AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Mutsuo Takahashi (Autre)Bruno Smolarz (Traducteur)
EAN : 9782379060427
78 pages
Presses de la Sorbonne nouvelle (12/03/2020)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Anthologie de courtes poésies en vers libres, ce recueil suit les jalons de la vie, réelle ou imaginaire, de l'un des auteurs majeurs du Japon depuis l'après-guerre, TAKAHASHI Mutsuo. Pour la première fois, un aperçu de son oeuvre prolifique et protéiforme, qui inclut poésies traditionnelles, poèmes narratifs, essais, romans, théâtre... , est ici présenté en français. Cette parole, nourrie de culture sino-japonaise et enrichie d'apports cosmopolites, est attentive a... >Voir plus
Que lire après Printemps florentin Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quand la poésie tient dans la paume d'une main…
Intuitive et sensuelle, l'écriture de Takahashi Mutsuo est avant tout autobiographique, imprégnée de ses origines de l'île de Kyūshū, paysage de campagne de la plus méridionale des quatre îles de l'archipel japonais, mais aussi de culture sino-japonaise et gréco-romaine.

Les thèmes s'y déploient de manière factuelle, dans un rapport immédiat au monde, dans une relation subjective, émotionnelle, intellectuelle de l'ailleurs, du temps, de la nature, des vivants et des êtres disparus.
De nombreux voyages à l'étranger (dont celui à Florence qui a fait naître les très beaux poèmes de Printemps florentin), le travail de traduction de nombreux poètes antiques et contemporains ont fini de donner une portée universelle à l'écriture de Takahashi Mutsuo. Écrite en vers libres, sans rimes et sans ponctuation, c'est une poésie à la beauté étrange, existentielle, très attachée à la langue et qui interroge constamment la nature de nos sentiments, partagés entre le sacré et le profane, le passé et le présent, sans toutefois y apporter de réponse.

En lisant une lettre

Les Ne m'oubliez-pas fleurissent un peu partout dans le jardin
où j'apporte une chaise pour lire une lettre
en lisant dodelinant je somnole
cette lettre quand et par qui a-t-elle été écrite
le moment et la personne sont oubliés
(qu'elle ait été écrite hier que ce soit toi qui l'aies écrite
devrait-il y avoir une raison à cela)
le moment où elle est lue et par qui cela aussi est oublié
(qu'elle soit lue maintenant que ce soit moi qui la lise
pourquoi devrait-il en être ainsi)
il y a seulement en pleine lumière la lettre déployée
le jardin dodelinant somnole
la lettre aussi somnole puis est oubliée

Tout le charme évanescent et singulier de la poésie de Takahashi Mutsuo est contenu dans cette belle petite anthologie bilingue, au format très réduit, publiée aux Presses de la Sorbonne Nouvelle. Tout un voyage, toute une poésie universelle dans la paume d'une main…
Commenter  J’apprécie          230

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'ENFANT MORT

Petit garçon sans amour
du plus haut d'une enfance effrayante
soudain
je suis tombé dans un puits obscur
les mains de l'eau noire
ont serré mon cou fragile
une infinité de pointes froides
m'ont frappé
pour transpercer mon cœur humide comme un poisson
telle une fleur je me suis gonflé de toutes mes entrailles
flottant sous la surface des eaux
bientôt de la protubérance malhabile entre mes jambes
un bourgeon indécis poussera
se dressant d'une main frêle dans une terre lourde
viendra un jour où un arbre pareil à un visage livide
frémira sous une lumière blessante
moi
autant que la part d'ombre
je veux la part de lumière
en moi
Commenter  J’apprécie          320
Maman qui nage

J'ai vu Maman nager une seule fois
l'été où écolier j'apprenais à nager
agrippé au rebord d'une barque amarrée
je vis tout d'un coup une main pâle
près de la mienne brûlée de soleil
elle s'éloigna soudain à la nage et sa voix
disait avec un sourire ébloui « cela faisait si longtemps »
ce que j'avais vu en vérité
c'était une lycéenne aux longues nattes
de tant d'années antérieures bien avant ma naissance
quelle impulsion
avait changé en adolescente ma Maman de cet instant
le matin où d'un hôpital d'une île lointaine
je reçus un appel téléphonique
" elle vient de rendre le dernier soupir "
ce qui affleura dans ma mémoire c'est Maman nageant
retournée de soixante-dix-huit ans à dix-sept ans
Maman qui s'éloigne en nageant
et dans son sillage ses cheveux
sont toujours ceux de ses dix-sept ans
sous les épais nuages changeant sans cesse
d'un début d'après-midi
le fils accumulant les ans été après été
reste agrippé de sa main tavelée au rebord de cette vie

p.69
Commenter  J’apprécie          101
ENCORE ET ENCORE
à San Marco

Le vertigineux messager aux ailes agiles
y vient encore et encore
la vierge aux seins fermes et pâles
se retourne encore et encore
mais
jamais jusque-là
les lèvres du messager n'avaient frémi avec un tel respect
ni le regard de la jeune fille
été chargé d'un tel étonnement
au-dehors herbes et fleurs n'avaient jamais exhalé leur parfum avec tant d'innocence
ni à l'intérieur l'air été si clair si délicat
à l'extérieur de la fenêtre du fond
jamais la nature n'avait été d'un vert si frais
pour aller encore et encore
à la rencontre de ce matin unique
monter les marches
encore et encore
ouvrir grand les yeux
encore et encore
Commenter  J’apprécie          150

autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}