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Je découvre Luca Tahtieazym avec ce titre, son premier livre sauf erreur.
Une histoire en blanc et noir, blanc dehors et très noir dedans, je ne crois pas avoir déjà lu une histoire aussi sombre et désespérée, ici les âmes sensibles feront bien de s'abstenir.
Il s'agit d'un récit post apocalyptique de qualité, un jour la neige est tombée abondamment, et ce dans le monde entier, amusant au début, puis franchement inquiétant après une semaine. Un an plus tard la neige tombe toujours, tous les jours, et les survivants de moins en moins nombreux sont constamment obligés de bouger sous peine d'être ensevelis en deux jours, les ressources sont rares, le froid et la faim font des ravages, et pour ne rien arranger, les loups sont devenus des prédateurs féroces.
Les loups, ceux à quatre pattes, et ceux qui marchent debout, car dans ces conditions extrêmes, l'homme est devenu un loup pour l'homme, l'instinct de survie va révéler le pire chez certains.
Le thème principal sera la paranoïa. Dans ce monde dénué de pitié, chaque rencontre est incertaine, faire confiance pouvant être fatal, l'auteur va exceller dans le traitement psychologique de ses personnages en proie à la peur permanente, car la mort peut survenir de multiples façons dans ce contexte délétère.
L'auteur va nous proposer deux parties distinctes dans ce roman noir, une première narrée à la première personne avec "Blanche neige" qui suit une quête obsessionnelle, et une deuxième partie où nous suivrons un groupe qui s'est organisé pour la survie. Ces deux parties vont se compléter à merveille, vous ne sortirez probablement pas indemnes de ces chroniques du "Blanc" qui en plus d'être dramatiques, vous poseront quelques questions intéressantes.
J'ai regardé il y a peu, un documentaire sur l'Antarctique, il y est question de cinq kilomètres d'épaisseur de neige et de glace par endroit, de quoi apporter de la crédibilité au contexte de ce roman.
En conclusion, j'ai apprécié la construction et le style de cette histoire, j'ai aimé également le rythme soutenu qui ne vous laisse pas le temps de souffler, bref, une belle première rencontre qui en appellera d'autres.
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Chaos est un roman post-apocalyptique dans lequel le blanc a tout envahi : depuis presque une année, il n'a cessé de neiger. le monde n'est plus constitué que de quelques tribus éparses d'hommes, de femmes et d'enfants quasiment redevenus sauvages, parfois accompagnés de chiens ou équipés de traîneaux. Exit l'entraide ; Désormais seule compte la survie.
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Dans cet univers glacé, nous suivrons une femme, une survivante qui, méfiante, refusera de dire son nom à quiconque tentera de l'approcher. Nous l'appellerons donc Blanche Neige. comment a-t-elle réussi à survivre jusqu'ici toute seule ? L'était-elle au départ ? Quel est son but : va-t-elle quelque part ou rejoint-elle quelqu'un ? A-t-elle un plan pour continuer à survivre ? C'est en suivant le déroulement de ses pensées que nous guetteront les réponses à ces questions, ainsi que des bribes d'informations sur ce qui s'est passé jusqu'alors. Nous découvrons rapidement que si elle est parvenue à survivre, en étant seule, c'est avec la rage et un objectif bien précis : le tuer « lui » pour en venger un autre.
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Nous suivrons ensuite l'évolution d'un groupe de naufragés de la neige beaucoup plus nombreux. Eux aussi font face au danger de ce Nouveau Monde : le froid, les loups, les tempêtes qui empêchent d'établir un campement durablement sous peine d'être ensevelis, les avalanches et l'absence de vivre, qui conduisent les plus gentils à combattre et à devenir, pour certains, de cruels meurtriers.
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L'ambiance de ce monde immaculé, sur lequel ne ressort que le rouge du sang versé en sacrifice, de ce monde en sourdine où l'on entend seulement le frottement des anoraks, le craquement des pas dans la neige, les hurlements des loups à la mort, m'a semblée réaliste et fort réussie. L'histoire de Blanche Neige m'a intéressée, j'ai tremblé pour elle à chaque mauvaise rencontre, à chaque homme qui en voulait à sa féminité ou à sa viande de loup congelée, à sa tente, ses armes ou encore ses habits. L'auteur nous enferme plutôt bien dans l'état d'esprit des personnages, une prison glauque tapissée de blanc et de pourpre.
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Las, son histoire, trouve un terme aux alentours de la page 200 sur 300 : qu'allons-nous bien pouvoir lire les 100 dernières pages ? L'auteur fait alors le choix d'un retour en arrière, nous plaçant parmi le groupe que l'on comprend être celui que partageait Blanche Neige au départ. Ce retour en arrière, alors que l'auteur nous avait déjà donné en partie la fin de l'histoire, m'a fait l'effet d'un recommencement forcé. Ai-je vraiment envie de revivre ça même sous un autre angle : toutes les luttes et turpitudes, les inhumanités, les engelures, les morts alors que j'avais déjà entrevu une partie de la fin ?
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A ce moment-là j'ai été découragée par cette construction choisie par l'auteur, j'aurais préféré une alternance des deux histoires maintenant le suspense, en dévoilant les informations au compte-goutte mais régulièrement et chronologiquement - quitte pourquoi pas à ce que l'une ait un peu de retard sur l'autre. Là, j'étais déjà fourbue lorsqu'il m'a remise dans la neige. Cependant j'ai quand même réussi à m'attacher à certains personnages du groupe et donc à m'intéresser à leurs aventures… Et puis, j'avais envie de savoir ce qu'il pouvait me révéler que Blanche Neige m'avait obstinément refusé dans toutes les conversations et les interactions que j'avais vécu avec elle. C'est alors que j'ai compris que je ne serai, effectivement, pas déçue... et que je ne savais pas tout à propos de la fin entrevue.
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J'ai donc globalement passé un vrai bon moment avec ce roman aux multiples révélations et à l'ambiance faussement ouatée, malgré un petit coup de mou entre la page 200 et la page 250, raison pour laquelle ce n'est pas le coup de coeur que j'attendais, moi qui adore ces mondes saoulés de neige, de blanc et de silence.
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Brrrr !! Ce livre est totalement glaçant dans tous les sens du terme !
C'est avec mon amie Siabelle que j'ai traversé ce périlleux et sombre voyage à travers une lecture commune.

