Insuffisante suffisance.
Voilà un cas typique de roman étranger dont la transposition chez nous ne fonctionne pas. En tout cas pas pour moi. Car même si
Enquête secrète de
Bin Konno – traduit par
Jacques Lalloz – a été salué et récompensé au Japon, sa version française ne convainc pas.
L'intrigue de départ est classique, à base de crimes en série et de victimes dont le point commun semble être d'avoir été eux-mêmes criminels autrefois, mais libérés après un trop court passage en prison. Enfin c'est ce que pense manifestement le coupable.
Voilà pour l'intrigue, qui n'ira en fait pas beaucoup plus loin, ne servant de prétexte à l'auteur que pour explorer le système policier et le monde de la haute fonction publique japonais, vus de l'intérieur.
Shin'ya Ryūzaki est Directeur des Affaires générale à l'Agence nationale de police de Tokyo et dans ses pas, vous apprendrez le parcours universitaire idéal pour atteindre ces hautes fonctions, les impairs protocolaires et relationnels à ne pas commettre, les différences entre l'élite du siège et la piétaille du terrain.
Parallèlement, sa vie familiale bascule quand il découvre que son fils se drogue et après l'avoir confiné en chambre (à 18 ans !), il balance entre dénonciation et case prison pour le rejeton ou seppuku pour lui-même.
Vous l'aurez compris, les travers de l'enquête comme ses soucis familiaux vont conduire Ryūzaki à interroger ses fondamentaux bien (trop ?) établis et, peut-être, amener ce machiste, rigide, suffisant et arrogant à une petite révolution morale personnelle, qui n'était pas gagnée d'avance.
« Il voulait bien admettre que les ignorants ne le comprennent pas. On n'exigeait pas de l'hirondelle ou du moineau qu'ils aient les ambitions du cygne. »
Sauf que transposés en France, les codes sociaux japonais ne fonctionnent pas et même en tentant de ne s'intéresser qu'au côté ethnologique du livre, c'est malheureusement insuffisant. Ce qui ne m'empêchera pas de continuer à explorer le polar japonais…