlande, de laquelle Swift était originaire.

Enfin, le quatrième voyage, chez les Houyhnhnms, inverse les rôles entre les hommes et les chevaux : là-bas, ce sont les Houyhnhnms, qui sont sages et qui ont le pouvoir et les hommes, qui sont des bêtes au service des chevaux. Notons au passage que le nom des hommes trouvé par Swift a eu quelque influence à l'époque d'internet car il les nomme les Yahoo.

Selon moi, ce quatrième et dernier voyage est le plus intéressant, car il questionne la place de l'homme vis-à-vis d'autres espèces. Pour le reste, hormis l'omniprésente aigreur à peine cachée sous l'ironie, le message de Swift semble être : « Tous des fats, tous des cons ! »... sauf lui bien entendu. Ces ignares d'Anglais n'ont pas su percevoir la valeur et l'intérêt de sa propre contribution à la vie politique.

D'ailleurs, ce quatrième voyage peut également être rapproché d'un ouvrage comme l'Utopie de Thomas More, car c'est presque, avec les Houyhnhnms, une vision de la société idéale selon Swift que l'on lit. Or, cette société idéale n'est pas très éloignée de celle du néolithique : tout progrès fut selon lui une sorte de perte.

Je dois confesser que j'ai vraiment, vraiment peiné à la lecture, dès le premier voyage, mais c'est devenu un vrai calvaire lors du troisième. À ce moment-là, je pensais que je n'y aurais attribué qu'une étoile, tant ce concentré de misanthropie me paraissait pénible et geignard, « tous des pourris, tous des salauds, tous des nazes, tous des minables ». Grâce à l'apport du dernier voyage, j'accepte de relever péniblement mon impression de lecture jusqu'à deux étoiles mais n'irai certainement pas au-delà.

Il en va de même des pseudo trouvailles linguistiques de Swift, indéchiffrables sans le vade-mecum à la fin, et qui, en leur qualité de " private joke ", dans l'ensemble, rendent la lecture plutôt laborieuse. Alors, c'est vrai, j'admets que bon nombre des choses qu'il dénonce, je les partage également, mais ça ne suffit pas à faire un livre marquant, plaisant, stimulant à mes yeux. Cependant, de ceci comme de tout le reste, ce sera toujours à vous d'en décider car ne voici qu'un lilliputien d'avis, c'est-à-dire, au pays des Brobdingnag comme en tout autre, vraiment pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1345
Satire monumentale, profondément humaine, un roman inclassable, une odyssée du sordide et de la faiblesse, autant d'épithètes pour une seule oeuvre.
Lorsqu'il quitte son maître-prof de chirurgie, le bien nommé master Bates (masturbate), Lemuel Gulliver se marie aussitôt et quitte cette Angleterre déchirée par la politique et le favoritisme. Il deviendra Quinbus Flestrin à Lilliput, arrosant de son membre énorme l'incendie du palais royal, et échappe de justesse à un complot en sabotant cette guerre entre petits-boutistes et gros-boutistes, puisqu'aucun ne sait par quel (énorme) bout le prendre...
Il sera ensuite animal domestique et jouet sexuel pour ces dames à Brobdingnag. Tout en étant la plus odieuse petite vermine sur terre, notre bon Lemuel partagera sa vision d'un monde barbare dans lequel, au nom de dieu, on évangélise-massacre-déporte-viole-soumet en esclavage ses semblables.
L'aventure se poursuit avec l'exploitation, la famine, l'orgueil et la vanité qu'incarne Laputa, la grande putain sale ségrégationniste, raciste, suprémaciste.
Notre voyage se termine alors dans le viol et l'excrément, l'urine seule n'étant plus suffisante face à l'animal doué de raison, ne reste plus que la sagesse froide et sans pitié tissée de peau humaine, sans oublier les femmes et les enfants, réputés pour avoir un cuir plus souple et agréable à travailler...
Bref, un livre à mettre entre les mains des petits enfants pour leur apprendre la bêtise et la stupidité de ce singe qui parle.
Commenter  J’apprécie          40
Paru en 1726, lorsque son auteur a près de 60 ans, ce livre est en quelque sorte la somme de Swift, qui a derrière lui une longue carrière, à la fois d'auteur, surtout pamphlétaire et polémiste, mais aussi politique, mettant sa plume au service de whigs puis de tories.

Les inspirations et sources des Voyages sont nombreuses et reflètent la culture et les goûts de Swift et celles d'une époque : les Mille et une nuits, Lucien de Samosate, Rabelais, Cyrano de Bergerac…. On pourrait les égrener longtemps, et chacun au détour d'un passage pourra trouver des références et des réminiscences. Mais de tous ces matériaux composites, Swift fait une oeuvre originale, d'une grande inventivité et où une ironie féroce est presque toujours présente.

Le livre se compose de quatre parties, chaque partie correspond à un voyage de Gulliver, selon toujours le même schéma. Gulliver se laisse entraîner à faire un voyage, plein de dangers et de péripéties, dont il revient jusque dans son foyer familial, mais une nouvelle occasion de partir se présente, à laquelle le personnage ne résiste pas, un peu comme Sindbad.