Luca Tahtieazym nous plonge dans un univers post-apocalyptique où le monde entier semble être enseveli sous des mètres de neige.
Que reste-t-il ? Un paysage blanc... du blanc partout. de la neige qui ne cesse de tomber, un froid intense qui vous glace jusqu'aux os, des meutes de loups prêtes à vous dévorer, quelques survivants la plupart du temps malintentionnés...
Qui peut continuer à vivre alors que le monde est fini?

Dans cet univers hostile, nous suivons une femme seule qui se bat corps et âme pour retrouver son groupe qu'elle a perdu. Elle n'a qu'une chose en tête : les rattraper en allant vers le sud et survivre pour se venger d'une personne.
La première partie du roman nous immerge avec elle dans ce monde sans pitié depuis que Le Blanc a tout recouvert.
On vit avec elle sa solitude, ses nombreuses peurs, ses rencontres effrayantes... j'ai beaucoup aimé ce personnage.
Les maigres biens qu'elle possède sont la convoitise de tous. Chaque objet devient indispensable, voir vital.
L'auteur décrit parfaitement bien le paradoxe concernant le contexte de l'histoire : l'horizon infini d'un paysage totalement dégagé où les contraintes quotidiennes sont absentes... on pense de suite à une grande liberté. Pourtant, dans ce même paysage on se sent oppressé, piégé et emprisonné.

Dans la deuxième partie, nous faisons connaissance avec le fameux groupe. Une trentaine d'adultes, une quinzaine d'enfants et des chiens.
Tous marchent désespérément dans un seul but : trouver une terre où le climat serait plus doux.
Certains personnages sont attachants comme Archie et Nagib. D'autres sont plus impressionnants comme Varech et Mikolaj.
Cette seconde partie nous montre cette fois la vie en communauté avec les quelques règles qui subsistent et où le rôle attribué à chaque personne à son importance. le caractère des personnages est bien développé. On vit avec eux leurs affinités et leurs désaccords.
Certains sont prêts à tout pour survivre.
Le climat de violence est quasi permanent. La faim ronge les estomacs, la nourriture se raréfie car quelques animaux seulement sont présents, mais encore faut-il réussir à chasser! La santé des survivants décline, la fatigue pèse, les psychologies basculent.
On fait face à la loi du plus fort où l'on découvre aussi le côté sombre de l'être humain.
Luca Tahtieazym nous montre bien que lorsqu'il s'agit de survie, certains instincts peuvent se réveiller. Mais rester sur ses gardes parfois ne suffit pas.
J'ai aimé le fait que l'auteur évoque certaines conséquences climatiques dues aux dérèglements et perturbations des écosystèmes. Il nous laisse réfléchir sur certains points.
Une belle transition est faite entre les deux parties du livre. Je ne m'y attendais pas! Malgré la lenteur de ce dur périple, le suspense est toujours présent. L'écriture est légère et agréable.

J'ai lu ce livre alors qu'il neigeait dernièrement à Paris et je peux dire que c'était encore plus fort avec cette ambiance!
M. Tahtieazym, je prie pour qu'un Chaos 2 voit le jour! .
La fin nous fait réfléchir et nous laisse imaginer des tas d'autres choses!
Vous l'avez compris chers amis lecteurs, ce livre est un beau coup de coeur et j'en redemande!

Je vous invite à lire la belle critique de ma chère amie Siabelle, qui complétera probablement ce que j'ai dit sur cet excellent roman.
Merci à toi Isabelle pour nos beaux échanges au cours de cette lecture et merci également de m'avoir fait découvrir cet auteur talentueux!
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Pour un amoureux des mondes post-apocalyptiques qui retombent à l'ère glaciaire, j'ai bien été servi avec « Chaos » le livre de Luca Tahtieazym. Je l'ai découvert grâce mes amis CasusBelli et Nicolak que je tiens à remercier ici au passage.

Dans ce récit, la neige qui s'est mise à tomber soudainement, recouvre rapidement notre bonne vieille Terre. C'est le côté magique d'un monde devenu blanc qui donne l'impression de départ mais les chutes de neige interminables deviennent bien vite catastrophiques et infernales pour les survivants. Ceux-ci sont obligés de bouger sans cesse sous peine d'être ensevelis par ce linceul blanchâtre. L'économie s'arrête et les ressources s'épuisent. le froid, la faim, les prédateurs féroces que sont devenus les loups font le quotidien des derniers humains. Dans cet univers impitoyable où l'instinct de survie est poussé à l'extrême, les règles de sociabilité qui permettent la cohésion du groupe disparaissent. La loi du plus fort devient la seule norme dans ce roman noir où la mort se rencontre à chaque page du roman.

Luca Tahtieazym divise son récit en deux séquences bien distinctes. Si la première partie nous narre l'histoire d'une femme qui lutte seule pour sa survie, celle-ci s'oppose à la seconde qui nous fait découvrir un groupe d'une cinquantaine de personnes composé d'hommes, de femmes et d'enfants qui essaient de résister ensemble aux vicissitudes de ce monde autant glacé qu'inhumain. le style fluide et dynamique de l'auteur donne à l'intrigue un côté haletant qui nous pousse à ne pas interrompre notre lecture. Les personnages même s'ils sont nombreux, sont bien décrit pour rester suffisamment attachants pour les gentils et véritablement haïs pour les méchants. Luca Tahtieazym ne fait pas dans la dentelle et les âmes sensibles sont priées de passer leur chemin. Une prose percutante et un vocabulaire riche font de ce jeune écrivain un futur auteur à succès…

Une histoire qui m'a tenu en haleine du début à la fin. Un récit que j'aurais pu emporter sur mon île déserte. Une plume agréable qui peut être cassante mais qui est toujours addictive. Un auteur qui sait nous confronter à la noirceur de l'âme humaine et de sa folie. Une lecture que j'ai beaucoup appréciée et que je vous conseille à mon tour de découvrir.

Vous pouvez retrouver ce titre dans ma liste de livres «Le froid, la glace et la neige dans la littérature de science-fiction.» au lien suivant : https://www.babelio.com/liste/16875/Le-froid-la-glace-et-la-neige-dans-la-litterature-
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Vous ne regarderez plus les vastes espaces d'une blancheur immaculée de la même manière…

Onze mois que la neige tombe sans discontinuité partout sur la terre, ensevelissant à jamais l'ancien monde. Dans ce climat de fin du monde, une femme est livrée à elle-même, aux prises avec ses pensées, ses doutes, sa solitude, sa souffrance, la faim, les blessures, les prédateurs, tout son être tendu vers la recherche du groupe, ou devrais-je dire de la horde avec qui elle vivait, là où se trouve aussi l'Autre…

J'ai trouvé qu'il y avait de faux airs à ‘la route' de Cormac McCarthy dans la première partie, excepté que ce n'est pas la cendre qui recouvre le monde, mais la neige, Le Blanc, un Blanc qui fait tache dans cet univers d'une noirceur absolue, un univers où s'arrêter équivaut à mourir, où se retourner sur le passé, c'est prendre le risque de renoncer à lutter. Notre héroïne trébuche souvent, mais elle continue d'avancer. Parviendra-t-elle à rattraper cette diable de horde? Dans ce monde, il faut s'adapter, quitte à y perdre son âme…ou mourir.