Le premier voyage fait arriver Gulliver à l'île de Liliput, dont les habitants sont de toute petite taille, et où notre héros fait figure de géant. Capturé pendant son sommeil, il arrive à gagner une certaine liberté, en se rendant utile, en particulier dans la guerre que les Lilliputiens mènent contre l'île rivale de Blefuscu. Son séjour à la cour de Lilluput permet à Swift une satire impitoyable des intrigues de cour, des appétits individuels qui s'en donnent à coeur joie contre les intérêts du pays, des mesquineries et ambitions. de même il met en évidence la déraison des guerres meurtrières et absurdes, comme celle qui a cours entre la France et l'Angleterre à son époque, parodiées en Blefuscu et Lilliput.

Le deuxième voyage de Gulliver le mènera à Brobdingnag, le pays des géants, il deviendra à son tour moins qu'un nain. Tentant de mettre en valeur son pays d'origine, ses institutions, il ne ferra que démontrer leur corruption et l'absurdité, mises à nue par les géants, dont les jugements sains et de bon sens, démontent toutes les failles de la société anglaise, opposée à la société paisible et juste des géants, qui malgré leur force n'ont rien de belliqueux, et ne sont pas désireux de dominer et d'écraser les autres.

Le troisième voyage est le plus disparate. Nous faisons d'abord connaissance avec l'île volante de Laputa, où la science et les savants dominent la société. Mais une science poussée à l'absurde, totalement coupée de la réalité, qui fait construire des maisons de travers, et appliquer au quotidien des techniques inefficaces et contre-productives. Une science qui sert aussi à une domination politique impitoyable : l'île volante peut détruire les villes installées au sol, la population est donc soumise à la toute puissance et aux exigences de Laputa. Swift parodie un certain nombre de savants d'une manière mordante. Il rencontre ensuite dans l'île de Struldbruggs des immortels, mais découvre que s'ils ne meurent pas, ils vieillissent, et que ce qu'il prenait comme le plus grand de bienfait, se révèle la pire situation possible. Il réussit enfin à rentre chez lui en passant par le Japon.

Son dernier voyage l'amène en fin de compte chez les Houyhnhnms, des chevaux intelligents, qui mènent une vie sage. Ce sont les hommes, les Yahoos,créatures stupides, agressives, qui cumulent tous les défauts possibles, qui sont les animaux dans ce monde. Gulliver tente bien de persuader les Houyhnhnms des différences qui existent entre les hommes de son monde et les Yahoos, mais plus il décrit les réalités de l'Angleterre de son époque, et plus les Houyhnhnms trouvent des similitudes entre les deux populations. Les Yahoos sont une sorte de vision déformée de l'homme, dans laquelle tous les défauts du genre humain sont grossis. Un être humain d'après la chute, et qui visiblement ne peut être racheté, au point que Gulliver, mis à la porte de ce qu'il considère comme une sorte de paradis (pays des Houyhnhnms) revient en détestant les hommes, ne pouvant les supporter, y compris les membres de sa propre famille.

C'est donc une vision très sombre de l'homme que donne ce livre. On peut d'ailleurs s'étonner de son statut de livre destiné aux jeunes lecteurs, compte tenu de sa complexité et de sa noirceur. Cela est sans doute du à la riche imagination de Swift, aux images à laquelle il donne vie, celles des Lilliputiens, de l'île volante etc. Et aussi malgré tout à l'humour, qui n'est jamais absent, la misanthropie finale de son personnage principal étant aussi ridicule que les travers humains que les chevaux intelligents mettent à jour, Gulliver n'étant plus capable de voir ses congénères que de ce point de vue, ce qui montre les limites du personnage.

Un classique incontournable, à relire à l'âge adulte.
Commenter  J’apprécie          286
L'ensemble des 4 voyages de Gulliver est ici accessible en édition abrégée (192 pages) et fidèle au chef-d'oeuvre de la littérature anglaise. Les voyages de Gulliver sont illustrés en couleurs au fil des pages avec humour et malice par le grand dessinateur Jacques Touchet. de Lilliput au pays des chevaux, en passant par toutes les tailles et toutes les émotions, les quatre voyages racontés par Lemuel Gulliver forment l'une des oeuvres les plus foisonnantes et intelligentes de la littérature mondiale. le récit de Swift est drôle et satirique, à la fois roman merveilleux et conte philosophique. Gulliver fait rire et réfléchir. Souvent tronqué et déformé, ce livre extraordinaire est ici à redécouvrir. le récit est suivi d'un dossier qui explique ses centres d'intérêt et son Histoire.
Lien : https://www.scudery.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (4108) Voir plus



Quiz Voir plus

Les voyages de Gulliver

Quel est le premier voyage extraordinaire effectué par Gulliver ?

Voyage à Balnibarbes
Voyage à Liliput
Voyage au pays des Houynhnhms
Voyage à Brobdingnag

10 questions
285 lecteurs ont répondu
Thème : Voyages de Gulliver de Jonathan SwiftCréer un quiz sur ce livre

{* *}