Mais tandis que l'humanité se délite sous nos yeux, on ne peut s'empêcher de tourner les pages, tenaillé par le besoin de comprendre ce qui s'est passé, entre elle, l'Autre et cette horde. Des hordes d'hommes dont l'organisation hiérarchique ressemblent à s'y méprendre à celle des loups d'ailleurs. du loup alpha au loup oméga, chacun doit tenir son rôle. Nous plissons les yeux pour ne pas perdre de vue la petite lueur d'humanité qu'on a cru entrapercevoir. Est-ce un leurre ? Malgré quelques redondances, et quelques petits détails un peu invraisemblables, l'écriture alerte tantôt introspective, tantôt explosive met surtout en scène l'homme, ce dont il est capable quand il est soumis à des conditions extrêmes, et cet instinct de survie qui le conduit à tous les extrêmes… Ou trouver la volonté de survivre quand on a perdu ce qui nous était le plus cher, et tout ce à quoi nous croyons ? Et jusqu'où est-on prêt à aller pour survivre ? Pas toujours joli, joli…mais comment en serait-il autrement quand dans des conditions dites « normales », ou tout au moins pas encore post apocalyptiques, il est déjà capable du pire ? La construction du récit réserve aussi quelques surprises. L'auteur joue avec les parties comme une course de relai.

Un récit oppressant mais captivant, comme un étau aux mâchoires rutilantes qui se resserrent lentement... Oui mais jusqu'où ? Brrr…. Chaos est le premier roman de Luca Tahtieazym mais il en a écrit d'autres depuis. Assurément un auteur découvrir !
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Les mondes post-apocalyptiques nous sont devenus familiers par les films. de l'action, des survivants qui traversent de terribles épreuves, peu de place pour la réflexion, normal… c'est du cinéma. En ouvrant ce livre, publié en autoédition sous le pseudonyme de Luca Tahtieazym, je n'espérais pas seulement découvrir une dystopie avec paysages de toundra, tempêtes de neige, glaciers qui s'avancent ou villes fossilisées par le givre, j'attendais plus encore du romancier : de la sensibilité, de l'introspection, que son imagination me montre ce qui arrive à des êtres ayant vu s'écrouler tout ce qui faisait leur raison d'être et qui doivent accepter une existence dévaluée, réduite à la lutte pour la survie.
On apprend pour commencer que la neige a recouvert les terres émergées et qu'elle ne cesse de tomber. Un univers blanc, presque plat, à perte de vue. Pour les paysages, on repassera ; inutile de renâcler, on a embarqué et c'est l'auteur qui conduit le traineau. Que croise-t-on dans ce monde à part la faim ou le froid ? Eh bien, des humains et des loups qui s'entre-dévorent, à quoi s'ajoutent quelques lapins et autres rongeurs qui jouent les utilités. J'ai tenté de m'intéresser aux caractères des personnages, mais force est de constater que leur psychologie n'est guère plus épaisse qu'une pellicule de glace. Une pensée importante qui anime le personnage principal, c'est la loi de Murphy, "le pire finit toujours par arriver". Quand les protagonistes regrettent le passé, c'est surtout le confort matériel qui est mentionné. Et à l'instant où un loup menace d'attaquer, est-il opportun d'évoquer la pensée de Nietzsche ? Cela étant, une fois admis qu'il s'agit d'un roman d'aventures, les considérations psychologiques deviennent secondaires, et même si je reste sur ma faim, je peux survivre.
Les événements s'enchaînent : fuite des rescapés vers le sud, tentative de viol, meurtres, batailles et autres carnages, émaillés de scènes de cannibalisme. J'aurais mauvaise grâce à m'en plaindre. Pénurie de ressources + loi du plus fort = tout le monde s'étripe joyeusement, c'est la recette du post-apocalyptique, âmes sensibles s'abstenir. Oserais-je tout de même une petite protestation auprès de l'auteur ? Ce cycle perpétuel d'intimidation, domination, soumission, vengeance, ça n'est pas un peu répétitif ? D'autant qu'entre les scènes d'action viennent s'intercaler des dialogues où les personnages s'interrogent lourdement sur les causes divines ou thermiques du dérèglement climatique, ce qui peut se résumer ainsi : "Ben, on sait pas". Une réponse aussi brève n'est pas vraiment satisfaisante, j'en conviens, mais imaginez la version longue... Risquerais-je une seconde remarque ? Je n'ai pu faire autrement que de relever nombre d'incohérences dans le récit. Juste un exemple : les êtres humains se nourrissent en piégeant les lapins ; or, la terre est recouverte par des centaines de mètres de neige, diable ! pas de chaîne alimentaire, mais que les lapins mangent-ils donc ? L'auteur lui-même pose la question à plusieurs reprises, mais le procédé est un peu facile. A chaque invraisemblance, le lecteur dérape, c'est comme patiner sur une rivière gelée dont la surface serait parsemée de branches et débris divers pris dans la glace, forcément on bute régulièrement.
J'aurais encore une critique à propos du style qui me paraît pour le moins hétéroclite. J'en tremble d'avance car j'entends déjà l'exclamation agacée de l'auteur, "Mais c'est un thriller, vous n'espériez pas du Chateaubriand tout de même !". Non, non, pas quand même, je m'en voudrais d'une telle exigence, j'aurais seulement préféré que le style se fasse un peu oublier. Je comprends que n'ayant bénéficié d'aucune révision éditoriale, l'écriture puisse contenir quelques incorrections*, mais pourquoi charrier d'autres moraines sous forme de ces métaphores hasardeuses** qui sont légion ou de ces termes rares et précieux*** qui détonnent dans le texte, sans parler de ces "j'eusse été", "j'eusse pu" ou "j'eusse voulu" qui reviennent si fréquemment. On a l'impression chaque fois de recevoir dans la figure une boule de neige pleine de gravier, je vous assure, c'est violent.
Des gens qui se perdent dans une nuit hivernale, une lecture pesante comme une longue marche dans une neige épaisse, soudain je me demande quel serait le plus horrible, périr de froid ou d'ennui à travers les bourrasques d'un blizzard littéraire trop vite rédigé ? Mais je m'égare... Je m'étais juré de ne jamais écrire de critique négative, et voilà, c'est raté. Je m'empresse de préciser que sur les onze commentaires de ce roman déjà présents sur Babelio, tous sont favorables et même enthousiastes pour la plupart. Je suis le douzième, ouf, j'ai évité la place de Juda. Je sens bien que je dois faire un effort, aussi finirai-je sur une note positive en soulignant le fort potentiel de cette fiction barbare. Il est hors de doute qu'elle fournirait un scénario d'excellente facture à une mauvaise série B dont les péripéties surgelées raviraient les connaisseurs.

*Léthargie anesthésiante, volonté inexpugnable, une fournaise attisait la surface, des explications avaient été arguées. **La nuit tombait à coups de rayons noirs et le froid qui l'accompagnait invariablement déposerait sur les muscles ses caresses paralysantes d'ici peu de temps. Les flocons de neige voltigeaient. Ils étaient emportés avec une telle frénésie qu'ils devenaient aussi puissants que des projectiles catapultés par un lance-pierre. ***Alacrité, inane, tædium vitæ, etc.
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Vous est-il arrivé de perdre l'envie de lire ? de n'être tenté par aucun livre à votre disposition ?
Sûrement, mais c'est tout de même une drôle de sensation, surtout si, comme moi, vous ne pouvez laisser passer une journée sans lire.
Pour choisir la lecture idéale en ces temps de fatigue et de morosité, je me suis fixée un objectif : retrouver le plaisir de prendre un livre, de l'ouvrir, de me plonger dedans. Pour cela, j'avais besoin d'une lecture pas trop longue, dépaysante et distrayante, agréable et sans complexité. J'avais aussi envie d'une intrigue addictive, pleine de rebondissements.

En regardant ma pal, mon regard s'est posé sur ce roman repéré suite au billet de Nicola (@NicolaK) et relu il y a peu. Je ne regrette pas mon choix, « Chaos » a été tout cela à la fois. Dès les premières lignes, le talent de narrateur de Luca Tahtieazym m'a emportée dans ce monde implacable qui s'est figé peu à peu dans le froid et la neige. L'ambiance est étrange, glauque, violente, changeante : apaisante et silencieuse, elle est l'instant d'après d'une extrême violence, plongeant les lecteurs dans un véritable chaos.

*
Pour une raison inconnue, sans doute le dérèglement climatique, le ciel s'est assombri de nuages épais et sinistres, il y a de cela un an déjà. Les températures ont chuté brusquement, puis les flocons de neige se sont mis à tomber sans discontinuer, de manière drue, même sur des régions du monde où il n'avait jamais neigé auparavant.

Une femme, seule, marche dans la neige, animée par la volonté farouche de rattraper le groupe de rescapés dont elle faisait partie. Elle tiendra debout jusqu'au bout, pour se venger d'un de ses membres, l'Autre. Nous n'en savons guère plus au départ. Même son prénom nous est inconnu, elle se fait appeler de manière assez cynique, Blanche-Neige.

« La vie est devenue une torture. »

*
J'ai aimé cette première partie dans laquelle il y a peu de personnages.
Luca Tahtieazym se concentre sur cette femme. Sans nom, sans vraiment de passé très clairement défini, elle a conservé pour moi une aura de mystère. Mais, malgré cela, ses émotions et ses sentiments nous la rendent proche.

« À présent, ne subsistait plus que deux catégories d'êtres : les prédateurs et les proies. On n'était pas un prédateur à vie. Une proie en revanche, si, parfois ; souvent. J'étais une proie qui refusait gauchement sa condition. »

A travers ses pensées, on fait connaissance avec ce monde anormal et monochrome, ce Blanc cauchemardesque qui aspire la vie, qui laisse les loups pulluler et s'attaquer aux hommes qu'ils ne craignent plus.
Les paysages immaculés s'étendent à l'infini et pourtant leur aspect livide diffuse insidieusement un sentiment d'oppression, de captivité, de claustrophobie. Dans cette ambiance chaotique, hostile et blafarde, les hommes vivent, survivent, endurent, souffrent, meurent, pleurent.

*
Si je vous parle d'une première partie, c'est que l'auteur m'a prise au dépourvue par une sorte de « fin » abrupte en plein milieu du roman.
On comprend très vite que cette deuxième partie nous entraîne maintenant à l'intérieur du groupe que la femme poursuit. Mais à quel moment de l'intrigue sommes-nous ? La femme est-elle présente au milieu de ces individus, l'auteur nous ayant propulsé dans le passé afin que nous comprenions l'origine de cette haine ? Est-on dans le présent et va-t-on assister à la confrontation entre la femme et l'Autre sous un autre regard ? Est-on dans le futur et alors il nous manque un morceau du puzzle pour tout reconstituer ?

J'ai aimé être bousculée par la narration, ne pas pouvoir anticiper les revirements de l'intrigue. Les personnages sont beaucoup plus nombreux dans la deuxième partie mais l'auteur les décrit suffisamment bien pour nous les rendre attachants ou odieux. L'écriture est simple, très fluide, efficace.

*
L'auteur a retenu mon attention par une bonne caractérisation des personnages : les évènements, l'absence de droit et de règles, le désordre social vont révéler leur vraie nature.

« Nous étions la lie de l'ancienne humanité, des croisements félons entre rats et hyènes. »

Dans cette atmosphère glaciale, brutale et écrasante, c'est la loi du plus fort qui prédomine, l'homme devient un loup pour l'homme. Pour survivre à la neige et au froid, à la faim et aux maladies, aux loups et aux hommes, certains sont capables des pires horreurs.

« La paranoïa permettait de survivre, pas la crédulité. »

J'ai évoqué la place des personnages et de la nature à l'état brut parce qu'elle est l'enjeu de réflexions et de nombreux thèmes sur la survie et le dépassement de soi, sur la nature humaine et le rapport à l'autre, sur la morale et l'humanité. Il est question de solitude et de deuil, de résistance et de courage, de confiance et d'entraide, d'individualisme et de barbarie, de solidarité et de compassion, de combativité et de lâcheté, de folie ou de résilience.

« La compassion rend moins apte à survivre. »

*
Entre le roman post-apocalyptique, le récit d'anticipation et la dystopie, « Chaos » joue avec les codes avec une parfaite maîtrise de l'intrigue et des décors, ainsi qu'une réelle profondeur dans les personnages.
Un thriller psychologique prenant, sans temps mort, qui laisse le lecteur indécis jusqu'à la toute dernière page. A découvrir.
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Happée dès les premières pages, j'ai été emportée par le récit tout au long de ma lecture.
Aucun temps mort, l'auteur nous tient en haleine au fil des mots et des pages qu'on tourne inlassablement. C'est le genre de livre dont on brûle de connaître la fin, tout en souhaitant qu'il dure encore et encore.
Le roman est divisé en deux parties. Pour la première une femme seule qui tente de survivre vaille que vaille, malgré la neige, le manque de nourriture, les loups qui guettent, et puis cet enfant qui surgit de nulle part et elle, la sauvage, la méfiante, va s'y attacher.
On sait qu'elle veut se venger, mais de qui, de quoi ? Il faudra attendre la fin du livre pour le savoir.
Arrivée à la fin de la première partie du livre, je me suis demandé comment l'auteur allait bien pouvoir rebondir, mais c'était bien mal connaître Luca Tahtieazym que penser qu'il éprouverait des difficultés.
Et effectivement, la seconde partie démarre sur les chapeaux de roues aussi et on se retrouve cette fois avec un groupe de survivants, des adultes accompagnés d'enfants. Dans ledit groupe, il y a une sorte de hiérarchie, c'est ainsi que fonctionnent les humains, n'est-ce pas. Mais chacun a son rôle à tenir et sa tâche attribuée, et cette suite du roman est captivante et ne nous laisse aucun répit. Des personnages attachants (pas tous, n'abusons pas, y a des pourris), tous décrits avec méticulosité, si bien qu'en peu de temps c'est comme s'ils faisaient partie de nos proches. Enfin disons qu'on se glisse bien dans leur peau et qu'on a l'impression de les connaître.
La fluidité du style associée á la richesse du vocabulaire font de ce bijou un incontournable. Je me jette derechef sur les suivants.
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Après ma lecture, avec le livre d'Élise, je ne veux pas trop attendre, pour découvrir, mon nouvel auteur, que j'affectionne beaucoup. Avec mon amie Colette, je poursuis ma découverte, avec le roman «Chaos». Je ne sais pas pourquoi, il m'attire, surtout que la saison y est pour quelque chose aussi. Il fait partie de ses premiers écrits et vraiment Luca Taetheazym est une véritable révélation, à mes yeux. Je considère qu'il est vraiment un auteur talentueux et il est très audacieux. Je remarque qu'il ne recule devant rien, pour ses lecteurs.

Passionnant, Saisissant, Éprouvant

Le livre «Chaos» est une lecture très addictive, quand tu ouvres ton livre, tu ne peux plus le lâcher. Lorsque tu entres dans cet univers enneigé, tu perds vite la notion du temps et tu y embarques toi aussi, à coup sûr. le roman «Chaos» est découpé en deux parties. Dans la première partie, on fait la connaissance, du personnage Blanche-Neige, elle tente à tout prix, de retrouver un groupe, qui se dirige vers le sud. On découvre que son but, c'est de se venger d'un homme, qui fait partie du groupe. Dans la deuxième partie, on suit donc le groupe, qui s'oriente lui aussi vers le sud, en espérant trouver un climat moins sauvage.



Au fil des pages, tu suis vraiment avec attention la progression des personnages, ils essaient de survivre, dans ce milieu glacial. Je me rends compte, que rien n'est plus comme avant et les lois n'existent plus. C'est vraiment trop flippant leur nouvel environnement et on se demande comment on agirait, si ça nous arrive. L'auteur Luca Taetheazym aborde des sujets, qui nous font réfléchir et la question existentielle : est-ce qu'on ferait vraiment TOUT, pour survivre, vraiment TOUT ?

Quand tu lis cela : «la neige hypnotisait et elle n'était que fatalité», je pense que tu ne sais même pas à quoi tu t'affrontes… Luca Taethieazym dépeint très bien le tableau et au fur et à mesure, que tu avances, tu ressens très fort, une notion, qui s'éveille et qui se révèle : «l'Âme humaine se révélait dans toute sa médiocrité».

Au cours de ma lecture, je suis vraiment subjuguée par la grande force, de l'écriture de Luca Taethieazym. Je suis vraiment happée par l'atmosphère malsaine, qui s'y dégage et on se croit vraiment être sur les lieux. Je perçois vraiment une minutie dans les détails et tu imagines très bien, grâce aux descriptions précises, qui sont vraiment bien décrites. Je considère aussi, que les personnages sont très bien construits, il les malmène très bien et il maîtrise très bien l'art, de son intrigue. Il sait aiguiser ta curiosité car tu te demandes toujours jusqu'où Luca Taethieazym veut t'amener. Je suis vraiment ensorcelée par mon livre et je suis envahie par toutes sortes d'émotions car vraiment Luca Taethiazym sait également te surprendre et jouer avec toi.



Pour terminer, je suis si triste de quitter cet univers dont je me suis très fortement imprégnée. Je me suis vraiment immergée dans ce décor, que je parcours aussi dans cette nature sauvage, avec ses grandes étendues. C'est vraiment un univers hostile, dangereux et farouche. Je n'oublierai surtout pas, des personnages, qui se démarquent au cours de leurs périples comme Blanche-Neige, Varech, Archi ainsi que Nagid et Lulu. Je suis curieuse aussi, de savoir, ce qui arrive, à nos personnages qu'on ne revoit pas. Je ne peux que confirmer, que c'est un monde très à part, qui te fait bousculer et que tu peux y perdre la raison.

Pour cela, Luca Taethieazym maîtrise très bien ses cordes à son arc car tu ne ressors pas delà indemne. C'est vraiment une lecture captivante, que je dévore page par page et que je ne peux que recommander.

L'auteur Luca Taethieazym se spécialise dans le domaine du thriller, il faut bien choisir son livre car incontestablement il sait venir toucher nos cordes sensibles. Son livre «Chaos» fait partie de mes livres préférés. C'est un excellent thriller avec une plume fluide, efficace et intense. Je le remercie pour sa disponibilité et nos échanges via Facebook messenger : https://www.facebook.com/luca.tahtieazym

C'est un gros coup de coeur et ce qui est aussi merveilleux, c'est de partager aussi ma lecture, avec mon amie Colette. Je déclare que nos analyses amènent une richesse, autour de ce livre. Je crois qu'aussi que nos impressions sont très bien partagées. Vous pouvez aller voir sa belle chronique car c'est son premier livre, qu'elle découvre de Luca Taethieazym.

"Lire, c'est aller à la rencontre d'une chose qui va exister" - Calvino

Avec Colette, c'est toute une excursion, dans laquelle, on fait toute une descente, est-ce que d'autres lecteurs veulent s'y risquer ? Pourquoi est-ce qu'il y aurait un débalancement climatique ? Qu'est-ce qu'on ferait s'il ne faisait que neiger ? Pour avoir des réponses, s'ils en résultent, il faut se plonger dans «Chaos», allez découvrez-le.

Siabelle
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Dans le cadre de notre petit défi littéraire, Nadou m'a choisi un livre qui me sort totalement de ma zone de confort. Merci à elle, il en faut un peu quand on lit beaucoup  ;-). Il faut changer de genre de lecture, ce serait trop facile sinon lol.
Donc du post-apocalyptique glaçant, de la neige soudaine et drue partout depuis près d'un an, le monde est envahi par ce grand Blanc. Des hommes, des femmes en mal de survie. Des loups partout qui attaquent de plus en plus en meutes. La faim, le froid, la solitude, la mort omniprésente.
Des vengeances en suspend de retrouver les coupables.
Le roman est scindé en deux parties.
La première nous raconte le périple d'une femme, seule dans ce grand blanc, pour qui la vengeance est le seul moteur à sa survie. Et il lui en faudra du courage et de la ténacité au fil de chaque pas fait pour retrouver l'Autre.
La deuxième partie nous plonge au milieu d'un groupe d'hommes, de femmes nombreux. On dit que l'union fait la force, mais à force de mésaventures, de drames, de morts, la solidarité en prend un coup.
Et puis ne dit on pas, l'homme est un loup pour l'homme.
Un roman glaçant, cruel, désespérant. Aucune perspective que cette neige qui envahit tout. Même l'humanité des hommes disparaît.
Je ne peux pas dire que ce soit un sujet qui m'ait passionnée, je m'y suis laissée prendre néanmoins. On veut toujours connaître la fin de l'histoire.
J'ai trouvé le roman pas mal tourné, l'idée est bonne. Mais la narration pâtit de longueurs et de redondances. Il y a bien sûr des moments où l'action s'accélère et où les personnages prennent de la puissance. Et puis certaines notions carnivores m'ont un peu soulevé l'estomac. A ne pas lire après un bon repas ;-)))
Au final, un livre à découvrir, pour qui aime la neige, quoique là les mordus n'apprécieront pas forcément.
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